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| Karuli - happy misfortune | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Karuli - happy misfortune Lun 13 Fév - 23:07 | |
| Tu peux pas savoir combien sa cuisine me manque. Mais c'est pas mon porte feuille qui va s'en plaindre Je ris à nouveau. À moi aussi, elle me manquait. Ses tas de recettes de pâtes et autres plats italiens, sa spécialité. Mais encore plus que sa cuisine, c'était elle qui me manquait. Je n'avais pas eu de ses nouvelles depuis juillet 2015, et je ne pourrais jamais lui reparler, ni même la revoir. J'avais beau être le vrai Édouard, Loeiz avait pris ma place auprès de la famille. Je m'en voulus de ne pas réussir à lui répondre la vérité quand il me reparla de mon mouvement de recul. C'était mon frère, ma moitié, mon confident, mon tout. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas lui dire qu'il allait me perdre et que c'était inévitable. C'était l'une des raisons qui m'avaient poussées à me sacrifier pour lui. Si Lopez m'avait tué, ça aurait été ''mieux'' que si ça avait été Loeiz qui y était passé. Lui, il est en bonne santé. S'il continue d'échapper aux règlements de compte, il aura toute sa vie devant lui. Pas moi. Il n'insista pas, je m'intéressai à ce qu'on allait manger. J'en sais rien ! Tu veux quoi toi ? Malbouffe ou riz avec poulet au curry ? Emmène-toi au fait, il y a pleins d'autres choses dans le frigo ! Plus que surpris, limite choqué, je me levai et accourus. En voyant le frigo si rempli de trucs ayant tout sauf l'air industriels, je pouffai. Toi, t'as trouvé quelqu'un d'autre à payer pour te faire à manger. Tandis qu'il partit se faire chauffer sa pizza, je regardai le contenu du frigo, à la recherche de ce qui me tentais le plus. Je n'avais déjà plus faim. Enfin, si, j'avais toujours faim... mais j'avais l'appétit coupé. Je n'eus pas besoin de chercher longtemps pour en trouver la raison. Le fait de lui mentir sur quelque chose de si grave. Alors, tu prends quoi ? J'hésitai quelques instants à prendre un truc et me forcer à manger. J'ai plus faim en fait, soupirai-je en essayant de ne pas avoir le ton de quelqu'un qui cache quelque chose. Je refermai le frigo, attrapai un morceau de pain de la baguette posée sur le plan de travail, et partis m'asseoir face à lui. En voyant la bouteille de vin, je me servis un verre. A nos retrouvailles, dis-je en congant doucement mon verre contre le sien. Je commençai par boire une gorgée, et après un instant d'hésitation, le finit d'un coup et m'en resservit un autre. Juste ça allait suffire à me détendre un peu. Je suppose.
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| Sujet: Re: Karuli - happy misfortune Mar 14 Fév - 15:51 | |
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Tu es amusé par sa réaction devant ton frigo et tu te retiens de ne pas te marrer à sa remarque. Moi ? Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler, rétorques-tu en prenant un air faussement innocent. Tu es dans l'incapacité de te faire à manger par toi-même. Oh tu n'es pas le pire cuisinier du monde, tu arrives bien à te faire quelques plats simples quand la volonté y est. Ce que tu détestes en cuisine, c'est la patience. Ce n'est pas ton truc, tu es incapable d'attendre des heures qu'un repas soit prêt. Au fur et à mesure que des éléments sont cuits, tu les expédies dans ta bouche. Et au final, le repas est prêt oui, mais prêt dans ton ventre. A quoi bon cuisiner si au final tu n'as rien à mettre à table ? Tu préfères laisser cette besogne à d'autres. Comme Az par exemple, il est un très bon cuisinier lui. Mais apparemment, il n'a plus envie de manger. Ça ce n'est pas normal. Tu as envie de lui coller une baffe et l'obliger à te dire ce qui le tracasse. Ça se voyait très bien que quelque chose le dérangeait. Pourquoi il veut pas t'en parler, bordel ! Il vient s'installer à tes côtés avec son malheureux morceau de pain et se servit un verre. Tchin. Tu bois. Tu commenterais bien quelque chose mais ton esprit est préoccupé maintenant. Tu n'aimes pas qu'il te cache des choses. Avec tout ce que sa fausse mort à entraîner, il n'a pas encore compris que les secrets ça détruit les gens ? Tu le regardes finir son verre d'un trait puis s'en resservir un autre. Vas-y, bois au goulot, ça ira plus vite, dis-tu moqueur. Ce n'est pas l'alcool ton jumeau, Az, c'est moi. Il y a que moi qui puisse t'aider à résoudre tes problèmes. Mais je peux rien faire si tu ne me dis pas ce qu'il y a, continues-tu beaucoup plus sérieusement. Qu'il te parle. Qu'il s'ouvre à toi. T'as envie de savoir ce qui le bouffe autant. Tu vides ton propre verre et descends ouvrir le four pour sortir ta pizza. Le pepperoni c'est la vie, dis-tu, te léchant déjà les lèvres. T'es sûr que t'en veux pas ? T'apprêtes ton dîner très équilibré pour l'heure tardive, demandes à ton frère de prendre le vin et vous repassez au salon. Tu t'installes dans le canapé, allumes la TV, prends hâtivement une part de pizza et y mords à pleines dents. Que c'est bon. Rappelle moi qui a dit déjà que l'argent ne fait pas le bonheur ? demandes-tu en riant. Il y a quelques années, tu n'y adhérais pas à cette citation débile. Mais à cet instant précis, tu comprends. Tu as déjà mangé des plats plus délicieux, plus sophistiqués, plus chers. Pourtant, tu n'as jamais ressenti pareille plénitude. La différence ce soir, c'est que ton frère est là. Le perdre pour ensuite le retrouver t'as fait comprendre combien ta vie était vide sans lui. Il y a pas de mots pour décrire ce que tu ressens. Ouais, l'argent ne peut définitivement pas tout faire. Tiens donc, tu es devenu plus intelligent ce soir.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Karuli - happy misfortune Mar 14 Fév - 17:55 | |
| Vas-y, bois au goulot, ça ira plus vite. Ce n'est pas l'alcool ton jumeau, Az, c'est moi. Il y a que moi qui puisse t'aider à résoudre tes problèmes. Mais je peux rien faire si tu ne me dis pas ce qu'il y a. Je baissai le regard, mal à l'aise. Je marmonnai quelque chose en coréen, légèrement agacé. Je le savais très bien, et je ne comptais pas sur l'alcool pour régler mes problèmes. C'était juste pour me détendre un peu et réussir à me concentrer sur le moment présent. J'avais retrouvé Loeiz. Je l'avais enfin retrouvé. Je n'avais pas été si heureux qu'actuellement depuis que j'étais à Vancouver. Être à ses côtés après tant de temps n'avait pas de prix. Même tout l'or du monde avait une valeur ridicule à côté. Les choses matérielles ne sont rien, quand on n'a personne à qui tenir. Le pepperoni c'est la vie. T'es sûr que t'en veux pas ? Je confirmai d'un mouvement de tête. Non merci. En plus je préfère le bacon, rappelai-je en souriant. J'attrapai mon verre et la bouteille de vin et le suivit dans le canapé du salon. Je posai la bouteille au milieu de la table basse et gardai mon verre à la main. Il alluma la télé et commença sa pizza. Ca sentait bon. L'odeur de la pizza ajouté à celle de l'encens donnait un mélange un peu bizarre, mais j'aimais bien. Rappelle moi qui a dit déjà que l'argent ne fait pas le bonheur ? Je tournai la tête et le regardai en pouffant. Je bus une petite gorgée de mon second verre de vin et répondis. L'une des premières traces de l'expression vient des Liaisons dangereuses de Laclos. Georges Feydeau a aussi utilisé ce proverbe. Après réflexion, je réalisai que ce n'était pas cette réponse qu'il attendait, mais qu'il faisait référence aux dernières années qu'il avait passé à Marseille, où il pouvait dépenser comme il le souhaitait, contrairement à avant, vu qu'on était loin d'être riches. Je terminai mon morceau de pain en regardant l'écran distraitement. Je regardais rarement la télé, si bien que je n'en n'avais pas acheté pour mettre chez moi. Dis, Loe... je suis désolé de t'avoir menti. Que ce soit concernant ma fausse mort, ou... pour tout à l'heure. Je commençais à avoir vraiment faim en fait, il fallait que je parle, sinon, je ne réussirais pas à avaler quoi que ce soit. Mais... c'est le genre de problème que personne ne peut résoudre. Ni moi, ni toi. Ni personne., continuai-je plus bas. Je détestais le fait de ne pouvoir rien faire. Mais bon. Une fois que ça sera dit, ça sera dit et je pourrais me gaver des gnocchis que j'avais repérés. |
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| Sujet: Re: Karuli - happy misfortune Mer 22 Fév - 15:59 | |
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Pendant que tu savoures ton repas, ton frère se met en tête de répondre réellement à ta question et de te dire d'où venait l'expression que t'avais utilisé. Tu le regardes, ébahi. Comment on peut savoir ça ? Une expression... bah c'est une expression, c'est vieux comme le monde, personne n'est censé savoir comment il a été créé ni d'où viennent "ses premières traces". Son intelligence t'épatera toujours. Et te donnera toujours moins envie de devenir aussi intelligent que lui. On doit avoir la tête bourrée à force d'emmagasiner toutes ces stupides informations. Tu regardes la télé sans vraiment t'en soucier, te concentrant beaucoup plus sur ta pizza et ton vin. Tu adores manger. Plus rien n'existe quand tu manges. T'es un grand gourmand et tu l'assumes complètement. Dieu merci tu as une très belle ligne naturellement sinon tu ressemblerais à une baleine avec tout ce que t'avales. Mais pendant que tu dégustes ton vin en te sentant au paradis, ton frère reprend la parole. Des excuses. Tu le sais, qu'il est désolé. Pourtant tu ne peux pas t'empêcher de lui en vouloir d'avoir tout foutu en l'air avec cette fausse mort débile. C'est comme une grosse boule de colère qui menace d'exploser dès que tu y penses. Il va falloir du temps pour calmer tout ça. Mais tu n'as pas très envie de parler de ça maintenant. Vous avez déjà assez donné dans le mélodrame en chialant dans la rue comme des gosses, c'est suffisant pour ce soir. Vous aurez tout le temps demain de réaborder les questions qui fâchent demain et de vous raconter ce que vous avez manqué l'un dans la vie de l'autre. Ce qui t'intéresse par contre, c'est ce qu'il te cache. Tu sais qu'il te ment et lui même vient de l'avouer d'ailleurs. T'as envie de savoir ce que c'est. Tu sens que ça le bouffe et forcément, ça te bouffe aussi. Chaque fois que vous abordez la question, ton cœur se serre un peu plus. Tu sais que ce n'est pas bon signe. Tu ne vas pas aimer. Mais tu as besoin de savoir. Quel est le problème, Az ? Dis-moi ce qui se passe, il n'y a rien que petit Loeiz ne puisse résoudre, dis-tu doucement, essayant de détendre l'atmosphère. Tu déposes dans pizza, tout appétit brusquement coupé. Tu imagines le pire dans ta tête. Et si tu n'as pas une réponse fixe maintenant, tu sens que tu vas devenir fou.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Karuli - happy misfortune Mer 22 Fév - 20:12 | |
| Quand je lui expliqua d'où venait l'expression dont il m'avait demandé l'origine, il me regarda comme si je lui avais dit que, je ne sais pas, que la Terre était plate par exemple. Enfin, non, mauvais exemple, vu le nombre d'arguments qu'on pouvait trouver sur internet en faveur de la théorie de la Terre plate. Et honnêtement, certains avaient de quoi faire douter même un scientifique comme moi. Enfin, scientifique, non. Il aurait fallu que j'aille au moins jusqu'en doctorat pour réellement mériter ce titre. Un jour je reprendrai mes études. Enfin, si j'en ai l'occasion. Ce qui n'arrivera sûrement jamais vu comment je galère financièrement. Pendant qu'il continuait de manger, j'étais plongé dans mes regrets. J'avais raté ma vie... et j'avais gâché celles de ma famille, de ma belle-famille, des amis de Loeiz... J'étais peut-être en dépression en fait, vu comment j'étais bloqué dans le passé. Ouais mais nan, c'est mort j'irai pas voir un psy. Faudrait plutôt que je parle à Loe, que je lui avoue la vérité, que je... Quel est le problème, Az ? Dis-moi ce qui se passe, il n'y a rien que petit Loeiz ne puisse résoudre. Si tu savais..., murmurai-je pour moi-même. Je lui jetai un regard rapide du coin de l'oeil. Il ava it arrêté de manger. J'étais choqué, mais vraiment. Depuis quand est-ce qu'il cessait de manger avant d'avoir fini ?? Peu importe, ce n'était pas important. Je fermai les yeux et pris une profonde inspiration, et expirai en posant les yeux sur le plafond. J'ai... j'ai fait une grosse connerie. Erreur de jeunesse. Je ne savais pas comment continuer, j'étais hyper mal à l'aise. Comment pouvait-on avouer à la personne comptant le plus pour soi qu'on allait mourir ? Je... j'ai pas réfléchi, et maintenant je vais finir mes jours de la même façon que Vanille. Je fixai mes pieds, gorge serré, mal à l'aise comme je ne l'avais jamais été. Mon Dieu... qu'avais-je fait... Loe... ne me reproche rien s'il te plaît, je ne le supporterai pas... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Karuli - happy misfortune Jeu 23 Fév - 2:36 | |
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J'ai... j'ai fait une grosse connerie. Erreur de jeunesse. Humhum. Là, tu craignais déjà le pire. Ton frère n'est pas de genre à faire des bêtises à la base. Dans ce domaine, c'est toi qui excelle. Il n'est pas du genre à stresser non plus. Quelle que soit la gravité de la situation, il est toujours zen et paraît avoir le contrôle. Alors que ce soit lui qui prononce ces mots, tu es inquiet. Très inquiet. Il s'arrête, paraissant chercher ses mots. T'as envie de le secouer pour qu'il crache enfin le morceau... Je... j'ai pas réfléchi, et maintenant je vais finir mes jours de la même façon que Vanille. ... Ou pas. Au début, t'as pas saisi ce que le nom de Vanille venait foutre dans cette histoire. Vanille, c'est son ex... 2007 si tes souvenirs sont exactes ? Tu sortais déjà avec Billy. Ils formaient un super couple, Az et Vanille. Ils auraient sûrement fini par se marier si elle n'était pas morte. Mais tout ça c'est passé il y a des années, pourquoi te parle t-il de... Attends... Non. Non, non, non, non, non, non. NON !! Tu lâches ce que les grands littéraires appellent un cri de cœur. Tu n'as juste pas pu le retenir. Tes yeux écarquillés se remplissent instantanément de larmes. Non... La conclusion qui s'impose à ton esprit est d'une telle horreur que tu ne veux même pas la laisser faire une place dans ta tête. Tu te lèves du canapé, attrapant au passage la bouteille de vin que tu bois au goulot. ...finir mes jours de la même façon que Vanille ...finir mes jours de la même façon que Vanille ...finir mes jours de la même façon que Vanille. Les mots résonnent en boucle dans ta tête. Vanille est morte d'une maladie. Elle était séropositive. Le virus avait fini par avoir raison d'elle. Tu te souviens de ses derniers jours, tu t'en souviens même très bien. Son état, la manière dont elle avait maigri, son regard, la souffrance, la fatalité... Les yeux d'Azrael remplacent ceux de Vanille dans ta tête. Tu lances rageusement la bouteille qui se brise contre la baie vitrée dans un bruit sourd. Tu tombes sur tes genoux et tu te mets à pleurer, replié sur toi-même. Non.. tu n'as pas le droit de me faire ça, Az.. tu n'as pas le droit, répètes-tu inlassablement. C'est comme si le monde venait de s'arrêter, comme si ton cœur avait arrêté de battre. Il va mourir... Il va vraiment mourir ?
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Karuli - happy misfortune Jeu 23 Fév - 13:49 | |
| J'étais censé être le plus intelligent de la famille. En réalité, j'étais celui qui avait détruit la famille entière. Et même en n'ayant plus de contact avec eux, je la détruisais encore plus. Je n'avais retrouvé mon frère que depuis quelques heures, pourtant. Tout ça à cause de l'autre type qui m'avait fait saigné du nez. J'aurais esquivé le coup, Loeiz n'aurait pas essayé de nettoyer le sang, je n'aurais pas eu de mouvement de recul, il n'aurait pas eu l'impression que quelque chose ne tournait pas rond, il ne se sera pas inquiété, il ne m'aurait pas demandé d'explications, je n'aurais pas fuit, j'aurais réussi à manger, et tout se serait bien terminé, tout aurait continué comme avant. Entendre Loe crier de cette façon sans pouvoir faire quoi que ce soit pour le calmer me faisait atrocement mal. Non.. tu n'as pas le droit de me faire ça, Az.. tu n'as pas le droit... Qu'est-ce qu'on était censé faire dans ce genre de situation ? Je n'avais jamais eu ce genre de choc avec Vanille, je le savais dès le début qu'elle était malade, je savais qu'elle était condamné à mourir jeune... Et je n'avais jamais parlé de ça, juste mon médecin à Marseille et celui d'ici étaient au courant... ils m'avaient toujours répété qu'un jour, il faudrait que je l'avoue à ma famille, que c'était inévitable, qu'il leur faudrait une explication à mon état le jour où la maladie se développera... Plus qu'angoissé, je posai mon regard sur lui. Arrête de pleurer Loe... moi aussi je vais pleurer, je ne supporte pas de te voir comme ça..., lui demandai-je, la voix tremblante. Je me laissai tomber à côté de lui et le pris dans mes bras, posa mon front sur son épaule et le serrant aussi fort que possible. Je ne voulais pas te le dire, je ne voulais pas t'inquiéter... je suis désolé... Ca y est, ça recommençait, je pleurais à nouveau. En dix ans je n'ai eu aucun symptôme... mon corps arrive à lutter sans trop de problèmes... C'était la seule chose que je pouvais dire pour le rassurer. J'avais un meilleur système immunitaire que Vanille, c'était une si grande chance... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Karuli - happy misfortune Jeu 23 Fév - 17:09 | |
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Tu es à terre. Littéralement. On t'aurait annoncé que c'était toi qui portais ce virus, tu n'aurais pas été autant anéanti. C'est une chose d'apprendre que son frère est mort. Tu n'as plus le choix, tu encaisses, tu souffres, tu pleures, mais tu sais au fond de toi que tu ne peux plus rien faire pour le ramener à la vie. Mais quand on te dit ton frère va mourir, c'est totalement différent. Ce sentiment d'impuissance qui te prend aux tripes et te broie le cœur, ces pensées noires qui te traversent l'esprit t'imposant des images de lui en train de souffrir et toi incapable de l'aider, c'est juste horrible. Tu pleures sans pouvoir t'arrêter, essayant de te persuader que tout ceci n'était qu'un cauchemar et que tu te réveilleras dans ton lit à Marseille, avec lui vivant, en bonne santé, tes frères et sœurs se portant bien. Mais tu sais au fond de toi que tout ceci était bien réel. Tu l'entends te dire d'arrêter de pleurer, tu veux bien mais tu n'y arrives pas. Tu le laisses te serrer et tu te blottis contre lui du mieux que tu peux. Qu'il ne te lâche pas. Qu'il ne te lâche plus jamais. Oui, tu comprends qu'il te l'ai caché. De toutes les façons, comment aurait-il pu te le dire, il était supposé être mort. Comment a t-il pu faire face à cette condamnation tout seul, éloigné de sa famille ? Il est tellement courageux, tellement fort... En dix ans je n'ai eu aucun symptôme... mon corps arrive à lutter sans trop de problèmes... C'est une bonne nouvelle hein ? Si son corps arrive à lutter... Attends, quoi ??? En dix ans je n'ai eu aucun symptôme. Tu délires ou il a bien dit dix ans ? Tu relèves brusquement la tête, choqué. Dix ans ? Tu te fous de ma gueule ? Tu sais ça depuis dix ans et tu ne m'as rien dit ? Tu te lèves, le regardant comme si tu le connaissais pas. Tu marches à reculons jusqu'à la baie vitré puis tu te retournes, lui tournant le dos, te fermant complètement à lui. Tu as toujours cru que ton jumeau était ta moitié. Malgré toutes vos différences, il était une part de toi, comme si tu étais le corps et lui l'âme. Tu l'aimais plus que tout au monde, même plus que ta propre vie. Tu lui disais tout, absolument tout ce qui t'arrivait, jamais tu n'as eu de secrets pour lui. Tu croyais que tes sentiments étaient partagés. Mais tu te rends compte qu'en fait non. Il te ment. Il te cache des choses. Simuler une mort, tu peux encore essayer de comprendre ses arguments. Mais te cacher qu'il est séropositif alors qu'il le savait depuis tout ce temps, garder quelque chose d'aussi grave pour lui... quelle raison a t-il cette fois ? Qu'il ne voulait pas que tu t'inquiètes ? Qu'il voulait te protéger ? Un rictus amer se dessina sur tes lèvres. Tu as l'impression d'avoir été trahi, d'avoir été mis à l'écart de quelque chose que tu avais le droit de savoir. Tu croyais que vous étiez proches. Foutaises. Inspirant légèrement pour reprendre le contrôle, tu lui demandes, sans te retourner. Comment c'est arrivé ? Tu savais qu'elle était malade. Tu n'as pas été assez con pour coucher avec elle sans te protéger, si ? Ta voix est froide. Involontairement. Tu as beau lui en vouloir, une fois de plus, le mal était déjà fait. Sa santé et son bien-être passeront avant ta colère et ta déception. Mais quelque chose en toi s'est brisé. Et tu ne peux t'empêcher de te demander s'il y avait d'autres bombes comme ça qu'il avait décidé de te cacher.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Karuli - happy misfortune Ven 24 Fév - 10:28 | |
| Dix ans ? Tu te fous de ma gueule ? Tu sais ça depuis dix ans et tu ne m'as rien dit ? Merde. J'aurais mieux fait de la fermer. Je pensais le rassurer, je l'ai vexé. Quoi de plus normal ? Il me détestait probablement. En même temps, c'était compréhensible. Peut-être qu'à sa place j'aurais réagi de la même façon. Entre ma mort et ça, sa confiance en moi avait dû en prendre un énorme coup. Loe... je suis désolée... Il ne répondit rien. Il m'ignorait, regardant par la baie vitrée. Ça faisait presque plus mal que d'être loin de lui. Comment c'est arrivé ? Tu savais qu'elle était malade. Tu n'as pas été assez con pour coucher avec elle sans te protéger, si ? Ma gorge se serra un peu plus. C'était la première grosse crise entre nous depuis notre naissance, j'avais du mal à comprendre comment on en était arrivé là. Ça avait commencé par le fait que je sois encore vivant, puis... ça... Je ne savais pas quoi répondre, j'étais partagé entre dire la vérité au risque qu'il me hurle dessus que j'étais complètement inconscient et stupide, ou mentir encore une fois. Sauf que s'il apprenait que j'avais mentis... il me détesterait jusqu'à ma mort et ne voudrait probablement plus jamais entendre parler de moi... J'expirai longuement puis répondit. Un accident. Causé par ma stupidité. Elle s'était coupée avec une feuille, le genre de truc qui lui arrivait souvent. J'ai nettoyé, j'avais oublié que j'avais une plaie encore ouverte sur les doigts à cause d'un pot en verre que j'avais cassé en chimie. C'était proche de la vérité. Et la vérité était tout aussi stupide. C'était bien ce que je disais, grosse erreur de jeunesse. Je n'avais pas réellement conscience des risques de ce que je faisais. Ce n'était que quelques gouttes, je ne pensais pas que c'était suffisant... Je ne t'ai rien caché d'autre, et si je l'ai fait c'était justement pour éviter que tu réagisses comme ça... Je voulais juste t'éviter de t'inquiéter, je ne voulais pas t'imposer pour des dizaines d'années le pré deuil que j'ai vécu seulement quelques années avec Vanille... Non, jamais je n'aurai pu lui imposer ça... Lui me connaissait depuis toujours, j'étais son frère, on avait partagé le même œuf pendant neuf mois, on avait grandi ensemble, on était toujours tous les deux... Sa souffrance aurait été bien pire que celle que j'avais enduré avec Vanille. J'inspirai et expirai profondément, tentant de faire fuir l'angoisse qui s'agrippait à moi. Pendant qu'on est dans les aveux... ça m'arrive de fumer depuis début 2016, c'est plus efficace que les anxiolytiques. Ah et, juste pour être sûr que tu sois au courant et que tu ne me reproches pas de te l'avoir caché dans le cas où tu ne serais pas au courant, je suis bi. Voilà, tu sais tout, je n'ai rien d'autre à te cacher. J'attendis sa réaction face à tout ça en angoissant. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Karuli - happy misfortune Sam 25 Fév - 16:28 | |
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T'isoler te permet toujours de te réfléchir, de penser avec ta tête et pas avec ton cœur. De toutes les façons, lui ne servirait plus à rien ce soir, trop douloureux qu'il est. Regardant la ville à tes pieds sans vraiment la voir, tu l'écoutes t'expliquer comment il avait chopé cette merde. Au lieu de te calmer, l'explication t'énerve encore plus. Non mais qu'est-ce qui se passe ce soir, bon Dieu ! Tu serres les poings jusqu'en t'en blanchir les phalanges dans ta poche, luttant pour ne pas les foutres dans la vitre en face de toi. Un accident. Une stupidité. Tu étais sur le point de perdre ton frère et tout ça à cause d'une... stupidité. Mais c'est toi le tête en l'air normalement, pas lui ! Comment il a pu avoir un geste aussi irréfléchi ? Tu te pinces les lèvres sans répondre. Tu as envie de buter quelqu'un. Il continue de parler, t'expliquant les raisons qui l'ont poussé à te cacher cette annonce. Tu fermes les yeux, luttant pour ne pas bondir sur lui tel un animal sauvage. Il pourrait te donner un million de raisons semblables, rien ne justifiera jamais son mensonge à tes yeux. Tu sais qu'à sa place, tu aurais couru tout lui raconter, avant même de quitter le cabinet du docteur en fait. Cela veut dire que toi tu ne l'aimes pas assez pour lui épargner inquiétudes et souffrances ? Tu ne vois pas les choses sous cet angle. Mais peut-être que c'était trop facile aussi de se positionner dans le rang de la victime et t'énerver contre ton frère parce qu'il t'a menti. Facile de prendre par des "si" pour essayer de te persuader que tu n'aurais pas agi pareil à sa place. La vérité est que tu n'en sais rien. Tu ne sais pas comment tu aurais agi si ça avait été toi. C'est tellement énorme comme nouvelle à annoncer à quelqu'un. Tu te rappelles des derniers jours de Vanille et les larmes roulent sur tes joues. Ton frère aussi finira comme ça. Dans quelques années. Peut-être plus tôt. Vous avez déjà perdu tellement de temps avec cette histoire de fausse mort. En le retrouvant, tu croyais que le pire était derrière vous. Non. Le pire reste encore à venir. Et ça te terrorise. Comme s'il n'a pas fini de te tuer, Az te balance encore deux autres bombes à la figure. Il fume ? Et maintenant il est bisexuel ? Tu n'es pas homophobe mais... ton frère avec un autre homme ? Tu poses le front sur la baie vitrée, totalement anéanti. Tu as l'impression qu'en fait, c'est quelqu'un d'autre dans le corps de ton frère. Ton Az il est intelligent, il a un brillant avenir devant lui, il est en bonne santé et jamais il ne te ment. Le mec là derrière toi... Tu devrais peut-être dire quelque chose mais tu ne sais pas quoi. Tu n'as pas envie de parler, juste taper dans un punching-ball jusqu'à t'en déboîter l'épaule. Extérioriser toute cette rage et cette impuissance qui bouillent en toi. Mais tu prends sur toi, essai de faire un tri dans ta tête et de sortir le plus gros problème du lot. Il y a des... il y a des traitements qui permettent d'empêcher le développement du virus ou un truc dans le genre. Tu en suis ? Ta voix est enrouée, tu as de la peine à parler. Pourtant il le faudra. Ravaler ta colère et ta douleur et te battre. Pour lui. Ton frère a toujours été là pour veiller sur toi. Aujourd'hui, il est brisé. A ton tour de veiller sur lui. Et de le réparer.
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