Will you, one day, give me another chance ? ~ Lyhley

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Lyhla frappait dans le punching-ball, concentrée. Elle se trouvait dans la salle de sport du commissariat, à presque minuit. Sans avoir mangé, sans avoir rien fait d'autre que réviser tous les coups d'arts martiaux qu'elle avait appris depuis presque deux heures. Son service était fini, mais elle avait éprouvé le besoin de rester et de se défouler. Surtout de se défouler. Elle avait de plus en plus de mal à rentrer chez elle le soir. Surtout depuis le retour d'Ainsley. Et encore plus depuis...

La femme donna un coup de poing plus puissant dans le sac, le faisant voler. Elle s'éloigna, allant boire un coup et s'essuyer le cou, les yeux fermés. Elle n'avait plus vu Ainsley depuis leur nuit ensemble. Elle en avait encore des frissons en y repensant. Des frissons de joie, mais aussi de colère et de peine. Ça faisait plus d'une semaine qu'elle l'évitait autant qu'Ainsley l'évitait. Il n'y avait rien de pire que de ne pas s'entendre dire « C'était une erreur » alors que manifestement, Ainsley le pensait. Au moins, si elle le lui avait dit, Lyhla aurait su à quoi s'en tenir. Actuellement, elle ne savait pas où elle en était. Il y avait comme un flottement, une impression de mise en pause involontaire. Et Lyhla devait subir ça, puisque madame Pryce avait décidé de ne plus la voir. Et après ça, on doit se comporter en adultes, hein.

Rageuse, elle fit demi-tour et revint taper dans le sac, se déchaînant totalement, avant de se calmer. Ces derniers jours s'étaient tous déroulés ainsi. Une rancœur sous-jacente, explosant soudain en une pointe de rage lui donnant envie de hurler et de pleurer, puis de nouveau la rancœur, et la rage, et la rancœur, et la rage, encore et encore, pendant des heures et des heures, passant de l'un à l'autre sans relâche, et la fatiguant autant mentalement que physiquement. Lyhla se calma subitement, et reprit son rythme premier, régulier et monotone. Crochet, coup de poing, coup de pied, à quelques variantes près. Elle était seule dans cette partie du bâtiment, un peu à l'écart du reste. Ses mains enrubannées faisaient un bruit sourd, ses pieds chaussées chuintaient sur le sol. Elle ne cessait de bouger, la sueur rendant brillant et huilant son corps. Simple brassière de sport rose fluo, short jaune et baskets roses et jaunes. Sa tenue de running, et la seule tenue de sport correcte qu'elle avait. Autrement, elle n'avait qu'un jogging et un sweat, ce qui n'était pas pratique. Elle était donc obligée de mettre une tenue plus légère, même si cela attirait les regards. Tant pis. Au moins, je peux les mettre à terre d'un seul coup, moi. Et je n'ai pas d'embonpoint, moi. Et je ne suis pas une salope, moi.

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J'avais passé la semaine à éviter Lyhla, posant mes jours de repos en différé des siens, me terrant dans mon bureau à l'heure des traditionnelles pauses cafés et trouvant toujours un prétexte pour ne pas être là ou l'on me cherchait. Cela ne pouvait plus durer, nous ne pouvions plus nous éviter indéfiniment. Aussi, je décidais de faire le premier pas, m'affublant de mon plus joli tailleur pantalon pour rejoindre la salle de sport. - j'avais tout simplement demandé à l'accueil ou je pouvais trouver le lieutenant Elder.
Minuit passé, les bras chargés de deux boissons chaudes, je pénétrais dans la salle de sport en plissant le nez. Bien que je n'avais rien contre les activités physiquement à proprement parler, force était de constater que la pièce manquait cruellement d'aération. De fait, les émanations diverses de sueur et de testostérone vinrent me piquer les yeux.

Je découvrais une Lyhla en sueur, frappant avec rage un sac de frappe qui se balançait bruyamment dans la pièce. Ce ne fut pas la colère ni la force qu'elle témoignait qui attira mon attention mais les vêtements qu'elle arborait : une brassière de sport si fine que l'on dessinait aisément sa poitrine, un short fluo à vous brûler la rétine et des baskets aussi infâmes que le reste de la tenue. Pourtant, je m'amusais de cet accoutrement alors qu'un large sourire s'étirait sur mon visage. « Bonsoir Lyhla. »

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Lyhla continua de taper inlassablement le sac, ne se préoccupant pas d'Ainsley. Et tant pis si elle se retrouve les bras ballants au milieu de la pièce. Ça lui fera peut-être comprendre ce que j'ai ressenti. Oh et puis merde son sourire m'énerve. Elle balança un dernier coup de pied dans le sac suspendu au plafond et se dirigea soudainement à grands pas vers Ainsley, lui décochant une gifle contenant toute la rage qu'elle pouvait contenir. « Celle-là, tu l'as pas volée. » gronda-t-elle, pointant un doigt sur Ainsley avant d'attraper le gobelet de café, d'en boire une grande gorgée en repartant.

Avant même d'avoir fait deux pas, elle posa le gobelet et se retourna vivement, revenant tout aussi rapidement vers Ainsley. « T'es vraiment une salope, Ainsley ! Putain, je me suis ouverte à toi, j'ai été plus que sincère, et toi tu te casses ?! Super le réveil, merci ! A ton avis, ça fait quoi de se faire abandonner, encore par la femme à qui on vient d'avouer ses sentiments et qui vient de vous faire l'amour ?! Hein ?! CA FAIT QUOI AINSLEY???!!! » hurla-t-elle, ponctuant chacune de ses phrases en repoussant Ainsley, les deux mains posées à plat sur sa poitrine, et poussant juste suffisamment pour la faire reculer.

« Oh mais c'est vrai tu ne sais pas ! Personne n'abandonne jamais la grande Ainsley Pryce qui a fait tant d'études et qui est si intelligente ! Par contre elle, elle peut vous traiter comme de la merde et nous on dit rien, c'est ça ?! Merde, tu n'as jamais pris en compte ce que je pouvais ressentir depuis quatre ans ! Avant tout ça, je comptais à tes yeux ! Et maintenant je suis qu'une putain à baiser ! Alors VA TE FAIRE FOUTRE !!! » hurla-t-elle de nouveau, shootant dans un papier qui traînait par là, se détournant d'Ainsley qu'elle avait acculé contre le mur. Lyhla se laissa tomber sur le banc occupé par ses affaires, et enfouit son visage dans ses mains. Bien vite, ses épaules se retrouvèrent secouées de sanglots, et ses doigts se crispèrent dans ses cheveux, dévoilant à peine son visage tordu de pleurs. Elle se sentait plus triste, plus esseulée que jamais. Et dire que j'ai cru que tout lui avouer me ferait du bien.

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Lyhla se dirigea soudainement vers moi, ne semblant aucunement vouloir discuter. Fronçant les sourcils, je lui tendis son gobelet de café que j'agitais comme un drapeau blanc et... vacillais sur le côté, sentant une douleur cuisante s'étirer le long de ma joue. « Celle-là, tu l'as pas volée. » Retrouvant mon équilibre avec peine tant sa gifle résonnait dans ma tête, je ne trouvais rien de plus intelligent à répondre que « ne me pointe pas du doigt ». Lyhla m'avait arraché son gobelet des mains, buvant quelques gorgées en détournant les talons.

Puis, alors que je songeais à me faufiler vers la sortie, Lyhla revint sur ses pas pour me hurler au visage - ce qui était assez désagréable puisque mon ouïe se portait parfaitement bien et gênant puisqu'elle se donnait en spectacle sur notre lieu de travail. Pourtant, je ne l'interrompis pas, sentant qu'elle avait besoin de s'exprimer. Et, comme si ça ne suffisait pas, Lyhla ponctuait ses reproches de gestes abruptes visant à me repousser si fortement que je reculais contre mur et je laissais échapper un cri de surprise teinté de douleur en laissant tomber mon propre gobelet par terre.

« Tu comptes toujours à mes yeux, Lyhla. Et tu n'es pas une « putain à baiser » ». Fis-je en reprenant mes esprits, quelque peu sonnée. Bien qu'un peu choquée par l'ardeur et l'impulsivité de Lyhla, qui ne m'étonnait guère pourtant, je me risquais à m'assoir à côté d'elle, me sentant indubitablement attirée comme un aimant vers mon ex-femme. « C'est ainsi que tu me vois ? » Demandais-je finalement tandis que ses sanglots résonnaient jusque dans mon esprit. Je déposais avec une précaution mes doigts sur l'une de ses mains pour la rassurer...

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Lyhla renifla, sans réagir brusquement ni repousser Ainsley. « C'est comme ça que tu me fais me sentir, répondit-elle une fois ses sanglots taris, Il faut que je sois bourrée pour que je puisse t'approcher. Et même quand je suis sincère avec toi, tu te barres le lendemain comme une voleuse ! Ainsley, je me suis réveillée dans un lit froid. Comme si rien ne s'était passé, comme si tu voulais que rien ne se soit passé. Il aurait suffi que tu me dises « C'était une erreur » et j'aurais compris, mais tu es partie en me laissant un mot me disant que tu avais été appelée sur une affaire ! Tu n'as même pas pris la peine de me réveiller ! Tu n'as même pas songé que je pouvais vouloir te dire quelque chose ! Et à vrai dire, je ne sais pas à quoi ça aurait servi puisque visiblement tu ne me crois jamais. Et je suppose que c'est de ma faute ça pas vrai ? Je prends tout à la légère, du coup je ne suis jamais sérieuse. Sauf que là, j'ai été sérieuse, plus que sérieuse, mortellement sérieuse. Au moins autant que je l'étais lorsque je t'ai demandée en mariage puis lorsque j'ai dit oui à la mairie, puis lorsque je t'ai dit que j'étais enceinte, mais peut-être un peu moins sérieuse que toutes les fois où je t'ai dit je t'aime. Ah, pardon, non, autant, puisque c'était une des fois où je te disais je t'aime. »

De désespéré et détruit, son ton était devenu sarcastique et cassant. Puis il devint las. « J'en ai assez de devoir me battre pour toi, tu comprends ça ? Depuis la mort de Ian, j'ai été seule pour me battre, maintenant je suis encore seule pour me battre. Je pense sincèrement ce que je t'ai dit il y a une semaine, que tu es mon âme sœur notamment, mais si tu ne me dis pas clairement ce que tu veux, que tu me veuilles ou non, je... » Elle s'arrêta, reprit quelques respirations et laissa tomber ses mains sur ses genoux, baissant un peu plus la tête. « J'arrête. J'arrête tout ça. Tu me dis que je compte encore à tes yeux, mais tu ne me le montres pas. Ouais, hormis quand tu m'as fait grimper aux murs. Ou aux rideaux, ou au plafond, j'sais plus. Mais depuis tu as disparu, encore, et moi j'en ai marre. J'arrête de te courir après, ça me détruit trop. Ça me saoule. Ça me tue. »

Oh, si tu savais à quel point ça me tue, Ainsley, tu serais à mes pieds. Mais ce n'est pas comme ça que je veux te récupérer. Que je voulais te récupérer. J'en ai vraiment marre, mais tu ne vas pas comprendre, ni me croire, encore une fois. Ça va te faire drôle, quand je vais devenir polie et distante pas vrai ? Tu ne vas plus m'avoir sur le dos. Ça va te faire des vacances. T'as juste hâte de te débarrasser de moi. Eh ben profite, je t'en donne l'occasion. Depuis le temps que tu me repousses, tu dois être contente d'arriver à tes fins. Félicitations, quel joli bébé. Comment qu'il s'appelle ? Tranquillité ? Quel joli prénom ! Et ces petites joues roses ! Oh, il a les mêmes yeux que sa maman !

Lyhla se remit à pleurer, silencieusement, emmurée dans sa détresse. Ian... Sale gosse...

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« Ian », dis-je dans un souffle, « c’est à cause de Ian », terminais-je dans un murmure quasi inaudible. Mes grands yeux bleus s’étaient soudainement assombris, ce qui accentuait mes cernes semblables à deux hématomes que le maquillage ne parvenait pas à camoufler entièrement. « Tu m’as privé de mon droit au deuil », l’accusais-je. « Tu ne m’as jamais offert cette possibilité. Tu avais de très graves blessures, Lyhla. Les médecins n’étaient pas très optimistes, tu le sais. Je me suis battue pour ta guérison. Lorsque tu pensais que je t’oubliais parce que tu étais seule, je me tuais au travail pour que tu bénéficies des meilleurs soins, même s’ils étaient expérimentaux et hors de prix. A ce moment, tout reposait sur moi. Je ne pouvais pas m’effondrer sinon tu ne te serais jamais relevé de ce foutu lit d’hôpital. » Je me relevais et effectuais quelques pas dans le gymnase, mes talons s’enfonçant quelque peu sur le sol. Puis, je m’arrêtais pour lui faire face. « Effectivement, je pense que nous avons commis une erreur, l’autre soir. Et oui, oui, j’ai du mal à te croire. D’une part, parce que tu étais ivre, et d’autre part, parce que tu t’évertues à m’envoyer des signaux contradictoires : un jour tout est blanc et l’autre tout est noir », je réprimais une grimace de douleur, sentant de nouveau le feu sur ma joue, « comprends mon désarroi. Et quoi que tu en dises, ça tombe comme un cheveu sur la soupe. » Dis-je en croisant les bras, pendant que ses pleurs silencieux ponctuaient mes paroles. « Je veux bien admettre avoir manqué de courtoisie durant notre divorce, pour cause, je n’étais pas prête à te parler. Mais après cela… tu as eu quatre ans pour me solliciter, je n’avais pas changé mes coordonnées. Or, il s’avère que je n’ai eu aucune nouvelle de toi. Alors oui, j’ai bien du mal à croire la teneur de tes sentiments lorsque tu n’as eu aucune difficulté à vivre sans moi durant ces dernières années. » Je détournais la tête pour terminer mon monologue, ne parvenant plus à la regarder dans les yeux. « Et puis, ce n’est pas moi qui ai passé mon temps à courir les bars gays pour remplir mon lit. » Inspirant bruyamment, je me laissais retomber sur le sol, m’agenouillant auprès de Lyhla. Il faut dire que je n’étais pas insensible à sa détresse. Pire, cette dernière semblait déteindre sur moi et je me retrouvais à trembler alors que je posais mes mains sur ses genoux. Prenant mon courage à deux mains, je décidais de me lancer tant cette confession me brûlait les lèvres. « Je n’ai jamais cessé de t'aimer, Lyhla. Je t'aime comme au premier jour. Tu es ma vie, mon âme sœur. Mais je ne veux pas être avec toi. Car je ne parviendrai jamais à te pardonner la mort de Ian. » Prononçais-je interdite, portant une main sur mes lèvres, le regard en proie à un raz de marée d'émotions. Je relevais aussitôt mes mains.

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Lyhla essuya ses larmes, relevant des yeux interdits sur Ainsley. « Je ne savais pas... » murmura-t-elle à mi-voix, réellement surprise. Elle tendit les mains, prenant celles d'Ainsley entre ses doigts. « Merci. Et je... J'ai essayé de te contacter. J'ai même appelé ta mère. Elle m'a dit que tu étais en Ouganda ou je ne sais plus trop où, et... Et mon psy m'a dit que pour t'oublier je devais couper tout lien avec toi. Effacer tout ce qu'on avait construit ensemble, te supprimer de mes contacts... jeter nos photos... »

Elle ôta ses mains et se pencha pour saisir son sac, sortant son porte-feuille et saisissant la photo coincée dedans. Elle la tendit à Ainsley. Cette semaine, ce n'était qu'Ainsley. Mais elle en avait une deuxième, qu'elle sortit également, représentant Ian. Elle la montra également à Ainsley, ne ressentant aucune colère, quand bien même elle aurait été en droit d'en ressentir. « Tu crois que j'ai voulu ça ? Tu crois que j'ai prié un Dieu en lequel je ne crois pas pour qu'il m'ôte mon fils et me fasse perdre ma femme ? Le seul crime que tu peux me reprocher, a été de vouloir faire plaisir à Ian. Je n'ai pas demandé à ce que ces abrutis ne voient pas le feu rouge et nous foncent dedans. Je n'ai pas demandé à ce qu'ils m'envoient à l'hôpital aux portes de la mort. Et je n'ai pas demandé à ce qu'ils tuent mon fils. Je ne t'ai jamais privé de ton deuil. Tu me dis que j'ai eu quatre ans pour t'oublier, ou pas. Mais toi, tu as eu quatre ans pour faire ton deuil. » Elle posa ses doigts sous le menton d'Ainsley, relevant son visage vers elle pour plonger dans ses yeux. Elle caressa ensuite sa joue, lui offrant un maigre sourire. « On s'aime encore, Ainsley. Ce n'était pas une erreur, cette nuit ensemble. Rie ne nous empêche d'être ensemble, hormis ce que tu te mets dans le crâne. Je ne suis pas responsable de la mort de Ian. Je te dis ça, et pourtant c'est moi qui étais avec lui dans cette voiture, mais c'est toi qui me tient pour responsable. Je ne le suis pas. Il faut que tu fasses ton deuil maintenant. »

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« Je ne savais pas... » Murmura t-elle en attrapant mes mains que je retirais aussitôt de son emprise. « Comment aurais-tu pu le savoir ? Tu passes la majeure partie de ton temps à m'insulter et à me gifler, présentement. » Répondis-je en évitant son regard, me rendant soudainement compte à quel point son geste m'avait déroutée. « Pour ma mère, ça m'étonne de ne pas en avoir entendu parler, compte tenu de son adoration pour toi. » Ajoutais-je, le regard dans le vague, en proie à de profondes réflexions. Je ne manquerai pas d'éclaircir ce point avec ma mère. Lyhla avait donc tenté de me contacter, ce qui me réchauffa le cœur un instant. Aurais-je sauté dans l'avion du retour si j'avais eu son message à temps ? « Tu as essayé de me joindre... » Répétais-je, extrêmement émue par cette confidence, entrelaçant de nouveau mes doigts avec les siens.

« J'aimerais te dire que c'est aussi simple que cela... » Murmurais-je blessée lorsqu'elle précisait de façon effroyablement pragmatique que j'avais par la suite eu quatre ans pour effectuer mon deuil, comme s'il s'agissait d'une étape à la carte. « Je sais que tu n'étais pas en tort... mais je ne voulais pas qu'il aille à cette stupide fête foraine ! » De nouveau, je lâchais ses mains, me redressant pour mieux me laisser retomber sur le banc, sentant les aigus monter dans ma voix à mesure que je perdais toute contenance. « C'était toi l'adulte. Tu n'avais qu'à dire non ! » Je n'osais plus croiser son regard, enfouissant ma tête entre mes mains. « Je ne veux pas être avec toi. Ça me fait trop mal. Tu as les mêmes yeux que lui... » Dis-je en relevant la tête, ma poitrine secouée de sanglots sourds, dénués de larmes. « Je ne peux pas passer au dessus de ça. JE NE PEUX PAS. Tu ne comprendras jamais ce que je ressens. Même si je dois en crever que d'entendre encore tes histoires salaces, toutes ces... femmes que tu te vantes d'avoir ramenées dans ton lit. »

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Lyhla écouta attentivement Ainsley. Présentement, elle avait surtout besoin d'une personne pour l'écouter. Et qui était mieux placée que la personne partageant sa douleur ? Lyhla se tourna sur le banc de façon à être face à Ainsley, et posa une main sur son genou, l'autre venant se poser délicatement sur sa nuque. Elle caressa son cou, tendrement, entremêlant ses doigts à ses cheveux. « Il avait envie d'y aller, Ainsley. Je voulais juste lui faire plaisir. Tu aurais dû le voir. Il était si joyeux, si content d'y être. Il ne voulait pas partir. Il aurait voulu que tu sois là, pour que tu voies qu'il n'avait pas peur, même sur des manèges où je devais l'accompagner. Ça lui a fait plaisir, c'est tout ce qui comptait non ? »

Elle soupira, se réinstalla, penchant la tête pour essayer de croiser le regard d'Ainsley. « Il me ressemblait, notre petite fouine pas vrai ? C'est pour ça que tu me détestes ? Parce qu'il a hérité de mes gênes ? » Incrédule, elle contempla son ex-femme, puis reprit la parole. « Et concernant ces filles... »

Lyhla ôta sa main et se leva soudainement, faisant quelques pas en remettant quelques mèches en place, en proie à un tourment intérieur. Elle finit par se tourner de nouveau vers Ainsley. « Je fais une dépression, Ainsley. Mes supérieurs pensent que c'est fini, mais ça ne l'est pas. Et je suis de ceux qui... essaient d'y pallier et de se sentir mieux en faisant n'importe quoi. Alcool, filles, j'ai essayé les deux. Je me suis effondrée après ton départ, et la seule chose que j'ai trouvé à faire a été de me ruiner la santé et... » Elle s'arrêta soudainement, décidant que ça suffirait. Pas besoin qu'elle sache. Pas maintenant. « Aucune d'elles ne m'a rendu heureuse comme tu le fais. La preuve, je n'ai pas été en couple depuis toi. Si ça peut te rassurer, elles ne t'arrivent pas à la cheville. C'est moche de dire ça, mais elles ne sont rien d'autre que des substituts pour essayer d'oublier tes lèvres et ton corps. Je ne peux rien oublier, Ainsley. J'ai fait des conneries, j'assume, mais la seule dont je veux me vanter d'avoir les faveurs, c'est toi. Et franchement, tu croyais que tu étais la première avant de m'épouser ? »

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Je me laissais porter par ses caresses dans ma nuque, bercée par une torpeur exquise. « ... Ça lui a fait plaisir, c'est tout ce qui comptait non ? » « Non ! », répondis-je avec véhémence, me détachant de ses mains, « bien sûr que non ! C'est donc tout ce que tu retiens ? J'aurais cent fois préféré que ce ne soit pas le cas pour cette nuit et qu'il soit encore là aujourd'hui ! » Je sentis le regard de Lyhla se poser sur moi et m'escrimais à l'éviter en lui tournant le dos, caressant mon épaule avec nervosité à l'aide de ma main. « Il me ressemblait, notre petite fouine pas vrai ? C'est pour ça que tu me détestes ? Parce qu'il a hérité de mes gênes ? » « En partie. » Répondis-je en tournant finalement la tête dans sa direction, une inflexion tragique traversant instantanément mes yeux. « Et parce que... si tu ne l'avais pas... c'est... » Nous nous trouvions dans une étrange situation, comme si nous avions mis notre relation en pause pour échanger après quatre ans, comme s'il s'agissait de la première fois, au sujet du décès de notre fils. « Et je n'ai que faire de tes explications bancales pour justifier ta conduite ! Inutile de me préciser qu'il ne s'agit que d'une suite logique à un passif de vie sexuelle débridée. » Finis-je par rétorquer, me relevant de nouveau pour me diriger vers la porte de secours.

« C'est drôle. » M'exclamais-je, me faisant la réflexion que la conversation devenait de plus en plus inepte, méritant une conclusion. « Je suis tour à tour la victime et le bourreau. Mais moi, je n'ai jamais levé la main sur toi. » Terminais-je en claquant la porte, m'engouffrant dans l'obscurité, frissonnant malgré les 15°C qui berçaient Vancouver. Je me dirigeais vers ma voiture en d'un pas assuré, ouvrant le coffre dans lequel je me surpris à jeter un sac qui ne m'appartenait pas. Et merde. J'hésitais un instant à partir sans prévenir Lyhla. Puis, trop bonne trop conne, je balançais le sac sur mes épaules, rebroussant chemin jusqu'à la porte de secours que je tambourinais de coups, ne pouvant l'ouvrir de l'extérieur. Sinon, tant pis. « Qu'est-ce qu'elle - » Un grand « bang » retentit dans le silence, suivi du couinement de la porte qui s'ouvrait à la volée et d'un étrange « crac ». « Holy crap ! » M'exclamais-je en sentant un épais liquide à l'odeur de rouille descendre jusque sur mon manteau.

» Call, cry, kiss ~ Lyhley
» Holy cr*p... ! ~ Lyhley ~
» Hell ? No way. ~ Lyhley ~
» I'll fly back to you, as fast as I can ~ Lyhley
» you'd say don't you cry, it's all gonna be alright - lyhley