You can have a happy ending. Sometimes, you have a happy beginning. Both ? Rarely ~ Lyhley

La maison était terriblement calme, comme avant une tempête ; mon souffle était comme suspendu dans les airs. Et le ciel me tomba soudainement sur la tête, avec une telle brutalité que je perdis pied avec la réalité. « Un peu. J'ai besoin de m'éloigner, et de prendre l'air. » M'efforçant de chasser ces paroles de ma tête, je sentis ma mâchoire se raidir, puis mes dents grincer, sous le poids de ses mots. « J'ai réservé une place en avion pour Johannesburg. Je pars vendredi. Je crois que j'ai besoin de temps pour moi. Ça fait trop de choses à supporter. » Il me parut alors si malséant d'être en colère contre Lyhla tant j'éprouvais moi-même un attachement particulier envers mon pays d'origine - bien qu'elle eut été élevée au canada cependant. Pourtant, je remarquais des accents caustiques dans sa voix, et me sentis piquée au vif. Et puis quoi encore ?

« Je n'aime pas l'attente qu'il y a entre nous. Je déteste ne pas savoir ce que tu veux. » Je me retournais avec une lenteur effroyable, mes yeux jonglant entre Lyhla et son verre de nouveau rempli. « Il n'y a pas d'attente parce qu'il ne se passe rien. » Dis-je en soupirant, haussant les épaules dans un geste las. « Ça fait plus de quatre ans, Lyhla. Tu te rends compte ? » Ajoutais-je, bien qu'il ne s'agissait pas d'une question. Je m'avançais de quelques pas pour la rejoindre près du bar. « Je sais très bien ce que je veux et je pensais que c'était clair », mes yeux bleus croisèrent les siens, « je t'aime, Lyhla. » Puis, la voix légèrement tremblante, j'ajoutais : « mais je ne parviendrai jamais à te pardonner pour Ian ».

Tout me déroutait. En premier lieu, cette maison que je m'étais empressée de fuir comme si elle eut été maudite. Ensuite, Vancouver et le Canada que j'associais indubitablement à Ian. Et puis, il y avait Lyhla... Lyhla que j'aimais de tout mon coeur et que je haïssais du plus profond de mon être. Je détestais l'aimer. Et je l'aimais autant que je la détestais. Pourtant, de façon irrationnelle je savais que Lyhla était et demeurerait l'amour de ma vie. Ces sentiments contradictoires parasitaient mon esprit, contredisant chacune de mes paroles, chacune de mes pensées. J'étais perdue. J'étais perdue à la croisée de mes sentiments.

« Prends soin de la maison pendant mon absence, tu veux ? » Décontenancée, j'hoquetais de surprise en comprenant qu'elle me demandait de garder la maison en son absence. Levant un doigt, je m'apprêtais à protester avant qu'elle ne détourne les talons, montant les escaliers comme s'il s'agissait d'une vulgaire dispute de couple, comme s'il paraissait tout à fait normal d'aller se coucher en laissant ses invités dans le salon, sur leur faim. « Je - for god's sake ! » Je tombais des nues. Et puis quoi encore ? Dormir dans notre lit conjugal et faire le lit de Ian qui aurait été conservé à l'image du salon ? Comme un musée ?

Ce fut sous la colère que je quittais à mon tour le salon, enjambant l'entrée à grandes foulées en prenant soin de récupérer mon manteau, claquant la porte. Je descendis l'allée à pas vifs, m'arrêtant à mi-chemin, tournant la tête vers la demeure qui me parut soudainement si froide et si imposante qu'elle m'en donna le vertige. J'eus l'étrange impression de me revoir quatre ans plus tôt... Je composais rapidement le numéro d'un service de taxi et me rendis à l'hôtel avec cette impression de n'appartenir à personne ni à rien. Je n'avais ma place nulle part...