des retrouvailles atypiques

Mon corps me semble léger. Je suis déconnecté de la réalité et je n'ai conscience de rien. Pourtant ce sentiment de plénitude me quitte tandis que les minutes s'égrainent. Le bien être se dérobe pour me laisser un goût désagréable sur les lèvres et mon corps devient douloureusement lourd. Comme si j'avais la gueule de bois. Je gromelle une phrase incompréhensible tandis que les pupilles se dilatent sous la violence de la luminosité. J'émerge difficilement dans un endroit qui me semble inconnu et inconfortable.

Je t'ai retrouvé inconscient dans ton lit, un joint entre les doigts, prêt à enflammer ton propre appartement. Tu ne t'es pas aperçu mais je savais que tu frôlais le danger. Alors j'ai appelé l'ambulance pour t'envoyer à l'hôpital. Je me suis endormi contre ton bras pour attendre ton réveil. La panique m'a complètement usé. Mes paupières s'ouvrent finalement lorsqu'une voix s'élève dans la pièce. Mes yeux t'observent, je vois que les tiens s'éclairent et clignent. "Lip...?" Je cherche à te reconnecter à la réalité tandis que je me redresse.

Une voix se dégage de cette salle aseptisée qui m'agresse la vue. Je la reconnais sans difficulté. Un mal de tête m'assaille avec rage tandis que mes prunelles rencontre les tiennes. " Je suis où putain ?" Je grogne, la voix pâteuse à cause de mon haut taux de cannabis dans les veines.

Je sais que l'hôpital n'est pas ton endroit favori pourtant mon impuissance ne me permettait pas de rester les bras croisés à attendre que tu te réveilles. J'avais besoin de me fier à des professionnels. Alors je sens bien ta rage mais je tente de la dissiper en venant caresser ta tempe pour tirer tes cheveux en arrière. "A l'hôpital." Je commente avec douceur en continuant de mêler mes doigts à ta chevelure.

Tu es là à mes côtes, à ma surprise. Les souvenirs qui m'assaillent sont vagues. Tu me touches et tes doigts provoquent à la fois bien être et tension dans mon être. Ce cocktail nocif qui m'a poussé à consommer plus que d'habitude. "Pourquoi ? Et qu'est ce que tu fous la ? S'il me font consulter je te jure que je ne te le pardonnerai pas." Il manquerait plus qu'on me diagnostique un problème comme ma soeur. Ma voix est faible mais pleine de hargne.

Je m'inquiète pour toi alors je me montre doux envers toi. Et toi ta froideur m'éclate encore à la figure. "Parce que je t'ai retrouvé inconscient. Tu te réveillais pas j'ai eu peur. Désolé." Je me sens coupable de t'avoir traîné ici même si je sais que c'était le mieux pour toi.

Ton excuse m'agace. "Je ne t'ai rien demandé. Fais moi sortir de là immédiatement. Je vais bien. Je veux me casser." Et je tente de me relever et d'arracher les câbles qui me lient à ses machines inhumaines. Je veux partir et je compte sur toi si tu veux te faire pardonner.

Tu me fais paniquer encore plus en agissant ainsi. Tu es instable, il fait toujours que tu te rebelles contre les lois... Et surtout ce qui est mieux pour ta santé. Tu n'arrives pas à comprendre que je veux faire attention à toi. Je pousse contre ton torse avec mes mains pour te fixer au lit. "Arrête bon sang... laisse au moins un médecin t'examiner. S'il te plaît. Arrête de paniquer. Je suis là." Je viens embrasser ta joue et caresser ta nuque.

Tu essayes de me rassurer et me calmer mais rien n'y fait. La rage grignote mes entrailles. " J'en ai rien à foutre de l'avais du médecin. Qu'il aille au diable. Je vais bien. J'allais très bien pourquoi tu m'as amène ici putain !!! " Et ma nervosité s'affermit alors que ma respiration se fait plus forte et saccadée, comme possédée.

Tu me gueules dessus et j'ai un coup de poignard supplémentaire dans le coeur. Je suis incapable de ne pas avoir les larmes aux yeux. Je ne supporte pas quand tu ne me comprends pas. "Parce que j'ai eu peur... Tu te réveillais pas... S'il te plaît c'est important lip." Je garde ma main contre ton torse pour te dissuader de partir.