Ce matin, je l’ai attendu, coché dans le calendrier, tant espéré … je vais pouvoir enfin plaider la cause d’un client pour une libération avancée, celui est riche et paye bien mais me casse allégrement les pieds. Je ne suis pas magicien, je ne peux avancer les dates d’un jugement sur un claquement de doigts. C’est aussi long pour lui que pour moi, je dois sans cesse répondre à des journalistes à son propos, je sais ce qu’il a fait et pourquoi il l’a fait. Retrouver son compagnon au lit avec un autre homme n’a rien de facile et d’amusant, il a vu rouge et a frappé -un poil trop fort- l’amant de l’homme qui partage sa vie. Bref pour en revenir au plus important, je sais que le procureur qui va me faire face est un dur à cuire, un ancien collègue qui ne se laisse pas facilement démonter et qui peut même être comparé à un requin. Non pas être comparé en réalité, c’est un requin. Je me régale d’avance de nos joutes verbales, j’ai prévenu mon client, cela risque d’être cinglant. Ma mallette déposée sur notre table, je détaille déjà le monde venu assister à l’audience, mes cheveux blonds sont lâchés sur ma veste de costume assortie au bleu nuit de mon pantalon, elle laisse voir ma chemise blanche éclatante, j’ai le masque concentré, l’avenir de mon client dépendra de cette journée, si le jury est contre lui, il retournera finir sa peine et ne pourra plus demander la fin d’un séjour avancé. Le monde arrive et mon opposant aussi … attendez c’est une superbe blonde qui va me faire face là et non le petit joufflu débonnaire qui se transforme en monstre une fois la parole prise que j’attendais. En la regardant, je sais que je suis dans une belle merde … la jeune femme n’est autre qu’Arielle mon ex-petite amie. Je fais lui sourire crispé « Maitre ! » la saluais-je tout simplement et cordialement afin que personne ne se doute de rien. Cela s’annonce orageux, épique et surtout sulfureux après, car nul ne doute que nous allons certainement nous affronter loin des regards indiscrets.
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