eyes on fire (léo+aaron)

Leo ne connaissait pas vraiment Carstairs, en dehors de ce qu'il lisait dans la presse et de ce qu'Enzo lui avait confié sur le brun. C'était d'ailleurs étonnant que le secrétaire de l'homme sur qui il fantasmait se confiait à lui. Il n'avait même pas besoin de demander que déjà, il lui racontait quand une situation rocambolesque arrivait au patron. Il connaissait le nom de la jeune femme qui apparaissait au côté du brun, lors des apparitions publiques. Eliza ! C'était la seule chose qu'il savait et Leo détestait cette femme ou plutôt la jalousait. Qu'avait-elle de plus que lui ? La question était évidente. Une poitrine et un sexe différent de lui... La vie était cruelle mais il l'acceptait. Il pouvait toujours se délecter du brun et laisser son imagination faire lors de ses longues soirées de célibataire.

Il répondit au question, machinalement. Se demandant si derrière ces questions ne se cachaient pas autre chose. Cette promotion, ce repas, ces questions... C'était beaucoup. Pensait-il qu'il était un espion pour un concurrent ? Il ne voyait que ça. Il voulait le mettre en confiance pour mieux le prendre en flagrant délit. Sauf qu'il faisait ça pour rien. Il n'était pas un espion ou une taupe. Mais comment le lui dire ? Il préférait attendre que le brun émette des doutes sur son intégrité pour se défendre plutôt que de prendre les devants et se ridiculiser... Fort heureusement, ils ne parlèrent plus de son cas pour la suite du déjeuner.

Lorsque celui-ci se termina, ils repartirent dans la bentley et de nouveau le silence s'installa. Un silence presque oppressant. Et la question de son patron vînt le fendre tel un couteau. « Bien sûr ! J'aimerais faire le tour du monde ! J'aimerais rencontré l'ho...Enfin, la personne avec qui je passerais le restant de ma vie ! Avoir des enfants ! » Il rougit, il avait changé la tournure de sa phrase au dernier moment. Parce qu'il ne voulait pas que le brun sache. Parce qu'il ne voulait pas qu'il le regarde bizarrement ou qu'il comprenne qu'il lui plaisait. Ça rendrait leur collaboration toute nouvelle, tendue et il ne voulait pas ça. « Et vous Aaron ? Avez vous encore des rêves ? » Parce qu'il paraissait tout avoir ou tout du moins, en avoir la possibilité... Une vie de rêve que Leo ne pourrait jamais goûter.

Son rêve actuellement ? Etre dans les bras de cet homme. C'était idiot mais ça portait bien son nom, ce n'était qu'un rêve. Peut-être que cette lubie lui passerait après quelques semaines à le côtoyer. A force de le voir avec cette Eliza, il finirait par se faire une raison et porterait son attention sur quelqu'un d'autre. Leo avait toujours été discret sur sa vie personnelle. Tout ceci ne concernait que lui et personne d'autres. Il ne criait pas à tout le monde qu'il aimait les hommes parce qu'il n'aimait tout simplement pas attiré l'attention des autres. Travailler et vivre dans l'ombre lui convenait. Il n'avait pas besoin de plus pour le moment... La réponse de Carstairs le plongea dans un profond silence. Il ne comprenait pas cette réponse. N'était-il pas heureux ? Il avait une femme magnifique à ses côtés, il était à la tête d'une multinationale qui marchait, il aurait sûrement des enfants magnifiques... Qui serait malheureux ? Mais après tout, il ne connaissait pas toute la vie d'Aaron, juste ce que les journaux voulaient bien dévoiler.

En le regardant s'éloigner, il chercha à savoir ce qui n'allait pas chez lui. Il semblait en pleine forme. Pas d'ennuis de santé. Le rejoignant, il le quitta à son bureau, hochant la tête quand il le remercia. C'était plutôt à lui de le remercier... Mais encore une fois, il se tût. Ne pas faire de vagues dés le premier jour. Ils apprendraient à se connaître au fur et à mesure, tout du moins, il l'espérait. Se plongeant dans les dossiers, il fût surpris quand Enzo lui apporta un paquet. Des affaires neuves, un costume à sa taille, des chaussures qui devaient lui couter deux mois de loyer... Lorsqu'il lut le mot, il comprit. Aaron. Mais pourquoi ? Se dirigeant vers son bureau, il fût arrêté par Enzo qui lui indiqua que Carstairs ne voulait pas être dérangé. « Je dois lui parler ! » pressa Leo et Enzo secoua la tête, refusant. De force, il passa le rempart Enzo et entra sans frapper. « Désolé de cette intrusion ! n'en voulez pas à Enzo, mais il faut qu'on parle... » Il avait le costume dans une main et les chaussures dans l'autre... « Je ne comprends pas pourquoi vous m'offrez tout ça ? Je... Est-ce que c'est un piège ? Est-ce que vous essayer de m'amadouer ? Si oui, pourquoi ? Je ne travaille pas pour la concurrence, je ne suis pas un espion... » déclara-t-il d'une traite tout en gesticulant devant Aaron. Tant pis, s'il perdait sa promotion mais il ne pouvait pas rester dans l'ignorance.

Là, c'en était trop ! Il n'allait pas laisser la situation s'envenimer pour rien. Tout ceci était bien trop louche et le regard de ses collègues suffisaient à lui donner raison. Il ne pouvait accepter tout ça. Si Aaron voulait des réponses, il allait devoir les lui demander, en face à face. Et ce n'était pas Enzo qui allait l'en empêcher. Il appréciait beaucoup Enzo et c'est pourquoi il précisa qu'il ne fallait pas que Carstairs lui en tienne rigueur. S'il voulait se défouler, qu'il se défoule sur lui. Ses affaires à la main, il partit dans un long monologue, fait de suppositions tout droit sortie de son imagination. Le comportement de Carstairs n'était pas normal et lorsqu'il se redressa, Leo frémit. Il était imposant, le genre d'hommes qu'on aimerait avoir à ses côtés quand on traversait des ruelles sombres à pas d'heures. Il s'était assis durant son monologue et suivit du regard son interlocuteur. Allait-il avoir des réponses ? Il l'espérait...

Sa réponse n'en fût rien. Au contraire ça ne fit que croître sa confusion. Il le troublait ? Mais en quoi ? Est-ce qu'il lui faisait penser à quelqu'un ? Il aimerait tellement que ce soit autre chose, qu'il lui plaise... Mais si c'était le cas, il l'aurait déjà embrassé, non ? Dans cette voiture, à l'abri des autres... Non, c'était autre chose. Peut-être quelqu'un qu'il avait perdu ? Ouvrant la bouche, Aaron le devança. Continuant ses explications. Attrapant le verre, il le regarda avant de l'avaler cul sec. Il avait besoin de ça. Grimaçant, il voulut en demander plus. « Mais quand ? » demanda-t-il dans un souffle mais le brun ne répondit pas. Il lui conseilla de rentrer, pour voir sa copine. Quelle copine ? Il n'avait personne ! Célibataire jusqu'au bout des ongles. Se relevant, il observa le brun avant de secouer la tête et se diriger vers la sortie. « Pour votre information, il n'y a personne dans ma vie ! Pas de femme ! Je suis célibataire ! » Et gay, et terriblement attiré par vous. Pitiez, embrassez moi, faites moi l'amour... Mais non, il referma la porte derrière lui et alla chercher le reste de ses affaires avant de partir. Il avait besoin de digérer cette journée de dingue.

Il ne savait pas s'il devait être vexé que le brun puisse lui dire qu'il ne pourrait pas comprendre les raisons de son étrange comportement. Comment pouvait-il souffler le chaud et le froid de la sorte ? Il lui offrait des choses de valeurs et ensuite, il insultait son intelligence ? A quoi ça rimait ce petit jeu ? En d'autres circonstances, il aurait essayé de pousser plus loin mais c'était son patron. Son hétérosexuel de patron qui ne le verrait jamais avec d'autres yeux que ceux d'un patron envers son employé. Alors, il partit, ne pouvant s'empêcher de rectifier les dires de ce dernier. Il était seul, célibataire. Après tout, il voulait savoir qui il était non ? Alors, il savait. Quand il croisa Enzo, ce dernier leva le bras dans sa direction mais Leo secoua la tête et s'enfuit presque en courant dans son bureau. En ramassant ses affaires, il réprima une envie de pleurer. Il avait envie de pleurer de frustration. En entrant dans l'ascenseur, il réprima ses larmes en croisant des collègues. Ces derniers le félicitèrent pour sa promotion. S'ils savaient...

Il ne traîna pas dans les rues et préféra se rendre directement chez lui. Le réconfort de Vador lui fit du bien et il ne mit le nez dehors que pour qu'il aille faire ses besoins. Il commençait à faire très froid en cette période de l'année. Il alluma le chauffage en arrivant. Son appartement était modeste mais lui convenait. Peu de décoration, mais le nécessaire. Il servit à manger à son chien quand quelqu'un frappa. Est-ce que son voisin était encore trop bourré pour se rendre compte qu'il frappait à la mauvaise porte ? La dernière fois, il avait été violent et Leo hésitait à ouvrir. Cependant, après quelques secondes, il s'y résigna. Après tout, il n'avait tapé qu'une fois, ce n'était donc pas son voisin. Lorsqu'il ouvrit, il s'arrêta net. Carstairs. Que faisait-il là ? Comment savait-il que... ? « Aaron ? Je... Oui, entrez ! » Il s'écarta et Vador s'approcha de son patron, reniflant en battant de la queue. « Que venez-vous faire là ? » demanda-t-il, en se passant une main derrière la nuque. Il était en tee-shirt et en short. Sa tenue pour dormir. Il avait un peu honte de recevoir son patron dans son petit appartement. Il était sûr que la chambre de Carstairs était plus grande que son appartement en entier...

Retrouver son patron à sa porte, ce n'était jamais une bonne chose, surtout après une telle journée. Léo avait l'impression d'avoir été dans des montagnes russes, naviguant entre joie et anxiété. Et leur dernière entrevue ne s'était pas très bien passé... Etait-il ici pour le virer cette fois-ci ? Ou pour lui annoncer qu'il n'avait pas la promotion ? Si c'était le cas, il comprendrait et c'était peut-être mieux comme ça. Plus il serait éloigné de lui, mieux ce serait. Il devait grandir et arrêter de tomber dans des relations impossibles... Il le regarda jouer avec Vador, ce dernier bien trop heureux d'avoir un nouvel ami pour jouer un peu avec lui. « Grand fan ! Je n'ai pas pu résister à l'envie de l'appeler comme ça ! » répondit-il avec un sourire. Sourire qu'il perdit quand il demanda de nouveau quelles étaient les raisons de sa venue... Pas besoin de lui demander comment il savait qu'il vivait là... Un simple regard dans son dossier et le tour était joué.

Le regardant s'excuser de nouveau, il hocha la tête. Si c'était pour ça, il n'avait pas besoin de se déplacer. « Ce n'est rien ! Ce n'est pas que je n'apprécie pas le geste mais je ne saisies pas la motivation... » dit-il avec franchise. Il le regarda dans les yeux, alors qu'il réitéra sa phrase. Il le troublait... Cette phrase voulait tout dire et ne rien dire à la fois. Perplexe, il le laissa continuer et hocha la tête quand il lui demanda l'autorisation pour se montrer indiscret.
Et le brun faillit s'étouffer. Ecarquillant les yeux, il avait du mal à croire que Carstairs venait de lui demander ça ? Pourquoi ? Comment savait-il que... ? Alors, c'était pour ça qu'il... ? Il vit le brun se lever d'un bond et se diriger vers la porte. Que faisait-il ? Se lançant à sa poursuite, il l'arrêta. Rougissant, il baissa la tête. « Je... Qui vous a dit que j'étais gay ? » Il ne niait pas mais n'affirmait pas. Il répondait par une question, pour garder un peu de flou. Parce que c'était sûrement la raison de son comportement. Avait-il remarqué l'attraction de Leo à son égard et il ne savait pas comment le repousser en douceur ?

Il secoua la tête. « Je vous assure que ça ne serait pas un problème ! I n'y aurait pas de répercussions sur votre entreprise... Mais si c'est ce qui vous inquiétais, il n'y avait pas besoin de prendre de gants. Je ne vous aurais pas traité d'homophobes... Je sais que l'image est important pour une boîte, je travaille dans le marketing... » Il était persuadé d'avoir tapé juste, que tout ceci n'avait rien à voir avec une quelconque attirance du brun à son sujet. Il voulait se montrer terre à terre et le fait qu'un pdg aussi sexy puisse vouloir être avec un employé lambda comme lui, ce n'était pas être raisonnable...