STARIELO ◘ On s'était dit rendez-vous dans dix ans ... 5 ans plus tard.

Août 2021. 26 ans. Les années sont passées vite. Tu ne les as pas vu défiler. Tu te sens si loin de la gamine que tu étais à 21 ans. T'as tellement évolué depuis. Tu as eu ton diplôme de styliste. Et grâce à tes contacts dans la mode par ton boulot de mannequin, tu as pu te faire très rapidement une place dans ce milieu auparavant si fermé. Tu t'es construite. T'as un peu renoué avec les De Nouailles, reconnaissante de la vie qu'ils t'ont offerte pendant toutes ces années où ils t'ont élevée. Après tout, tu as eu de l'amour, un toit, tout ce que tu voulais. Tu es assez proche d'Amaury. Pas du tout de Celyn. C'était a prévoir. Il y a des choses qu'on pardonne difficilement. Des choses que l'on ne peut oublier. Mais ta vraie famille reste les Von Creem. Armolay et Chardonnay. Ton grand frère et ta grande soeur. Ils te sont très chers. Lay s'est casé lui aussi. Avec une fille extra. Une ex cambrioleuse de luxe, trop la classe. Ouais elle a fini par vous avouer qui elle était probablement parce que vous aussi, vous êtes une famille de tarés. Syl est géniale, elle est comme une soeur pour toi. Sa fille est adorable. A tes yeux, elle est ta nièce et pas seulement par le mariage. Chardonnay va bien elle aussi. Au début elle voyageait avec toi. Après elle s'est casée elle aussi. T'es la dernière de la fratrie à être encore seule.

Seule tu ne l'a pas toujours été. A Paris tu as rencontré un riche français adorable. Tout allait bien entre vous. Il est le seul que tu n'a pas viré au bout de deux nuits. Ca a duré un peu. Il t'a demandé en mariage. Connement tu as accepté. Et puis une nuit après l'amour, tu es restée éveillée pendant qu'il dormait. Et tu as compris que tu t'engageais dans quelque chose de trop gros pour toi. Et que tu pouvais pas faire ça. Nathan était un mec bien. Tu pouvais pas lui faire ça. Alors tu t'es levée. En silence tu as préparé tes affaires, tu t'es habillée, tu lui as laissé une longue lettre pour lui expliquer et tu es partie. Définitivement. T'es rentrée un peu à Vancouver. Tu ne comprenais pas pourquoi tu n'arrivais pas à te caser comme ses frangins. C'est durant une discussion avec Syl et Char que tu as compris. Pas à cause de ce qu'elles ont dit mais à cause de l'intervention de Zaé, six ans, qui est arrivée toute joyeuse en t'annonçant le nom de son nouvel amoureux. "Encore ? Mais tu les a tous à tes pieds !" tu as répondu en riant. Et c'est ce qu'elle t'a dit qui t'a fait tilter. "Oui mais lui c'est mon amour de ma vie ! Pour toujours ! Comme le ciel et les zétoiles dans l'histoire que tu me racontais !"

Et là tu as compris. Tu ne peux pas aimer quelqu'un parce que ton coeur, ton corps et ton âme appartiennent déjà à un autre homme. L'unique amour de ta vie quand bien même tu ne l'a jamais reconnu en tant que tel. Votre relation a toujours variée en dent de scie. Passionnelle, fusionnelle, explosive, la relation entre toi et Cielo a toujours été compliquée. Vous vous aimez mais ensemble, vous vous déchirez. Possessifs et jaloux, vous aimez être libres et en même temps vous pouvez pas vivre l'un sans l'autre. Le ciel et les étoiles. Il te manque. Ca fait presque deux ans que vous ne vous êtes pas vu. Tu parcours le monde dans un sens, lui dans l'autre, les séparations étaient toutes aussi déchirantes que les retrouvailles. Vous n'en pouviez plus.

Tu marches dans les rues de Vancouver. C'est l'été. Il fait bon. Pas chaud. Il ne fait jamais vraiment chaud ici. Mais assez pour que tu puisses mettre une jolie robe qui dévoile tes longues et fines jambes et un joli décolleté mais sans être vulgaire. Tes longs cheveux cascadent dans ton dos presque jusqu'au creux de tes reins. Tu n'as pas eu le coeur de les couper, c'est un peu ta signature. Tes talons claque sur le sol. Il fait beau. Le soleil caresse ta peau. Mmmh Vancouver t'a manqué. Cela fait presque un an que tu n'est pas revenue. Ca fait du bien d'être chez soi. Et puis soudain il y a cette étrange attirance qui te dirige vers ton ancien immeuble. Non vers son immeuble. T'hésite en bas. Combien de fois n'as-tu pas gravi ces marches ? Combien de fois n'es-tu pas venue le voir sans prévenir ? Aujourd'hui rien n'est plus pareil. Et tu hésites avant de grimper. Il n'est peut-être pas là. Sûrement en fait. Ce n'est pas grave. Tu discuteras un peu avec Irya ou Inaya bien que tu ne sois pas une grande amie de la seconde. Tu frappes encore hésitante. Pas un bruit. Personne n'est là. Tu décides de partir mais au moment où tu tournes les talons la porte s'ouvre et tu entends ton surnom prononcé par sa voix. Tu la reconnaîtrait entre mille. Tu te retournes et tu lui fais un mince sourire. - Bonjour Cielo, tu murmures en remettant tes cheveux derrière ton oreille et en te mordant la lèvre inférieure.    

Cet été, tu avais décidé de rentrer à Vancouver pour les vacances. Ta ville, ton chez toi depuis bien longtemps maintenant. Tu y reviens toujours pour te reposer, te ressourcer, reprendre des forces. La vie de basketteur professionnel est loin d'être rose. Tu adores le fait d'être parvenu à retourner sur le terrain malgré que tout prévoyait que tu n'y arriverais jamais plus. Le basket, c'est ta passion; jouer, c'est ta vie. Tu es entré à la NBA depuis trois ans maintenant. Et depuis, tu as l'impression de vivre un rêve. T'es riche, t'es célèbre, t'as plein de fans, des groupies et t'en passes. Tu es doué dans ce que tu fais, très doué même. Tu as réussi. Et malgré quelques revers de médailles, la fatigue, les accidents de terrain, le surmenage, tu n'échangerais ta place pour rien au monde.

Tout ce qu'il te manquerait serait une femme. Pas que tu aies une envie particulière de te marier mais la vie de playboy commençait à te fatiguer aussi. T'avais de plus en plus envie d'une relation stable, comme ton jumeau qui était bien maintenant avec Ina. Ce que tu ressentais pour cette dernière a bien failli détruire votre relation à jamais mais finalement, t'avais laissé ton frère avoir le dernier mot. Ils vont bien ensemble, ces deux là. Et puis toi... toi tu avais quelqu'un d'autre dans ta tête. Dans ton cœur, dans ton esprit, tu l'avais dans la peau, cette fille. Elle était pas ton Étoile pour rien. Le temps a fait son oeuvre, vous avez évolué, chacun a sa carrière maintenant et à cause de tout ce que ça implique, votre relation n'est plus vraiment ce qu'elle était il y a cinq ans. Aujourd'hui, vous ne vous parlez presque plus. Plus de textos, plus d'appels, rien. Ça faisait trop mal, c'était trop douloureux. Le silence n'était pas mieux mais comme ça au moins, chacun se préservait.

Couché dans ta chambre, dans l'ancien loft que tu partageais avec ton frère, tu penses à elle. D'après les réseaux sociaux, elle était à Vancouver elle aussi. Tu te demandes si vous vous croiserez par hasard. Comment serait ta réaction dans ce cas ? Et la sienne ? Cela doit faire près de deux ans maintenant que vous ne vous êtes pas vus. Les choses ne sont plus comme avant...

T'entends un bruit. Comme si quelqu'un avait frappé à la porte. T'es pas sûr de vouloir de la visite mais tu vas voir quand même. Tu descends sans te presser et va ouvrir, au moment même où le visiteur s'apprêtait à partir. Et ton cœur manque un battement à la vue de cette silhouette que tu reconnaîtrais même aveugle. Ryn ? Tu as du mal à y croire. Elle se retourne et tu sens une onde qui te traverse de la tête aux pieds. C'était bien elle. Elle avec sa beauté, son sourire, son tic de se mordiller la lèvre quand elle est nerveuse... sa perfection. Tu es tellement surpris que tu ne sais pas comment réagir. Tu passes la main dans tes propres cheveux, subitement très stressé. Salut... ça fait un bail. Très subtil idiot, t'assures. Que dire ? Tu... tu veux entrer ? Difficile de réfléchir quand le cerveau a arrêté de fonctionner.

Tu ne savais pas trop à quoi t'attendre. T'avais pas tiré de plans sur la comète. T'es rentrée sans trop savoir pourquoi. Un besoin de te ressourcer probablement. Tu aimes ton job. La sensation que ça te procure de voir tes créations défiler aux côtés de celles des plus grands comme Saint Laurent, Dolce & Gabana, et tant d'autres. La mode c'est ton univers, ta passion, tu as une imagination débordante en ce qui concerne la création de nouveautés et tu aimes innover. C'est comme ça que l'on t'appelle dans le milieu "L'Innovatrice". Ca te fais rire. Toi la petite fille perdue, la fragile poupée de porcelaine ballottée d'un endroit à un autre, l'adolescente brisée et rebelle que tu étais, est devenue un grand nom de la mode. Mais tu es toute seule à vivre ça. Bien sûr qu'il y a ta famille, tes amis. Mais la trentaine approchant, tu aurais envie de plus. Tu aurais envie de la même chose que vivent Lay et Syl avec leurs enfants. La même chose que vivent Chad et Ethan en préparant leur mariage. Tu as envie de te poser.

Parfois, quand tu rentre d'un défilé et que tu n'as pas sommeil, tu prends un bon bain et puis tu mets le replay des matchs de la NBA. Tu le regardes jouer avec cette même grâce presque sauvage avec laquelle il te regardais autrefois. Avec laquelle il te faisait l'amour. Il te manque. Tout en lui te manque. Sa présence, l'odeur de sa peau, ses caresses, sa voix. Il est le seul à savoir te faire rire quand tu es triste, à te mettre si en colère que tu en perdes l'esprit, à te rendre plus vivante que tu ne l'a jamais été. Et tu l'a perdu. Ou peut-être que c'est lui qui t'a perdue ? Tu l'ignores. Vos séparations à répétition vous ont fait beaucoup de mal, vous ont déchirés. Vous vous étiez fait des promesses mais que valent des serments face à un amour aussi brutal, aussi passionné et aussi déchirant que le votre ? A croire que vous êtes trop incomplets, trop brisés pour savoir vous aimer comme les autres le font.

"Il ne peut avoir de ciel sans étoile, tu vois. Tu peux donc être sûre que je serai toujours là. Je ne t'abandonnerai pas. Jamais. Même si tu me le demandais." C'est ce qu'il t'avais promis une fois. Et ses paroles n'ont jamais quittées ton esprit bien que leurs influence est disparue petit à petit entre vous. Il a été présent si longtemps. Tu ne peux lui en vouloir d'avoir voulu reprendre le cours de sa vie. Et tu ne lui en veux pas. Après tout, toi aussi tu as suivi le tient. Il vous arrivez autrefois d'être dans une même ville au même moment, surtout aux USA et parfois, vous en profitiez. Tu venais le voir à l'un de ses matchs. Il se glissait dans les coulisses pendant ton défilé. Vous étiez comme des gosses. Puis le temps à passé et vous avez grandis.

Tu ne sais pas trop pourquoi tu es là aujourd'hui. Tu ne sais même pas s'il est là. Peut-être que oui. Tu sais par les réseaux, et tes amis, qu'ils sont en pause pour le moment, la saison est terminée. Il a du revenir. Tu n'aurais peut-être pas du frapper, peut-être qu'il a autre chose à faire ou quelqu'un d'autre dans sa vie. Ca, ça te ferait bien mal. Mais c'est plus fort que toi alors tu frappes. Et n'entendant pas de bruit tu te décides à partir à moitié-déçue et à moitié-soulagée. Quand tu entend ton surnom  dans sa bouche tu te figes. Puis tu te retournes lentement. Il est là face à toi, encore plus beau qu'auparavant. Tu te mords la lèvre inférieure, vieux réflexe quand tu es mal à l'aise. Il a l'air aussi maladroit que toi ça te rassure. - Ca commence à faire oui, tu murmures en réponse. Ouais ... pas terrible Ryn, peu mieux faire. Il t'invite à entrer et tu hésites. Je ne savais pas si tu étais là ou pas et je .. enfin ... Finalement tu te décides à te taire et à rentrer dans l'appartement. Tu regardes autour de toi. Ca a changé un peu. Tu te tournes vers lui en souriant timidement. Je suis désolée de passer à l'improviste. Est ce que .. tu vas bien ? C'est drôle. Plus jeunes, vous n'aviez aucun mal à vous parler, la discussion était fluide et simple agrémentée souvent de baisers volés ou de caresses. Aujourd'hui, vous vous retrouvez face à face et vous êtes aussi mal à l'aise l'un que l'autre, réagissant comme des ados au lieu des adultes. Tu prends une grande respiration et tu te lances. Cielo, je suis désolée. Pour la dernière fois. Pour ne pas avoir voulu qu'on réessaye encore. Pour ... tout. Je sais que je t'ai fais du mal, ce n'était pas mon intention. Bon d'accord sur le coup ça l'était mais si tu savais comme je l'ai regretté ensuite ... je suis désolée. Voilà fallait que tu lui dises. Et tu lui a dis. Pas tout, mais c'est un bon commencement non ?   

Il y a encore une minute, t'étais juste là dans ta chambre à penser à elle, à te raccrocher à tes souvenirs. Et la voilà devant toi maintenant, plus vraie que jamais. Si tu avais su que pour la voir, il suffisait juste de penser à elle, tu l'aurais fait bien plus tôt. Quoique... tu l'as toujours fait. Tu as toujours pensé à elle, même si parfois ça te faisait du mal de l'admettre. Il y a cinq ans, vous étiez juste meilleurs amis, meilleurs amants, meilleurs voisins... meilleurs tout. Vous ne sortiez pas ensemble mais tu l'avais déjà dans la peau. Votre relation a toujours été unique, spéciale, incompréhensible par les autres. Normal en même temps, même vous ne la compreniez pas. Vous vous contentiez juste de la vivre sans poser trop de questions, à l'instinct, avec toute la fougue et la passion qui vous caractérisaient à l'époque.

Les choses ont changé plus tard quand vous avez voulu mettre un nom sur tout ça. Amis ? Amour ? Amants ? Vous teniez de plus en plus l'un à l'autre, vous vouliez l'exclusivité dans la vie de l'autre, vous vouliez dire ce que vous ressentez l'un pour l'autre même si ce n'était pas aussi simple. Rien n'est jamais simple avec vous. Comme en cette période où chacun a pris son chemin alors qu'il aurait fallu trouver un moyen d'aller ensemble dans la même direction. Comme quand les séparations répétées ont fait que vous avez décidé d'arrêter de vous voir alors qu'il aurait fallu au contraire discuter pour trouver un compromis. Vous ne faites jamais les choses comme il faut. Vous aviez une belle relation et au lieu de la préserver vous l'avez laissé mourir à petit feu. Combien de fois n'es-tu pas rester tard le soir à penser à ce qui aurait pu être différent ? Combien de fois n'as-tu pas pris ton téléphone pour l'appeler mais au final désister parce que tu ne saurais quoi dire ? A la place, tu te contentes de regarder ses photos et vidéos sur les réseaux sociaux, comme un fan quelconque. Parfois même, tu as poussé le vice jusqu'à photoshoper quelques unes de tes photos avec les siennes. Vous faites tellement un beau couple à l'image. Pathétique.

Je... suis rentré pour les vacances, la saison est finie. Et c'est pas grave, tu sais que t'es toujours la bienvenue ici. Tu souris mais tu te sens mal. Tu aurais pu prendre ton courage à deux mains et aller la voir. Comme elle le fait aujourd'hui. Elle est là devant toi et elle te parle. Elle te dit ce qu'elle a sur le cœur et tu l'écoutes et tu souris. Parce que ça te fait plaisir de l'entendre te dire ses choses là. Tu as toujours su que tu lui manquais aussi mais la voir aujourd'hui, voir qu'elle a fait le premier pas vers toi, qu'elle décide de s'excuser alors qu'en tant normal elle ne le fait jamais... tu débordes tellement d'émotions que tu ne sais pas quoi lui dire. Oui, que vas-tu lui dire ? Quels mots utiliser pour exprimer tout ce que tu ressens là tout de suite. Tu passes une main dans tes cheveux, tu lèves les yeux au ciel, tu réfléchis... t'es paumé.

Alors, tu fais la seule chose que ton cœur te dit de faire: tu supprimes rapidement le fossé qui vous sépare, tu soulèves son menton en la regardant droit dans les yeux et puis tu l'embrasses. Comme jamais tu ne l'as fait auparavant. Ce n'est pas un baiser préliminaire de sexe, ce n'est pas un baiser de rage, ni d'au revoir, ni d'adieu. C'est juste un baiser qui dit combien de fois tu es désolé aussi de l'avoir laissé partir. Combien de fois elle te manque. Combien de fois tu es heureux qu'elle soit là. Combien de fois tu l'aimes. Quand t'arrêtes, tu fais un pas un arrière et t'es stressé à nouveau. Désolé, je ne savais pas comment te dire ça avec des mots. C'est vrai que t'étais paumé. T'espères que c'était pas trop tôt. Qu'elle ne t'en voudra pas. Qu'elle comprendra.

La bienvenue ? Oui tu l'a été autrefois. Et même quand tu ne l'étais pas tu venais squatter. Comme cette fois là où tu as surprit Cielo avec une fille et que t'a sorti cette dernière de son appart par les cheveux et nue dans la neige d'hiver. T'étais tellement en colère cette fois là, t'avais pas compris. Jalousie. Tu commençais déjà à être mordue mais sur le coup t'avais pas saisi, t'avais pas compris que tu l'avais déjà dans la peau. Et combien tu as eu mal quand il s'est attachée à cette autre fille, Inaya, la copine de Irya. Que t'as vu le duo des jumeaux se détruire à cause de cette fille alors que toi tu restais encore sur la touche comme simplement sa meilleure amie, sa meilleure amante. Mais pas la fille que tu prends comme petite amie. T'étais pas assez bien pour ça. Alors tu te contentais de la détester cette fille là alors que tu l'a connaissais même pas. Quand tu l'a rencontrée, tu sais pas ce qui était le pire. Le regard que portait sur elle les jumeaux ou le fait qu'elle soit trop sympa pour que toi même tu ne puisses pas la haïr. T'es partie ce jour là. T'en avais assez. T'étais tellement en colère.

Plus tard, Cielo s'est tourné vers toi. Il a pas su le dire mais t'as compris qu'Inaya ne représentait pas autant pour lui que toi. Tu étais la première. Son Etoile. T'étais heureuse à ce moment là. Tu pensais que lui et toi, ça pourrait réellement marcher. Mais vous savez pas faire ce genre de choses. Vous n'aviez alors, pas compris qu'un couple impliquait autant de compromis. Vous étiez pas prêts à en faire autant. Vous seriez vous aimé moins qu'aujourd'hui, aucun d'entre vous ne serez là face à l'autre. Mais il a bien fallu que tu finisses toi même par le reconnaître. Aucun Nathan au monde ne vaudra Cielo. Il est ton unique amour, l'homme de ta vie. Le seul que tu es jamais réellement aimé, en dehors de tes frères. Personne ne lui arrive à la cheville et tu n'imagines pas finir ta vie aux côtés d'un autre. Pas s'il n'est pas cet homme. T'es perdue.

Tu t'excuses jamais. C'est pas ton genre. Tu fais une connerie et tu l'assumes mais les excuses, très peu pour toi. T'es impitoyable tant dans ta vie professionnelle que personnelle. Tu fais difficilement des compromis, tu n'acceptes par les ratés et tu as horreur des excuses. Mais pour Cielo, tu en ferais encore et encore si cela pouvait te le ramener. Tu peux pas l'avoir perdu définitivement. Alors tu le fixes, attendant qu'il te dise quelque chose, n'importe quoi. Il peut même te hurler dessus tu t'en ficherais mais cette indifférence là ... tu peux plus la supporter. Tu peux plus supporter le silence, le fait de ne pas le voir autre part qu'à la télé ou sur des photos, de ne plus lui parler si ce n'est dans tes souvenirs. T'en peux plus de vivre sans lui, ça te tue à petit feu et tu le sens. Toujours dans ton boulot, toujours dans tes voyages, tes défilés, les mannequins, les retouches, les interviews, les mondanités. Tu ne t'amuses plus comme autrefois, tout le monde l'a remarqué. Et c'est aussi pour ça que tu rentres moins à Vancouver qu'auparavant. Les souvenirs de vous. Les regards compatissants de ta famille. L'exaspération de vos amis communs face à votre comportement de gosses.

Quand ses lèvres se posent sur les tiennes tu fermes les yeux et t'a soudain l'impression de revivre. Tu passes tes mains dans ses cheveux comme tu aimes tant le faire, tu viens caresser sa nuque, tu le gardes près de toi. Il est là. Il t'a tant manqué. Deux ans sans le voir. Deux ans sans lui parler. Sans entendre son rire. Sans sentir son odeur. Tu as cru devenir folle. Quand il s'éloigne de toi tu as soudain froid. Il s'excuse. Pourquoi ? Tu souris. Avec tendresse. - Moi aussi, tu murmures. T'as jamais dit "je t'aime" à un homme. Enfin si tu l'as dit à Cielo autrefois. Vous étiez bien plus jeunes. Mais t'as jamais pu le redire ensuite. Même encore aujourd'hui il y a ce blocage. Ce mot, il n'appartient qu'à lui mais tu ne te sens pas le droit de le lui dire. T'y arrives pas. T'as trop peur de le perdre à nouveau. D'avoir de nouveau le coeur brisé. Tu pourras pas le supporter cette fois. Les étoiles ne brillent plus lorsque le ciel s'éclaircit. Mais elles s'illuminent de mille feux, quand il se pare de son grand manteau noir, tu récites. C'est ce poème que tu avais inventé pour lui, pour vous, murmuré au creux de son oreille après une nuit d'amour. Tu plonges ton regard dans le sien. Tu m'as manqué, tu murmures en te rapprochant de lui. Tu viens te blottir dans ses bras et tu respires son parfum. Le même qu'autrefois. Je voudrais qu'on essaye encore une fois. Qu'on essaye vraiment cette fois. Qu'en penses-tu ? tu lui demandes toujours contre lui. T'oses pas le regarder. T'as trop peur de ce que tu pourrais lire dans son regard.     

Il n'y a pas de ciel sans étoiles. Même quand elles ne brillent pas, elles sont toujours présentes, tu lui réponds quand elle te récite ce poème qu'elle vous a créé il y a longtemps. Tu te rappelles de cette journée comme si c'était hier. Sur le coup, tu n'avais pas répondu, trop ému sans doute. Mais tu as eu le temps de réfléchir depuis. Tu as mis cette réponse comme statut sur tous es réseaux sociaux, elle signifie tellement à tes yeux. Elle résume à elle seule votre relation, tout ce que tu ressens pour elle. Les étoiles sont toujours dans le ciel. Même quand elles ne brillent pas le jour, trop intimidées par le grand astre soleil, même quand certaines nuits, les nuages orageuses les cachent, elles sont toujours là. Que serait un ciel sans étoiles ? Que serais-tu toi sans elle ? Tu m'as manqué aussi, Ryn... vraiment. Vraiment beaucoup. Impossible pour toi de lui dire à quel point. Ça a été dur, très dur la vie sans elle. Sans couleurs, sans folies, insipide, terne. Invivable.

Quand elle se sert contre toi, tu as l'impression que tu redeviens entier. C'est comme si pendant tout ce temps, il y a avait eu une moitié de toi qui était pas là, une part qui était morte. Ou partie. Et maintenant, elle est là. Revenue pour toi. Tu as l'impression de revivre. La force de ce que tu ressens pour elle te frappe tellement à ce moment là que tu en as peur. Est-il permis d'aimer autant quelqu'un comme tu aimes cette femme ? Tu voudrais lui dire. Que tu l'aimes à l'infini. Que tu voudrais ne plus jamais la quitter, ne plus vivre un seul instant sans sentir son parfum, sans entendre son rire, sans subir ces sauts d'humeurs. Mais comment le dire ? Tu sais pas. Alors tu te contentes de la serrer dans tes bras, de profiter au maximum de ce moment. Tu crois que tu l'étouffes même, à force mais tu ne peux pas t'en empêcher. Je...

Tu quoi ? Tu sais pas trop quoi dire ni penser face à sa demande. Oh que oui que tu voudrais que vous réessayez, mille fois s'il le faudra, jusqu'à ce que ça marche. Mais tu es tellement indécis. Tu as peur. Et si cette fois encore, vous ne faisiez pas les choses comme il faut ? Et si ça ratait ? Qui de vous deux est prêt à faire des concessions ? Vous aimez tous les deux votre travail, vous vivez votre passion et cela inclut des voyages non-stop autour du globe toute l'année. Se voir une fois en Été sera t-il suffisant ? Es-ce que cette passion que tu ressens pour elle, ce feu qui te dévore chaque jour se contentera de quelques deux mois volés ? Tu voudrais tant en être sûr. Tu ne supporterais pas de la perdre encore. Que vous essayez, que ça ne marche pas... cette fois, tu n'es pas sûr que tu tiendras le coup.

A regrets, tu te détaches d'elle, tu lui voles un baiser et tu l'invites à s'asseoir, de la manière la plus joviale que tu puisses, mais le cœur y est pas. Tu veux boire quelque chose ? Manger un truc ? C'était déjà ça. Tu as besoin de prendre un peu de contenance parce que tu le sais, une longue discussion vous attend. Ou pas d'ailleurs. Parler, s'exprimer, s'ouvrir, ça n'a jamais été votre truc. Si tu veux on peut monter dans ma chambre, on sera peut-être plus... à l'aise. Mouais. C'était osé mais tu prends le risque. Vous avez beaucoup de choses à aborder avant que tu ne puisses décider si oui ou non vous pourriez repartir sur de nouvelles bases. Sur une relation plus saine, moins houleuse. T'as besoin d'être sûr que cette fois sera la bonne. Aussi bien pour toi que pour elle.

A manger ? A boire ? Sérieusement ? Est ce que tu as l'air d'avoir envie de manger ou de boire ? Tu le fixes, interloquée. Ouais toi aussi t'as ce genre de réflexe de fuite quand tu sais pas quoi dire. Toi aussi il t'es arrivée de changer de sujet quand t'avais pas envie de répondre ou de discuter. Souvent même. La plupart du temps aux journalistes avec leurs questions toutes aussi indiscrètes les unes que les autres. Tu te rappelle d'une fois en particulier où tu aurais voulu tuer la journaliste en question, une espèce de pétasse blonde pour un magazine people. "On vous a connue jeune et rebelle, toujours prête à faire la fête aux bras d'hommes et de femmes vous semblez plus calme aujourd'hui mais toujours personne de stable à vos côtés ? Est-ce parce que vous avez eu le coeur brisé ? Ce ne serait que justice après tous les coeurs que vous avez vous même brisés." Tu te rappelle que l'un de tes attachés-presse t'a retenue avant que tu ne l'a frappe. Elle avait sourit d'un air satisfait. Alors tu l'avais mouchée à ta façon. "Au moins ça prouverait que j'ai bien un coeur et qu'il y a eu quelqu'un d'assez important dans ma vie pour que je tienne à lui. Parce qu'il faut un coeur pour aimer et être aimée n'est ce pas ? Oh pardon je ne voulais pas vous vexer, c'est vrai qu'à votre âge, ça ne doit pas être simple de vivre seule et entourée de chats, à vous énerver contre des personnes plus jeunes et plus talentueuses que vous." Tu avais souris d'un air charmant et tu l'avais plantée là alors que l'assistance se marrait. Elle n'était plus jamais revenue t'emmerder. Mais ça t'avais fait bien mal parce que c'était juste après ta dernière rupture avec Cielo, celle qui vous a tellement déchirée que vous aviez préféré vous dire que vous ne donneriez plus aucun contact. Ca t'avais fait bien mal parce qu'à ce moment là, tu avais effectivement le coeur en mille morceaux.

- Non. Merci, tu réponds d'un air méfiant. T'aimes pas qu'il réagisse comme ça avec toi. Tu le fixes. Il te parle de la chambre. Et soudain tu te mets à rire doucement. On a toujours été à l'aise n'importe où toi et moi. Dans ta chambre, tu te rapproches de lui, dans le canapé, encore un pas, sur la table de la cuisine, tu murmures contre ses lèvres en y déposant un baiser, dans les coulisses de la fashion week de New-York, tu murmures à son oreille. Puis tu t'éloignes, malicieuse. Comme avant. C'est un peu une manière de te protéger à toi aussi. Sa réaction t'a blessée. Qu'il s'éloigne de toi comme ça t'a blessée. Qu'il ne te donne aucune réponse encore plus. Tu rejettes tes longs cheveux en arrière. Allons dans ta chambre si tu veux, tu reprends ensuite, plus sérieuse. Tes talons claquent sur le sol alors que tu montes les escaliers jusqu'à son antre. Ca par contre, ça n'a pas changé. Tout est comme avant. De nombreux souvenirs de moments passés ici, dans ses bras, te reviennent et tu hésites sur le seuil. Tu croises ton propre regard dans le miroir en face. C'est comme de faire un bond dans le passé. T'as l'impression de te revoir à 21 ans, si peu sûre de toi, si fragile, si amoureuse sans le vouloir. Tu fronces les sourcils et enfile ton armure de femme du monde. Tu te laisseras pas avoir. Il faut que vous parliez. Que vous mettiez les choses au clair.

Recommencer une nouvelle fois. Essayer de repartir sur de bonnes bases. Vous pourriez le faire. Mais vous avez tous les deux un travail qui vous prend tout votre temps. Mais tu vas faire le premier pas. T'es incapable de vivre sans lui. Tu as fini par le comprendre. Il serait temps pour toi de te poser. Alors tu le laisses entrer et s'asseoir près de toi et tu prends la parole la première en regardant le mur. - J'ai une amie qui travaille dans l'industrie de la mode. Le genre a ouvrir de grands magasins luxueux tu vois ? Elle m'a proposé un partenariat. Elle voudrait ouvrir une nouvelle ligne de vêtements et m'a proposé de gérer mon propre atelier de création. Associées à part égales. Elle gère le côté administratif et moi le côté artistique. Elle veut se baser à New-York pour commencer. Il y aurait quelques défilés par an mais rien d'énorme. Je lui ai dit que je réfléchirais. Tu baisses un instant le regard avant de le fixer lui. Je pourrais accepter. Vivre à New-York. Arrêter d'être toujours aux quatre coins du monde, tu murmures sans le lâcher du regard. S'il te donnait un signe, n'importe quoi qui prouve qu'il veut vraiment essayer tu le ferais. Reprendre une nouvelle affaire. Arrêter de bouger sans cesses. Te poser pour être à ses côtés. Tu pourrais le faire sans aucun regret s'il décide qu'il y a un avenir pour vous deux.  

Tu le sais que t'as eu tort de te défiler comme ça de sa question. Tu ne savais pas quoi dire d'autre, il y avait trop de questions qui s'entrechoquaient dans ta tête. Mais la manière qu'elle a de te montrer que ton défilement l'a blessé te faire sourire. Ça c'était ta Ryn. Elle ne dira jamais qu'on l'a blessé, elle se contentera de renvoyer la balle. A sa façon. Te provoquer, évoquer le passé, t'exciter... puis s'en aller. Tu adores cette fille. Tu ferais n'importe quoi pour qu'elle te fasse ça chaque jour. Tout ton corps la désire déjà grâce à ce simple contact. Et la manière dont elle rejette sa crinière en arrière n'arrange pas les choses.

Le fait qu'elle accepte de monter t'étonne quand même. Et te fait plaisir aussi. En temps normal, elle aurait refusé, encore sous le coup du fait que tu ne lui aies pas répondu. Qu'elle accepte encore de rester et de discuter prouve qu'elle y tient à sa demande. Elle est prête à discuter, à se battre pour te ravoir dans sa vie et ça tu le vois. Elle a mûrit. Il y a encore deux ans, la discussion n'était pas une option. Quand c'est trop dure, elle s'énerve et elle se barre. Comme toi. Mais maintenant vous étiez prêts à discuter comme deux adultes que vous êtes devenus. T'espères juste que vous arriverez à un terrain d'entente. Pour vous deux.

Et en réalité, le terrain d'entente est si vite trouvé que tu restes sur le cul. Ce qu'elle te sort, la proposition qu'elle te fait, la décision qu'elle serait prête à prendre pour toi, pour vous, tu en es tellement sidéré que tu restes bouche bée quelques secondes. Attends... tu plaisantes ? T'es en train de te payer ma tête ? Tu n'arrives simplement pas à le croire. Ce serait tellement beau, tout serait tellement plus simple. Tu passes les trois-quarts de ton temps à NY. Et si on suppose que malgré tout, elle aura toujours des défilés à organiser quelque part dans le monde, une chose est sûre, vous serez posés au même endroit. Tous les deux. A New-York. Chacun faisant ce qu'il aime. Rien n'aura changé à part le fait que maintenant vous aurez une chance de construire votre relation. D'être un vrai couple. Stable. Amoureux. Épanoui. C'est surréaliste. Ce serait fabuleux, Ryn. Si tu t'installais à NY, je... ce serait parfait. Mais je ne sais pas si j'ai le droit de te demander ça. De mettre un frein à ta carrière pour moi, de te contenter de peu alors que tu peux avoir beaucoup plus. Ce serait injuste envers toi. Tu es conscient qu'en disant cela tu lui tend un échappatoire. Mais tu te dois de le dire. Parce que si tu la laisses faire et que dans quelques années elle le regrette, tu ne te le pardonneras jamais.

Tu vois qu'il est surpris mais ravi. Amusé aussi. Et tu sais parfaitement pourquoi. Il y a deux ans, tu aurais tellement mal prit le fait qu'il t'ai blessé en ne te répondant pas que tu aurais explosé. Tu lui aurais sûrement balancé à la figure ses quatre vérités avant de te barrer en claquant la porte et en ne répondant pas à ses coups de fils. Ouais, t'étais un vrai volcan avant. Avec des réactions ... assez démesurées on peut le dire. Aujourd'hui tu as grandis, tu as mûris, devenant l'adulte que tu fuyais auparavant. Parcourir le monde, gérer ta propre affaire tout ça a beaucoup aidé. Perdre l'homme de ta vie a fini de faire le reste. Pour autant tu restes très rancunière et tu trouves toujours un moyen plus ou moins subtil de te venger. Sentir que Cielo te désire toujours autant et toujours aussi vite te satisfait assez pour que tu acceptes de monter dans sa chambre. En plus vous devez parler. Pour de bon.

Au début tu hésites. Puis tu fais le premier pas vers lui. Il les a souvent fait autrefois. Tu te souviens qu'une fois, il avait failli rater un match par ta faute et été arrivé vraiment pile poil. Et pourtant tu lui en avait voulu. D'être parti. Cette fois c'était toi qui faisait un effort parce qu'il le méritait. Parce que votre couple le méritait. Enfin si jamais vous arriviez à en former un. Quand tu lui annonce la proposition qu'on t'a faite et ton idée de l'accepter il est tellement surpris que t'a envie de rire. Les yeux écarquillés, la bouche grand ouverte, il te faisait penser à un poisson dans un bocal. Tu te mords la lèvre inférieure pour ne pas rire et tu secoues la tête. - Je suis du genre à me foutre de ta gueule sur un sujet pareil ? tu rétorques d'un air faussement exaspéré. Il semble réfléchir. C'est trop beau pour y croire. Toi aussi quand ton amie t'a fais cette proposition, tu as eu du mal à y croire. Quand elle t'a parlé de son idée, tu n'arrivais pas à voir l'atelier, les possibilités tout ça, non toi tu voyais juste que tu serais dans la même ville que Cielo et que vous pourriez essayer de reprendre votre histoire pour de bon cette fois.

Quand il te dit qu'il n'a pas le droit de te demander de faire ça pour lui tu poses un doigt sur ses lèvres pour le faire taire. - Non. Tu caresses sa joue avec tendresse. D'abord tu n'a rien demandé je te signale c'est moi qui t'en ai parlé. Ensuite ce n'est pas un frein à ma carrière bien au contraire. Tu imagines ? Avoir ma propre boîte de stylisme ! Je pourrais même proposer à Chad de bosser avec moi sur les visuels, les annonces et tout ça. Ce n'est pas "peu" cette proposition Cielo, c'est une immense opportunité et je le sais parfaitement. J'aurais toujours des défilés. Londres, Paris, Tokyo, Los Angeles, Sydney, New-York mais la plupart du temps je serais là-bas et ... tu poses ton front contre le sien fermant tes yeux et t'accrochant à lui. Je veux vraiment que ça marche Cielo ... je peux plus vivre sans toi ... je ... je ne suis pas complète si tu n'est pas auprès de moi. Je meurs à petit feu. Tu rouvres tes yeux pour le fixer. Ils sont brillants de larmes. Tu a accepté de te montrer vulnérable, de t'ouvrir à lui. Je t'en prie donne nous encore une chance. On pourrait avoir notre appart à New-York. Vivre ensemble. Se voir. Essayer de construire quelque chose de vraiment solide sans perdre nos passions mais je vais être franche avec toi ... tu t'écartes un peu pour plonger tes yeux dans les siens. S'il fallait que je quitte la mode pour vivre avec toi je le ferais. Je peux plus continuer comme ça Cielo, je vis plus sans toi, je survis à peine. Là, j'ai l'opportunité de faire ce qui me plaît et d'être quand même avec toi ... alors est ce que j'accepte ou pas ? Tu murmures à présent. Tu es totalement vulnérable, nue et fragile. Tu lui a ouvert ton coeur à lui de choisir s'il veut le briser définitivement ou accepter cet amour dévorant que tu lui offres et qui n'appartient qu'à lui.     

Cette discussion te ramène en arrière. Il y a quelques années, lors de dernière rupture pour être exact, vous avez failli avoir cette conversation. Failli. Parce qu'en réalité, elle n'avait jamais eu lieu. Vous vous étiez contenté de vous regarder, d'intérioriser la douleur parce qu'elle était trop. Je ne peux pas laisser ma carrière pour quelque chose dont je ne suis pas sûre, la mode c'est ma passion ! avait-elle dit, les larmes ruisselantes sur ses joues. Je m'en voudrais de te demander ça, d'autant plus que je ne suis pas non plus prêt à laisser la mienne pour quelque chose qui peut-être ne marchera pas, avais-tu répondu, les yeux remplis de larmes, qui n'attendaient qu'un clignement pour couler. Vous n'étiez pas prêts à faire des concessions, vous aviez peur de vous engager, peur de dire ce que vous ressentez. Il n'y a plus eu aucun mots après. Vous vous êtes juste contentés de faire l'amour en pleurant, une dernière fois, pour dire au revoir. Adieu.

Tout a tellement changé depuis. Aujourd'hui elle est là, s'ouvrant à toi comme jamais elle ne l'a faite auparavant. Jamais tu ne l'a vu aussi vulnérable. Tu en viendrais presque à regretter de l'avoir fait entrer. Parce que tu ne t'attendais tellement pas à ça. L'avenir qu'elle te fait miroiter, les sentiments qu'elle te dévoile, les promesses qu'elle te fait, la question qu'elle te pose... tout ça est trop d'un coup. Tu voudrais y croire, tu voudrais que ce soit aussi simple. Mais tu te projettes et tu as peur. Vous n'avez jamais eu de relations "stable" avant. Vous vous êtes contentés de vous aimer à la sauvage. Il n'a jamais été question de présenter l'autre comme sa "petite-amie", de diners romantiques, de présentations à la famille. Votre truc c'est l'amour libre, sans trop de complications. Et si en fait, c'est comme ça que vous vous aimiez ? Si le fait de s'installer ensemble, de vivre une "vraie" relation n'était pas fait pour vous ? Vos sentiments seront-ils les mêmes quand l'idée d'être un couple sera ancrée dans vos têtes ? Les problèmes communs aux autres couples ne viendront-ils pas envahir le vôtre ?

T'es perdu. Mais tu veux y croire. Elle fait des efforts. Elle fait le premier pas. Elle s'ouvre à toi et réfléchit à un avenir à deux. Si elle, qui est l'élément le plus instable de vous deux est prête à se lancer, tu ne vois pas pourquoi tu ne le ferais pas. Pour vous, tu es prêt à tout. Tu sais, Ryn, je ne t'en demanderai jamais autant. Ce que tu fais là... ce que tu dis, c'est déjà plus que je ne pouvais l'espérer. Tu me manques aussi, ma vie sans toi n'a aucun sens. Regarde, j'ai ta photo sur mon écran de téléphone et sur tous mes autres appareils... mes potes n'ont jamais compris ça d'ailleurs. Tu as un rire nerveux. Te dévoiler n'a jamais été ton truc et ça se sent déjà. Je suis tellement accro à toi. Bien-sûr que je le veux. Que t'acceptes la proposition de ton amie, que tu viennes t'installer à NY. On pourra vivre chez moi. Me réveiller chaque matin avec ton visage d'ange à mes côtés, t'embrasser autant que je le veux au cours d'une journée, supporter tes délires, tes caprices, faire l'amour comme des fous, te dire chaque jour à quel point je... Silence. Le dernier mot reste coincé dans ta gorge. Tu voudrais bien le sortir pourtant. Mais t'y arrives pas. Je voudrais tout ça et beaucoup plus. Tu es ma moitié, Ryn, et loin de toi je perds ma raison d'être un peu plus chaque jour. C'est dur. Tu finis avec une voix  peine audible, tellement ta gorge est nouée par tous les émotions qui te traversent. Ça a toujours été trop difficile pour toi de parler sentiments, tu n'as jamais compris pourquoi d'ailleurs. Tu la regardes. Tu te demandes si tu en as dit assez pour la convaincre. Puis poussé par un désir que tu ne cherches plus à contrôler, tu l'attires à toi et l'embrasse passionnément. Tu sais qu'il faut t'arrêter, cette conversation doit finir avant que vous ne passiez à autre chose, le sexe maintenant avorterait tout trop tôt. Ta tête réfléchit mais ton cœur ne veut pas écouter. C'est plus fort que toi, tu as besoin d'elle.