hey you (thalia)

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Ce soir, j'étais de sortie. Soirée étudiante oblige, je devais y être, c'était mon job d'apprentie journaliste d'être sur place pour chaque événement. Même si boire ou danser n'étaient pas dans mes fonctions premières, je savais m'adapter à toute forme d'obstacle. Et je dois dire que j'ai la danse dans le sang. J'ai enfilé un tshirt et le premier jeans qui me sont tombés sous la main avant de fourrer mes petites affaires personnelles dans mon sac et de mettre les voiles. J'ai pas eu besoin d'aller très loin pour rejoindre la soirée, voyant déjà quelques potes discuter au loin, un verre à la main. Je suis allée les saluer avant d'entrer, déposant mon sac dans un semblant de vestiaire (je fais beaucoup confiance à la sécurité étudiante). Je me suis payée une bière avant de les rejoindre dehors pour entendre les derniers potins de mon école. Machin qui sort avec Truc, Bidule qui a trompé Trucmuche, ça m'amusait plus qu'autre chose.

J'avais jamais vraiment eu de relation sérieuse, m'attacher c'est pas mon truc. Je laissais souvent tomber lorsque je voyais les premiers signes d'une affection trop grande, appartement délaissé, soirée passé à deux. C'était mes signaux d'alarme. Lassée d'écouter les autres parler, j'ai fini par rentrer pour voir un semblant de piste de danse se former. Avec un sourire, je m'y suis lancée, profitant de la chanson qui passait. Essoufflée, je suis vite repartie au bar ou je me suis lourdement assise à côté d'une brunette à l'air ailleurs. Ça va ? J'ai demandé en fronçant les sourcils avant de commander un verre au barman.

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Thalia entra dans le grand terrain, observant autour d'elle avec méfiance. Et ébahissement. Tout était démesuré au Canada, même les fêtes. Elle se retrouvait dans une immense maison, extrêmement éclairée, et complètement bondée. Il y avait des étudiants partout, qui buvaient, qui jouaient, qui dansaient. Thalia devait avouer ne jamais avoir connu cela. A vrai dire, elle n'avait jamais participé à beaucoup de fêtes. Soit parce qu'elle n'était pas invitée, elle n'était absolument pas la plus populaire de son établissement, mais bien plutôt la plus détestée. Soit parce qu'elle était trop occupée à rechercher sa mère. Mais aujourd'hui, et face à ses nombreux échecs, elle éprouvait l'envie de se laisser aller. De boire, jusqu'à oublier ses troubles. Voire de finir dans les bras de quelqu'un.

Et cette dernière partie composait la majorité de ses troubles. Elle ne savait pas si elle voulait passer la nuit dans les bras d'un garçon, d'une fille, ou avec ni l'un ni l'autre. Elle n'en savait rien, elle ne savait pas ce qu'elle devait penser, ce qu'elle devait ressentir, si tant est qu'elle devait quoi que ce soit. Peut-être que ça viendrait tout seul. Peut-être qu'elle n'avait pas à se poser de questions, peut-être qu'elle n'aurait pas à choisir. S'il y avait bien une chose qu'elle devait faire, c'était arrêter de se tracasser. Elle venait pour oublier ses tracas. C'est ce qu'elle devait s'efforcer de faire.

Thalia entra dans la maison, à la recherche du bar. Se faufilant entre les corps déjà couverts de sueur, elle finit par le trouver, et commanda un grand verre de vodka. Thalia s'installa au bar, se retournant pour observer la salle. Elle se sentait seule, perdue. Elle ne connaissait personne, personne ne s'approchait d'elle. Le seul contact qu'elle avait était Orion, et Orion n'était pas là. Thalia soupira discrètement, voyant des groupes se former et s'éclater, s'agrandir, se réduire. Plusieurs couples se retrouvèrent sur une piste de danse improvisée, et elle se détourna à ce moment-là, sentant se raviver sa confusion. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait vraiment loin de chez elle.

« Ca va ? » Thalia sursauta légèrement, et tourna la tête vers la personne qui venait de lui parler. Une jeune femme, blonde, yeux bleus, très, très mignonne. Thalia but une gorgée de vodka avant de lui répondre. « Je suis un peu paumée, mais ça va. Je m'appelle Thalia. » Son accent britannique avait chanté dans l'espace les séparant. Tout comme son interlocutrice, elle n'avait pas eu envie de se prendre la tête pour sa tenue, et portait un jean déchiré accompagné d'un crop-top. Elle ne s'était pas foulée, certes, mais elle devait faire bonne impression quand même. Ils la haïraient suffisamment rapidement, mais pour l'instant, si elle pouvait en profiter ne serait-ce qu'un peu... Et ça lui faisait du bien de se sentir attirante, belle, bien. Enfin, si quelqu'un daignait la regarder...

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Les soirées, j'y allais parce que ça permettait de sociabiliser, ça maintient une réputation de faire les tours des soirées, de lâcher quelques sourires, d'échanger quelques mots. J'aimais aussi rester chez moi, à regarder des trucs pourris à la télé, me goinfrer de bonbecs jusqu'à en vomir ou juste aller voir un film au cinéma. Avoir des amis qui vous trainez partout n'était pas forcément un avantage, je l'avais appris nombre de fois à mes dépends. Un plan boite de nuit dans un quartier paumé n'était pas bon. Du tout. J'ai passé une main dans mes cheveux, écoutant la brunette me dire son prénom tandis que le barman me passait ma boisson. Joli prénom. J'ai commenté avec un sourire avant de boire une gorgée de mon breuvage, grimaçant quand l'alcool coula dans ma gorge. J'avais perdu l'habitude de boire, la prochaine fois, je me cantonnerais à ma petite bière tranquille, ça me suffisait. Je m'appelle Émeraude, mais tout le monde m'appelle Em. J'aimais mon prénom, réellement, mais le réduire à une syllabe était beaucoup plus pratique, ma mère l'utilisait en entier pour me gronder, quand j'étais gamine. Et Mike ne le disait que quand il voulait me rassurer, comme quoi, les opposés peuvent s'attirer. T'es nouvelle dans l'coin ? Je t'avais jamais vu. Les étudiantes se connaissent tous, du moins, de vu. C'était souvent l'ami de l'ami de l'ami mais on savait. Alors c'était pas tout les jours qu'on pouvait voir une jolie brunette paumée, à l'accent étranger. De plus, en étant sociable, je me sentais obligé d'aller vers les brebis égarées, pour les remettre dans le droit chemin, voir si plus, si affinités. Je n'en étais pas encore à l'étape "drague" de la chose mais elle était à mon goût, j'ai toujours eu un faible pour les brunettes. Ma faiblesse me perdre.

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Thalia but une nouvelle gorgée, plus longue, en l'écoutant. « Tu peux parler, mon prénom ne fait pas le poids face au tien. » Elle sourit à Émeraude, amusée. Thalia restait néanmoins encore un peu tendue, pas encore à l'aise dans cet environnement étranger. « Je viens d'Islande. Et je suis née à Londres. Donc oui, je suis nouvelle dans le coin. C'est ma première fête étudiante ici, j'espérais rencontrer un peu de monde mais je ne suis pas douée pour ça. Autrement dit, je suis détestable quand on me connaît bien. »

On ne se refait pas. Quel est le dicton déjà ? Chassez le naturel il reviendra au galop. Thalia décocha un sourire en coin lupin à Émeraude, paraissant aussi confiante qu'elle l'était réellement. Retrouver ses vieilles habitudes faisait du bien, la confortait. La jeune femme finit son verre d'une traite, et en commanda un autre, avide de l'alcool lui brûlant la gorge. Un frisson la parcourut rapidement et elle ferma les yeux un instant, avant de les rouvrir. Ça y est, elle commençait enfin à oublier ce pour quoi elle était venue, et à apprécier le moment.

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J'avais jamais su d'où venait mon prénom. En même temps, je n'avais jamais demandé. Sérieusement, qu'est ce qui peut passer par la tête d'un parent pour appeler son enfant Émeraude, Saphir ou encore Rubis ? J'ai rien contre les pierres précieuses mais tout cela me paraissait bien fantaisiste. Tout s'explique. Je souris avec un hochement de tête. Le dépaysement devait être certain si elle n'avait jamais connu que l'Islande. J'avais jamais quitté Vancouver pour de grands voyages mais visiter l'Islande et surtout sa capitale me plairait bien, c'était une autre chose de marqué sur ma to-do list. Tu sais c'est quoi le meilleur moyen de se faire des amis ? J'ai commencé en me penchant légèrement vers elle, sur le ton de la confidence. La piste de danse. La proximité, ça pouvait rapprocher, je le dis en connaissance de cause. Puis aussi, renverser un verre sur quelqu'un ça marchait pas mal. Je me suis levée, ai tendu la main. Tu viens ? Et sans en demander plus, sans attendre une réponse négative, parce que j'étais sûre et certaine que c'était le genre de nana à ne pas aimer bouger, je l'ai tiré par le bras pour l'entrainer sur la dite piste de danse. Ça tombe bien, ma chanson préférée du moment venait de démarrer.

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Thalia se retrouva entraînée sur la piste de danse, sans en être trop surprise. Ses lèvres s'étirèrent en un léger sourire, et elle eut tout juste le temps de boire son verre cul sec avant de rejoindre Émeraude. Elle passa une main dans ses cheveux, les rejetant sur le côté gauche de sa tête. Face à face avec Émeraude, elle se mit à danser se laissant envahir par la musique. Thalia ferma les yeux, retrouvant des sensations oubliées. Avec l'alcool courant dans ses veines et lui embrumant les pensées, elle ne pensait plus à rien. Plus à rien d'autre qu'aux corps qui l'entouraient, qu'à la musique qui l'assourdissait, qu'à la chaleur qui l'embrasait.

Thalia rouvrit les yeux, une étincelle un peu folle dans les prunelles. L'alcool avivait toujours son brin de folie. Ce n'était pas toujours une bonne idée, mais elle s'en fichait particulièrement et voulait juste s'amuser. S'amuser, oublier, tout s'emmêlait dans son esprit. Oublier pour s'amuser, s'amuser pour oublier... Thalia se rapprocha insensiblement d’Émeraude, et referma les yeux, ondulant au rythme de la musique.

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Quand j'étais gamine, j'avais eu droit aux classiques cours de danse, dispensé par la danseuse étoile déchue sévère du coin, qui projetait ses rêves dans ses élèves. Autant te dire qu'avec mon caractère de merde, j'étais pas restée longtemps avec mon tutu. J'avais alors découvert le modern jazz, c'était rythmé, les musiques sur lesquelles ont dansé, étaient récentes alors ouais, ça me plaisait.

C'était mes vieux cours de danse qui ressortaient quand je dansais. De manière un peu plus sensuelle qu'une enfant mais c'était à peu près ça. Mes muscles se relachaient, plus rien de m'importait, mise à part la musique qui passait en fond et les personnes assez proches de moi pour me froler. J'avais pas assez bu d'alcool pour être dans un état second mais la musique pouvait aisément me transporter ailleurs. Thalia s'est rapprochée légèrement, je suis restée quelques secondes hypnotisée par son corps, par elle. Un sourire s'est dessiné sur mes lèvres tandis qu'à mon tour, je reduisais encore la distance entre nous, sentant presque son souffle sur mon coup.

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Thalia rouvrit les yeux en sentant le corps d’Émeraude se rapprocher encore. Elle les garda ouverts, la regarda danser. Sous la lumière, ses muscles étaient mis en valeur, et le sourire de Thalia revint sur ses lèvres. Elle savait très bien qu'avec son ventre découvert, elle pouvait affoler. Mais aujourd'hui, ce soir, seul le regard d’Émeraude importait. Leur danse devint plus sensuelle, au fur et à mesure que la distance les séparant s'amenuisait. Bientôt, leurs visages se retrouvèrent à quelques centimètres à peine l'un de l'autre, comme inexorablement aimantés. Elles n'étaient pas pressées par les danseurs au point de devoir se coller l'une à l'autre ainsi, et pourtant leurs nez se frôlaient.

Dire que Thalia appréciait cette proximité était un euphémisme. C'était grisant. Elle se sentait bien, presque dans son élément, presque à sa place. La vie paraît tout de suite plus légère sans prise de tête, et elle se demandait comment elle pouvait passer ses journées à broyer du noir. Au fond, peu importait qui était sa mère, non ? Au diable les questions, au diable les recherches ! Pourquoi ne venait-elle pas plutôt ici, pourquoi ne passait-elle pas plutôt sa vie dans l'alcool et la danse ? Comment pouvait-elle préférer des soirées à se tuer les yeux sur son ordinateur à des soirées passées en boîte ? Comment pouvait-elle résister à passer ses doigts dans les cheveux d’Émeraude, à sourire béatement sans raison ? Thalia avait cédé à ses rêves, avait posé ses bras sur les épaules d’Émeraude et entremêlait ses doigts à ses cheveux blonds. Elle pouvait sentir leurs corps se frôler, se toucher par moments, et elle ne pouvait empêcher ses lèvres de s'étirer en un large sourire, aussi ineffaçable qu'inexplicable.

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Au début, à cette soirée, j'y étais allée pour entretenir mes relations journalistiques mais plus la nuit avancée, plus je me disais que j'avais vraiment bien fait de venir, surtout quand je voyais Thalia aussi proche de moi. C'était ma tentation de la soirée et ô mon Dieu, je vais pêcher. J'étais joueuse, me brûler les ailes ne me faisait pas peur vu qu'elles étaient déjà bien cramées, honte à moi. Et elle avait ce côté envoûtant, sensuelle, audacieux, un peu dangeureux, qui pouvait me plaire chez une fille. J'avais toujours aimé les nanas sûre d'elle, les filles naïves m'insupportaient et Thalia ne semblait pas déroger à la règle. La distance se réduisit encore quand elle posa ses bras sur mes épaules, emmêla ses mains dans mes cheveux. Et à mon tour, je cédais à l'envie de la toucher. J'ai posé mes mains sur ses hanches, remontant mes mains, effleurant sa peau nue du bout des doigts, appréciant son contact. J'ai imprimé un sourire taquin sur mes lèvres, les ai approchées de son oreille. Quand je disais que ça rapproche... J'ai murmuré, mes mains glissant peu à peu sur ses fesses et mes lèvres venant effleurer son cou. Je ne suis pas patiente et beaucoup trop confiante, ce sont des faits qui peuvent se vérifier dans la seconde mais franchement, j'en avais rien à foutre.

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« Quand je disais que ça rapproche... » Thalia rit doucement, et répondit, elle aussi à l'oreille : « J'allais justement dire que je m'étais faite une amie... » Sa voix avait été plus veloutée que ce qu'elle escomptait. Les doigts d’Émeraude effleurant sa peau, laissant un sillon de chair de poule sur leur passage, lui faisait de l'effet, et ça s'entendait. Thalia ne rapprocha pas plus leurs corps, laissa la danse le faire épisodiquement.

Un frisson électrique la traversa au contact des lèvres d’Émeraude sur sa peau. Sur son cou. Son cou était son point faible. Thalia décala légèrement sa tête, suffisamment pour laisser une grande partie de son cou libre aux lèvres de sa partenaire. Elle aimait son caractère entreprenant. Ses mains sur ses fesses, ses baisers dans son cou, la rendaient clairement folle d'envie. Il y a trop longtemps que je n'ai pas couché avec quelqu'un. Cette pensée lui vint, inopportune, alors qu'un sourire étirait de nouveau ses lèvres, prenant la place d'une expression d'extase. Les doigts de Thalia s'emmêlèrent un peu plus dans les cheveux d’Émeraude, jusqu'à les tirer un peu en arrière. Tout en continuant de danser, Thalia releva la tête d’Émeraude, posa son front contre le sien, hésitant au tout dernier moment. Elle ne connaissait pas vraiment cette fille. Qu'est-ce qui lui disait qu'elle embrassait bien ?

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