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 Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh )

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MessageSujet: Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh )   Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh ) EmptyMar 3 Jan - 17:31

Il y a encore une minute, j'étais dans mon lit en train de rêvasser. Et puis soudain, j'ai eu envie... de m'échapper. Ouais bon quoi ? Rêvasser n'est pas le meilleur moyen pour s'échapper. Je voulais sortir prendre l'air. J'avais une soudaine envie de me retirer dans le bruit. Je voulais de la solitude toute en étant entourée d'inconnus. Je voulais... arf, pourquoi je parle autant au lieu de me mettre en route, d'abord. Une petite réflexion et j'ai su exactement où aller.

La plage. L'endroit parfait pour à peu près tout type de besoin, même les plus inavouées. Bon, je ne compte rien faire d'illégale ici aujourd'hui mais assouvir un fantasme dans les coins un jour... why not, babe. On appelle ça profiter de la vie.

Je m'assied sur le sable chaud. Le vent circule dans mes cheveux, la sensation est putainement bonne. Je prends une grande bouffée d'air frais avant de regarder autour de moi. Il n'y a quasiment personne. Parfait, je vais pouvoir gueuler un peu. Je mets les écouteurs et commence à chanter allègrement Empty girl de mon mari de toujours, Dave TheGod Navarro. Ce gars est un dieu vivant. Je me laisse tranquillement emporter par ma musique et trente secondes après je criais déjà sans même m'en rendre compte. Je ne chante pas en public d'habitude, parce que j'ai une voix affreuse, je le sais. Mais il y a personne pour m'entendre right now, alors je me lâche.

Trente minutes plus tard, j'étais déjà totalement absorbée dans mon monde. Mon crayon à la main, ma musique dans les oreilles, plus rien d'autre n'existait. Mon dessin prenait tout doucement forme. On m'avait demandé un tatouage new-school représentant un succube depuis plusieurs jours. Je savais pas comment aborder un tatouage style manga avec un dessin qui devait être du réalisme à la base. Mais là, on dirait presque que mes doigts dessinaient tous seuls, tellement j'étais inspirée.

Je relève distraitement la tête pour prendre une pause. Là je remarque un homme pas très loin qui me regarde bizarrement. Il était assez proche quand même pour m'avoir entendu chanter tout ce temps. Zut. Il est là depuis combien de temps, lui ? Je déteste qu'on s'introduise dans mon intimité sans ma permission. Je pense d'abord le zapper mais quelque chose me fait faire le contraire et je le fixe à mon tour, me demandant s'il détournera les yeux ou s'il continuera à me regarder comme un dégénéré. Et oui, il continue toujours de me regarder après deux minutes.

« Hey, bouffon ! Je peux savoir ce que tu mates ? T'as perdu quelque chose peut-être ? »

Si l'idée était de me faire peur, il s'était complètement gouré. Et s'il essayait d'attirer mon attention, c'était mal parti pour lui. Je hais quand on s'impose à moi.

« Tu veux bien aller faire ton intéressant ailleurs ? Il y en a qui essayent de faire quelque de leur vie, vois-tu ? » dis-je en secouant mon crayon comme référence.

Putain, j'étais de super humeur jusqu'à tout de suite. Et ce connard risque de tout gâcher.


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MessageSujet: Re: Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh )   Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh ) EmptyMar 3 Jan - 18:20


Jay respirait à pleins poumons l’air du dehors. C’était tellement jouissif de sentir enfin un air non pollué, plus frais et sans ces vieux relents de pot d’échappement qui lui pourrissait les poumons quelques semaines auparavant. Cet endroit était décidément riche en surprises. Le jeune indien avait pour habitude de se lever tôt, quittant en douce la demeure de son maître pour flâner en ville. Il avait dans sa poche un téléphone portable qui pouvait recevoir des appels mais en aucun cas en passer. Il était en quelque sorte une laisse que Jin lui avait mise pour ne pas le perdre de vue, muni d’un traceur qui le suivait partout où il allait. Il s’était fait à cette situation. Tant qu’il était libre de rêvasser et de se livrer à ses petites passions, il était prêt à toutes les concessions.

Ce matin là, le soleil brillait à travers un fin voile de nuages se dissipant doucement. Habillé, parfumé comme le veut la coquetterie indienne, Jay sortit discrètement, les mains dans les poches. Il aimait redécouvrir la ville chaque matin comme au premier jour. Ce matin là, dans la fraîcheur du petit jour, il se dirigea vers la plage. Face à l’immense étendue de sable fin, il ne put s’empêcher de retirer ses chaussures vernies. Les tenant d’une main, il avançait pieds nus, savourant le contact de chaque grains entre ses orteils. C’était d’un délice à savourer sans modération.

Le chant des mouettes, le bruit des vagues…Jay aurait put rester là des heures, à savourer ces bruits de la nature, mais un autre type de bruit se mêla brusquement aux précédents. Un son entre le grave et le strident, une mélodie qui aurait put être belle mais était chantée…par une voix qui n’avait pas à chanter. Jay tourna la tête et vit une jeune fille assise sur le sable. Elle avait des écouteurs dans les oreilles et chantait à coeur perdu. Le jeune indien se crispa légèrement, tentant de s’éloigner légèrement vers les flots où le son était atténué. Mais la jeune fille se stoppa et sortit de son sac un carnet relié qu’elle prit sur ses genoux. Un doux rayon de soleil éclaira son visage tandis qu’elle se concentrait pour esquisser un croquis. Intrigué, Jay se rapprocha doucement, lorgnant le dessin qui se construisait doucement sous ses doigts fins. Elle avait un certain talent, ses doigts couraient sur le papier comme animés d’une vie propre. C’était impressionnant. Il était tellement captivé par sa manière de dessiner qu’il ne la vit pas se redresser, les joues rouges d’indignation. Il venait de pénétrer dans sa zone de confort, perturbant son équilibre et son espace.

« Hey, bouffon ! Je peux savoir ce que tu mates ? T'as perdu quelque chose peut-être ? »

Jay ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire. Jamais, en Inde, une femme n’aurait put parler de la sorte à un représentant du sexe fort. Mais ici…les femmes avaient ce petit charme qui en faisaient des êtres d’exception. L’indien se rapprocha encore un peu.

« Tu veux bien aller faire ton intéressant ailleurs ? Il y en a qui essayent de faire quelque de leur vie, vois-tu ? »

Cette fois, Jay ne put s’empêcher de rire à gorge déployée. D’un rire grave, provenant du fond de sa gorge. C’était un rire chaud qu’on ne pouvait confondre avec un rire moqueur. Il s’accroupit près de la jeune femme et lui prit d’un geste habile le crayon qu’elle lui agitait sous le nez. Il avait depuis toujours ce petit don qui consistait à dérober les choses aux gens à la vitesse de la lumière. Il se passa doucement le crayon derrière l’oreille et lui répondit.

« Savez vous qu’il existe en ce monde des centaines de plages, des lieux paradisiaques où les peuples du monde entier rêvent de se rendre. Mais de toutes, il n’y a qu’ici où l’ont peut rencontrer une femme comme vous. »

Il rit en voyant son expression et l’interrompit au moment où elle ouvrait la bouche pour rétorquer.

« Mon attitude peut sembler cavalière…Laissez moi me présenter, je suis Jay. A qui ai-je l’honneur ? »
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MessageSujet: Re: Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh )   Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh ) EmptyMer 4 Jan - 1:55

J'essayais de ne pas m'énerver mais c'était vraiment difficile. Et même si je cédais à la colère, j'en avais parfaitement le droit. Quand tu penses que t'es seule dans ton monde et que tu te rends comptes qu'en fait pendant tout ce temps il y avait un intrus glauque qui t'espionnait comme un vil voleur, il y avait de quoi péter légèrement un câble.

Je l'interpelle et il sourit. Il a quel problème, celui-là ? On le traite de bouffon et il sourit ? Il parle chinois ou il n'a aucun amour propre ? Je le regarde s'approcher encore un peu. Non, non, non. Ce n'était pas l'effet recherché. Il est censé s'éloigner, pas se rapprocher, putain. A quoi il joue ? J'avais pas été assez claire, peut-être ? Quand à ma deuxième interpellation, pourtant pas du tout amical, il se mit à rire, je me rends compte que je suis sur tombée sur un cas. Il riait, non mais allègrement quoi. Et il faut bien avouer... qu'il avait un rire vraiment formidable. Des intonations chaudes, agréables à l'écoute. Un rire presque contagieux. qui donnait envie de l'écouter encore et encore. Un rire sexy. Mais ho, on s'égare du sujet ! C'est pas le moment de l'admirer là !

Quand je me reconcentre sur lui, je me rend compte qu'il est maintenant assis près de moi et en moins de secondes qu'il en faut pour le dire, il subtilise mon crayon et le place derrière son oreille. Un geste habile, que même moi digne fille d'un espion de renommé, je n'avais pas vu venir. Intéressant. Il a dut beaucoup pratiquer pour en arriver à cette habilité. Ça dit déjà pas mal de choses sur le personnage.

Alors il commence à parler. A blablater des choses incompréhensibles. Je l'écoute, très fortement intéressée par son accent, mais j'en profite pour l'observer aussi. Celui-là n'était définitivement pas un canadien, ni même d'aucun pays venant de cette partie de l’Amérique. Ou il vient de plus au sud, ou carrément de l'autre partie du globe, théorie pour laquelle je penche plus, personnellement. Je me déteste de penser ça mais il m'intrigue, ce con.

Quand il finit de débiter son flot, et avouons-le il s'est démené pour arriver à une conclusion agréable qui me ferait presque plaisir, je m'apprête à lui servir une réplique bien sentie mais il me fait ravaler ma langue et se présente comme un certain Jay. Je suis sur le cul. Il me sort par les pores de la peau ce mec. J'ai horreur des gens qui parlent pendant que je les interromps. Et il a même le toupet de me demander mon nom.

« Ah tu me laisses en placer une maintenant ? Alleluia, je pensais pas que le miracle se produirait. Et d'abord, je peux récupérer mon crayon ? »

Je tend ma main pour reprendre mon bien sans même lui laisser le temps de riposter. Non mais il est fou celui-là, pour prendre des choses qui ne lui appartiennent pas. Il a un certain attrait, avouons-le. Son accent pas très courant et ses traits fins font de lui une personne très charmeur. Et dans d'autres circonstances, dans une autre dimension, j'aurais peut-être pu craquer pour ses petits yeux. Mais là... Là j'avais juste envie de l'égorger.

« Bon on va mettre les choses au clair, bouffon, » commençai-je en insistant bien sur le bouffon.

« Toi plus moi égale no way. Like, ever, tu saisis ? Alors tu me laisses travailler et tu vas emmerder d'autres filles stp. Il y a pleins de minettes dans le secteur qui voudront bien céder à ton baratin, donc va te faire plaisir et lâche moi les baskets. »

Et pour clore tranquillement la discussion, je remets mes oreilles et replonge dans mon dessin en faisant mine de l'ignorer totalement. Quand je serai à la maison je regretterai sûrement cet acte, parce que c'est sûr il m'intrigue énormément, mais là l'orgueil prenait le dessus. Il aurait pas dû pénétrer dans mon sanctuaire invisible sans ma permission.

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MessageSujet: Re: Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh )   Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh ) EmptyMer 4 Jan - 4:41



Jay ne cessait de la dévisager. Cette hostilité qui se peignait sur son visage s’échappait de ses lèvres mais pas de ses yeux. Elle semblait parler par orgueil, l’orgueil des femmes d’ici. Pour mettre fin à toute discussion, elle se remit ses écouteurs dans les oreilles, s’isolant à nouveau en le laissant dans son monde. Jay haussa les épaules mais ne bougea pas, restant près d’elle. Dans un soupir, il étendit ses longues jambes devant lui et s’étira longuement. L’horizon était d’un bleu pur qui ne cessait de l’émerveiller.

En cet instant, Jay était comme un petit enfant découvrant un Pays des Merveilles coloré. A ces couleurs s’ajoutait celle de la longue chevelure de la femme assise près de lui. Une légère brise fit monter jusqu’à lui le parfum qui se dégageait d’elle, un parfum subtil…léger…et riche. Il connaissait ces effluves. Les parfumeries indiennes regorgeaient de ces senteurs occidentales, vendues à des prix d’or. 7000 roupies le flacon, il fallait pouvoir se le permettre. Jay sourit et se pencha vers elle, très légèrement pour observer son travail. Elle avait un trait léger. Que dessinait-elle ? Plus l’oeuvre prenait forme et plus Jay arrivait à voir. Une succube…Esquissée dans un style manga, elle avait des courbes gracieuses, une longue chevelure surmontée de hautes cornes. Les doigts de Jay s’activaient dans le vide, il tentait de retracer ce qu’elle dessinait dans le vide.

Hardi, il se saisit d’une branche de bois flotté à proximité et se mit à esquisser un croquis sur le sable. Ce n’était pas une succube, mais loin s’en faut. C’était une femme dont le sari volait autour d’elle comme une seconde peau. Elle portait une longue natte virevoltant dans sa danse. Dans sa tête, il avait l’impression de voir cette femme, de l’entendre, de la sentir. C’était une femme de son passé, très loin…avant qu’il ne devienne tout ça. Depuis son enfance, Jay aimait dessiner. Jadis, il esquissait ses croquis avec de vieux morceaux de charbon. A l’école, on leur donnait des prospectus sur lesquels ils pouvaient écrire et gribouiller à leur guise. En grandissant, il s’inspira de ce qu’il voyait. Les Kolam tracés par les femmes chaque matin devant leurs portes.
Spoiler:
Les illustrations des livres d’alphabet indien montrant de petits garçons potelés et des femmes aux saris rutilant.
Spoiler:
Et les artistes de rue capable de vous peindre n'importe quoi sur n'importe quelle surface.
Spoiler:
L’Inde était elle-même un art, un mélange de couleurs et de senteurs qui se retrouvaient dans l’âme du jeune homme.

Là, sur cette plage, il n’était plus l’escroc, l’esclave ou le condamné. Il était l’artiste. Après tant d’années, il retrouvait enfin de cette fougue qui lui faisait prendre le crayon. Elle voulait s’enfermer dans sa bulle ? Tant mieux, il en faisait de même. Les lèvres légèrement entrouvertes, il était plongé dans sa concentration, soucieux de donner vie à ce qu’il voyait dans sa tête.
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MessageSujet: Re: Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh )   Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh ) EmptyMer 4 Jan - 14:38


Je me replongeai dans mon œuvre et continuai de donner vie à ce succube que je dessinais. L’espace de quelques minutes, j’oublie totalement Jay et sa voix sexy, ne faisant qu’un avec mon art et ma musique. J’étais surexcitée à l’idée de finir ce dessin. Il représentait un grand défi pour moi mais était également très important pour ma cliente, elle qui avait été traumatisée par cette créature durant une grande partie de sa vie. Son histoire m’avait ému et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle je voulais que ce dessin soit parfait. Il n’était pas question que je foire ce tatouage, je ne pourrai presque jamais me le pardonner si cela arrivait.

Prise dans mon élan, je ne remarque même pas le bouffon, qui commençait à faire des trucs bizarres dans le sable avec une branche de bois. Ce n’est que lorsque tous ses mouvements qui partaient dans tous les sens entrent dans mon champ de vision que je relève la tête exaspérée. C’est bon quoi, il me casse les couilles là !

« Yo ! T’as pas compris ce que j’avais dit ? Tu parles coréen peut-être ? 나는 집중 혼자 있고 싶어요.* Es-ce trop demander ? Fuck ! »

Je ne voulais vraiment pas mais là, il réussissait à me gonfler. C’est pas possible d’être aussi têtu ! Quelle partie de la phrase "Je veux rester seule" il n’avait pas compris ? Bizarrement et fallait bien se l’avouer, son côté insistant m’énervait mais me plaisait aussi à la fois. C’est rare de voir des gens qui ne sont pas déroutés par l’agressivité et l’hostilité dont je faisais preuve parfois. Oh oui j’étais naturellement une personne très vache. Mais c’était une partie de ma personnalité que j’utilisais surtout pour garder les gens loin de moi. Ne pas les laisser m’approcher, ne pas les laisser me toucher, ne pas les laisser me découvrir. J’étais agressive pour garder les gens à leur place. Les gens comme Jay. Un Jay qui était apparemment très inspiré par ce qu’il gribouillait au sol. Encore une autre astuce pour attirer mon attention ?

Je me redresse malgré moi et tend le coup pour essayer d’apercevoir ce qu’il fait et l’assimiler à une quelconque forme. Je ne comprends presque rien, vu que j’étais assise. Je voulais pas me lever. Si je l’ignorais assez longtemps, il s’en irait et je retrouverai ma paix. Mais ma curiosité me trahissait. Il avait l’air tellement absorbé par ce qu’il faisait, presque comme moi quand je dessine. Serais-ce possible que… Non, impossible. Là-dessus je me relève d’un bon, très pressée soudainement d’infirmer cette théorie qui venait de naître dans ma tête. Je m’approche doucement et me concentre quelques secondes sur les grains de sable afin de donner un sens à toutes ces lignes que je vois. Et puis soudain, tout prend un forme. Il dessinait. Non mais il dessinait réellement. Malgré que ce soit avec un morceau de bois et sur des milliers de grains de sable, son dessin était parfaitement lisible.

Une femme qui à priori dansait. Elle porte... un sari ? Ça en a tout l'air. Un long sari qui épousait parfaitement ces courbes de femme indienne et dont les voiles virevoltaient, comme emportés eux-mêmes par une musique imaginaire. La jupe aussi volait dans tous les sens. La femme avait une sorte de longue tresse, à moins que ce ne soit un serpent ? qui semblait elle-même avoir une propre vie. Avec un œil expert, on arrivait même à identifier la fleur qu'elle avait dans les cheveux, les bracelets qu'elle avait au poignets et mêmes les breloques qui lui pendaient aux chevilles.

Incroyable. Avec le support pas du tout évident qu’il avait et le crayon de fortune qu’il s’était fait, le résultat était carrément bluffant. Il semblait tellement concentré que j’eus presque peur de lui parler. Mais lui il ne s’était pas gêné pour me déranger tout à l’heure donc ce sera retour à l’envoyeur.

« Où avez-vous appris à dessiner ? »

Le vouvoiement sortit presque instinctivement de ma bouche, sans même que je n’y réfléchisse. Tout à l’heure encore je le tutoyais et le traitais de bouffon. Mais voir son art avait totalement changé la vision que j’avais de lui. Qu’il soit un gosse de riche ou un mendiant, toute personne capable de faire ça dans du sable méritait mon respect. Mon plus grand respect.

«  Pourquoi... elle ? Vous la connaissez ? »

Tout à coup, c’était moi qui le harcelais et m’intéressais à lui. Ironie de la vie. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Je voulais toujours qu’il s’en aille, rester seule pour finir mon dessin, chanter jusqu’à en perdre la voix. Mais il s’en ira seulement après que j’ai assouvi ma curiosité. Le Jay artiste m’intéressait énormément.


HRP:
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MessageSujet: Re: Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh )   Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh ) EmptyMer 4 Jan - 16:33



Jay était captivé par son dessin, sentant revivre en elle cette femme de son lointain passé. Il ne se rendit pas compte que sa jeune voisine l’observait intensément. Il sentait ses ondes, lointaines, tentant de pénétrer dans ses pensées, mais ce fut bref. Il était déjà loin, des années en arrière.

« Où avez-vous appris à dessiner ? »

Il leva lentement la tête, quittant sa bulle un instant. La jeune femme était debout, le regard fixé sur son oeuvre. Elle semblait perturbée, surprise, et il le reconnu au son de sa voix, plus posée.

« Pourquoi…elle ? Vous la connaissez ? »

Il baissa la tête, effleurant du bout du doigt la joue tracée dans le sable. Oh oui…Elle était une part de lui depuis longtemps enfouie.

« Vous savez…le dessin ce n’est pas quelque chose qui s’apprend. C’est quelque chose qui se ressent. Un instinct…qui vient de là. »

Ce disant, il posa une main sur son coeur et fixa les flots lointains.

« C’est là que vit cette femme. On se souvient toujours de la première femme qu’on a aimé. La première braise allumé dans un coeur encore jeune et vierge. Vous devez vous en souvenir, je pense. Du premier regard qui vous a fait chavirer. »

Il leva les yeux vers elle, plongeant son regard d’ébène dans les yeux de cette inconnue. Elle avait des yeux si différents de ceux de Shavana…Elle les avait marrons, de la couleur du chocolat fondu. Il n’était qu’un adolescent, sans abris, orphelin. A l’époque, il errait dans les rues sans grand but, pas encore assez expérimenté pour faire des affaires, ni assez rusé pour voler. Il était affamé et cette femme lui vint en aide. C’était une veuve vivant dans la ville de Calcutta. Elle habitait une belle demeure et subsistait grâce à la fortune que lui avait léguée feu son mari. Il était artisan et fabriquait les plus belles sculptures de toute la ville. Shavana était une femme discrète, délicieusement timide. Elle ne parlait pas beaucoup mais ses yeux étaient les plus expressifs du monde. Jay s’en souvenait encore. Elle lui avait tendu la main alors qu’elle ne savait rien de lui. Elle l’avait pris sous son toit et lui a donné un travail. C’était d’ailleurs son premier emploi honnête.

Elle avait 34 ans et lui 14. Elle était une belle femme élancée, et lui un petit adolescent gringalet à la peau brûlée par le soleil. Elle était gracieuse comme le roseau à la brise matinale, lui était un empoté. Mais il l’aimait. Secrètement. Innocemment. Shavana l’employait comme homme à tout faire. Il s’occupait des corvées ménagères et des travaux plus conséquents comme de la conduire à tel ou tel endroit ou de se charger des courses. Elle s’occupait de la cuisine. Plus qu’un employé et sa maîtresse, ils vivaient comme une famille, sous un même toit. Il le partageaient d’ailleurs avec le beau-frère de Shavana, un indien immense à l’épaisse moustache dont le regard déplu à Jay dés le premier jour. Il jetait des oeillades malsaines à la jeune femme, la brutalisait verbalement et allait même jusqu’à lever la main sur elle, chose que Jay lui fit regretter à bien des reprises à coup de thé brûlant en pleine figure ou de cancrelats cachés dans son lit.

Une guerre se livrait entre les deux hommes de la maison. Mais fort de son âge et de son expérience, l’autre eu raison du jeune garçon. Un jour, il demanda la main de Shavana qui, n’ayant d’autre alternative, ne put qu’accepter. Le mariage se célébra dans un temple et les invités furent exclusivement composé de la famille de l’époux. Du parti de l’épouse, hélas, il n’y eu que le jeune serviteur alors âgé de 15 ans. Tout était calculé par le nouveau mari qui décida de vendre la maison de Shavana pour l’emmener vivre à Agra, chez sa famille. Jay fut forcé de partir le soir des noces, sans un regard en arrière.

Jay ouvrit la bouche pour parler mais le souvenir lui coupa le sifflet. Son coeur battait à tout rompre et il se contenta de secouer la tête, laissant échapper un rire nerveux.

« L’art aide à se défaire de nos plus tristes souvenirs. Cette femme n’est plus que ça. Un souvenir offert au sable que les vagues viendront noyer. »
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MessageSujet: Re: Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh )   Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh ) EmptyMer 4 Jan - 23:19

Il semblait très loin. Je regrette presque de l'avoir perturbé dans son dessin. Qui d'autre mieux que moi pouvait comprendre à quel point c'était difficile d'émerger de sa bulle quand on y était parfaitement installé. Tous ceux qui interrompent un dessinateur en pleine création devraient être punis parce que c'était presque un crime.

« Vous savez…le dessin ce n’est pas quelque chose qui s’apprend. C’est quelque chose qui se ressent. Un instinct…qui vient de là. »

A cet instant là, j'aurais pu l'embrasser ou même l'épouser, tellement j'adhérais à cette belle phrase qu'il venait de sortir. Rare, très rares étaient les personnes qui pouvaient comprendre ce qu'il venait de dire. Pour ceux qui n'en connaissaient rien, le dessin était comme une sorte de magie que les autres faisaient. Ces gens-là s'extasient aussi bien devant un gribouillis de môme qu'un tableau de Picasso. Ils n'y savaient rien, se contentaient juste de regarder en souriant bêtement. Pour les autres qui savaient dessiner, beaucoup considéraient cela comme un don du ciel, un passe-temps sans plus. Ils se contentaient juste de gribouiller ici et là, selon l'inspiration ou l'impulsion. Ils ne cherchaient pas loin, se contentaient de faire ce qui passent dans leurs cervelles de moineau. Pour la petite partie qui reste, le dessin était comme une part d'eux-mêmes et c'est ça qui faisait toute la différence. On le ressent dans le cœur, on le ressent dans les tripes. On peut rester des heures sans boire ni manger à essayer de pondre le dessin parfait, comme il devrait l'être. Jay était comme moi quand il parlait art et plus le temps passe, plus cet inconnu m'intéressait de plus en plus.

Enfin... m'intéressait encore il y a une minute. Parce qu'après il commença à répondre à sa deuxième question et je regretta sincèrement de l'avoir posé maintenant. C'était évident pourtant. Un homme qui mettait autant de passion à dessiner une femme, soit c'était une sœur, sa mère ou, et il de plus fortes chances, l'amour de sa vie. Beurk, j'ai envie de dire. J'aurais dû le deviner. Première braise allumée dans un cœur jeune et vierge, c'est qu'il est poétique le mec. Et puis ouesh, je me souvenais  du premier regard qui m'avait fait chavirer comme il dit mais non quoi, j'ai pas envie de m'en souvenir. Et je n'ai pas non plus envie d'en parler, encore moins à un inconnu qu'il y a encore trente min je traitais de bouffon. C'est un souvenir, un lointain souvenir que j'ai mis beaucoup de temps à effacer. Et il était hors de question de remettre tout ça sur le tapis. Pourquoi es-ce que le monde entier parle toujours d'amour et de sentiments ? j'ai envie de lui demander. Les gens étaient complètements barjots à continuer de croire en ce genre de choses stupides. J'essaie de trouver une bonne réplique à lui sortir sur le sujet mais je remarque qu'il est déjà reparti. Il est à mille lieux de là, totalement perdu dans ses pensées. Sûrement en train de repenser à son histoire avec cette indienne qui devait être très belle. Je suis pas curieuse d'habitude mais j'aurais bien aimé savoir ce qu'il y avait eu entre eux et surtout pourquoi ça avait mal fini.

Parce que pas besoin d'être devin pour savoir que ça a mal fini. Rien qu'à le voir se souvenir, son visage était très expressif. La souffrance qui se lisait dans son regard perdu était très vive, presque empathique. Je l'ai considéré comme un moins que rien au départ, puis comme un artiste très talentueux, mais là... là je me rends compte que c'est un être humain à part entière qui a un passé, une histoire. Une histoire que je n'ai aucune envie de connaître, en fait.

« Bah, je suis désolée pour vous, Jay. J'espère que l'art vous aidera à vous en défaire, comme vous dites. »

Je ne pense pas du tout ce que je dis, je le dis beaucoup plus par politesse que par réel intérêt. Je déteste l'amour. Je ne parle pas d'amour, je parle pas de sentiments ni de tous les dramas liés à ces histoires. C'est pas mon truc.

« En tout cas, vous êtes très talentueux. J'ai été ravie de vous avoir connu. »

Ça par contre c'était vrai, il était très talentueux. M'enfin bref, ça me suffisait. Je retourne donc m'asseoir, reprend mon calepin et décide de me mettre à un autre dessin: le portrait de Jay. Il m'aura marqué pour les quelques instants que j'ai passé avec lui et je dessine toujours les choses qui ont, à un moment ou à un autre, marqué ma vie. Mais c'était tout. Il était trop sentimentaliste et avait apparemment un trop lourd passé pour que je m'intéresse à lui. Je voulais qu'il s'en aille maintenant. Qu'il parte.
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MessageSujet: Re: Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh )   Hey ! Tu regardes quoi, bouffon ? (Sparkles et Jaysukh ) EmptyJeu 5 Jan - 16:39


Jay leva la tête vers la jeune femme, revenu brusquement à la réalité. Non il n’était pas le petit garçon de jadis. Non, il n’était plus en Inde, avec ses traditions et ses femmes soumises. Il était loin, dans une autre vie, une autre peau. Et en compagnie d’une femme qu’il ne pouvait délaisser en lui préférant un simple souvenir. Elle s’était rassise, le nez de nouveau plongé dans son calepin. Dans ses yeux, Jay entrevit un bref instant la sensation d’avoir été blessée. Comme si leurs regards communiquaient une douleur qu’ils avaient tout deux connus. Elle de manière mortelle, et lui de manière à tuer son innocence. Ses cheveux colorés masquaient son visage et tombaient en cascade sur son épaule. A quoi pensait-elle ?

Vous êtes très talentueux, lui avait-elle dit. Il sourit. Elle s’était de nouveau isolée, ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles. La musique avait quelque chose d’inspirant, de porteur. Il se souvenait avoir passé des heures devant les échoppes de Calcutta à esquisser des dessins sur de vieux bouts de carton, accompagné par les musiques crachotes par de vieilles radio d’auto. Il aimait la musique autant que le dessin, l’un ne pouvait vivre sans l’autre. Du revers de la main, il essuya le sable pour le rendre de nouveau lisse, réduisant la mémoire de Shavana au silence. Puis, il se mit à esquisser un nouveau portrait, différent. Il jetait de temps en temps un oeil vers la jeune femme qu’il dessinait. Il la représenta debout, les cheveux au vent et le regard songeur. Elle portait une fleur dans les cheveux et une robe d’un blanc immaculé dont la ceinture dorée suivait le mouvement du vent.

Elle était tellement captivée par son travail qu’elle ne fit pas attention à lui, et c’est tout naturellement qu’il termina son oeuvre. Pour la parachever, il tâtonna autour de lui pour ramasser de minuscules coquillages dont il cercla sa taille pour rajouter des motifs à la ceinture. Puis, il se leva, étirant ses longs bras au dessus de sa tête comme pour toucher le ciel. Il poussa un soupir de soulagement et contempla son travail d’en haut. Il avait bien progressé le gamin qui dessinait jadis avec des bouts de charbon. Près du portrait, il traça quelques mots dans le sable de son écriture rapprochée et s’avança vers la mer, la laissant derrière lui à son occupation. Il prit son élan et jeta la branche dans l’eau, le plus loin possible. Puis, il jeta ses chaussures vernies dans le sable et couru, pieds nus, dans l’eau.

Sur le sable était écrit : « J’aimerais vous revoir »
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