STARIELO ◘ On s'était dit rendez-vous dans dix ans ... 5 ans plus tard.

De vous deux, tu as toujours été la plus instable, la plus cinglée, l'électron libre, trop rebelle, trop brisée. Il t'as fallu un paquet d'années pour tout surmonter, pour ne pas oublier certes mais encaisser totalement les choses. Cielo a toujours été bien plus modéré que toi. Toi t'avais aucune limite. C'était dangereux. Aujourd'hui tout va bien. Tout va mieux. Cette proposition te filait la trouille. Parce que si tu disais oui et que vous essayiez derrière, tu avais peur de l'avenir. Et si ça ne marchait pas ? Vous vous seriez détruits une énième fois pour rien ? Pire encore et si ça marchait un temps mais qu'au fur et à mesure vous découvriez que ce qui vous reliez, c'était justement de ne pas être un couple normal. Tu ne veux pas perdre ce lien que vous avez. Tu ne veux pas perdre ce qui vous unis. Tu ne veux pas le perdre lui. Mais après tout, si ça marchait, tout était pour le mieux n'est ce pas ? Vous ne pourriez pas être un couple trop libre, bien trop possessifs et jaloux pour ça, mais vous pourriez vous amusez ensemble. Il y a toujours quelque chose à faire quand vous êtes ensemble. Et puis peut-être que vous pourriez tester de nouvelles choses aussi : un restaurant, un cinéma, une balade dans Central Park, un voyage à l'autre bout du monde simplement pour le plaisir, déambuler dans la rue main dans la main, le tout comme un couple normal. Vous ne l'avez jamais fait tout ça. Vous n'avez jamais réellement mit de nom sur ce que vous représentiez l'un pour l'autre. Peut-être que vous pourrez le faire à New-York.

Tu vois que Cielo est aussi paumé que toi. Vous avez beau avoir atteint - ou presque atteint - la trentaine, ensemble vous étiez encore des gosses en ce qui concernait les relations amoureuses. Tu aurais pu demander à tes frangins mais valait mieux pas les impliquer pour le moment. Syl aurait pu t'aider elle mais enceinte comme elle l'était t'avais pas envie de l'emmerder. Elle devait se reposer. Tu es au bord des larmes après t'être ouverte comme ça à Cielo. T'as la trouille. Tu ris un peu après sa première remarque. Toi en fond d'écran de tous ses appareils électroniques. Ca fait pas du tout taré. Ou fou amoureux. Ca te rassure un peu. Il t'aime encore. Même s'il n'arrive pas à te le dire. Ce n'est pas grave. Toi non plus tu n'est pas arrivée à le lui dire tout à l'heure dans la cuisine. Vous vous le direz plus tard. Quand vous serez prêts. Y a pas de bons moments pour ça. Ca sort quand ça a besoin de sortir. Pas avant.

- Je voudrais tout ça et beaucoup plus. Tu es ma moitié, Ryn, et loin de toi je perds ma raison d'être un peu plus chaque jour. C'est dur. Tu fermes les yeux et les larmes roulent sur tes joues alors que tu poses ton front contre le sien. Combien de fois n'as-tu pas voulu entendre ces mots ? Combien de fois les as-tu rêvé avant de te réveiller dans ton lit, seule et en larmes en sachant que ce n'était justement, qu'un rêve ? Cielo t'attires à lui et tu sens ses lèvres s'écraser sur les tiennes pour un baiser passionné que tu lui rend. Tu sais que vous devriez finir votre conversation avant mais pour le moment t'as juste besoin de lui, de le sentir. T'as besoin qu'il te fasse l'amour, que tu te rendes compte que tu l'a vraiment retrouvé, que ce n'est pas un autre de tes rêves. Qu'il n'y a rien de plus réel que lui. Que vous. Alors tu ne l'arrêtes pas, tu t'accroches à lui, défaisant sa chemise et la lui retirant alors qu'il défait la fermeture éclair de ta robe pour la faire glisser. Tu te retrouves rapidement en sous-vêtements, allongée sur le lit, tes longs cheveux étalés autour de toi et lui au dessus. Il te contemple et toi aussi. Tu caresses sa joue. Puis vos lèvres se retrouvent et tu sais que ce qui suit sera encore meilleur que tout ce que tu as connu. Il est le meilleur pour te faire perdre la tête. Et les retrouvailles sont tellement mieux que les adieux en général. Prends moi, tu lui murmures en lui mordillant le lobe de l'oreille alors qu'il te caresse de partout.    

Enlacés sur le lit vous plaisantez, vous essayez un peu de vous projeter. Tu ris quand il parle de ses voisins, tu les a croisé une ou deux fois quand vous vous parliez encore il y a quelques années. Pas si vieux que ça dans ton souvenir mais ils ont peut-être changés depuis. Cielo semble pensif, il semble perdu dans des pensées pas forcément positives mais tu le laisse faire. Toi aussi parfois tu t'y perds dans ce genre de pensées. Tu as envie de t'amuser encore un peu et de lui faire plaisir mais il t'arrête avant et tu fais la moue. Seulement vous devez encore parler un peu, vous le savez tous les deux alors avec un peu de mauvaise foi tu acceptes. Il se lève, passe un pantalon et descend dans la cuisine. Tu soupires et tu le laisses faire, passant tes sous vêtements et sa chemise abandonnée sur le sol. T'as toujours aimé faire ça. Porter ses vêtements. Sentir son parfum sur toi. Avoir un peu de lui avec toi. Tu ne l'a jamais dis mais il te reste une de ses chemises qu'il a un jour oublié. Parfois tu la portes. Nathan t'a fais remarquer un jour que c'était une chemise d'homme. Tu lui a répondu que tu le savais, qu'elle était à ton frère et que ça te faisait penser à lui. Gros mensonge. Tu n'a jamais porté les chemises de Nathan.

Cielo revient et te tend un bol de céréales que tu acceptes avec plaisir. Miam, au chocolat, tu les adores. Tu prends une bouchée alors qu'il te demande de lui raconter ta vie ces deux dernières années. Il veut tout savoir. Tu souris. - Hum ... c'était génial. Pour le professionnel s'entend. J'ai rencontré Karl Lagerfeld et Vivienne Westwood en personne est venue me féliciter pour ma dernière création que j'ai présenté à la fashion week de Paris. Je suis allée en Australie aussi. Et à Tokyo. Très sympa comme ville quoique polluée. Los Angeles. Moscou. Tu souris. J'avoue j'suis pas beaucoup rentrée ces dernières années j'avais besoin d'un peu de ... recul. Je suis longtemps restée en France. Et j'ai ... tu hésites. Assise en tailleur sur le lit tu fixes Cielo d'un air plus grave. Tu n'avais pas envie de lui avouer mais tu ne peux pas lui cacher ça. Pas si vous devez démarrer sur de bonnes bases tous les deux. Ce serait cruel de lui dissimuler ça et qu'il l'apprenne par quelqu'un d'autre derrière. J'ai rencontré quelqu'un à Paris. Quelqu'un avec qui c'est devenu assez sérieux. Tu joues avec tes céréales à présent, lui dévoilant tout sans le regarder. Après un an de relation il m'a demandé en mariage et j'ai accepté. Tu soupires puis tu regarde Cielo qui a l'air abasourdi. Tu lui fais un mince sourire. Il y a quelque temps, une nuit alors qu'il dormait je suis resté éveillée et je l'ai regardé. Et je ne ressentais ... rien. Peut-être de la tendresse, une certaine reconnaissance de ce qu'il m'avait offert mais rien de fort. Rien qui ne justifiait un mariage. Et je savais que rien ne pourrait changer ça, je n'aurais jamais pu lui offrir mon coeur parce qu'il appartenait déjà à quelqu'un d'autre. J'ai essayé de t'oublier Cielo. J'ai vraiment essayé.De tourner la page. De t'oublier avec un autre. Mais je ne suis même pas arrivée au "presque". Tu remue doucement tes céréales tout en continuant de raconter. Cielo ne parle pas, il t'écoute. Alors tu parles. Après avoir compris ça, cette même nuit je me suis levée et j'ai fais mes valises. Sur l'oreiller à côté je lui ai laissé ma bague, une lettre et je suis partie. Trop lâche pour attendre le jour et voir en face que je lui brisais le coeur ... C'était un mec bien et je ne pouvais pas lui donner ce dont il avait besoin. Ce n'était pas juste pour lui. Pas juste de le laisser épouser une femme qui ne pouvait oublier l'amour de sa vie et qui ne cesserait à jamais de les comparer l'un à l'autre, qui ne lui donnerait pas le quart de l'amour qu'il mérite. Tu lèves les yeux vers Cielo. J'ai donc profité du fait que le prochain défilé ne soit que dans plusieurs mois pour rentrer un peu à Vancouver. Pour me ressourcer. Peut-être te voir ... tu lui souris doucement. Puis tu prends une grande respiration. Et toi ces dernières années, raconte ? Staryn ou l'art de changer de sujet.  

Tu étais là à manger tes céréales et à l'écouter parler. Tu souriais un peu, heureux pour elle et fier de ce qu'elle a accompli professionnellement. Et puis tu ne sais plus à quel moment la bombe est tombée. Elle a commencé à te parler de cet homme. T'étais là, abasourdi, tombant de haut. A aucun moment tu n'as eu vent de cette relation par les réseaux sociaux. Quand elle parle mariage, tu manques une respiration. Non, sérieux ? T'étais là à te morfondre d'elle en te contentant de pétasses et de relations sans lendemain pendant qu'elle avait une relation "sérieuse" ? D'un an ? Une année entière. Vous vous êtes séparés il y a deux ans, donc ça lui a juste pris un an pour décider de te remplacer en somme. Tu es genre... Wow. Tu t'attendais à tout sauf à ça. Si t'avais su, tu n'aurais jamais posé cette question.

Tu mets un peu de temps à réagir. Oh moi je n'ai rien d'aussi... explosif à raconter. Professionnellement, j'ai fait tous les matchs de cette saison, ce qui est une première. J'ai marqué mes 3 derniers paniers depuis le milieu du terrain, chose qui m'a valu un doublement de salaire et plusieurs titres de records. Je ne sais même pas quoi faire de tout cet argent maintenant. J'ai fait quelques shootings pour des marques de sports et je suis en collaboration avec Calvin Klein pour lancer ma toute première ligne de vêtements de sports. Quoi d'autre... ah j'ai aussi fait quelques voyages, pour les matchs évidemment. J'ai fait la moitié de l'Europe cette année, c'est pas si amusant que ça quand c'est pour le travail. A part ça... bah c'est tout je pense. Tu t'arrêtes un peu pour la regarder. Et sinon, je n'ai eu aucune relation "sérieuse". Je me suis contenté de sauter des filles ici et là, sans plus. Je n'y ai même jamais songé d'ailleurs. A t'oublier ou à te remplacer, tu vois. Je crois que c'est parce que j'ai toujours su au fond de moi que tôt ou tard, toi et moi on finira ensemble. Faut croire que je suis plus bête que je ne le pensais. Tu passes une main dans tes cheveux et tu fais un tour d'horizon de la chambre avant de reposer les yeux sur tes céréales tout ramollis maintenant. T'as plus du tout faim sur le coup. Tu te lèves sans un mot et descends déposer le bol à la cuisine.

Tu ne sais pas ce que tu ressens. De la colère, de la tristesse, de la déception. Elle était une belle femme pourtant. C'était normale qu'un jour ou l'autre un homme tombe amoureux d'elle et la demande en mariage. Tu ne sais pas pourquoi tu n'as pas pensé à ça, pourquoi tu n'as jamais pensé à l'éventualité qu'elle pourrait finir avec autre personne que toi. Tu ne peux même pas lui en vouloir parce qu'elle devait penser à son bonheur avant tout. Et en plus, elle vient de prendre la peine de te dire la vérité, elle aurait pu ne pas le faire. Mais t'as du mal à encaisser. Ça te fait trop mal. Tu regardes les escaliers, tu sais que tu devrais remonter mais tu ne peux pas. Tu n'as aucune idée de ce que tu pourrais dire ou faire.

Il fallait que tu lui dises, tu le savais parfaitement. Tôt ou tard il aurait fini par l'apprendre et ça lui aurait fait encore plus mal. Tu ne t'attendais pas à ce qu'il saute de joie hein mais tu ne t'attendais pas non plus à ce qu'il t'a balancé dans la gueule. Tu l'a écouté bien sur quand il t'a parlé de son boulot, de ses voyages, mais la seule chose que tu entendais toi, c'était l'amertume dans sa voix, ce sentiment profond de trahison. - Et sinon, je n'ai eu aucune relation "sérieuse". Je me suis contenté de sauter des filles ici et là, sans plus. Je n'y ai même jamais songé d'ailleurs. A t'oublier ou à te remplacer, tu vois. Je crois que c'est parce que j'ai toujours su au fond de moi que tôt ou tard, toi et moi on finira ensemble. Faut croire que je suis plus bête que je ne le pensais. Et là ça fait mal. Tellement mal que tu sens ton coeur se briser et ton être entier se déchirer. Il se lève et disparaît. Tu l'entends descendre, jeter son bol avec rage. Tu plaques une main sur ta bouche avant qu'elle ne glisse sur ton front puis dans tes cheveux. T'as fais une connerie. Pourtant tu n'arrives pas à la regretter parce que tu sais que c'est ce qu'il fallait faire.

Vous restez un long moment comme ça. Toi en haut dans sa chemise, lui en bas, dans toute sa rage. Tu finis par soupirer et tu te lèves. Il est dans la cuisine, si beau, si triste. Ton coeur se déchire un peu plus. Tu t'assois sur les marches, face à lui. Il te regarde à peine, l'air ailleurs, l'air si profondément trahi que tu voudrais inverser le temps, revenir en arrière, ne rien lui dire et advienne que pourra. Comme tu ne peux pas le faire tu essayes de t'expliquer. - Je crois que je suis restée avec lui parce qu'il te ressemblait. Pas forcément physiquement quoiqu'il avait les cheveux un peu long mais caractériellement. A la base il n'était qu'un coup du soir comme tous les autres mais lui s'est accroché. Peu importe le nombre de fois où je l'envoyais chier, il revenait à la charge. Du coup je me suis un peu intéressée à lui. Et j'ai trouvé qu'il te ressemblait. Il était drôle. Doux. Chiant. Très chiant. Tu souris en le regardant. Il avait cette même détermination que tu as à me voir toujours sourire, ce même acharnement que tu as pour atteindre les buts que tu t'es fixé. Tu remontes tes genoux contre ta poitrine. Avec lui ... j'avais l'impression que tu étais auprès de moi, que tu n'étais pas à l'autre bout du monde, qu'on ne s'étaient pas abandonnés sur le quai de la gare, tu murmures. Quelques larmes roulent sur tes joues. Comme ça je pouvais continuer à t'aimer quand même. J'ai été tellement stupide, tellement aveugle ... quand j'ai compris tout ça, j'ai compris aussi qu'aucun homme ne t'arrivait à la cheville. Que je ne pouvais aimer personne d'autre que toi. J'ai laissé tomber.

Cielo ne parle toujours pas. Tu le fixes et tu as l'air si désarmée, si fragile face à sa douleur, à sa colère. - Je t'en supplie, ne me déteste pas. Vivre sans toi était si douloureux. On s'étaient jurés de ne plus jamais se voir, ni se parler. Qu'on ne ferait plus parti de la vie de l'autre. J'ai tenté de m'en sortir sans toi. Je voulais la même chose que mes frères et soeur. Quelqu'un qui m'aimerait, un bel endroit où vivre, des aventures à deux, un enfant ou deux. Je n'avais pas compris que le seul qui pourrait m'offrir tout ça c'était toi. Tu te lève et tu lui fais face. Moi je veux te l'offrir tout ça. Et bien plus encore. Je veux t'aimer jusqu'à ce que la fin des temps ne surviennent et même après. Cap ! tu insistes en le fixant. Tu prends son visage dans tes mains et tu le forces à te regarder. Cap Cielo ! J't'en prie ... tu le supplie en posant ton front contre le sien. Tu ne supportes pas de le voir comme ça, si immobile, si silencieux. Tu préférerais encore qu'il te hurle dessus plutôt qu'il te soit indifférent comme ça.  

Tu ne voulais pas la voir. Tu aurais préféré qu'elle reste en haut ou même qu'elle s'en aille le temps que tu réfléchisses. Tu sais que tu ne devrais pas être énervé, que tu ne devais pas laisser cette colère prendre le dessus mais c'es plus fort que toi. T'as pas envie de parler, t'as peur de dire des choses qui pourraient la blesser. C'est pas ton but de lui faire du mal, mais toi tu souffres, putain. Tu l'écoutes et au fur et à mesure qu'elle parle, tu rages encore plus. Elle essayait peut-être de te calmer mais elle ne réussissait qu'à t'enfoncer un peu plus à chaque phrase. Son débile de Français te ressemblait toi ? Sérieusement ? Es-ce qu'elle a conscience de ce que tu ressens pour elle ? De ce que tu as fait, vécu, souffert pour elle ? Comment elle peut comparer un mec rencontré il y a à peine un an à toi qu'elle connait depuis des années ? Rechercher dans les bras de quelqu'un d'autre toutes les choses uniques que vous aviez partagé ? Penser simplement qu'elle pouvait te remplacer ? Tu étais censé être son ciel et le ciel il y en qu'un seul, pas deux, ni un million. Tu as du mal à y croire. C'était comme si en fait, rien de ce que vous aviez partagé jusque là n'avait eu la moindre importance. Tout ce qu'elle voulait c'était quelqu'un qui "te ressemblait" et lui donnerait ce qu'elle veut. Toi tu n'entrais pas dans le schéma, un clone pouvait faire l'affaire.

Tu détaches ses mains de ton visage et tu la regardes. Je ne te déteste pas. Même si je le voulais, je ne pourrai pas. Jamais. Tu t'arrêtes parce que tu n'as pas envie de parler. Mais vraiment pas, il faudrait déjà que tu arrives à éclaircir tes propres idées. On s'est quitté parce que... on s'est quitté pourquoi déjà ? Ah oui, aucun de nous deux ne voulait se poser pour l'autre. On voulait nos carrières avant tout, on voulait pas de relation sérieuse. On avait peur de s'engager. Tu as un rire nerveux. C'est pas juste, mais vraiment pas. A quel moment ça a changé pour toi ? Six mois après notre rupture ? Huit peut-être ? Il travaillait dans quoi ton Français ? Il avait un métier qui lui permettrait de te suivre partout dans le monde ou tu pensais juste t'installer à Paris et l'épouser parce qu'il me ressemblait ? Il doit être mieux que moi finalement puisque lui a réussi à te mettre la bague au doigt en un an. Juste un an de relation, Ryn. Contre combien que tu as eu avec moi ? Je peux comprendre beaucoup de choses mais là tu vois, même avec toute la volonté du monde, j'arrive pas à faire passer cette pilule. Elle est en pleure et tu sais que tout ce que tu sors n'est pas juste. Tu n'as pas envie de la faire souffrir. Mais, putain quoi, t'y arrives pas !

Tu lui soulèves le visage pour lui volé un baiser amer avant de lui essuyer ses larmes et la fait asseoir sur l'un des tabourets de la table de cuisine. Puis tu t'assois de l'autre côté en face d'elle. Tu peux pas relever cette promesse maintenant. Tu sais qu'elle ne ment pas, qu'elle serait capable de faire ça pour toi, pour vous. Mais là c'est plus un jeu. Quelqu'un est passé avant toi et tu mourais rien qu'en y pensant. Comment était la demande de mariage ? Il a sortit le grand jeu, je suppose, les Français sont connus pour leur romantisme... T'es peut-être maso finalement. Une réponse qui risque de t'achever mais tu la poses. Pour te faire du mal. Et peut-être même pour lui faire du mal à elle aussi.

Tu devrais te taire, tu le vois bien. Plus tu parles et plus tu t'enfonces. Tu le vois à la rage qui s'empare peu à peu de lui. T'essayes de le ramener à toi, de le calmer. T'aurais jamais du lui parler de Nathan. C'était plus fort que toi. Tu voulais essayer de lui faire comprendre qu'il n'était rien par rapport à lui, qu'aucun ne lui arrivait à la cheville et que tu ne voulais faire ta vie qu'avec lui. Mais t'étais allée trop loin tu le savais. Il est dur envers toi. Il s'écarte de toi, s'éloigne et tu fermes les yeux, tu restes le dos tourné à lui, les larmes ravageant ton visage. Merde ça fait mal, il n'y va pas de main morte. Et en même temps tu te sens en colère. Parce que t'es pas la seule à avoir merdé, mince à la fin ! Il t'embrasse sans que tu lui rend son baiser pour la première fois. Il te fait asseoir, sèche tes larmes mais tu le repousses. Ca y est t'es furieuse. - Tu es injuste envers moi ! C'est toi qui m'a demandé de t'oublier quand on s'est quittés ! Toi qui m'a dit de continuer ma vie ! Et je n'ai jamais réussi. Quand il m'a demandé ... tu secoues la tête. J'étais tellement surprise, je ne savais pas quoi répondre, on était en plein restaurant, j'ai eu la pression et j'ai dis oui sans le penser ! Tu t'énerves un peu. Il l'a bien cherché. En même temps Cielo, je te la repose cette putain de question. Combien de temps de relation entre nous ? Tu te lèves et tu le fixes, le menton relevé si fière dans ton chagrin et ta colère. Pas une seule fois tu me l'a posée cette question. Peut-être que lui a été plus rapide et peut-être que lui savait ce qu'il voulait aussi ! Et peut-être que j'ai dis oui parce qu'il y avait pour une fois dans ma vie, un homme qui me l'offrait, ce putain d'engagement. Tu m'a dis que je n'étais pas prête à m'engager, que c'est ce qui nous a séparer. Mais tu ne t'es pas précipité pour me retenir, pour m'empêcher de le prendre, cet avion. Si tu l'avais fait. Si tu me l'avait posée cette maudite question, alors je t'aurais répondu oui sans hésiter. Tu le fixes, blessée, meurtrie, furieuse, triste. Trop d'émotions pour que tu arrives à les contenir. Il n'a fait que ce que toi tu n'a pas voulu faire.

Tu t'éloignes. Il te demande si c'était romantique. Tu te tournes furieuse. - Oui ça l'était merde ! C'est pour ça que j'ai pas pu répondre non. Parce que tu me connais, moi le romantisme bonjour !  Ca me fous plus la pression qu'autre chose ! Restaurant sur la tour eiffel, chandelles et tout ce qui va avec ! J'étais sensée répondre quoi en sachant que je ne te reverrais jamais ? "Désolée mais non j'espère encore que mon grand amour va revenir" ?!!Tu t'énerves. Et tu pleures en même temps. Tu t'écroules sur les marches en enfouissant ton visage dans tes mains. T'as le coeur brisé. T'as été si dure avec lui. Tu voulais pas le blesser mais tu pouvais pas le laisser te dire tout ça sans te défendre. Tu te redresses un peu pour le regarder. J'veux plus de tout ça Cielo. Je ne veux plus d'autres hommes dans ma vie, je ne veux plus qu'on se dispute sur un sujet pareil alors que tout ça n'a aucune importance. Je t'aime, merde ! Ca y est tu les lui a dit. Ces trois mots que tu n'a jamais dis à personne d'autre qu'à lui. Et la suite sort sans que tu es le temps de la réfléchir ou de l'arrêter. Epouse-moi, Cielo. T'as dis ça comme ça. Et malgré tes larmes, votre dispute, tout ces déchirements, tu n'as jamais été aussi sérieuse de ta vie.    

Tu l'écoutais se lâcher et t'essayais de te contenir. Ne pas flancher, ne pas montrer ses émotions, ne pas dire des choses qui dépassent la pensée. Ne pas pleurer. Mais pourtant tu pleures. Assis là sur ta table de cuisine, tu pleures comme un gamin. Les larmes roulent sur tes joues et t'essaient même plus de les retenir. Tu te contentes de les effacer, de te taire et d'écouter.

C'était injuste de sa part de t'accuser ainsi, très bas, même pour elle. Elle t'accusait de quoi exactement ? Ne pas l'avoir enchaîné à toi ? Ne pas l'avoir mise au pied du mur avec une demande en mariage ? Ne pas l'avoir empêché de réaliser ses rêves ? Ne pas avoir été assez égoïste pour lui demander de rester avec toi malgré tous ses projets d'avenir ? Ou avoir agit en pensant uniquement à elle et à personne d'autre ? Qu'est-ce qu'elle te reprochait exactement ? Tu ne te rappelles pas l'avoir quitté, vous vous étiez quittés tous les deux. Chacun voulait des choses différentes, aucun de vous n'était prêt à sauter le pas. C'est ce que tu croyais, c'est ce qu'elle t'a laissé croire. Si elle voulait plus, pourquoi n'a t-elle rien dit ? Pourquoi n'a t-elle pas agit en conséquence ? Et pourquoi n'est-elle pas revenue vers toi quand elle a compris ce qu'elle voulait vraiment ? Trop de pourquoi. Tu as fait tout ce que tu as fait en pensant à elle. Ce n'était pas seulement elle qui avait souffert dans l'histoire, il y avait toi aussi. Toi aussi tu as eu mal, toi aussi tu as pleuré. C'était trop facile de se faire passer pour la victime et de te jeter tous les torts sur le dos. Tu as trop fait pour elle pour mériter pareille injustice au finale.

Tu pensais qu'elle avait mûri. Mais en fait non. Elle était exactement comme avant. Capable de te jeter les pires horreurs juste pour répliquer. Parce que tu lui as dit du mal, il fallait qu'elle t'en dise à son tour, peu importe combien ça ferait mal. Ça a toujours été comme ça. Pas de limites, à celui qui parviendra à faire le plus de mal à l'autre, à celui qui aura le dernier mot. Mais tu n'as plus 24 ans. Et tout ça te fatigue. T'en as juste assez de souffrir comme ça à chaque fois. C'est trop dur, même pour toi. Oui, tu l'as laissé partir vers ses rêves, oui tu l'as laissé avoir sa vie comme elle le voulait et tu ne regrettes absolument rien. Si c'était à refaire, tu ferais exactement pareil. On ne demande pas à une femme de nous épouser parce que c'est qu'il y a de mieux pour soi mais plutôt ce qu'il y a de mieux pour elle. Si tu lui avais demandé il y a deux ans, admettons qu'elle ait dit oui, ce dont tu doutes, vous n'auriez pas été heureux. Une part d'elle aurait toujours regretté de ne pas avoir fait carrière et toi aussi. Ça aurait été tout sauf du bonheur.

Tu voudrais bien l'ouvrir et lui dire tout ça. Mais ça servirait à rien. A quoi bon ressasser le passé maintenant. Ce qui est fait est fait. Et quoi qu'elle dise, une part de toi continuera dans le doute à présent. Tu ne peux pas oublier, qu'elle ait dit oui à son Français parce qu'elle ne savait pas quoi dire, ça ce n'est pas une excuse. On ne dit pas oui à une demande en mariage parce qu'on ne sait pas quoi dire. Quand on répond oui, c'est parce que quelque part au fond de soi, on le veut, ne serait-ce qu'un peu. T'es en doute maintenant. Es-ce toi qu'elle veut épouser ou n'importe qu'elle autre homme qui te ressemblera ? T'as un rire nerveux. Tu t'essuies les joues, t'attrapes le rouleau de papier et tu te diriges vers les escaliers pour les lui tendre. Et puis tu t'assieds quelques marches plus bas. T'aurais pu te retenir de dire tout ça, tu sais. Tout ce venin que tu viens de cracher, si tu t'étais retenue un peu, tu en aurais dit moins, beaucoup moins. Aujourd'hui n'est plus un jeu, ce n'est plus du cap ou pas cap, à celui qui aura le dernier mot, ni à qui fera le plus de mal à l'autre. Je croyais que tu l'avais compris, ça. Mais ce n'est pas grave, ça m'aura permis de savoir ce que tu penses réellement de moi et de notre dernière rupture.

Tu te tais. Longtemps. T'as tellement de choses à lui dire. Déjà commencer par lui répondre que tu l'aimes aussi. Ensuite lui dire oui, que tu veux l'épouser et passer toute sa vie à ses côtés. Mais tu ne peux juste pas. T'y arrives pas. T'es vidé émotionnellement. T'as juste envie de te droguer et d'échouer quelque part où tu pourras te taper un putain de long sommeil qui durera cent ans. Peut-être qu'ainsi t'arrêteras de souffrir et de repasser en boucle tout ce qu'elle vient de te dire. Et là tu la regardes et une fois de plus tu te perds dans ses yeux, dans son regard et dans tout ce que tu ressens pour elle. Tu l'aimes, cette femme. Je... où est ma bague ? demandes-tu en lui tendant la main, souriant légèrement. Je veux un vingt-deux carats au moins, je dois être la plus belle, essaies-tu de rigoler doucement. Il fallait que la tension retombe. Que tu te calmes, que tu oublies. Que tu sois sûr qu'elle ne te reproche pas réellement tout ce qu'elle vient de dire. Ce n'est qu'après ça que tu pourras lui répondre avec ton cœur.