Qui ne tente rien n'a rien /w Dixon

Qui ne tente rien n'a rien...

Cela fait un petit moment déjà que j'ai un demi sourire aux lèvres. Je n'y suis pas encore habitué. Même que j'en ai un peu mal à ma joue gauche. C'est désagréable, disons. Je n'aime pas ça! mais d'un autre côté, je n'y peux rien. Sa compagnie est de plus en plus agréable et ...je dois dire que je commence à petite dose à l'apprécier réellement. Il est non seulement mignon, mais il a aussi beaucoup de réparties. Ce qui est sympa. Nouveau. Je ne suis pas vraiment habitué à ce qu'on me parle, vraiment. Seuls mes amis les plus proches me connaissent ...et ce n'est qu'avec eux que je peux me sentir réellement à l'aise d'être qui je suis sans me créer cette façade sarcastique et ironique.

Fier qu'il trouve classe que je prenne des cours de criminologie, j'eus un petit sourire aux coins des lèvres avant de hausser une épaule et dire «Ouais ...C'est ma passion.». Seulement, en commençant sur ce sujet, j'ai du mal à m'arrêter de parler et commence à aller vers un terrain glissant. Un terrain ampli d'émotions que j'essaie d'intérioriser au mieux. Je n'ai pas envie qu'une personne ...Encore moins un inconnu, sache mon histoire. Surtout pas lui. Je ne sais pas pourquoi, mais plus le temps passe, plus je n'ai pas envie qu'il décide de partir comme les autres. Me renier, tout comme mes parents et certains de mes amis ont fait. Rougissant pour la première fois, je baisse les yeux en disant «Pardon ...» tout en desserrant les poings. Mes ongles ont laissés des marques rouges très prononcés dans les paumes de mes mains, mais j'ignore la douleur. En fait non, je ne l'ignore pas. Je l'apprécie. Avoir mal physiquement me fait du bien mentalement. Apparemment, c'est néfaste mais je m'en moque. Si ça peut m'aider à apaiser ma peine intérieur pendant un petit moment, c'est parfait.

Il dit comprendre, mais j'ai peine à y croire. Il a l'air bien. Cache t-il son malheur ou a t-il réussi à passer au travers? Plissant des yeux pour tenter de comprendre où il veut en venir, je dis alors «...et pourquoi...?» sur un ton incertain. Si il est comme moi, il ne voudra pas en parler. Je vais comprendre, mais j'ai simplement envie de savoir pourquoi il pense saisir ce que je ressens. Qu'est-ce qui l'a porté à me dire ça, comme ça? En voyant le serveur passer, je dis alors «Deux bières, svp.» puis regarde Connor en disant «...Ça te va, ou tu préfères un autre café?» pour ma part, j'ai besoin d'un petit remontant, là. Maintenant. Un truc plus fort que le café. Un truc qui peut apaiser mes tensions. Me relaxer un peu. Une bonne bière fraîche. Je n'ai pas vraiment l'habitude de boire ...Ni même de penser à l'alcool ...mais là, j'en ai plus qu'envie. C'est une nécessité. Ce mec m'a amené dans un terrain que je ne voulais pas aller ...et maintenant j'en suis prisonnier. Mes démons sont revenus à la charge. Heureusement qu'il est là. En espérant qu'il saura m'attraper si je déraille.

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Qui ne tente rien n'a rien...

Je le regarde longuement lorsqu'il se met à répéter ce que je viens de dire. Gardant le silence, je ne bronche pas. Je peux sentir mon sang commencer à bouillir dans mes veines en me rappelant cette nuit horrible. Je peux aussi sentir les larmes commencer à vouloir se montrer, mais m’efforce de les ravaler. Je ne peux pas pleurer. Je ne veux pas pleurer devant lui. Devant un inconnu. Lorsqu'il arrive avec sa conclusion par contre, je baisse le regard et souffle du nez en fermant mes yeux. Prenant un petit moment pour moi-même afin de me ressaisir et chercher quoi lui dire. Je ne veux pas lui en dire trop. De peur qu'il déguerpisse ...mais il a raison. Je ne veux pas non plus avoir l'air trop... rude, envers lui. Cela fait longtemps qu'un inconnu n'a pas été aussi gentil envers moi. Ce pourquoi, pour toute réponse, je hoche simplement un oui, de la tête avant de détourner mon regard et le fixer sur le radiateur. Regarder n'importe quoi sauf lui. Tel est mon but, en ce moment.

Seulement, ce qu'il dit par la suite m'interpelle et je relève donc mon regard vers lui pour l'observer. Le détailler. Tout comme moi, je peux voir sa mâchoire se serrer. Il a encore de la haine en lui. Ça paraît. Dix-sept ans ...Orphelin. La vie n'a pas dû lui être facile, par la suite. Pinçant mes lèvres, je demande alors «...et tu as vécu où, après? Avec qui?» pour tenter d'amener l'attention vers lui, plutôt que vers moi. Je déteste quand j'ai trop d'attention ... et ça commençait à me peser grave. D'une voix un peu plus douce, j'ajoute «...Je suis désolé pour tes parents.» je peux comprendre. Ce ne sont pas mes parents qui sont morts dans l'accident, mais mon jumeau. Seulement, mes parents m'ont reniés et pour eux, je suis comme mort, à leurs yeux. Cette nuit là, ils ont perdus non seulement un fils, mais deux.

Les bières arrivent et je prends rapidement la mienne pour en boire une gorgée. Sans trinqué. Trinquer à quoi, de toute façon? À la mort? À notre peine? À ma pitoyable existence? Non, ça je peux le faire seul chez moi. Nul besoin d'être accompagné! Soupirant, je me passe ensuite deux mains au visage en disant «On peut changer de sujet? Je déteste parler de ça.» pour ensuite m'étirer un peu sur ma chaise et ajouter «T'es sympa ...Je dois l'avouer. Tu sembles vraiment différent des autres ...Désolé si j'ai été un peu rude, tantôt ...C'est dans ma nature.» puis ose un faible petit sourire en coin dans l'espoir de me faire pardonner ...Même si honnêtement, ça ne changerait rien à ma vie si il m'en voulait. Ce serait seulement un de plus à mon arc, uh!

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L'apparence est souvent trompeuse, disons. J'aurais jamais dû m'arrêter à son physique. Certes, il ressemble quand même au type trop populaire pour venir m'aborder mais ...Il a tout de même une tête sur les épaules. Un vécu semblable au miens, en plus. Non. Sérieusement, je commence à l'apprécier de plus en plus ...et ça me fait un peu peur, je dois dire. Je n'aimerais pas m'attacher à lui et le voir filer entre mes doigts peu de temps après. Ce serait bête. Une bonne façon pour moi de me faire encore plus mal. Me torturer d'avantage. Mordillant ma lèvre, je dis «Héritage ou pas, tu as tout de même perdu tes parents. Malgré tout ...Je crois qu'ils ont eu le temps de bien t'éduquer. Tu es cohérent et ... semble assez intelligent. Ils ont fait du bon, avec toi...» je saurais dire la même chose de moi-même. Certes, du vivant de mon frère, mes parents semblaient bien m'aimer. Seulement, il était clair que Dylan était leur chouchou. Leur préféré, quoi. Moi, j'étais le petit mouton noir. Le rebelle. Celui qui n'excelle pas vraiment à l'école. Oui, je vais maintenant à l'université et j'aime ...mais je ne fais plu ou que très peu de mathématiques ...et mes parents n'avaient de yeux que pour les chiffres. Ils disaient «Connaître sur les doigts de la main tes mathématiques vont te rendre riche! Si tu sais jouer avec les chiffres, tu vas te rendre loin dans la vie.» Ils espéraient de moi que j'allais devenir un grand de ce monde. Mon frère, lui, allait devenir chirurgien. C'était son but. Moi ...? Ils se foutent de mes études même si ils les payent. Je vais devenir un grand criminologue! mais jamais ils seront fier de moi. Jamais.

Souriant à sa réplique, je hoche oui en disant «Sans problème ...» avant de fermer l'écran de mon ordi. Décidant du même fait de porter toute mon attention vers lui, maintenant. Ce qu'il me dit ensuite me ravi. C'est gentil. Par contre, pour toute réponse, je hausse simplement une épaule avant de boire une seconde gorgée. Légèrement embarrassé par son subtile compliment. Sa dernière question me fait pousser un faible rire avant de dire «J'ai vingt-quatre ans ... et toi?» avant de me mettre à le scruter du regard à nouveau. Il a l'air plus vieux que moi. Fin vingtaine, peut-être? Il sent l'homme. Je ne sais pas comment l'expliquer ...mais il sent l'homme. Le genre de mec qui a terminé de vivre ses expériences de jeunesse et a décidé de se stabiliser au mieux dans la vie. Il a la confiance et semble avoir l'expérience d'un homme fin vingtaine, début trentaine. C'est sympa ...et rassurant à la fois.

Plus je le regarde, plus je le trouve charmant. Il a ce petit quelque chose qui est intrigant, chez lui. Je me demande vraiment quelles sont ses intentions, envers moi. Bonne action ou pas, il devait avoir une idée préconçue derrière la tête avant de m'aborder comme ça! Mordillant ma lèvre, je dis alors «Tu attends quoi de moi?» sans être trop rude. Simplement curieux. Je veux savoir. J'ai besoin de réponse pour savoir vers quelle direction me diriger avec lui, par la suite. Ma question le laissera peut-être confus et sur ses gardes, mais peu importe. Je m'attends à avoir des réponses. J'en ai besoin.

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Qui ne tente rien n'a rien...

J'éclate de rire lorsqu'il me dit que j'ai l'air plus vieux. Sympa! Je sais très bien qu'il ne le dit pas méchamment, par contre. De plus, ça me satisfait. Plus j'ai l'air vieux, mieux on me prend au sérieux. C'est bon. De plus, avoir l'air jeune n'est jamais à notre avantage. On se fait demander nos cartes lorsqu'on sort dans les bars. Notre crédibilité est affecté car personne veut croire quelqu'un qui a l'air d'avoir douze ans. Non. J'aime mieux faire plus vieux. C'est clair. Sourire au coin des lèvres, je dis alors «Merci ...C'est sympa ...» tout simplement avant de reprendre une longue gorgée de ma bière. Lorsqu'il me dit son âge, je ne suis pas surpris. Il a l'air d'avoir vingt-huit ans. Il a l'air mature. D'avoir eu de l'expérience, dans la vie. J'aime bien.

Souriant très faiblement, je dis ensuite «Vingt-huit ans, c'est bien. Tu fais ton âge. Je ne t'aurais pas donné plus jeune, ni plus vieux.» puis hoche par l'affirmative, comme pour mettre de l'emphase sur ce que je viens de dire. Quand je l'entends rire à ma demande, quelque chose en moi fait boom. Son rire m'intrigue. Il a l'air si franc. Si réaliste. Je ne suis pas habitué d'entendre quelqu'un rire de la sorte. Normalement, les gens rient faussement. C'est désagréable. Si le programme me plait? Je hausse une épaule afin de ne pas lui donner trop de faux espoirs et dit «Ouais ...Pourquoi pas? On peut bien essayer ...» quand je sais très bien que c'est moi que je protège et non lui. J'ai pas envie d'avoir mal si quelque chose flop, alors j'essaie de ne jamais montrer trop d'enthousiasme. Jamais.

Un faible sourire se dessine sur mes lèvres à sa réponse et je dis «Tu n'auras pas à me forcer. Juste t'asseoir. La prochaine fois au menu ce sera des hamburgers. Ça te va ou tu es du genre salade et croûtons?» façon subtile de savoir si il est végétarien ou non. Si il est diète ou pas. J'aime manger. Surtout des hamburgers. C'est mon repas préféré. Si je ne peux pas partager cette passion avec lui, notre relation partira du mauvais pieds, c'est garanti! mais bon ...Si il est vraiment sympa, je pourrais tenter de faire un petit effort aussi. Manger une salade une fois l'an, genre. Seulement, nous n'en sommes pas encore là. Vraiment pas.

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Je l'aime bien ce mec. Il me semble de plus en plus sympa et je dois dire que c'est rafraîchissant. Je me sens un peu plus à l'aise devant lui, et ça aussi c'est nouveau. C'est agréable. Je sens que je peux me détendre un peu. Qu'en étant vraiment moi-même, je n'aurai pas de problème. Qu'il va m'accepter tel que je suis ...car il ne connait que cette version de moi. La vrai. J'ai un sourire en coin lorsqu'il accepte de manger des hamburgers avec moi, et suis heureux d'apprendre qu'il n'est pas du type verdure non plus. C'est parfait. Niveau salade, j'en veux qu'une seule dans mon burger et c'est tout. Sinon, jamais personne me verra manger une salade en repas. Jamais! Ça me dégoûte au plus haut point et je trouve que ça n'a aucun goût!

Je le vois finir sa bière d'une traite avant de regarder l'heure sur sa montre, puis comprend qu'il va bientôt me quitter. À sa question, je hoche oui en disant «Yep. Toute la journée jusqu'à ce que Pop me mette dehors ...Comme à chaque jour.» Regarde le cuisinier qui me regarde en hochant non de la tête, style désespéré puis lui fait un clin d'oeil amical. Je retourne mon attention vers Connor et dit «J'suis ici à chaque jour ...mais l'horaire peut changer par contre entre les cours et le boulot ...mais c'est clair que je vais toujours trouver le moyen de venir ici ne serait-ce qu'un heure ou deux. C'est mon endroit réconfortant ...» puis sourit en coin avant de finir moi aussi, ma bière d'un coup.

Regardant l'heure sur la grande horloge Coca Cola, je dis alors «Tu dois partir j'imagine, non?» avant d'étendre mes bras chaque côtés de mon corps en m'étirant largement. Soupirant par la suite, j'ajoute «À toi de voir si on se revoit ou pas ...» puis sourit en coin avant de me remettre à écrire des mots en rafale sur mon ordi. Je suis entrain d'écrire un nouveau chapitre à mon roman. Ce chapitre. Ce que je viens de vivre. L'histoire d'un mec trop beau pour être vrai qui va s'asseoir avec le mouton noir du village pour discuter avec lui. Le genre de truc qui se passe que dans les films ou les romans savon, quoi... mais apparemment, ce genre de scène fait vendre des milliards alors pourquoi pas l'intégrer dans mon livre dans l'espoir de me faire un peu d'argent? Car oui ...Je dois bien garder un peu espoir en quelque part. Il est clair que Connor ne reviendra jamais me voir.

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