~ Where are we ? ~ Thalia & Bélen

Tu es un peu inquiète. Ca fait peut-être un an que tu es là, mais proposer à quelqu'un de faire faire le tour de la ville, c'était de la vraie folie. Tu n'étais pas du tout le genre avec un très bon sens de l'orientation, même si tu t'en sortais quand même pas si mal, et tu n'avais aucune idée de tous les coins de la ville. Mais, pour une fois, poussée par tes collègues, tu t'étais efforcée de faire ta Bonne Action de la journée en le proposant un peu par hasard. Autant dire que tu t'étais faite féliciter à coups d'applaudissements quand ils l'avaient su, et étrangement, tu étais quand même contente de faire ce tour de la ville avec Thalia. Elle n'était pas quelqu'un de désagréable, du moins du peu que tu la connaissais elle ne t'avait pas paru l'être - mais les apparences peuvent-être trompeuses, la preuve que tu avais été sympa alors que tu ne l'es pas particulièrement - et tu te disais que ça te faisait une sortie avec une éventuelle future amie.

Comme à ton habitude, tu étais en retard. On se refait pas après tout. De pas beaucoup, pour une fois, mais de cinq bonnes minutes à coup sûr. T'avais préféré ne pas regarder ton téléphone pour voir l'heure, ça te stressait encore plus que ça ne l'aurait dû. Mais, tu n'avais pas couru non plus, le temps commençait à se réchauffer et, vêtue chaudement comment tu l'étais, t'avais pas envie de suer encore plus qu'en répétition. Tu arrives finalement face à Thalia. « Salut ! Désolée pour le retard, je n'ai pas vu l'heure passer. » Et pour le coup, c'était pas totalement faux non plus, à défaut de ne pas la regarder

Si vous venez à vous revoir souvent, Thalia apprendra que tu ne sais pas respecter un horaire. C'est comme ça, t'es née avec ce défaut chronique - littéralement - et tu peux rien y faire. Ta cousine s'y est habituée, tes soeurs y étaient habituées avant de venir faire leur vie ici, et ton entourage n'a pas le choix que de le supporter en général. Tu ne relèves pas, souriant. Ca vous fait un point en commun si elle non plus elle ne sait pas être à l'heure. Heureusement qu'elle est déjà là, en plus, tu détestes complètement attendre. Un lourd silence s'impose. Silence qu'elle s'évertue tant bien que mal de briser.

Un sourire passe sur ton visage. En fait, tu te mords même la langue pour réprimer un rire. « Je sais. C'est pour ça que c'est ici que je t'ai donné rendez-vous. » Tu n'as pas été certaine qu'un autre endroit soit approprié... ni que tu sois capable de te déplacer jusqu'à l'endroit où elle te proposerait de venir. En plus, autant le dire, tu fuis l'université tellement bien que depuis que tu es arrivée, tu n'es jamais tombée devant. Autrement dit, tu sais pas où elle est et tu aurais eu du mal à la retrouver si Thalia avait fixé le rendez-vous et qu'il avait été là-bas. Puis faut dire que tu la connais pas assez pour trouver un autre endroit qu'elle aurait pu fixer. Quant à toi, la scène où vous répétez avec la troupe est plutôt perdue et complexe à trouver. La première fois, pour y aller, tu t'es perdue quatre fois avant de finalement trouver. Sous ta couche de vêtements, tu souris. Faut dire qu'en venant du Mexique, même en un an, tu n'arrives pas toujours à t'habituer à la température. Puis même le soleil d'ici n'arrive pas à te réchauffer. Faut te voir en hiver, couverte de la tête aux pieds. Déjà que t'es pas grande, sous ta couche de fringues, en plein hiver, les gens ont eu du mal à te distinguer. Tu tournes la tête vers le starbucks. « Oh et bien ! Volontiers, oui ! » Après tout, un bon thé ou un bon café, ça peut très bien réchauffer aussi.

Une fois au starbucks tu choisis un café bien serré. T'es pas méga fan des cafés, mais au moins, ça te donnera du courage pour essayer de ne pas te perdre. Et quasiment aussitôt y être rentrées, vous en sortez. C'est ce que tu appelles du service rapide en tout cas. Vous ressortez quasi aussitôt. Tu regardes rapidement autour de toi avant de répondre à sa question. « Je te propose qu'on fasse le tour de la rue marchande, on fait les grandes rues du centre ville et... on avise pour le reste ensuite ? » autant dire que tu connais très peu les petites rues du centre, mais tu préfères mettre ça sous silence, bien sûr.

Elle hoche la tête. Bon, déjà, c'est bon signe, ça veut dire qu'elle est pas contre ta proposition. Au moins t'es pas complètement perdue, tu sais où tu vas et c'est pas plus mal. Ce serait tellement con de finir par vous perdre toutes les deux au milieu de nulle part. T'as quand même une réputation à tenir et une certaine crédibilité aussi. « Droite ! » que tu dis avec beaucoup d'assurance. Bon, c'est pas vraiment ça. Mais t'as remarqué que c'était là où il y avait le moins de foule et t'as pas envie de te faire bousculer dans tous les sens, ça te déplaît fortement. Et t'es presque certaine de ne pas être la seule.

Elle sursaute, et tu souris. T'y es peut-être allée un peu fort en t'exclamant la direction que tu voulais prendre. Mais c'est pas grave, tu te rattraperas sans doute après. En arrêtant de t'écrier, par exemple. C'était vraiment le centre, avec plus de boutiques qu'autre chose, mais c'était toujours ça à voir. Puis on sait jamais ce qu'on cherche jusqu'à ce qu'on en ait besoin non ? « Non, je ne suis pas étudiante... J'ai débarqué il y a un peu plus d'un an du Mexique. » T'as rejoint tes soeurs, qui t'ont pas ouvert leur porte, mais aussi et surtout ta cousine, qui t'a offert l'hébergement jusqu'à ce que tu puisses avoir le tien. Heureusement qu'elle était là d'ailleurs, ta cousine. « Je hmm.. je suis danseuse dans une petite troupe de danse. Et j'ai pas l'intention de remettre les pieds dans une fac pour prendre des cours. » À Cancùn, c'était assez catastrophique pour vacciner n'importe qui.