Touches pas à mon sommeil ! (Sparkles & Milan)

Qu'elle que soit la personne derrière cette porte, je crois que je la tuerai, pensais-je en attrapant une cigarette avant de me lever et me diriger vers l'entrée. Il est 10h, 10h putain! Ils savent pas qu'il faut pas venir chez les gens à des heures pareilles ? Avec la bouteille de vin que j'ai descendu hier nuit avant de dormir, je comptais rester au lit jusqu'à 14h au moins, avant que la faim ne l'emporte. Maintenant, c'est fichu... Putain, ce que j'ai envie d'étrangler quelqu'un!

J'ouvre la porte après avoir plaqué sur mon visage mon expression la plus incendiaire. Ça en plus de mon horrible tête du matin, ça fait toujours fuir. Une jeune femme se tient devant moi. Je ne la connais même pas et elle vient me perturber dans mon antre. Non, mais ! Je tire une bouffée de cigarette avant de demander:

« - Vous vous êtes perdue ? »

J'avais juste envie de m'en débarrasser et essayer de récupérer mon sommeil avant qu'il ne parte définitivement. Je tire une nouvelle bouffée de cigarette.

« - Écoutez je n'ai aucune idée de qui vous êtes et j'ai pas envie de perdre mon temps, je suis extrêmement occupée en ce moment même. Bye ! »

Et je lui claque la porte au nez. Les gens se croient tout permis dans cette ville.

HRP:

Aujourd'hui, j'avais un rendez-vous avec une tatoueuse fraîchement arrivée en ville. C'était bien la première fois qu'on me proposait ce genre de travail mais disons que l'idée me plaisait bien. Travailler sur un sujet - vivant de surcroît - en plusieurs fois était intéressant. Que ce soit sur une seule séance ou plusieurs, je devrais donc m'armer de patience entre chaque prise de photos. Enfin, d'après ce qu'elle m'avait dit.

Je me dirigeais vers le lieu indiqué. Adresse donnée lors de notre entretien téléphonique. Le quartier semblait plutôt calme ou peut-être était-ce parce qu'il était dix heures du matin? Mince, j'étais arrivée une heure en avance. Bon, pas grave, j'allais pas rester plantée là, à attendre que ce soit la bonne heure. Alors, devant cette porte, je me mis à frapper, espérant que ma futur cliente ne m'en veuille pas.

- Je ne crois pas. Vous êtes bien mademoiselle McSinn?

Et là, sans que je ne dise quoi que ce soit, elle me claque la porte au nez prétextant ne pas savoir qui je suis et pourquoi je suis là. Ca m'avait mis un peu sur les nerfs. Je n'aimais pas qu'on me fasse perdre mon temps.

- Bon, au grand maux, les grands moyens, non?

Prête à ne pas perdre mon temps pour une petite jeune, je m'empressais de frapper de nouveau à la porte. Aussi longtemps qu'elle daigne de nouveau ouvrir cette porte.

Ok, elle avait dit McSinn et alors ? Je ne suis sûrement pas la seule du nom dans cette ville. En plus, c'est écrit sur la boîte aux lettres, donc quelqu'un qui débarque en me demandant si j'étais mademoiselle McSinn devrait vraiment trouver une autre approche pour capter mon attention.

Je m'arrête pile au moment où j'entends à nouveau frapper à la porte et lève les yeux au ciel en guise de frustration. Apparemment celle-là n'était pas prête à ma lâcher. Et ça ne l'a même pas refroidi que je prétende ne pas être celle qu'elle cherche et que je lui claque la porte au nez. Bon au moins le bon côté, c'est qu'elle ne se laisse pas marcher sur les pieds apparemment. J'aime les personnes avec du caractère.

Mais aux dernières nouvelles, je suis chez moi et je fais ma loi. Si elle a pas une solide raison pour venir me déranger, je risque de ne pas être contente du tout. J'attends encore genre 2 minutes avant de crier assez fort pour être sûre qu'elle m'entende:

« - Elle est pas verrouillée la porte, vous savez ? Il n'y a qu'à tourner le poignet et elle s'ouvre comme par magie ! »

Je me dirige vers la cuisine pour me servir un bol de céréales. Elle a vraiment intérêt à speeder parce que j'entends déjà l'appel désespéré de mon lit qui me réclame. Et j'aime pas le faire attendre.

« - Vous avez genre 30 secondes pour m'expliquer les raisons de votre présence. Top chrono.   »

Exaspérée par le comportement de la demoiselle et son ton légèrement condescendant, j'allais partir. Au final, le contrat n'est peut-être pas si important que ça pour elle. Et puis, personnellement, j'ai déjà pas mal de choses en cours donc je pourrai très bien m'en passer. Mais cette fille a quelque chose d'intéressant. Enfin, je parle de son projet (même si je la trouve plutôt jolie et à mon goût) et j'ai du mal à quitter l'endroit. Alors que je plongeais dans mes pensées, je l'entend me dire que la porte n'est pas verrouillée. Elle sous-entend donc que je peux rentrer. Elle a une manière assez spéciale d'accueillir ses invités. Mais pourquoi pas ?

Je rentre donc chez elle et découvre un endroit décoré avec soin et plutôt dans le style de la jeune femme.Certes, je ne l'ai vu que quelques secondes mais l'observation est rapide chez moi. C'est une des caractéristiques qui fait que je suis plutôt douée dans mon boulot. Parce que je sais regarder et patienter pour avoir la meilleure photo, sous le meilleur angle etc …

- Je ne dirai que trois choses : rendez-vous professionnel, tatouage et photographie. Ça vous parle ?

Elle me pose un ultimatum horaire, pas de soucis. Ça ne me dérange pas le moins du tout. Parce que je sais gérer ce genre de situation. Je la toise légèrement pour voir sa réaction.

- Je sais que j'ai une heure d'avance et je m'en excuse platement mais je ne pensais pas arrivée aussi vite. Enfin bref, si vous voulez, je peux revenir à l'heure convenue au téléphone.

Ayant mon appareil photo avec moi, je peux très bien attendre dehors et m'amuser un peu.

Tiens donc, la voilà qui entre. Il y a une chose au moins que j'aurais appris sur elle, c'est qu'elle est tenace. Elle doit avoir une bonne raison pour supporter tous ces caprices, pensai-je en baillant. Je ne m'en voulais pas du tout. J'aurais pu être beaucoup plus sympa si elle ne m'avait pas tiré de mon lit. Peut-être devrais-je mettre un panneau "EN HIBERNATION - NE PAS DÉRANGER" sur la porte. Ça évitera que ce genre de situations se répète.

Je sens son regard faire un tour de la pièce. Classique quand on vient chez quelqu'un pour la première fois. Je me retourne curieuse quand elle me sort à la queue-leu rendez-vous professionnelle, tatouages et photographie. Elle ne bronche même pas sur les 30 secondes que je lui donne pour m'expliquer et se permet même de me toiser. Je range ce léger détail dans ma tête, amusée. Je l'utiliserai au moment opportun.

« - Alors c'est vous la photographe avec un nom géographique ? Milan, c'est ça ? Oui, autant vous désillusionner tout de suite, ce n'est pas grâce à votre CV que vous êtes ici, c'est grâce à votre nom. J'ai toujours eu un faible pour les gens avec un prénom géographique comme moi. »

Alors c'était donc elle Milan. Je n'ai encore jamais rencontré de Milan, c'est très beau. J'ai eu plus de chances pour Paris, Austin, Brooklyn et Sydney par contre. Plus un sur ma liste donc. Je la regarde de haut en bas. J'aime bien les Milan, décrétai-je sur le champ.

« - Si j'ai bonne mémoire, vous avez 22 ans non ? Ou 23. Dans ce cas, je peux te tutoyer et vice-versa. J'en ai 21, bientôt 22 donc t'es pas si âgée que ça pour que je te vouvoie quoi. »

J'étais bien curieuse de voir sa réaction sur ce point. Si elle fait sa sainte-nitouche qui préfère garder le vouvoiement par "professionnalisme", c'est direct la porte. J'aime pas les personnes qui savent pas décompresser. Et puis d'ailleurs, maintenant que sa dernière phrase me revient... Mdr. Je crois qu'elle prendra la porte finalement, vouvoiement ou pas.

« - On avait rendez-vous à 11h et tu débarques 1h à l'avance parce que tu "ne pensais pas arriver aussi vite" ? J'ai écourté mon sommeil parce que mademoiselle ne sait pas calculer ses trajets ? Ça c'est la totale. »

J'étais subitement très en colère. Qu'elle fasse tout ce boucan pour me réveiller parce qu'on avait rendez-vous, ok pas de problèmes. Mais qu'elle m'impose sa présence une heure à l'avance alors que je pourrais être en train de dormir maintenant, ça j'aurai du mal à pardonner. Finalement, je n'aime pas du tout les Milan.

Je la regardais manger ses céréales. Elle me faisait pensé à moi, il y a quelques années. Au fond, on se ressemblait de plus en plus elle et moi.

- Intéressant de prendre des contrats rien qu'à la tête des prénoms des personnes. Mais, vous faites pareil quand un client vient avec une idée de tatouage ? Vous ne prenez que les originaux? J'aime l'idée en tout cas.

Elle était étrange mais dans le bon sens du terme. Des personnes comme elle, il devrait en exister plus. Un peu de fantaisie dans ce monde de brut ne ferait pas de mal. Je la regardais une nouvelle fois. La façon dont elle se tient et sa façon de parler. Son côté fantaisiste et râleur en même temps. J'adore le tout.

- Quelle mémoire, lui souriais-je. Mes 24 ans arrivent demain. Et pas de soucis pour le tutoiement. Ça ne me dérange pas le moins du monde. Ça serait même mieux puisque nous allons travailler ensemble.

Et là, elle se mit à s'énerver parce que j'étais arrivée une heure plus tôt. Certes, j'avais pas pensé que je serais là aussi vite mais je m'étais excusée quand même. Et je lui avais quand même précisé que je pouvais revenir plus tard, si elle le souhaitait. Elle n'a pas saisi l'occasion donc je vais faire court par rapport à notre discussion.

- Je sais que j'ai en quelque sorte merdé mais je m'en suis excusée, dis-je d'un ton un peu agacé. Mais si tu veux que je parte, tu n'as qu'un mot à dire et je le ferai. J'ai d'autres projets que j'avais mis de côté et qui m'attendent. J'étais très intéressée par le tien mais si au moindre petit soucis, tu t'énerves, je ne sais pas ce que je fais ici.

Dommage de réagir comme ça. Son idée était des plus intéressantes mais je me voyais mal travailler avec quelqu'un qui était de mauvaise humeur alors qu'il était dix heures du matin. Bon, je passe sur le fait que je suis pareille le matin mais personnellement, c'est plus vers sept ou huit heures du matin. Parce qu'à dix heures, je suis déjà sur le pied de guerre.

Intrinsèquement, je sentais qu'elle le voulait ce partenariat. Je commençais donc à partir. Tout doucement. La laissant, à tout moment, le choix d'accepter de me voir maintenant ou pas.

Je me demande pourquoi elle me regarde autant. J'aimerais bien ouvrir sa jolie petite tête pour savoir ce qu'elle pense en ce moment précis. Pas que j'en ai quelque chose à en foutre, loin de là, juste par curiosité. Quelqu'un qui te dévisage autant doit être en train de penser mille choses à ton sujet.

« - Il se trouve que oui en fait. Je ne fais pas le tatouage par nécessité, pour moi c'est une passion. Alors je ne prends pas n'importe quel dessin qui se présente, je me réserve le droit de refuser les passe-partout. »

Tatouer pour moi c'est plus qu'un travail. Peu de personnes arrivent à le comprendre mais c'est comme ça. Et je suis sûre que Miss MilanJePoseBeaucoupDeQuestions doit ressentir la même chose pour la photographie. Elle sourit en plus. Un très beau sourire. En d'autres circonstances, je l'aurais trouvé canon, la meuf.

« - Ah bah joyeux anniversaire à l'avance. Tu es du genre à fêter ? Gâteau rose à la fifille ou une bonne cuite dans un bar ? Perso, je préfère la deuxième option. Rien de mieux qu'une bonne soirée arrosée pour se défouler et mieux accepter la vieillesse. En tout cas, tu devrais fêter. C'est important les anniversaires, on ne sait jamais quand sera le dernier. »

Je me demande pourquoi je lui déballe tout ça. Sans doute parce que je me rappelle de Dad qui me faisait ce discours à chaque fois que je refusais de célébrer un anniversaire. Il a les mots pour convaincre, mon Daddy. Des mots qui te font réfléchir longtemps.

Je m'arrache à mes souvenirs quand elle commence à faire la blasée avec moi. Tu joues à quoi meuf ? Tu le veux ce contrat autant que moi, mais tu fuis en espérant que je te retienne ? Mais plutôt crever que de faire ça !

« - Au fait, t'as rien compris. »

Ouais, c'était très beau de la voir se défendre ainsi. J'ai toujours aimé les femmes avec du caractère, surtout quand elles sont aussi jolies, ça a le don de m'exciter. En temps normal, je l'aurais sûrement embrassé mais là on parle de mon sommeil, putain. Respect ! Je m'avance vers elle pour qu'elle se rende compte que je ne plaisantais pas du tout. J'ai beau l'aimer déjà et avoir hâte de travailler avec elle, il y avait certains points qu'il fallait qu'elle comprenne et accepte avant n'importe quelle putain de collaboration entre nous deux.

« - Écoutes, je suis une fille hyperactive, je bouge tout le temps, je suis sûre que je dépense 3x plus d'énergie en une journée que la plupart des humains. Le sommeil c'est le seul refuge que j'ai pour me calmer, me reposer réellement. C'est pour ça que j'y tiens comme à la couleur de mes cheveux. Et quand on me le gâche, même sans savoir, je suis très vénère. Tu peux comprendre ça ? Alors, ne monte pas sur tes grands chevaux, ne me dis pas que je m'énerve pour un rien parce que sinon je te bouffe tes jolis petits yeux. Je ne veux pas de tes excuses, je veux que tu comprennes mon point de vue. »

Écourter mon sommeil puis ensuite blablater autant me donnait déjà la migraine. Putain, ce que j'ai envie de me recoucher.

- Je vois parfaitement ce que vous voulez dire. Faut que ça soit un coup de cœur.

C'était tellement ça pour moi. La photographie était une passion, je devais faire attention aux choix que je devais faire. Ne pas le faire par contrainte mais par plaisir. Il me fallait donc choisir ceux qui me plaisaient réellement.

- Merci beaucoup, dis-je. Les gâteaux d'anniversaire style « goûter avec les copines », non merci. C'était cool quand on est gamin, ça mais plus maintenant. Par contre, se prendre une bière, voire plus, pour fêter l'anniversaire, là je dis pas non.

J'adorais aller boire un coup avec les potes en ville, pour n'importe quelle occasion (et encore plus pour ce genre d'occas'). J'allais en profiter, ça c'est sur.

- Comme tu le dis, rien de mieux que d'être entouré par ses potes et le fêter avec eux.

J'avais déjà hâte d'être au lendemain pour être avec tous ses dingue et le fêter dignement. Et puis, je la voyais s'énerver pour trois fois rien. Un problème de sommeil. Franchement, elle pourrait faire un effort quand même. Quitte à ce qu'elle se recouche après. Et puis, merde quoi, je m'étais excusée quand à mon arrivée précoce. Bref, il fallait croire que c'était trop dur pour elle. Sauf que …. Sauf qu'elle m'explique la raison de son énervement et là, je me sentais un peu bête d'avoir réagir au quart de tour. J'étais pareille qu'elle – enfin, avec moins d'énergie dépensée – mais je lui ressemblais beaucoup sur ce point.

- Je vois parfaitement ce que tu veux dire. Le sommeil, c'est sacré et il ne faut pas y toucher.

Je me sentais vraiment bête et je ne savais plus comment réagir.

Je souris avec satisfaction et hoche la tête quand je vois quand elle a enfin intégré ce que j'essayais de lui expliquer. Maintenant qu'on était d'accord sur ce point crucial, les négociations pouvaient enfin commencer. Enfin... si j'arrivais à tenir jusqu'à la fin.

- Bien bien, on va pouvoir passer aux choses moins sérieuses alors. T'as envie de manger quelque chose ? Boire peut-être ? Hésites pas, fais comme chez toi... enfin, fais pas comme chez toi mais prends tes aises quand même.

Tu réfléchis un instant.

- Non mais il y a de ces formules de politesse quand même... "Fais comme chez toi". Comme si j'allais réellement laisser une étrangère faire ce qu'elle veut dans ma maison. C'est con comme formule j'te dis.

Tu te marres de ta propre réflexion avant de continuer.

- Enfin bref. Alors, tu es photographe professionnelle donc. T'as déjà travaillé pour une tatoueuse? Tu fais quoi comme photo en général ? T'as un book ? Un site où je peux regarder tes œuvres ? Ce serait un plus avant qu'on ne passe à la pratique. Tu vas devoir photographier tous mes tatouages que je vois ce que tu sais faire. Mettre en valeur quelque chose située à un endroit précis du corps est plus compliqué que mettre le corps lui-même en valeur. Mais je ne t'apprends rien sûrement.

Personnellement je déteste qu'on me dise commet faire mon travail alors je ne me hasarde jamais à le dire à quelqu'un d'autre. Nous les artistes, on peut être très susceptibles sur notre art.

- Ok, voici le deal. Tu m'attends là, je vais me brosser et me changer. On verra le reste après ça.

Pour ma gouverne, je ne lui avais pas menti, c'était vraiment ce que j'avais en tête. Mais l'appel du lit fut plus fort que le reste. Ce qui devait être un coucou de cinq secondes à mes draps se transforma en un sommeil profond. J'étais même pas mal pour Milan au final, elle pouvait bien attendre quelques heures encore. Toutes les façons, dans une si grande maison que la mienne, elle risquait pas de s'ennuyer.

Je la trouve quelque peu surprenante comme fille. En bien, je précise. Mais en tout cas, elle sait ce qu'elle veut et j'aime ça.

- Non merci, ça ira. Mais c'est sympa de proposer.

Me proposer de faire comme chez moi alors que l'on ne se connaissait ni d'Eve ni d'Adam me surprenait (quand je disais qu'elle était étonnante comme fille). Mais elle semblait penser la même chose que moi.

- Je crois qu'il ne faut pas chercher. Certaines expressions ne veulent rien dire, dis-je, en haussant les épaules.

Je posais mon sac et retirais ma veste. Il faisait plutôt bon ici et je n'allais quand même pas restée avec ma veste d'hiver sur le dos toute la matinée. C'était un coup à prendre froid en ressortant.

- Eh bien, j'ai jamais travaillé avec une tatoueuse mais l'idée me plaît énormément. C'est pour ça que je suis là d'ailleurs.

C'est vrai que l'idée est très intéressante professionnellement et socialement parlant. Et demande pas mal de patience aussi. Enfin, plus que d'habitude en tout cas.

- Concernant le type de photo, je fais de tout : des shootings, des photos de famille ou même des officielles . Et de temps en temps, je peux faire quelques paysages. Mais ça, c'est surtout pour le plaisir.

Et là, je me dis que j'aurais du ramener mon book, histoire qu'elle se fasse une idée de mon travail. Mais comme j'ai toujours plus d'un tour dans mon sac, je lui tend un bout de carton.

- Ma carte de visite avec mon site web. J'ai pas mal de photos de style différents. Je pense que tu pourras aisément te faire une idée de ce que je fais.

Je souris face à sa remarque.

- Effectivement, je suis pas du genre à apprécier les remarques sur comment faire mon travail. Mais après, tout dépend de comment c'est dit et par qui.

C'est vrai que je laisse certains me dicter un peu leurs visions des choses et comment je dois faire en sorte de mettre en valeur telle chose ou telle personne mais c'est parce que je les connais depuis pas mal de temps déjà et que l'on a un bon feeling.

- Pas de soucis.

Je la regarde partir et commence à regarder cet espace qui est sa maison. Grande, spacieuse, avec beaucoup de luminosité. Rien de mieux que pour faire des photos mais bon au vu du personnage, je ne vais pas me lancer dans des prises de l'intérieur. J'ai pas trop envie de tout faire capoter à cause d'une histoire de photos. Ça serait le comble.

Cinq minutes. Dix. Une heure. Une heure et demie. Toujours pas de tatoueuse en vue. Je crois qu'elle a oublié que j'étais là ou alors le brossage et l'habillage sont des choses qui prennent beaucoup de temps. Je décide de le lui laisser un mot et de filer dehors au plein de sa propriété. Au lieu de m'emmerder à l'attendre revenir, autant en profiter.