des retrouvailles atypiques

Je prends sur moi pour supporter tes actions douces qui te semblent nécessaires. J'en oublie même ce qu'il s'est passé au cours des dernières heures, mais surtout ce mal être qui me ronge les entrailles et titillent ma fierté. Je te laisse t'envoler et j'essaye de me lever pour partir, car je ne désire vraiment pas être ausculte. Malheureusement un malaise me prend lorsque je pose mes pieds au sol. Je manque de perdre l'équilibre et je me retient tant bien que mal. Alors j'essaye de regagner le lit, mais mon corps semble manquer de force.

Je reviens finalement dans la chambre lorsque j'ai la bouteille en mains. Je n'ai pas pris plusieurs minutes, c'était au bout du couloir. Quand j'ouvre la porte, je m'attends à te découvrir allongé sur le lit, à demi conscient, mais je croise ton corps debout, vacillant. Tu t'accroches au lit pour ne pas tomber. Ma bouteille m'échappe des mains tandis que je viens te soutenir avant que tu ne tombes au sol. Autant dire que c'est de justesse. "Lip bordel..." Ta tête tourne je le vois bien. Je te pousse pour que tu t'assois sur le lit et je te laisse retrouver de l'énergie.

L'idée de rester dans ce lieu me fout la chair de poule. Je déteste les hôpitaux et ces êtres qui t'analysent comme si tu étais une bête curieuse. Je ne veux pas rester, quitte à accroître ton inquiétude et te laisser derrière moi, car pour le coup : tu ne me comprends pas. Malheureusement mon corps ne me soutient pas dans mon initiative. Bien au contraire je flanche et perd l'équilibre tant et si bien que tu viens à mon aide pour me remettre sur le lit. La tête m'élance, mon champ de vision tourne et me donne le tournis. "Fais chier." Je rage d'une voix impuissante avant de me caler de nouveau sur le lit. "S'ils te posent des questions sur ma consommation, mens." Ce n'est même pas une requête. C'est un ordre.

Je te retrouve tout vacillant dans ta chambre d'hôpital, prêt à t'écrouler au sol au juste prix de la liberté à tes yeux. Je ne pense pas comme toi car tu as besoin qu'on t'examine avant de t'envoler. Je comprends que ça te plaise pas mais il en relève de ta sécurité, et tu ne sauras pas me convaincre de m'en foutre. Je suis incapable de ne pas prêter l'attention qui t'est due. "Tiens-toi tranquille Lip. Tu es en train de supprimer tes chances de sortie. S'ils constatent un état de faiblesse physique, tu n'es pas prêt de partir." Je te conseille pour que tu sois assez subjectif avec ton propre cas. "OK." Je suis prêt à mentir pour toi, tu le sais de toute façon. "A la seule condition que tu me promettes de faire plus attention les prochaines fois." Je ne peux pas céder à tous tes caprices sans être assuré que ta santé n'est pas défaillante. C'est comme un compromis que j'ai besoin que tu remplisses pour accepter.

J'ai la rage au fond des tripes. Je la garde en moi pour éviter de l'éclater à ton visage bien que l'envie est violente. Je redoute l'instant où cet homme en blouse va franchir la porte de la chambre. Ils me trouveront un soucis à soigner, tâcherons de me faire passer pour un malade, car c'est comme ça que cela marche. Il faut bien qu'ils se trouvent de nouveaux patients. Alors je te demande de mentir, mais tu me prends en otage avec une menace. "OK. Si tu veux. Je ferai attention." J'use de mon ton sérieux pour te faire passer le message afin que tu n'ais pas de doutes sur la question.

Je réalise que la rage t'envahit, le malaise aussi. Tu ne souhaites pas être pris pour un fragile, une âme en détresse qui aurait besoin d'un coup de main. Au fond de moi je sais que tu as besoin d'aide, mais ce ne sont pas les médecins qui vont te l'apporter. Ils ne feront que te brusquer, tourmenter ton esprit par des interrogations agaçantes. Je sais déjà comment tu te comporteras auprès d'un médecin, tu prétendras que tout va pour le mieux. Parce que tu ne tolères pas que ta vie peut s'écrouler à tout moment à cause de ces substances, et je me retiens de te le déclarer car j'ai suffisamment reçu de colère en plein visage. "Promets." Je te demande parce que le mot n'est pas sorti de ta bouche et qu'il est le seul à pouvoir confirmer le vœu sincère. Je te tends finalement la bouteille de coca-cola. "Tiens bois un peu, ça te fera du bien." Je viens caresser le dessus de ton front, en ramenant tes cheveux en arrière.

Tu ne te laisses pas duper. Tu me réclames une promesse à laquelle je ne me sens pas en mesure d’y répondre. J’ai besoin de ma dose. D’autant plus après ce qu’il vient de se passer. Seulement, je sais que tu ne me laisseras pas tranquille. Alors, je me sens prêt à te mentir, à t’offrir ce que tu veux entendre puisque tu me le demandes. « OK. Promis. » Je plonge mes prunelles dans les tiennes. Je te mens effrontément. Tu ne pourras qu’y croire, y voir que tu veux. Je tâcherai juste de le faire discrètement afin de ne pas te décevoir. Tu me tends la bouteille et m’informe de boire. Ce que je fais. J’attrape la bouteille et glisse le goulot entre mes lèvres. Je bois une grosse gorgée. Je te laisse caresser mon front, mais je prends sur moi pour ne pas te repousser. « J’ai hâte que cet enfer s’arrête. » Je marmonne entre deux gorgées, la voix sombre.

Tu m'accorder finalement cette promesse et je me laisse emporter par la sincérité de tes propos. Au fond de moi, il y a ce tes pour, peut-être naïveté, qui me pousse à croire que tes promesses ne relèvent pas sur une imposture avec moi. Ce n'est pas un mensonge dans lequel tu me plonges, car je suis ton meilleur ami après tout. "Merci." Tu sembles plus apaisé que toute à l'heure, tu bois une gorgée pour te hydrater un peu. Pourtant j'ai encore cette angoisse qui tapisse mon ventre et je ne peux m'empêcher de créer le contact. "Bientôt." Finalement un médecin arrive pour t'examiner, te questionner. Tu râles, contournes, joues ton arrogant. Alors je réponds à ta place mais sans jamais trahir ton secret. Ils te relâcheront le lendemain et tu m'accorderas ton air bougon pour la fin de soirée, avant que je ne décide de te tourner vers la télévision. Tu te décontractes, soupires parfois, mais ton sourire orné parfois tes lèvres et je t'observent, dans mon coin, avec ce même sourire.