Des évènements douloureux pour un bonheur retrouvé (Loukaël #3)

La vie avait repris son court, tranquillement. Je savourais de nouveau le bonheur d’avoir l’homme que j’aime à mes côtés. Bien sûr tout n’est pas encore tout rose. La distance se faisait parfois sentir de mon côté. Mais on avançait à notre rythme et on se retrouvait doucement. C’était la seule solution pour que l’on répare notre couple. la complicité revenait doucement entre nous, plus solide également. Cette tempête aura au moins eu le privilège de nous prouver que plus rien désormais ne peut nous briser définitivement, que quoi qu’il nous arrive on finira par se retrouver. J’avais donné rendez-vous à Louka dans un restaurant chic pour célébrer nos retrouvailles, encore. Ces petits moments hors du lot quotidien et de tout ses tracas me faisaient le plus grand bien. Il était 18 h 30 et j’étais en train de me diriger vers le restaurant lorsqu’un groupe de trois jeunes à capuches à l’aura dangereuse s’arrête devant moi me bloquant le passage. Je relève la tête, pas très rassuré au fond de moi. « Pardon ? » j’espérais qu’ils ne cherchent pas à faire d’histoire, mais ils ne se décident pas à bouger. Je commence sérieusement à paniquer. Par pur réflexe j’attrape mon portable dans ma poche et appuie trois fois sur le bouton de verrouillage, fonction pour un appel de secours. Qui va directement à Louka, mais que j’ai totalement zappé comme information. À peine le temps de dire ouf que je me retrouve emmené de force dans la ruelle que j’allais dépasser. Je ne sais pas ce que Louka allait entendre, ni même où il serait, mais je n’ai pas le temps de construire une idée élaborée que les coups commencent à pleuvoir, plus brutaux et vils les uns que les autres. À terre rapidement, ils s’acharnent sur moi sans aucune raison, à part extérioriser la violence gratuite. « Bordel, c’est un pédé » Cela les enrage encore plus, me frappant encore plus fort alors que je suis à terre. Ils s’en sont également pris à mon fauteuil roulant. C’est un bruit suspect qui les motivent à déguerpir rapidement. Je suis en retard. Je ne peux plus me lever. J’ai mal. J’ai la tête qui tourne. « au secours… » une complainte s’élance dans le vide.

Louka est comblé de bonheur lorsque son amant l'invite à le rejoindre pour dîner dans un restaurant. C'est un premier pas vers lui qui peut les emmener vers de véritables retrouvailles. Les choses sont encore compliquées, leur couple n'est pas encore totalement remis de l'infidélité commise par le blond. Il apprécie cette tentation de reconstruction, la perspective d'une soirée merveilleuse en sa compagnie. Il a envie de savourer un instant avec lui, retrouver ses yeux noisette qui se plissent lorsqu'il lui adresse un sourire ; il veut son sourire aussi, son rire éclatant qui se diffuserait dans toute la pièce. Il veut le rendre heureux, apercevoir cette illumination dans son regard. Il veut son homme, et non plus l'ombre de ce dernier, qui lui colle pourtant constamment à la peau. Alors il l'attend devant le restaurant, arrivé un peu à l'avance cette fois. Trop pressé d'être à ses côtés, trop pressé de goûter à nouveau un bonheur vif. Mais un appel l'interpelle, le sien, et il imagine qu'il veut lui annoncer un retard. Sauf que des bruits violents lui parviennent aux oreilles. Des bruits de coups brusques, bestiaux. Des bruits de terreur, de souffrance. Des bruits qui lui font mal, qui blessent son coeur et créent un élan de panique à l'intérieur de son corps. La voix de son amant ne s'impose pas et le cœur de Louka rate plusieurs pulsations. « Isma ? Hey ! Réponds ! Bébé !! Bordel ! » Sa voix résonne et est coupée dans des sanglots d'inquiétude. Il ne sait pas quoi faire, pourtant il sent le danger, la bagarre infligée à son amant. Un autre bruit le rend attentif, celui de son téléphone qui le prévient d'un message. Il contient les coordonnées GPS de son chéri, il s'empresse de lancer google map et de s'aventurer à travers les rues pour trouver la destination indiquée. Heureusement pour lui, il se tenait à seulement cinq minutes de son homme. Il découvre plusieurs types qui entourent son amant, il aperçoit même son fauteuil roulant plus loin. Son homme traîne à terre, avachi au sol, le sang dégoulinant contre son visage. La présence de Louka parvient à chasser les garçons lâchés, alors le blond s'empresse de s'agenouiller auprès de lui pour prendre son visage entre ses mains. Il tente de voir s'il est inconscient, mais ses paupières s'entrouvrent légèrement, même avec difficulté. « Putain... Bande de cons... » Comment ils peuvent faire ça, surtout à un homme sans défense, en fauteuil roulant ? Il embrasse ses lèvres avec douceur, ayant naturellement besoin de le rassurer. « Tu... tu peux bouger.. ? » Il se sent con à ne pas savoir quoi faire, alors qu'il a pourtant appris comment sauver un frère d'armes en cas de blessures. Il est animé par la panique quand il n'est pas préparé psychologiquement, surtout quand cela concerne Ismaël. Il caresse ses cheveux, les larmes coincées dans les yeux tant l'émotion est forte. Il évalue ses plaies, leurs profondeurs, décide de ne pas intervenir. « Je vais te soulever jusqu'au fauteuil, OK ? On va aller te soigner à la maison. »Il lui explique sa manœuvre en posant ses bras sous ses épaules, prêt à froisser la belle chemise qu'il porte et à user de ses forces pour le porter.

Tout avait pourtant si bien commencé. J’avais enfin pris la résolution de laisser derrière nous nos problèmes. De laisser derrière moi le fardeau de la douleur de nos propres trahisons. J’avais surtout enfin pris le temps d’accepter ma vie comme elle est, avec ses joies et ses travers. Je ne veux maintenant plus porter ce poids seul, comme je m’entêtais à le faire auparavant. Maintenant j’ai compris que tu peux m’aider à porter cette douleur, que je ne suis plus tout seul. Je suis long à la détente mais je ne regrette rien, tout simplement parce que sinon cela n’aurait pas solidifier notre couple. ce diner, c’était le point de départ du renouveau, le point où, je le sais, notre couple serait indestructible. Une nouvelle page qui s’écrit. Mais il faut croire que la vie a décidé de me mettre de nouveau à l’épreuve, peut-être que je n’ai pas assez enduré ces derniers mois ? Ou peut-être une conséquence de mes erreurs ? Toujours est-il que maintenant je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je ne sais pas comment je me retrouve rué de coups à terre, sans défense, juste assez le temps de tenter de me protéger de mes mains. Et de passer un appel d’urgence. Les coups pleuvent, me blessant non seulement physiquement mais surtout psychologiquement, détruisant le peu de force mentale que j’avais. Les larmes coulent, se mêlant au sang. Je suis terrifié, je ne bouge plus et espère simplement que ça finira au plus vite. Je ferme les yeux pour tenter de me protéger de l’horreur. De la violence gratuite, encore plus acharnée quand ils me piquent mon portable et remarque que je suis gay. Je ne peux plus bouger, ils se sont acharnées sur es jambes avant de comprendre que je ne ressentais rien à cet endroit et s’en sont donc pris au haut du corps. Le fauteuil roulant, lui, n’est plus vraiment en état de fonctionner. Mais c’est bien le cadet de mes problèmes. La douleur est tellement forte que je me sens sombrer dans un état de léthargie qui m’ôte l’horreur de la réalité. Je suis à peine conscient que les coups ont disparu. Deux mains douces encadrent mon visage tremblant. Je tente de me dégager de cette emprise, vont-ils encore aller plus loin ? mais, quand j’ouvre les yeux, j’aperçois vaguement deux orbes bleues luisantes que je connais, qui me rassurent. Un contact furtif mais rassurant de tees lèvres apaisent légèrement mes tremblements. Mes mains se soulèvent pour agripper ta chemise, je ne veux plus que tu me lâches. « Pas l’hôpital… » je veux être chez nous, dans tes bras, juste ça. Je tente de me redresser avant de lâcher un cri de douleur, tant cela me lance dans les côtes. Ces cons n’y sont pas allés de main morte. Je te laisse me porter alors que je découvre que mon fauteuil est hors d’usage. La chaleur de ton corps me donnent envie de dormir, de sombrer dans un lieu loin de cette réalité. Je ferme progressivement les paupières, me laissant doucement happer par l’inconscience.

Je suis paniqué en entendant les coups qui bousculent ton corps inerte. Je devine que tu subis un véritable supplice, que tes agresseurs se font un malin plaisir de te rouer de coups. C'est à la fois un soulagement et la panique lorsque je te retrouve avachi au sol, ensanglanté, presque inconscient. Je tente de t'ouvrir les yeux en posant mes mains aux extrémités de ton visage, et la solution semble être trouvée. Tu me supplies de ne pas aller à l'hôpital mais je n'avais pas l'intention de t'y amener. Plutôt mourir que de le fier à la médecine, à ses bouses blanches flippantes. Vu tes blessures, peu profondes, je suis tout à fait apte à te soigner. Alors je cède facilement à ton caprice, commençant à te soulever sous les épaules pour t'accueillir au creux de mes bras. Tu t'accroches difficilement mais tu n'es pas prêt de tomber, je te retiens avec force. J'ai l'intention de te poser sur le fauteuil mais je remarque que la roue est complètement morte. Alors je le laisse ici et te fais sauter un instant dans mes bras pour mieux te soutenir et te positionner, et me dirige jusqu'à la voiture. « Ça va ? » J'essaie de te secouer lors de ma marche solitaire, pour te faire parler, mais je n'ai le droit qu'à des grognements ou murmures. Je ne comprends plus rien à ce que tu racontes, tu es trop dans les vapes, et c'est la même chose lorsque je conduis jusqu'à notre domicile. « Isma, t'endors pas trop. Ça m'inquiète. » Pareil aussi quand je te traîne dans l'ascenseur et à travers notre appartement pour te poser sur le lit. Autant dire que je suis à bout de souffle et de force, tu as usé toute l'énergie que je possédais. Envolé, le courage. Étouffée, la détermination. Il ne reste que mon inquiétude pour toi qui me serre la poitrine et contracte mon ventre. Quand je te vois faible, en souffrance, saignant, je ne peux qu'être envahi par la peur et la tristesse. C'est insupportable d'apercevoir la moindre fragilité chez toi. Je veux la combattre pour toi. « On est arrivés bébé. Réveille-toi. » Je caresse ton visage pour que tu ouvres les paupières. Mon regard bleu veut croiser tes yeux noisette. Il veut aussi contempler tes airs éveillés. Ton inconscience me terrifie. « Je vais te soigner ok ? » Je te préviens juste, en restant près de toi pour te sentir. J'ai eu si peur, si tu savais. Peut-être que tu le comprendras bien plus tard.

Il ne me faut pas longtemps pour sombrer dans un état de demi-conscience. Je veux me couper de la réalité. Mais tu abrèges mes souffrances par ton arrivée, dont je ne me rends pas tellement compte. Je te vois et alors je tente de ressortir du brouillard dans lequel je me suis enfoncé. Je réussis juste à te demander de ne pas m’emmener à l’hôpital. Je déteste cet endroit depuis que j’y ai passé de long mois après mon accident. C’est vraiment devenu un endroit qui me donne la nausée désormais, alors si je peux éviter. Et puis je n’ai pas envie que tu subisses un interrogatoire sur l’origine de mes blessures, parce que j’en suis pour le moment incapable. Une fois que j’ai agrippé ton tee-shirt je ne le lâche plus. Je grimace, le moindre mouvement me fait un mal de chien. mais je dois endurer cette douleur si je veux rentrer chez nous. Je gémis de douleur alors que tu m’installes plus confortablement. La chaleur de ton corps et de tes bras me fait sombrer dans un sommeil comateux. Je t’entends à peine et ne comprends pas ce que tu me demandes, alors je me contente simplement de grogner. Mais alors que je me retrouve dans l’habitacle de ta voiture, la chaleur me fait complètement sombrer. Je dors, laissant la noirceur m’envelopper et le monde des cauchemars arriver. Ce n’est qu’une fois posé sur le lit, que ce cauchemar s’efface, laissant place à une complainte lointaine. J’essaie de revenir dans a réalité. Je suis encore trop dans les vapes pour accuser le coup de l’agression. Je me force à ouvrir les yeux alors que tu me caresses le visage. C’est difficile mais je veux y arriver pour toi. Pour cette lumière lointaine qui se rapproche. Les tremblements reviennent encore plus violemment. Tu m’indiques que tu vas me soigner, mais je n’ai pas la force de te répondre. Je te laisse faire alors que tu me retires le sang de mon visage. Je ne dis rien et baisse le regard. Je te laisse nettoyer mon visage sommairement avant de te repousser, et de me tirer pour me mettre sur le côté, te tournant le dos. J’enfonce ma tête dans l’oreiller, ayant envie d’hurler face à la douleur physique et psychique. Je laisse couler mes larmes, mes épaules tressautent sous la violence des pleurs.

Tu es tout inconscient entre mes bras, ça m'inquiète de te savoir aussi fébrile, inerte. J'essaye de te parler, de te faire réagir, mais je te sens à côté de la plaque. J'espère que tu ne vas pas sombrer dans l'inconscience, dans un coma profond. Je ne sais pas à quel point ils t'ont touché, mais je ne crois pas que ce soit des blessures conséquentes. J'établis un constat par rapport aux horreurs que j'ai pu apercevoir en temps de guerre. Pourtant ton cas me touche plus qu'un autre ; je refuse de te voir blessé, peiné. Je suis incapable d'accepter ta souffrance, je dois t'épargner ce lot d'afflictions que ces cons t'ont engendré. Alors je te glisse dans la voiture dans une position confortable et je te porte avec le plus de délicatesse possible. Même si parfois tu m'échappes et je dois te jeter légèrement en l'air pour mieux te rattraper. Je prends soin de toi comme je peux, tentant de t'éveiller par quelques paroles de temps à autre. Je te pose sur notre lit avec douceur, retrouvant le contact de ta peau pour que tu regagnes la réalité. Alors que tu entrouvres doucement les yeux, je te quitte quelques secondes pour chercher le matériel nécessaire à tes soins. Je veux te guérir, t'apaiser avec le taux de douleur qui doit t'inonder. Je frotte contre ton visage avec un coton et du désinfectant, afin d'effacer toutes les traces de sang qui parsèment ta peau. Tu reviens doucement à moi, non seulement car ton visage s'éclaire malgré les bleus qui se forment; mais aussi car tes yeux s'ouvrent plus activement. Seulement tu ne me laisses pas le temps t'appliquer de la crème cicatrisante contre ton visage, ni même de soigner les blessures qui recouvrent ton corps. Tu me repousses et te refermes sur toi-même en me tournant le dos. Tu enfonces ta tête dans l'oreiller pour la dissimuler et commence à pleurer. Tu as beau te cacher, je vois bien que tes épaules s'agitent. Les secousses témoignent des sanglots dont tu es victime. Je voudrais t'aider mais tu décides de te replier sur toi. Tu dois être sous le choc après avoir été rué de coups, je n'ai pas pensé à t'écouter ou te mettre en sécurité. Pourtant tu l'es à mes côtés. Je n'aurais laissé personne te toucher si tu avais été près de moi. Je me déplace de l'autre côté du lit pour m'allonger face à toi. Tu es obligé de m'affronter, je ne te laisse pas le choix, mon amour. Je caresse ta nuque, remontant ma main contre la tempe que tu ne peux envelopper du coussin. Je viens embrasser ton oreille accessible, ton cou, posant mon bras autour de ta taille pour te presser contre moi. J'essaye de te transmettre l'amour dont tu as cruellement manqué ces dernières minutes. Je ne cesse d'embrasser ta peau, de lui apporter la douceur nécessaire pour éteindre la douleur qui doit faire rage en toi. « Je suis là bébé. C'est fini, ne t'inquiète pas. » Je souffle contre ton oreille avec tendresse. Je veux atténuer toute la douleur accumulée au creux de tes tripes.

Dans les tréfonds de mon esprit, je me rends bien compte de ton inquiétude. Comment ne pas l'être. Si ça aurait été le contraire, je sais que j'aurais été totalement paniqué. Et j'aurais eu le cœur brisé de te voir ainsi. J'aurais pu faire n'importe quoi si j'aurais surpris quelqu'un te toucher. Même si je sais que ça n'arrivera pas car tu as bien plus de capacités que moi pour te défendre. Mais là, ils m'ont simplement broyé de coups mentalement et physiquement. je te laisse m'emmener chez nous, de toute manière je ne vois pas comment je pourrais t'objecter quelque chose. Je ne suis même pas capable de m'apercevoir du chemin que l'on prend. je grogne simplement quand tu me bouges de position, réveillant ainsi mes douleurs. Mais je te laisse prendre soin de moi tel un enfant blessé. Je finis par me réveiller dans une pièce agréablement chauffée. Tu es aux petits soins avec moi, plein de tendresse. Mais je ne suis pas capable de le voir, ni même d'en être reconnaissant, pas tout de suite du moins. Je te laisse nettoyer mes blessures, tout ce sang, effacer les traces visibles de ce que je viens de subir. L'adrénaline causée par le choc retombe, faisant effondrer les maigres barrières que j'avais mises entre la réalité et moi. J'ai juste le temps de te repousser et de te tourner le dos avant que les pleurs ne me secoue. La frayeur n'est pas retombée, la peur me broie les entrailles. Mais je ne veux pas que tu me voies comme ça, je ne veux pas que tu sois obligé de prendre soin de moi encore. Je ne suis qu'un fardeau. Ils ont raison. Je vis un cauchemar éveillé, me repassant en boucle le peu de paroles qu'ils ont eu et qui n'avaient que pour effet de me rabaisser encore et encore. Mais tu t'obstines, tu es au moins aussi têtu que moi. Tu es la douceur incarnée et tu tentes de m'apaiser. Les larmes ravagent mon visage et je renifle bruyamment alors que je me retrouve pressé contre ton corps. Je sais que je n'ai rien à craindre depuis que tu es là. tes mains m'apaisent même si les pleurs semblent redoubler d'intensité, c'est une manière d'évacuer. Je mouille sans vergogne ta chemise tout en m'y accrochant désespérément. "Ne me laisse pas. Serre-moi fort" Je veux oublier ça. Je veux oublier que jamais la vie ne me laissera indemne, plonger dans un bonheur auquel je n'ai apparemment plus le droit. J'ai la respiration saccadée à force de pleurer mais cela se tarit doucement, grâce à ta patience. Je ne me rends même pas compte que je déchire ta chemise à serrer les poings ainsi.

Je déteste te voir comme ça, les yeux vides, le corps détruit. Les blessures que ces salopards t'ont infligées, et l'inconscience dans laquelle ils t'ont plongé, sont de véritables souffrances pour moi. Je ne supporte pas de recevoir ton inertie en plein visage, d'apercevoir ta peine aussi marquée contre ton corps. Autant psychique que physique avec les hématomes qui se prononcent doucement contre ta peau. Si j'avais pu te défendre, je ne les aurais jamais laissés assombrir ta chair de la sorte ; je ne les aurais pas laissés te toucher d'un millimètre. Tu es trop précieux, mon amour, et je ne conçois même pas qu'on puisse te secouer, te frapper par la haine. Comment quelqu'un peut te détester ? Tu n'y peux rien si le handicap a frôlé ta vie, l'a bousculé aussi. Tu n'y peux rien si tu te laisses transcender chaque fois par mes yeux bleus. J'espère que tu ne laisseras pas leurs idées et rages t'atteindre. J'espère que tu seras plus fort qu'eux, que tu te relèveras avec courage, et que tu feras de ces tares des forces. J'espère que la honte ne coulera pas dans tes veines, et quand bien même, je ne cesserai de t'affirmer que tu es une perle dans ce bas monde. Et je suis bien heureux de la posséder. Alors je prends soin de toi, parce que tu es un prince, une merveille dont on doit immanquablement s'occuper. Je retire les traces de sang de ton visage, pour l'illuminer. Tu es beau malgré les ecchymoses qui te collent à la peau. Tu es beau malgré les larmes qui se coincent dans ton regard affligé. Ta poitrine est compressée par la peur, je le sens, mais je continue de frotter le coton imbibé de désinfectant contre tes traits tailladés. Mais tu t'effondres sur le matelas, la tête renversée et enfouie dans le coussin, pour délivrer quelques sanglots incontrôlables. Tu as besoin d'évacuer, te laisser emporter par le chagrin. Tu as vécu une forte dose d'adrénaline, d'angoisse, alors je te laisse t'agiter un instant sous le poids de l'amertume. Je te presse contre moi pour que tu n'oublies jamais que je suis là. Tu t'accroches à moi, à ma chemise plus précisément, te laissant bercer dans mes bras, par ma douceur naturelle à ton égard. Tu en redemandes même. « Je comptais ni partir, ni te lâcher. Ça tombe bien. » Je souris contre ta tempe avant de l'embrasser. Je t'adresse de la tendresse en te blottissant davantage contre moi. Tu déchires ma chemise dans une emprise ferme, et je souris de plus bel, venant même embrasser ta bouche. « Hey... je m'étais fait beau pour toi, ne saccage pas tout. » Je te taquine doucement pour essayer de provoquer ton rire - ou au moins ton sourire. J'ai besoin de te sentir apaisé, de te sentir vivre. « Tu me laisses te mettre un peu de pommade ? » Je poursuis en bon protecteur, lorsque tes larmes ont cessé quelque peu de couler le long de tes joues. C'est affreux comme je déteste te voir, te sentir, si mal.

Je suis bien trop plongé dans les affres de la douleur pour percevoir l'inquiétude qui se lit sur tes traits. Pourtant je ressens ton inquiétude. J'étais toujours connecté à toi, j'avais toujours ressenti ce que tu pouvais ressentir, parfois de manière décuplée. Parfois ça avait des avantages et d'autres fois des inconvénients, comme maintenant où je ressentais ton inquiétude mais aussi ta fureur que tu tentes de dissimuler, certainement pour ne pas m'affliger davantage. Tu sais que je détesterais si tu aurais fais quelque chose d'inconsidéré qui aurait pu te mettre en danger. Mais j'aurais compris, car je ne peux pas non plus supporter que quelqu'un puisse te faire délibérément du mal. Je serais capable du pire rien qu'à cette idée. Mais là c'est moi qui a été touché, encore une fois, et de la manière la plus vile qui existe. Mais tu n'en étais pas fautif, et je ne te laisserais pas te blâmer parce que tu as été absent. tu ne pouvais pas savoir. Je tente au maximum de maintenir la façade, je ne veux pas que tu aies le cœur lourd à cause de ma douleur, même si je sais que, malheureusement, c'est déjà le cas. Tu es au petit soin avec moi mais ça ne calme pas ma peine, encore plus lorsque l'adrénaline s'envole pour laisser place à  la peur la plus crue, la plus dure. Je tente de te repousser mais tu insistes et tu t'imposent. Je ne peux pas vraiment t'obliger à être loin de moi, je n'en ai pas la force, et j'ai intimement besoin de toi, même si je suis trop fier pour te montrer ma douleur en face. Si je n'avais plus de doute depuis que l'on s'est retrouvé sur ton amour, j'avais encore quand même quelques hésitations sur le fait de passer au-dessous de tout cette douloureuse trahison. Mais tu viens de faire voler ces hésitations en éclat avec force. Je sais que maintenant notre couple est plus solide que jamais. Je sais que plus rien ne pourra vraiment nous éloigner, on n'est passé par toutes les épreuves possibles. Pourtant il y en a bien une nouvelle qui ne va pas tarder à arriver. Je me calme légèrement alors que je sens tes bras autour de moi. "Pourtant tu vas bientôt le faire" Je n'étais déjà pas particulièrement rassuré de te voir partir de nouveau en guerre, mais maintenant cette idée me terrifie complètement. Pourtant mes paroles, sans le vouloir, sonne comme un reproche, que je sais infondé, parce que tu ne l'as pas choisi. Mais l'idée que tu sois encore loin de moi va m'angoisser encore plus qu'à la normale. tu tentes de lancer une boutade mais je me contente de hausser les épaules. " Ça ne sert plus à rien mais t'es plus beau sans " Mais j'arrête néanmoins de détruire un peu plus ta chemise, et j'arrive même à faire un faible sourire. Je hoche positivement la tête pour t'autoriser la pommade. Ta douceur me berce, et je me laisse faire sans rechigner. "Merci..."

Je m'inquiète pour toi quand je te sens t'effondrer sur notre lit, dévasté par le choc et les sanglots qui s'agitent en toi. Tu te démènes contre les épreuves du quotidien, mais ces coups, tu t'en serais bien passé. Et moi aussi. Ton corps est aussi fragilisé pour le surmener davantage, et je trouve tes agresseurs bien inconscients de s'être adonnés à cette rage sans une once de réflexion. Je ne supporte pas qu'on s'en prenne à toi, autant physiquement que psychiquement, alors si je recroisais ces énergumènes, tu peux être certain qu'ils sentiront aussi les poings leur heurter violemment le visage. Ma haine se déverserait en moi en un seul souffle, à leur simple vision, et je ne la tairai pas avant que leurs sangs ne coulent contre mes doigts. En attendant la vengeance, je chasse la rancune pour me concentrer sur toi et te blottir contre mon corps chaud. « Je te parlais de ce soir. On ne peut pas rester coincés ici toute une vie. Malheureusement. » Je commente doucement pour rectifier mes propos. « Je n'ai pas envie de partir en tout cas. » Tu ne sais pas combien ça me coûte, combien l'envie est envolée à cette idée. J'ai peur de partir ; peur de ne plus revenir. Peur de te laisser là, que tu te morfondes dans ton handicap et ta tristesse. J'aurais voulu continuer à t'apporter force, amour et soutien. Mais je dois m'effacer quelque temps, pour disparaître loin d'ici. Je voudrais tant rester près de toi. Juste quelques minutes de plus. « On peut être plus forts que ces connards et sauver cette soirée. Et si je te préparais un bon truc à manger ? Je peux me mettre nu sous le tablier si tu veux. Mieux que le restau. » Je te rétorque dans une note plus chaleureuse, quand tu me dis que ce n'est plus la peine d'être beau pour toi. C'est toujours le bon moment pour ça, je t'assure. Te charmer, te reconquérir, est très important pour moi. « Lève-toi que je te retire ton-shirt. » Je dois surveiller tes autres blessures, alors tu te redresses en tailleur sur le lit et je retire délicatement ton haut pour laisser apparaître quelques bleus incrustés sur ta peau. La vision est affligeante. « Ils t'ont bien amoché ces cons. » J'applique du désinfectant sur chaque plaie, que je recouvre ensuite de crème cicatrisante. J'espère que ça t'apaisera. Je viens attraper le plaid au bout de notre lit pour le poser contre toi et réchauffer ta peau. Je ne tiens pas à salir les beaux draps avec la crème. J'embrasse ton épaule, puis caresse ta joue avec douceur. « Ne les laisse pas chasser ton sourire. » Il a disparu, et pourtant, je veux le voir. Pour les quelques jours qu'il nous reste.