Qu'est-ce que je vais faire de toi ? [Sparkles]

Je suis arrivée à Vancouver il y a seulement quelques semaines avec mon frère, alors je n'ai pas beaucoup de proches dans cette nouvelle ville. Sparkles est l'une des raisons qui m'a fait choisir cet endroit et pas un autre quand nous avons décidé de déménager, car l'envie de la revoir et de faire partie de sa vie se faisait sentir. Seulement, je me suis bien rendu compte que Sparks a grandi, elle se lâche même un peu trop, n'hésitant pas à commettre des délits pour des raisons que j'ignore. J'ai promis à son père de prendre soin d'elle alors je le fais, mais je dois avouer que c'est parfois difficile.

Comme cette nuit, où j'ai reçu un appel de sa part, me demandant de venir la chercher au commissariat. Son délit ? Excès de vitesse et outrage à agent. Je ne comprends pas ce qu'il se passe avec elle, et ça me rend fou. Pourtant j'étais proche d'elle quand elle n'était encore qu'une enfant. Mais il faut croire que les temps ont changé, et je dois toujours être là pour elle, parce que je l'aime, cette chieuse. Je passe quelques coups de fils pour lui éviter des problèmes et je pars immédiatement en direction du commissariat pour la faire sortir et la raccompagner chez elle.

Bonsoir, je viens chercher Sparkles McSinn, j'ai appelé tout à l'heure.

Oui, bonsoir, c'est une vraie plaie cette petite !

Je suis vraiment désolé pour tout ça, comme je vous l'ai dit, ça n'arrivera plus.

J'ai un peu l'impression de mentir à cet homme, parce que je n'ai aucune possibilité de faire en sorte que l'incident ne se reproduise plus. Mais il se calme et m'emmène en direction des cellules où je trouve Sparkles.

Bonsoir Sparks. Dis-je gentiment, malgré mon envie de lui faire comprendre à quel point je suis déçu.

- Enfin, je vais pouvoir quitter ce trou à rat !

En voyant mon parrain  débarquer, je fus tellement soulagée qu'il m'était impossible de le masquer. Même si dernièrement la relation entre nous n'était pas au beau fixe, il est littéralement la seule personne qui aurait pu me sortir de ce merdier ce soir. Je dévisage le policier qui ouvre la cellule apparemment de mauvaise foi, normal après ce que je leur ai fait subir ces deux dernières heures, et je me jette dans les bras d'Elijah dès que je sors.

- J'ai cru que tu ne viendrais jamais. Pourquoi t'es pas venu aussitôt que je t'ai appelé ? Ramène moi s'il te plait, je veux rentrer à la maison.

Ouais, j'avais envie de jouer un peu la victime et faire le bébé même si je sais qu'avec lui, ça ne prendra pas. Il avait pas besoin de le dire avant que je ne comprenne combien il était déçu mais en réalité, es-ce que j'en avais quelque chose à faire ? Il y a longtemps que j'ai grandi et ce n'est pas de ma faute si mon parrain refuse de le voir. Le policier marmonna quelque chose et je me retourne vers lui, l'air mauvais.

- Vous feriez vraiment mieux de la fermer parce que je pourrais encore vous en mettre une, voyez vous.

Ces connards de flics. C'était à cause de lui si je m'étais retrouvé ici. Il m'arrête alors que je ne suis même pas coupable de ce dont il m'accuse et parce que je lui prouve que c'est pas parce qu'il est flic que je ne peux pas le cogner, il me passe les menottes. Bon ok d'accord, j'étais peut-être légèrement en excès de vitesse mais il n'y avait personne sur la route et j'avais envie d'un peu d'adrénaline. Es-ce un crime ? Je me retourne vers mon parrain, à bout de nerfs.

- Allons nous-en, E. J'ai faim, j'ai sommeil et je sens que si je reste ici une minute de plus, même toi tu ne pourras plus rien pour moi.

Je passe devant lui sans même attendre sa réponse et me dirige vers la sortie. J'avais juste envie de sortir de cet endroit au plus vite.

J'aurais espéré de la part de Sparkles au moins un peu de remords, si ce n'est de honte, mais ça n'est pas le cas. Sans même me dire bonsoir, elle insulte les lieux, certes pas très chaleureux, mais quand même. Par contre, quand elle sort de sa cellule, elle se jete dans mes bras, et je dois dire que ce geste me touche. Je la vois de nouveau comme l'enfant qu'elle n'est plus. Une enfant qui râle parce qu'elle n'a pas eu son cadeau de sortir de prison assez vite.

J'ai dû passer quelques coups de fils. Ne crois pas que ça soit si simple de te sortir de là. Tu me mets dans une situation difficile.

Elle s'écarte de moi et j'entends le flic marmonner je ne sais quoi. Je ne peux pas m'empêcher de craindre la réaction de ma filleule, et j'ai eu raison. Forcément, elle provoque de nouveau le policier, qui devient rouge de colère. La jeune femme, elle commence à partir et d'un ton que je veux ferme et froid, mais calme malgré tout, je l'interpelle.

Sparkles. J'attends qu'elle se retourne et continue. Cet homme a accepté de te laisser sortir alors que rien ne l'y obligeait. Ne lui parle plus jamais comme ça.

Je n'ai pas besoin de formuler la menace pour qu'elle soit claire : la prochaine fois, je ne ferai rien pour la faire sortir. Elle doit apprendre le respect, surtout envers ceux qui constitue les forces de l'ordre. Mon regard est dur mais sans jugement. Elle sait que si elle insiste, je ne ferai pas de cadeau. Je ne suis pas connu pour ma demi-mesure, elle le sait. Sans lui laisser le temps de répliquer, je la connais, je dis au policier :

Merci beaucoup, et bonne soirée.

Je m'avance vers ma filleule et lui fait signe de me suivre dehors, où nous allons, bien sûr, avoir une discussion sûrement très musclée.

J'aurais vraiment pu lui casser la gueule à ce fake de flic si E ne m'avais pas rappelé à l'ordre. Sa voix ferme et sec m'avais calmé dans la seconde. Ouhou, c'est qu'il est remonté, le parrain. Je passe devant lui et sors de cet enfer. Dehors, je respire un grand coup. Je sais qu'une bonne remontrance m'attends. Même si je vais essayer de l'éviter au maximum, je ne vasi quand même pas me faire riquiqui devant lui. Il a beau être mon parrain, tu as beau l'adorer, je ne pouvais juste pas me résoudre à devenir la petite fille parfaite qu'il attend que je sois.

Il me rejoins et je décide d'attaquer la bête de front.

- J'y suis pour rien, je te promets. On peut supposer que je roulais légèrement trop vite mais il y avait personne, je ne risquais rien. Et puis c'est lui qui m'a agressé en premier. Il me regardait comme si j'étais une petite fille pourrie gâtée et je lui ai dit d'arrêter de me regarder comme ça ou sinon je lui refais son portrait et il s'est moqué de moi alors... alors je l'ai cogné. Légèrement seulement ! Mais c'est qu'il m'a énervé à me traiter comme une petite fille ce con...

J'avais débité tout ça à une quatrième vitesse, j'étais même pas sûre qu'il comprenait la moitié de ce que je disais. Mais j'essayais d'avorter le conflit que je sentais venir. A ma manière un peu bancale mais bon, plutôt ça que rien. Sauf qu'en rassemblant un peu de courage pour le regarder dans les yeux, je me rends compte que c'était peine perdue. Il avait l'air remonté, très remonté. Déçu aussi. Je soupire. Maudits flics.

- Es-ce que tu peux juste me donner la version résumé de la remontrance que tu vas me faire qu'on en finisse assez rapidement ? J'ai vraiment faim. Et froid.

Insolente oui, encore. Je peux pas m'en empêcher, c'est plus fort que moi. Je dois toujours être vache avec les personnes que j'aime.

Quand il me dis que j'ai un peu donné raison au flic, je décide de ne pas relever parce que sinon, ça ne serait pas joli du tout. Je suis pas une gamine, il y a très longtemps que je ne le suis plus. Je bois de l'alcool, je travaille pour gagner ma vie, je couche avec des mecs. Une gamine peut faire ça ? Ce n'est pas parce que je suis impulsive que ça fait de moi une enfant. J'arrive pas à contrôler mes émotions, où est le truc enfantin là-dedans ? Malgré que j'ai essayé de l'éviter, la remontrance arrive quand même. Dure. Cinglante. Il ne lésine pas sur les mots, il a l'air vraiment énervé. J'essaie de ne pas broncher, que ça passe vite, que je rentre chez moi prendre un bon bain chaud pour enlever toute cette odeur malsaine de prison de mon corps. Mais j'ai beau essayé, je n'arrive pas à me contrôler. Je trépigne. J'ai envie de l'ouvrir comme il le dit. J'arrive à tenir jusqu'à ce qu'il me donne sa veste. Je me dis que c'est enfin fini, mais sa dernière remarque me fait exploser.

- Non mais c'est bon arrête à la fin ! Toi par ici, toi par là, c'est bon on a compris ! Qu'est-ce qui t'énerve en réalité, le fait que tu mettes ta position en danger ou le fait que je me sois faite coffrer ? Si tu tiens autant à ton poste et que ta filleule n'a pas d'importance à tes yeux, t'as qu'à me le dire directement comme ça je ne t'appelle plus la prochaine fois ! C'est moi la petite insolente qui vais te faire renvoyer, non ? T'inquiètes t'as gagné, la prochaine fois j'appellerai mon père, tiens ! Lui au moins il sera inquiet pour moi et pas pour son boulot !

Je suis injuste et je le sais. Mon parrain fait plus pour moi que mon propre père ne l'aurait fait, même si je sais qu'il m'aime plus que tout. E a choisi de venir à Vancouver pour veiller sur moi et jusque là, il n'a pas failli à sa tâche. Si j'étais légèrement plus facile à gérer, tout aurait été parfait. Mais voilà, je ne le suis pas. Je suis moi, insolente, impulsive, indépendante, incapable de la fermer quand il faut. Je sais qu'il essaye de me rendre un peu plus mature pour mon propre bien mais ce n'est pas en me gueulant dessus qu'il y parviendra. Et ça m'énerve parce que je tiens à lui et j'aimerais tellement qu'on puisse redevenir aussi proches qu'autrefois. Mais c'est mission impossible apparemment. Il n'aime pas ce que je suis devenue alors... Des larmes de colère me montent aux yeux et je les essuie d'un geste rageur avant de m'enfoncer dans sa veste. Je veux rentrer chez moi.

L'entendre me dire des mots si durs me fait mal. Comme si mon poste d'agent me tenait plus à cœur qu'elle... Comme si tout ce qui m'importait c'était moi et mon bien-être. C'est bien loin d'être le cas. Au contraire, je pense que je ferais tout pour Sparks, elle est un peu comme la fille que je n'ai pas eue. Elle compte énormément pour moi et la voir se mettre dans des situations pareilles me désespère et me met en colère, je l'avoue.

Tu es injuste Sparks. Je te rappelle que sans ma position comme tu dis, tu serais toujours en tôle. Si je suis venu te chercher et que je te dis tout ça, c'est parce que je tiens à toi et que je ne veux pas te voir souffrir dans une prison miteuse.

Je baisse le regard, attristé par la situation. Pense-t-elle vraiment qu'elle n'est rien pour moi ? Je soupire et repose mon regard sur elle.

Allez viens, je t'emmène manger un burger, ou ce que tu veux.

Je lui fais signe de me suivre vers ma voiture. Je ne lui en veux pas. Encore une fois, j'ai été jeune et j'ai fait de bien belles conneries moi aussi, ce qui m'a valu d'aller en camp de redressement. Mais j'aimerais lui éviter les problèmes, faire que sa vie soit heureuse tout simplement.

Tu n'as le droit de lui dire des choses aussi ignobles, tu le sais. Tu es consciente de tout l'effort qu'il fait pour toi. Tu sais qu'il fait son maximum et qu'il est persuadé de bien faire. Sauf que toi t'es une rebelle dans l'âme. Les crises, les quatre cent coups, les contournements de lois, la dépravation, c'est ça ton truc. Tu ne redeviendras plus jamais la petite fille aux couettes qu'il a connu. Tu ne seras jamais la fille idéale avec jupe et pompons qu'il imagine. Tant qu'il n'acceptera pas de te voir telle que tu es vraiment, ça continuera de se dégrader entre vous. Mais bon... ce n'était pas une raison pour empirer les choses ce soir. Tu sens dans sa voix que t'es allée loin. Un peu.

- Désolée...

Que dire d'autres ? T'es nulle pour les excuses. Mais tu sais blesser les gens. T'es un cas, en somme. Et malgré tout ce que tu lui as sorti, il te propose quand même d'aller te prendre à manger. Tu ne le mérites pas. Il est trop gentil. Même ton père t'aurait planté là et serait rentré sans toi. Tu l'entends presque crier: Puisque t'es aussi grande, débrouille toi toute seule ! Aussi explosif que toi, ton daddy. Et on se demande à qui tu ressembles.

- Non, aucune envie. Je veux juste rentrer me taper une bonne cui... euh une bonne cuisse de poulet.

Tu te rattrapes à temps, en tout cas t'essayes. Vaut mieux pas jeter l'huile sur le feu en disant que t'avais envie d'une bonne cuite. Il ne te prendra sûrement pas dans les bras en apprenant que tu préfères te shooter à la vodka au lieu de manger un truc consistant. Vous entrez dans la voiture et tu te tournes vers lui.

- Au fait... Merci de m'avoir sorti. Merci d'être toujours là.

Tu lui souris avant de te laisser-aller sur le siège, tournant la tête vers la vitre. Ouais, votre relation est compliquée. Mais n'empêche que tu l'aimes, ton parrain. Même si tu ne le montres pas toujours.

Je suis habitué avec Sparkles d'en prendre dans les dents, mais m'entendre dire qu'elle ne compte pas pour moi est quand même très brutal. Alors je le lui dis et elle s'excuse. Enfin... Elle dit ce qu'elle croit que je veux entendre. Mais je comprends bien qu'elle n'est pas vraiment désolée. Elle souhaite juste que je la laisse tranquille. Je lui propose malgré tout d'aller manger mais elle me rejette à nouveau, prétextant sans vraiment le cacher qu'elle va se prendre une cuite. En toute honnêteté, je n'ai pas le courage de lutter. De toutes manières, elle est majeure, elle fait ce qu'elle veut. Je ne réponds pas et démarre le contact. Le temps que nous roulons vers chez elle, elle me remercie. Je ne pensais vraiment pas qu'elle le ferait alors je suis quand même touché. Mais bon, je me demande encore si c'est sincère, parce qu'elle ferait tout je pense pour que je sois là après sa prochaine connerie. Mais en toute honnêteté, je ne sais pas si j'aurai la force de me bouger pour elle encore bien longtemps. Je ne sais pas si j'en aurai les moyens. Bref, pour toute réponse, je lui fais un signe de tête qu'elle ne voit même pas puisqu'elle s'affale sur le siège en regardant dehors. Je ne suis plus en colère. Je suis juste déçu, et en rentrant chez moi après l'avoir déposée, je n'ai pas réussi à me rendormir.

FIN.