Qui ne tente rien n'a rien /w Dixon

Qui ne tente rien n'a rien...

Je suis dans ce petit café depuis huit heure, ce matin. Devant mon ordi, à écrire. À effacer. À rechercher et à feuilleter mes bouquins de criminologie. Le propriétaire me connait bien, disons. Je suis son plus fervent client. Arrive toujours tôt. Part toujours très tard. Je le vois bien s'inquiéter de mon état, mais je m'en moque un peu. Disons que si je restais chez moi à faire la même chose qu'ici, je deviendrais encore plus fou que je le suis déjà! Ce serait inévitable. Dramatique, même. Le regard rivé sur mon écran, je suis en pause depuis quelques instants déjà quand j'entends la clochette de la porte retentir. Mon regard se pose alors sur un homme qui vient, lui aussi, régulièrement dans ce café depuis un moment déjà.

Je l'ai remarqué dès le début. Grand blondinet. Très joli mais hors de ma ligue. Complètement hors de ma ligue. Il a l'air trop ...populaire. Trop parfait pour moi. Un peu comme les Design, même si pour eux, c'est une autre histoire. Seulement, mes poils hérissent quand je le vois se retourner soudainement vers moi et me regarder. Intérieurement, je panique. Extérieurement, je continu à le fixer un petit moment. Juste assez pour que ça puisse foutre la peur à n'importe qui de normal avant de diriger à nouveau mon regard vers mon écran et me remettre à écrire quelques mots.

Concentré dans ma tâche, je remarque à peine qu'il vient de s'asseoir devant moi. Ce n'est que lorsqu'il prend parole que je le regarde à nouveau. L'air légèrement surprit. Un café? Vraiment? Je lève alors un sourcil et dit «Dixon ...Merci...» et boit une gorgée en silence, tout en le fixant droit dans les yeux. Je crois bien avoir trouvé un mec encore plus étrange que moi! Il commence à m'intrigué, le blondinet. Seulement, il m'a tellement prit au dépourvu que je ne sais quoi dire en ce moment. Tentant de ne pas rougir, je bois une deuxième gorgée en disant «...Tu as vu juste, pour mon café. Comment as-tu fait? Tu observes les gens, toi aussi?» d'un ton curieux mais sarcastique à la fois. Je veux voir si il réussi à me capter d'avantage qu'en sachant exactement ce que je prends dans mon café.

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Qui ne tente rien n'a rien...

Je me demande vraiment pourquoi il a décidé de s'arrêter et s'asseoir avec moi. Généralement, en me voyant, les gens essaient de m'éviter au mieux. J'suis un peu comme une bête noir, dans cette ville. Le mec qui a tué son frère jumeau prodige. Les amis qui me restent, je peux les compter sur mes doigts. Lorsque j'ai la chance de rencontrer quelqu'un de nouveau, j'essaie au mieux d'éviter le sujet familial. Premièrement, je n'ai pas du tout envie de reparler de Dylan, et de deux, ils vont vite faire des liens. Dans les villes comme la notre, même si grande, les gens finissent tous par se connaître et discuter des autres entre eux. Une rumeur peut devenir une épidémie, ici. Bien que je n'ai pas tué mon frère même si c'était moi le conducteur, les répercussions se retournent vers moi malgré tout. Je suis le fautif. J'aurais dû regarder chaque côté avant de continuer. Le chauffeur ivre est tout autant responsable ...mais les gens tentent d'oublier cette partie.

Le voyant soutenir mon regard, j'ai envie de sourire en coin mais ne le fait pas. Je n'ai pas envie de lui démontrer trop de joie, en ce moment. Ni démontrer quelconque émotion. De plus, il est perspicace, le grand blondinet. Ouais, je viens souvent ici. Si bien que le banc est moulé à mon cul, maintenant! et il continu avec son ton de voix joyeux et gentil qui me fait un peu grincer des dents. Haussant les sourcils, je termine d'écrire ma phrase sur l'ordi avant de dire «Tu es quand même plus observateur que la plupart des citoyens de cette ville,par contre. Félicitation.» puis relève mon regard vers lui «Pourquoi es-tu venu t'asseoir avec moi au fait?» oui car, je n'aime pas passez par quatre chemins pour arriver à mon but. Je veux savoir le pourquoi. Pour quelle raison.

Intrigué, je me penche un peu vers lui en croisant mes mains devant moi et ajoutai «...On t'a suivi ...?» avant de regarder autour de moi, l'air faussement inquiet. J'ai envie de le faire flipper un peu. Biensur, que je sais qu'il n'a pas été suivi! C'est évident! Je veux simplement le faire marcher. Voir jusqu'à quel point il peut prendre mon côté obscure à la lettre. Savoir jusqu'où je peux aller avec lui, avant qu'il ne prenne ses jambes à son cou et déguerpisse en courant. Restera t-il ou non? Tel est la question. Au fond de moi, j'espère que oui. Il m'a l'air sympa, tout de même. De plus, parler à quelqu'un ...Juste au moins avoir une présence autre que les Design et Erin me ferait du bien, je crois.

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Qui ne tente rien n'a rien...

Le pauvre. Je vois bien qu'il est entrain de perdre ses plumes. Si il ne rougit pas, ça tiens du grand miracle, quoi! Il patine comme rarement j'ai vu quelqu'un patiner devant moi. Il a l'air à la fois mal à l'aise et surpris. Ce qui me fait rire intérieurement, et me rend tout aussi triste pour lui. Je vais peut-être un peu trop loin avec mes airs sarcastiques. Soupirant, je dis alors «Il t'en faudra beaucoup, pour venir égailler ma journée, comme tu dis ...» boit une gorgée lentement tout en le fixant avant de reprendre «Tu vois, généralement on m'évite. Je suis habitué à être tristounet comme ça. Seul, avec mon ordi et un café vide à mes côtés.» puis le scrute longuement du regard avant d'avouer «...mais c'est sympa de ta part.» sans dire merci. Je ne suis pas impoli, seulement mal à l'aise. Je n'ai pas demandé la charité à ce mec! J'étais tranquille, seul dans ma tristesse avant qu'il ne débarque devant moi!

Seulement, ce blondinet réussi tout de même à me faire décrocher mon premier petit sourire de la journée par sa remarque. Hochant par l'affirmative, je dis alors simplement «...Biensur...» avant de baisser mon regard sur la tasse. Jouant doucement du bout des doigts sur le rebord de celle-ci «Tu es quoi ...? Un psy? ...Un travailleur social ...?» puis fronce des sourcils «...Les gens se foutent des autres gens, d'habitude. Tu dois faire un truc spécial pour t'enquérir de mes états d'âmes, comme tu le fais ... Non?» puis le regarde à nouveau. Scrutant chacun de ses gestes à la loupe. Les mémorisant pou tenter de le déchiffrer rapidement par la suite.

Non, sérieusement. Il m'intrigue vraiment. Pourquoi est-il si gentil envers moi? et pourquoi moi et non l'homme près du Jukebox? Lui aussi a l'air triste à regarder dehors comme un gros chat d'intérieur regardant voler les oiseaux dans le ciel. Pourquoi je l'ai attiré plus que lui? Une chance que j'ai pensé à me doucher avant de partir ...Chose que, pour être franc, j'oublie facilement, ces temps-ci. La tête ailleurs, disons. L'espri toujours à vagabonder entre la réalité et ce qui ne l'est pas. L'anxiété et le réalisme. Là, je dois faire un peu d'anxiété en me posant ces tonnes de questions. Peut-être qu'il est vraiment juste gentil, sans vouloir me faire du mal ou tenter de me tuer à petit feu à coups de questions sur mon frère. Sur mon passé.

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Qui ne tente rien n'a rien...

Je vois. Il aime bien jouer. Son ton me l'a bien dit. Seulement, aussi étrange que cela puisse l'être, je ne l'aurais jamais imaginé manager. Non. J'aurais plutôt cru qu'il aurait été la starlette, et non le contraire. Il a l'air un peu diva, même si il le cache bien. Pour l'instant, du moins. Pinçant mes lèvres, je fini par hocher oui et sourire en coin «Eh bien, c'est surprenant. J'aurai plutôt penser le contraire ...mais bon. Il n'est pas trop tard pour changer de carrière, uh ...» avant de lui faire un petit clin d'oeil bourré de sarcasme et écrire quelques mots sur mon ordi. Sérieusement, ce mec m'étonnera toujours.

Son positivisme m'exaspère un peu, n'empêche. Son idéal de New year, new me ne fonctionne pas avec moi. Soupirant, je dis alors «Je n'ai jamais cru aux résolutions. Ça dur toujours deux semaines et ensuite, les gens les oublie. Terminé le gym. Terminé les visites réguilères chez les parents comme on s'était promis de faire. Retour à la case départ. Retour à la routine normal. Les besognes habituelles. L'égocentrisme et l'égoïsme mondial.» puis je roule des yeux avant de reprendre une gorgée «...mais j'apprécie le café. Heureux de faire parti de tes deux semaines avant la fin de tes résolutions ...» puis lui refait un petit clin d'oeil. Cette fois, un peu plus sincère que le premier.

Souriant un peu à sa question, je dis alors «Moi? J'écris sur les gens de cette ville. J'observe. Je décris.» regarde mon écran, tape quelques mots «...et oui, tu es dedans.» avant de le regarder à nouveau, ampli de mystères dans les yeux. Je le trouve sincèrement bon d'être resté aussi longtemps avec moi. Je peux m'attendre maintenant à ce qu'il me fuit comme la peste. Croyant que je suis un espère de psychopathe. Le fou de la ville. C'est pas ce que tous le monde pense de moi, de toute façon? Oui. Exact.

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Qui ne tente rien n'a rien...

Haussant les sourcils, je me donne un air faussement surpris et sourit par la suite. Un peu amusé, dois-je avouer. Il est plus plaisant que je le croyais, cet homme. D'un air un peu plus détendu, je dis alors «Heureux pour toi, alors. Tenir ses résolutions pendant un mois ...Cela tiens d'un exploit!» puis plonge mon regard dans ses yeux en faisant un minuscule petit sourire en coin avant de reporter mon regard sur mon écran d'ordi. Écrivant quelques mots. Je l'avais vu avec son chien. Je me suis souvent demandé si il avait prit des résolutions pour lui, aussi. Les gens normaux adorent prendre des résolutions qu'ils ne tiennent pas. À savoir si lui fait parti de ceux qui, malheureusement, les laisseront tomber en cours de route.

Sa remarque me surprends, par contre. Haussant un sourcil, je le regarde à nouveau en disant «Qui dit qu'il y aura une prochaine fois ...?» mais en voyant sa petite moue toute mignonne, mon coeur se serre. Une émotion que je déteste ressentir, d'ailleurs. Je déteste sentir la peine des autres car sincèrement, je la ressens toujours. On dit de moi que je suis un empathe. Ouais. Comme le mec, dans Hannibal. Je ressens trop les émotions des autres et je vois bien que je n'ai fait que le maltraiter depuis le début. Le pauvre. Il ne le démontrera jamais, mais je l'ai vraiment prit au dépourvu avec mon attitude minable. Roulant alors des yeux, j'eus un soupire en disant «Okay ...C'est bon. Je payerai le prochain café ...» avant d'en boire une énième gorgée. Il est tombé dans le mille, je dois l'avouer. Ce café est excellent ...

Souriant faiblement en coin, je hoche par l'affirmative en disant «Si on veut. J'écris aussi pour le journal de l'université. J'y suis des cours de criminologie ...Tu sais. Pour devenir criminologue un jour. Un peu comme Sherlock ...Ouais.» puis mordille ma lèvre.  Heureux, tout de même, d'avoir été comparé à un personnage aussi légendaire et génial que lui. Réfléchissant, je décide alors d'ajouter «...En sortant de l'école, je vais directement ouvrir mon cabinet. J'ai envie d'être reconnu. Faire une différence, dans la société. Incarcérer les minables qui tuent des gens pour rien. Des gens innocents. Incarcérer les connards qui boivent et pensent qu'ils sont au dessus de tous en prenant le volant de leur voiture et en reprenant la route comme si tout allait bien ...et au final, se retrouvent avec une ou plusieurs morts sur la conscience.» puis serre les dents. Oh merde. J'ai les poings serrés aussi. Je me suis laissé embarqué! C,est pas vrai! Trahi par mes propres émotions et mes souvenirs, je décide de regagner le silence en fixant l'écran de mon ordi. Sans dire un seul mot. Les lèvres scellés l'une contre l'autre très fort.

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