Essai râté ( Loukaël #14)

Cela faisait quelques semaines que je remontait quotidiennement à cheval. Remonter à cheval, c’était comme si la vie reprenait son cours. Je savais maintenant ce qu’était le prix d’une vie. J’en profitais donc à chaque instant. Je reprenais aussi le dessus, j’avais moins d’angoisse de sortir seul, depuis que tu avais donné ce que méritaient mes agresseurs, même si cela s’était terminé par une tension entre nous. Notre difficulté à parler de ce que l’on ressent ouvertement crée des tensions parfois inutiles. Mais, on est bien trop amoureux pour rester en froid.

C’était la première fois depuis mon accident que je foulais les terrains de concours. Bien sûr il y a une certaine appréhension qui grandit en moi, mais je pense pouvoir la gérer. J’avais détendu Horian et m’apprêter à prendre le chemin du manège pour sauter deux trois fois avant d’entrer en piste pour la compétition. Je me penche pour t’embrasser. Je veux avoir le goût de tes lèvres sur les miennes pour affronter ce renouveau qui m’effraie plus que je n’ose le croire.

Je te laisse gagner ta place alors que je finis l’échauffement d’Horian. On appelle mon numéro pour que je rentre sur la piste. Mais alors que je me dirige vers la piste, je suis tétanisé par la peur. Je ne parviens pas à faire les dix mètres qui sépare le manège de la carrière où se déroule le concours. Horian le sent et commence à s’agacer. Le jury m’appelle une seconde fois, mais je suis incapable de rentrer sur la piste. Je descend d’Horian au moment où un cavalier de mon équipe vient me demander ce qu’il se passe. Je lui confie Horian ert la mission de te dire que tu sais où me trouver. Il ne comprend pas mais je sais que toi tu comprendras. Tu te rappelleras de cet endroit dans le centre un peu reculé où on avait fait l’amour des années plus tôt. Tu seras que je serais ici. Je viens m’y cacher, honteux de ne pas avoir réussi à surmonter cette peur qui me tétanise, surtout devant toi.

Je sens l'impatience au creux de mes entrailles. J'ai hâte que tu entres sur la piste pour exploser les scores. J'ai envie que tu reprennes goût à l'équitation, mais surtout aux compétitions. Elles étaient au cœur de ton quotidien et te procuraient un bonheur intense, indescriptible. J'ai envie de savourer la joie de tes réussites, d'apercevoir ton sourire s'étirer sur tes lèvres. Alors je t'embrasse avec plaisir, avant que tu ne te faufiles jusqu'au terrain d'entraînement. Je t'encourage puis retourne dans le gradin où se trouve tout le public admiratif. Lorsqu'on t'appelle, je remarque ta présence au loin mais tu n'avances pas. Tu restes bloqué devant les barrières sans réussir à t'introduire sur le parcours d'obstacles. J'ignore ce qui te freine dans ton ascension, certainement la peur. Je n'ai pas suffisamment de temps pour me déplacer jusqu'à toi et te pousser, puisque je t'aperçois quitter ton cheval pour t'enfuir au loin. Il y a seulement une personne qui reprend le relais pour s'occuper de Horian. Il semble paniqué et agacé, il geint d'insatisfaction. Je m'approche d'eux pour en savoir davantage, mais je te connais suffisamment pour savoir que c'est la peur qui t'a dominé. Je caresse Horian au niveau du flanc, comme il aime, avant de me placer devant lui pour embrasser sa tête. « Qu'est-ce qu'il fout bordel ? » Pendant un instant, j'espère qu'on me réponde que tu as seulement une envie pressante. Je sais pourtant qu'il ne s'agit pas d'une raison aussi simple. Tu sais où le trouver. L'homme en question me le confirme, et me transmet une information essentielle. Je n'ai pas besoin de beaucoup de réflexion pour me diriger jusqu'au box de Horian. C'était ton refuge autrefois. C'est le lieu qui a reçu nos premiers émois : ta première fellation, notre première fois. Je suis persuadé que tu t'y trouves, et quand j'ouvre la barrière, je t'aperçois sans surprise. Tu as l'air sous l'emprise de la peur. Je m'avance vers toi, tends le bras pour le glisser autour de ta taille. De l'autre, je caresse ta joue, puis j'embrasse ton front. « Depuis quand tu laisses tomber avant même d'essayer Isma ? » Je lui fais une leçon de morale légère, sans le culpabiliser, juste pour lui préciser que le regret va le submerger ensuite. « Retourne-y, tu vas gérer. Oublie cette peur. Au moins pour Horian. Après tout le travail accompli, tu ne peux pas le laisser tomber. » Mes lèvres retiennent les tiennes dans un baiser tendre. Je n'ai pas envie que tu gâches ta vie à cause de tes angoisses.

Je sais que tu attends beaucoup de moi. Tu ne me l’as pas dit mais je l’ai remarqué dans tes yeux. Je me suis peut-être trop mis la pression pour être à la hauteur de tes attentes. Je sais que tu ne voulais que mon bonheur, et je sais combien il t’importe, mais, j’ai eu les yeux plus gros que le ventre. Je ne parviens pas à entrer sur la piste. Je suis tétanisé par une peur débile, mais qui m’empêche de faire le moindre mouvement. J’aurais dû prévoir que la pression que je m’infligerais est bien trop conséquente. La peur du ridicule me bloque, c’est une peur totalement ridicule, mais que je ne peux pas empêcher d’installer. J’ai encore plus honte de te montrer ma faiblesse, toi qui a tout fait pour que je remonte et que je revienne sur les pistes. Tu sais que je ne peux pas vivre sans ces compétitions et pourtant en ce moment je ne m’en sens pas du tout capable. Je ne peux pas obliger Horian a subir non seulement mon stress mais aussi mon manque de capacité. Il faut bien avouer que j’ai perdu pas mal de compétence en équitation. Ce n’est peut-être qu’une question de temps mais je ne pouvais pas infliger à Horian ma maladresse. Je préfère fuir comme un lâche, je l’avoue. Je me retrouve dans l’endroit qui a abrité nos premiers émois. C’était un endroit rassurant pour moi. Je sais que tu me retrouveras rapidement, tu sais que j’aime y trainer souvent. Je t’entends entrer et tourne simplement la tête vers toi. J’y croise ton regard interrogatif. Mes larmes coulent, la peur me rongeant les entrailles. Je ne fais pas un mouvement de recul pour échapper à ton emprise, mais je n’en fais pas non plus pour amorcer un geste envers toi. Tu m’entoures de tes bras, et je me coule dans l’étreinte rassurante que tu m’offres. Tu essayes de me faire comprendre que je fais une erreur. « Je ne peux pas… » Je souffle presque de manière inaudible. Tu me pousses à aller de l’avant, mais je ne peux pas supporter mon blocage. Tu m’embrasses et je profite de la tendresse que tu m’offres et dont j’ai cruellement besoin. Mes mains se posent sur tes bras. « Je ne vais rien gérer du tout, sauf à casser le dos à Horian, et il ne mérite pas ça.. Pas un cavalier incapable comme moi. Car c’est ce que je suis maintenant. » Ce n’est que la cruelle vérité, mon niveau a trop baissé. Je ne suis pas à la hauteur de tes espérances et de ce que l’on attends de moi.

Je lève les yeux vers toi pour admirer ton entrée sur le parcours d'obstacles, mais elle n'arrive jamais. Je t'aperçois plutôt te défiler et t'enfuir au loin en laissant Horian à quelqu'un de confiance. Je m'approche de cette personne pour obtenir davantage d'informations, bien que je sache déjà la raison de ton abandon. La peur. Tu la laisses souvent te dominer sans réussir à l'apprivoiser ou la dompter. Elle t'a toujours freinée dans la vie, pour des conneries de ce genre. J'ai de la difficulté à comprendre, car je n'ai jamais été un homme angoissé ou qui appréhende, seulement un gars qui fonce sans se soucier des conséquences. Alors je dirige vers toi, dans le box de Horian, car je devine que tu as trouvé refuge dans cet endroit. Je ne commets aucune erreur de jugement puisque je croise ton regard voilé par l'amertume. Tu t'es laissé piéger par cette crainte imposante, sans réussir à l'extirper de ta poitrine ou à la dépasser. Au lieu de t'engueuler, j'essaye de te réconforter tout d'abord pour te laisser la liberté de t'exprimer sur ce qui te bloque. Je comprends le fond de ta pensée, mais tu oublies certaines données dans ta vision. « Bien sûr que si. Sois plus fort que ton esprit négatif. » Je souffle pour rétorquer après un baiser furtif. Je t'offre de la tendresse par mes gestes, mais mes paroles sont plus tranchantes et directives. Je n'ai pas l'intention de te regarder planter ce qui pourrait te procurer beaucoup de bonheur. Je n'ai pas pour habitude de juger ou te dire comment te comporter, seulement tu fais fausse route à ce sujet. « Il ne mérite pas non plus un cavalier lâche qui l'abandonne en pleine compétition, alors qu'il a fait plein d'efforts ces derniers temps. Tu l'as usé à la tâche et tu le laisses tomber. Tu crois que c'est mieux ? » Je te balance avec une légère froideur dans la voix, parce que je tiens autant que toi à Horian et ça me fait royalement chier que tu ne songes pas à lui rien que deux secondes. Tu es simplement un égoïste peureux qui se cache derrière de fausses excuses. Un trouillard qui envoie tout valser à cause d'une angoisse ridicule.

Je sais que je t’ai déçu, je n’aurais même pas besoin de le lire dans tes yeux. J’aurais pu me planquer ailleurs pour que tu ne me trouves pas. Mais ça ne servirait à rien, à part certainement à te mettre hors de toi encore une fois. Alors j’attends dans cet endroit qui me rassure car les souvenirs heureux se font nombreux. Je soupire alors que tu vas probablement me souffler dans les bronches suite à ma réaction de gamin. Je ne suis pas comme toi, pas aussi fort. Tu me poussais dans mes retranchements et à aller plus loin, mais parfois cela m’était trop difficile. Tout le monde ne te ressemblait pas, et si tu as toujours su tirer le meilleur de moi, parfois le naturel revient au galop, comme maintenant. Je suis encore plus en colère contre moi-même. Tu enfonceras probablement le couteau dans la plaie, mais je ne peux pas t’en vouloir de vouloir que je donne le meilleur de moi-même. Je ne parviens pas vraiment à t’avouer que ce qui me bloque c’est de revoir la scène de ma chute comme si j’y étais. Cette vision était vraiment horrible. Tu me demandes d’être plus fort que je ne le suis déjà. Je secoue négativement la tête. « C’est facile à dire pour toi. Je fais des erreurs de débutant. » Je soupire avant de fuir ton regard. Je sais que tu as raison, mais je ne gère pas mes émotions de la même manière que toi. Je n’ai pas cette chance de pouvoir passer au-dessus avec une telle facilité que toi. Je blêmis alors que tu me balances ce que tu penses, sans songer que je me blâme déjà assez pour ne pas réussir. « Oui c’est ce que je suis. Mais probablement qu’il mérite mieux que moi en ce moment. Sûrement même. Tu n’as qu’à lui trouver un autre cavalier. Si tu penses que je ne me blâme pas assez pour ça. » Je me lève rageusement, j’ai besoin de me dégourdir les jambes, de m’aérer la tête pour ne pas exploser. Je n’ai plus confiance en mes propres capacités, ce qui est insupportable, moi qui avait pour habitude d’absolument tout contrôler. Bien sûr que j’aurais aimé rentrer sur ce putain de terrain. Mais tu as raison, je ne suis qu’un lâche incapable. Je sors du box, l’endroit devien trop étroit, et je veux échapper à la dispute que je sens poindre.

Lorsque je te retrouve dans le box de Horian, je croise rapidement ton regard voilé par l'angoisse. Tu t'exprimes sur les raisons qui te freinent dans cette compétition, mais elles ne semblent pas valables pour moi. Je t'écoute tout de même attentivement en te procurant la tendresse désirée pour soigner ton âme mouvementée et perturbée. Ma tentative pour te consoler est toutefois réduite à néant lorsque l'envie d'abandon continue d'être pensée. Tu es résolu à lâcher l'affaire sans même essayer. Alors je suis remonté contre toi, notamment à cause de Horian que tu délaisses dans ta vision des choses. « Tu ne te donnes même pas la peine d'en faire, vu que tu n'essayes pas. » Je corrige tes propos pour te remettre la réalité en pleine figure. Tu sembles omettre certaines informations : le bonheur d'être classé haut dans une compétition ; les efforts parcourus, autant par toi que ta monture. Vous avez bossé dur ces derniers temps, à vous éreinter chaque jour pour parfaire les sauts. Tu as réappris les bases des sauts et même si tu n'as pas atteint ton niveau d'antan, tu avais toutes les capacités de réussir cette épreuve. Tu n'aurais pas gagné cette compétition, mais on ne cherche plus la victoire tous les deux. On ne demande qu'à avancer. Grandir. Évoluer. Mais toi tu freines toute progression dans ta vie et tu recules au lieu de ça. Alors je m'énerve contre toi sans réussir à me contenir. Je tiens trop à Horian pour le laisser dans son coin. Il s'est acharné dans le travail lui aussi. Et bordel tu l'oublies. « Un cheval mérite que son cavalier. Celui qui l'a guidé et entraîné. Alors tu arrêtes tes conneries maintenant, et tu retournes le voir. Tu as aucun droit de le planter comme tu le fais. Tu te donnes que des excuses pour ne pas admettre que c'est la peur qui te domine à cet instant. Tu la laisses te bouffer Isma. » Je te connais par cœur, tu ne peux rien dissimuler à tes sentiments. Je sais parfaitement que l'angoisse te taraude encore après ton accident, seulement je voudrais te pousser à le dépasser, l'oublier, le mettre derrière toi. Ces souvenirs douloureux ne te permettront en rien d'acquérir le bonheur ou la satisfaction. Tu dois reprendre confiance en toi, en la vie, en tes compétences, et lorsque je perçois tes pas en arrière, cela me rend fou. Je ne peux pas te laisser faire. Pourtant tu te faufiles par la porte pour tenter de disparaître et de fuir ce qui comprime ton cœur. Je décide de ne pas te suivre ou te retenir par la force de mes gestes, mais bel et bien par la puissance de mes mots. « Je te préviens, si tu montes pas tout de suite, ce n'est pas la peine de remettre un pied à la maison. Ni même ici. Ce serait un déshonneur pour Horian, un vrai irrespect. Je serais très déçu. » Je te menace pour ton bien. Je n'ai pas vraiment l'intention de te mettre à la porte, mais te faire la tronche pendant plusieurs jours serait une bonne sentence. Et tes tentatives pour me séduire en frôlant mes courbes sensibles, ne feraient que m'énerver davantage cette fois. Je veux seulement que tu réalises que ce n'est pas un cheval lambda, et que tu es tout à fait capable de décrocher des points sans chuter de ta monture. Je veux juste que tu saches que je serais fier de toi, peu importe ce qu'il arrive sur ce parcours d'obstacles.

Je sais que j’ai tort mais c’est plus fort que moi. Je suis tétanisé par cette vision du passé qui continue à me hanter. C’est difficile d’entrer sur un terrain en ayant les images de ma chute qui tournent en boucle dans ma tête. Et je n’ai pas ta facilité à passer au-dessus de mes propres peurs, seul qui plus est. Tu as toujours su me pousser au travers de mes craintes, mais là il y a beaucoup de choses en jeu pour que je puisse me raisonner. C’est justement parce que je tiens trop à Horian que je me suis bloqué ainsi. Je me prends tes reproches en plein visage. Je ne bronche pas parce que je sais que tu as raison, même si je ne peux pas revenir en arrière. Mais tu ne peux pas dire que je n’ai pas essayé, parce que je me bats cintre cette appréhension grandissante depuis que j’ai remis le pied à l’étrier. Tant qu’il n’y avait pas la pression de la compétition je parvenais à gérer, mais là, c’était trop pour moi. Je n’arrivais pas à gérer tout ça. Je sais que je te déçois, et ça rend que plus fort ce sentiment de culpabilité. Je ne peux pas accepter de blesser Horian involontairement par manque de pratique et surtout de confiance. Je m’en voudrais terriblement de ça. « Peut-être alors que je ne suis plus son cavalier. `plus assez expérimenté pour lui. " Je ne peux pas admettre de le blesser parce que je ne serais pas concentré sur le parcours. Je ne peux pas accepter d’être celui qui détruit ce cheval, je n’ai plus le niveau d’exigence pour le monter correctement, même s’il y a toujours cette complicité entre nous, je dois encore passé la main pour le moment, il est bien trop précieux pour que je fasse des erreurs de débutant avec lui. Parce que moi aussi je tiens trop à lui. Je soupire et encaisse tes reproches. Je sais que tu fais cela pour mon bien mais c’est violent. Je me sens seul alors que j’aurais aimé être dans tes bras comme dans un cocon protecteur. Mais tu me bouscules, un peu trop fort. Et tes dernières paroles me heurtent en plein coeur alors que je partais prendre l’air pour souffler et tenter d’évacuer toute cette pression. Je me fige avant de me retourner, les yeux larmoyant de larmes contenues. Tu ne me laisses pas encaisser cette défaite effrayante. Tu ne me laisse aucun répit, et surtout pas le temps de souffler pour remonter ensuite. Je ne suis pas comme toi, j’ai besoin de temps pour affronter mes peurs, je serais remonté si tu m’avais laissé le temps. « Bien. Je suis désolé» J’ai la gorge serrée, mais ce chantage n’aura pas l’effet que tu attends. Je te tourne le dos avant de partir faire un tour. Je m’arrête cependant avant de te lancer. « Va falloir t’y faire, je ne suis bon qu’à vous décevoir, apparemment. » Je baisse les yeux avant de fermer mon poing qui va s’écraser violemment contre un mur. Je m’en veux plus que tu ne l’imagines, et il m’est difficile d’assumer ton regard. Je ne pars pas très loin, me faisant rattraper par mon entraineur qui tente de me raisonner. Il est comme un second père pour moi, et il sait également ce que je traverse. Ton discours me trotte dans la tête, et il n’hésite pas à jouer la carte du sentimentalisme. Cela fait un cocktail détonnant. Mais ça me mène à accepter un compromis : celui de faire ce parcours sur un autre cheval que Horian. Et mon entraineur ne me laisse guère le temps de réfléchir puisqu’il me force à entrer sur la piste. Et la première chose que je fais c’est te chercher du regard, je sais que je t’ai déçu, mais j’espère que tu es là. Même si je n’en suis pas certain, bien conscient de t’avoir froissé, encore. Je finis par apercevoir ta silhouette. Je peux enfin respirer correctement. Tu connaissais la monture, elle était tranquille et était souvent confié à ceux qui reprenaient les compétitions après un arrêt. J’aurais dû directement faire ainsi. Je me dirige vers toi, en attendant que la sonnette se déclenche. « Tu as toujours raison… Pardon» Je mordille ma lèvre, ça sonnait comme une excuse, et je reconnaissais mes torts. Je veux juste ton soutien. Parce que ce parcours m'effraie et le tremblement de mes mains en est témoin.

Les mots se décrochent naturellement de ma bouche tant l'agacement s'éprend de mes tripes. Je ne parviens pas à contrôler ce taux de rage qui m'anime, et qui me fait lâcher des remarques acerbes. Ton esprit s'obscurcit peu à peu, mais je continue d'être abominable pour tenter de te faire changer d'avis. La douceur n'aurait pas fonctionné avec toi, il te faut un ton dur et autoritaire pour ne pas te donner réellement le choix. Tu disparais quand même dans la nature, et ni tes larmes aux coins des yeux, ni tes phrases pleines de sensibilités ne parviennent à provoquer en moi un élan d'empathie. Je m'éloigne de mon côté aussi, pour retourner jusqu'au parcours d'obstacles.. Je m'assois sur le premier rang pour regarder le restant de la compétition, sans m'intéresser à ton cas. Pourtant je suis surpris de t'apercevoir sur un nouveau cheval quelques minutes plus tard. Tu t'approches de moi pour me glisser quelques mots, alors je viens vers toi pour écouter attentivement. Ma hargne est descendue, donc je t'encourage d'une voix douce et joyeuse : « Allez, tu vas tous les éblouir, surtout avec ton petit cul bien moulé. » Je donne une tape sur la partie de ton fessier accessible, avant de te laisser partir. Tu te lances devant le jury, tu sautes les obstacles avec agilité et expertise. Tu es magnifique quand tu t'appliques dans cette passion. Tu ne tombes pas de ton cheval, tu entreprends chaque exercice avec le plus de précision possible. Tu n'es pas dans les meilleurs scores, mais tu peux être fier de toi. Quand tu reviens de mon côté, tu t'abaisses en souriant. Je t'embrasse rapidement, avant de te voir t'échapper jusqu'à ton entraîneur. Quant à moi, je m'avance jusqu'à Horian et le stagiaire qui s'en est occupé durant notre absence. « Je vais m'occuper de ce grand gaillard. » Je le remercie avant de le guider jusqu'à son box. Il n'est pas content, me balance un hennissement puissant pour révéler son mécontentement. « Eh oh, je n'y suis pour rien moi. » Je le gronde en continuant de le traîner. Je m'occupe de le détacher lorsqu'on se retrouve dans son box. Il fait le fou dans sa cage, mais je dépose des caresses contre lui pour le calmer. « Tu feras la prochaine, ne t'en fais pas. » J'attrape sa tête comme il faut pour le bloquer et lui faire un baiser au niveau du chanfrein. Je sens qu'il se calme, il vient même s'allonger, sans doute trop lassé par ce qui vient de se passer. Je viens m'asseoir à côté de lui, adossé contre son dos. Il ne bouge pas d'un poil. J'attends mon homme et lui aussi, alors on reste sages. Je suis certain que tu viendras dans le box de Horian ensuite pour t'excuser auprès de lui et lui administrer quelques caresses. Alors je patiente sagement en posant ma main contre lui.

Tu tentes de me bousculer, à raison, mais si cela fonctionne habituellement, je suis trop paralysé par la peur de faire mal. L’échec, je sais qu’il sera présent et je m’en suis fait une raison. Mais j’ai le ressenti, totalement illogique, de ne pas avoir de soutien. Pourtant je sais que tu ne veux que mon bien, mais je suis bien trop paralysé par la frayeur qui me tient. Si en d’autres temps j’aurais abdiqué, l’idée de blesser Horian surpasse tout. J’ai besoin de m’éloigner pour prendre en compte tes paroles et l’impact qu’elles ont sur moi. Mais on ne me laisse pas réfléchir puisque mon entraineur vient également mettre son grain de sel. Mais ça marche puisque je finis par remonter sur un autre cheval que je connais, et qui est surtout moins sensible qu’Horian et donc cela comportait moins de risque. Je te cherche du regard, j’ai besoin de sentir ton approbation. Tu t’approches de moi et la tension semble retomber entre nous, ce qui calme mon cœur tourmenté. Je ne peux pas cacher un sourire à tes paroles, certain que tu n’apprécierais pas que d’autres reluquent mon petit cul bien moulé. « Arrête je suis certain que tu vas pas apprécier si tout le monde le regarde… » Je te lance un clin d’œil avant de partir pour faire le tour de la piste et aller saluer le jury qui est assez décontenancé, heureusement que ce n’est qu’une compétition amicale. Je fais des erreurs de débutant, surtout au niveau de ma position, mais cela est moins pire que je ne le craignais. Je dois encore m’améliorer, mais c’est déjà une réussite pour moi. À la fin du parcours, je me dirige vers toi. Je goûte à tes lèvres rapidement sans échanger aucune parole, je vois la fierté dans ton regard, et ça me suffit. Je quitte la piste pour laisser place au prochain concurrent. Je vais débriefer avec mon entraineur avant de descendre de cheval et de le confier à son propriétaire. Je file rapidement me changer pour ne pas salir mes vêtements avant de retourner dans le box de mon cheval. Je sais que tu aimes ce pantalon parce qu’il moule mes formes comme tu le souhaites. J’enfile un vieux jean avant de revenir vers toi, vers vous. Je m’apprête à rentrer dans le box quand j’aperçois cette scène attendrissantes. Elle fait battre mon coeur à la chamade. Je mordille la lèvre avant de croiser ton regard. Je m’avance vers toi, avant de m’asseoir à califourchon sur toi. Je pose une main sur le dos d’Horian pour lui procurer des caresses. Mon autre main va se glisser dans tes cheveux. Je veux oublier cette peur. Mon visage se glisse dans le creux de ton cou, je veux simplement ta tendresse. Même si c’était difficile, je sais que maintenant je ne pourrais qu’aller de l’avant. Je commence à grignoter la peau de ton cou, appréciant le goût de ta peau.