I'll fly back to you, as fast as I can ~ Lyhley

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Lyhla leva les yeux vers Ainsley, un air goguenard sur les traits. Elle paraissait insensible à ses arguments. Elle l'était. « Tu me prends pour qui ? Je ne suis pas stupide. Quand bien même je préférerais mourir en service, histoire de servir à quelque chose, je ne vais pas le faire et je vais me résigner à mon sort pitoyable. Je donne ma démission demain, si tu veux savoir. Donc, tu ne m'auras pas sur ce coup-là, chérie. » Cette fois-ci, elle l'avait prononcé en français. Les consonances amères de l'anglais avaient disparu, remplacées par une douceur presque paradoxale.

Prenant le verre des mains d'Ainsley, et le finissant d'une traite, Lyhla s'appuya en face de son ex-femme. Elle agita ensuite le verre, un sourire sardonique aux lèvres. « Et tu as raison. Je suis la seule responsable de cette santé de merde, alors je ne vois pas pourquoi tu t'en mêlerais. Ma santé, ma responsabilité. Laisse-moi m'occuper de ma vie, comme je te l'ai déjà dit, parce que c'est ma vie. » Elle versa de nouveau du vin dans le verre, et le poussa vers Ainsley. L'air de dire « à toi la parole ». Lyhla avait l'impression d'être dans un jeu d'échecs, chacune avançant ses pions dans l'espoir de remporter la partie. Sauf que la partie en jeu avait pour objet sa vie, et qu'elle était déterminée à, justement, avoir le droit d'en disposer. Droit inaliénable, n'est-ce pas ?

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« (...) Je donne ma démission demain, si tu veux savoir. Donc, tu ne m'auras pas sur ce coup-là, chérie. » « Bon sang, ce que tu peux être immature. » Soufflais-je, au bord de l'implosion. Je détournais la tête, ne supportant plus de voir cet air moqueur animer ses traits. Je me laissais donc dérober mon verre, pendant qu'elle reprenait la parole. « Et tu as raison. Je suis la seule responsable de cette santé de merde, alors je ne vois pas pourquoi tu t'en mêlerais. Ma santé, ma responsabilité. Laisse-moi m'occuper de ma vie, comme je te l'ai déjà dit, parce que c'est ma vie. » J'arquais un sourcil en observant son manège et détournais mon attention du verre ; ce jeu de pouvoir n'avait que trop duré.

« Tu as entièrement raison. » Dis-je finalement, après quelques minutes de silence, haussant les épaules. « Je n'ai aucun droit sur ta vie. Je vais faire mes valises. » Ajoutais-je, le plus simplement du monde, sans l'ombre d'un sentiment apparent. Epuisée, à bout de souffle, j'abdiquais. « Je n'en peux plus, Lyhla »,Ton nom résonne en moi comme un murmure qui ne saurait s'éteindre, « j'en ai assez de me chamailler avec toi. » Il y a tant de choses que j'aurais aimé te dire. Je ne cesserai jamais de t'aimer, Lyhla. Mais je ne parviendrai jamais à te pardonner... « C'est assez mince mais, je suis à court de mots. J'en ai assez de discourir avec toi, j'ai l'impression de brasser du vent. Tu veux être seule, très bien. Mais à la vérité, je pense que tu ne veux surtout pas de moi mais ça ne fait rien. » Serait-ce une pointe d'amertume, de jalousie ? « Peut-être que tu trouveras chaussure à ton pied au... Rainbow Bimbo. » Grimaçant, je pivotais dans la direction opposée. Etait-ce de la jalousie ?

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Lyhla resta figée, pétrifiée. Les yeux fixés dans le flot rubis du vin, elle laissa Ainsley s'éloigner, atteindre presque l'amorce du couloir, avant de pouvoir réagir. « Ainsley. » l'appela-t-elle, doucement, mais la faisant s'arrêter. Fort heureusement, parce qu'elle ne lui aurait pas couru après. « J'en ai marre aussi. Je ne sais pas ce que tu veux, et ça me tue aussi sûrement que la tachycardie. Je pense que tu projettes sur moi ce que tu aimerais qu'il arrive. Tu aimerais que je te repousse, parce que ça résoudrait tous tes problèmes. Mais je ne peux pas. Je te l'ai déjà dit. Je t'aime encore. Et pourtant, je sais pertinemment que je t'ai perdue depuis longtemps. Mais, parce que je t'aime, je m'accroche à l'espoir qu'on puisse être de nouveau... quelque chose. Le pire, c'est que par moments tu agis comme si ça pouvait être le cas. Ensuite, comme maintenant, tu me repousses et ça me brise. Tu t'en rends compte ? J'en doute. Alors va-t'en, très bien. Tu as raison. Pars, loin de moi. Oublie-moi, si tu peux. » Lyhla s'arrêta un instant, la gorge serrée, pleurant pour de bon.

« Je n'ai jamais voulu te faire souffrir, Ainsley. » Sa voix s'était brisée sur les derniers mots, et elle baissa la tête. Peut-être qu'elle a raison. Peut-être que tu ne veux pas d'elle. Parce que, justement, tu ne veux pas la faire souffrir. Et pourtant, qu'est-ce que j'aimerais qu'elle reste, qu'elle s'occupe de moi. Ce serait si bien. J'en serais si heureuse. Mais non. Ni elle, ni toi, n'êtes prêtes à cela. Vous ne le voulez pas. Et c'est tant mieux. Lyhla releva lentement les yeux, apercevant le présentoir à couteaux sur le plan de travail, à côté de l'évier, de l'autre côté du bar. Ce n'est pas la première fois que je pense au suicide. C'est peut-être le bon moment, ce soir. Si elle part... Quand elle partira...

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« Ainsley. » Quelque chose en moi se déchire ; ça résonne en moi comme une supplique. Mon nom est une élégie, il vibre comme une plainte. « Je t'aime encore (…) » « Comment ? » Bredouillais-je en pivotant dans sa direction. « Je pense que tu te trompes. Ca fait quatre ans, Lyhla… tu ne sais pas ce que tu dis. » C’était bien plus facile de croire qu’elle se fourvoyait, c’était peut-être finalement ce que je croyais. « Je ne pourrais jamais t’oublier. » « Je n'ai jamais voulu te faire souffrir, Ainsley. » Quelque chose en moi se brise. Et Ian ? Que fait-on de Ian ? Pourtant, ses larmes me font renoncer à l'envie de la fustiger tant elles me brisent le coeur et je me sens enjamber la pièce dans sa direction, à grandes foulées, telle une spectatrice.

« Tu ne dois pas renoncer. Tu ne dois pas baisser les bras. Tu ne peux pas mourir. » Dis-je, sentant mes yeux se couvrir d'un voile nouveau, léger et humide. Il ne me semblait pas avoir éprouvé cette sensation depuis au moins le divorce - bien que Lyhla n'en ait jamais eu connaissance. Pour autant, cette buée ne s'accompagna pas de larmes tant l'amertume vint remplacer la tristesse dans ma voix. « Tu dois te battre. Tu me dois bien ça. Pour Ian. » Finalement, je sentis perler aux quatre coins de mes yeux quelques larmes silencieuses et sournoises. « J'ai quelque chose pour toi. » Dis-je avec tant de fermeté que je m'arrêtais un instant, hésitante. Puis, je me dirigeais vers le bureau dans le plus grand des silences, revenant sur mes pas, déposant une liasse de documents sur la table, ainsi qu'un stylo. « Tu m'aimes encore, n'est-ce pas ? Tu veux qu'on soit ensemble, pas vrai ? » Dis-je, la mâchoire serrée. « Tu vas me signer ce contrat de mariage. Dès lors, tu seras couverte par mon assurance. » Et plus l'assurance du commissariat qui ne répond absolument pas à tes besoins. « Tu veux qu'on se redonne une chance ? J'ai besoin que tu me signes ces papiers, j'ai besoin que tu m'assures que tu ne vas pas renoncer. J'ai besoin que tu vives. Tu me dois bien ça. Pour Ian. » Je venais de jeter ma dernière carte sur la table ainsi que mon joker. Je n'avais plus aucune carte dans la manche. Si Ian ne parvenait pas à la faire changer d'avis, personne ne le pourrait. « Lyhla... » Je t'aime à en mourir.

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Voûtée au-dessus de ses mains jointes et des larmes constellant le plan de travail, Lyhla écouta sans l'entendre Ainsley. Elle se sentait si lointaine, si extérieure à tout cela. Elle n'y croyait plus, elle n'avait plus d'espoir. Plus d'envie. « Tu vas me signer ce contrat de mariage. » Lyhla redressa la tête, les yeux écarquillés de stupeur. Son cœur battit à tire d'ailes, dérailla, et s'envola... « Dès lors, tu seras couverte par mon assurance. » … et s'abattit de nouveau sur le sol, fêlé, mutilé de toutes parts. Lyhla regarda les papiers et le stylo, sans bouger. Enfin, sa mâchoire se contracta un instant, et ses traits s'attristèrent. Donc ce n'est que ça, pour toi, maintenant ? Rien qu'une aide financière ?

Si tu savais, Ainsley. Si tu savais à quel point j'aimerais que tu ne fasses pas ça pour t'assurer que je n'aurais pas de problèmes d'argent. Si tu savais à quel point j'aimerais que tu ne fasses pas ça pour pouvoir te charger de moi. Ainsley, oui, bien sûr, évidemment que je veux t'épouser à nouveau. Mais pas comme ça. Pas... comme ça.

Tu veux que je vive, mais tu invoques un mort. Je sais, Ainsley, à quel point tu souffres. Je le sais, parce que chaque jour, je le revois, je me rappelle... tout. J'ai juste fini par m'habituer à la souffrance. Après tout, j'ai l'impression que j'ai toujours vécu avec. Qu'il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas... Et je voulais y échapper... Je veux y échapper... Ian... ? « Qui te dit que je ne veux pas le rejoindre ? » Sa voix, si grave, si sépulcrale, la surprit. Lyhla cilla et tressaillit violemment. Ce n'est pas la bonne raison que tu me donnes, Ainsley. Ne me dis pas que je dois vivre pour Ian, parce que je n'ai qu'une envie, depuis quatre ans, c'est de le rejoindre. J'ai essayé de me dire qu'il voudrait que je vive, mais ce n'est qu'un enfant, Ainsley. Il est loin de toutes ces préoccupations si puériles. La vie, la mort, il n'en avait pas conscience. Il ne comprendrait pas. Il ne me dirait pas de vivre, parce qu'il ne sait pas ce que ça veut dire.

« Dis-moi que ce n'est pas juste une préoccupation financière. Que tu ne fais pas ça juste pour que je sois à ta charge, juste pour que tu reprennes les rênes. Ne me dis pas... » Ses yeux bleus, semblables à ceux de leur fils, pleins d'une innocence candide dévastatrice, vinrent s'ancrer dans ceux d'Ainsley. Elle s'arrêta, inspira en tremblant, puis, dans un souffle : « Dis-moi que tu m'aimes. » Toi seule peut le transformer en raison de vivre. Vous serez ma raison de vivre. Tu seras ma raison de vivre.

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« Qui te dit que je ne veux pas le rejoindre ? » « Ne dis pas ça, Lyhla. » Répondis-je d'un ton sec, coupant court à la conversation, non pas parce que je n'éprouvais aucune émotion mais parce que la réalité venait de me frapper en plein visage. Je me sentis secouée d'un grand spasme, semblable à un frisson ; de ceux qui vous broient l'échine. Était-ce un appel à l'aide ? Tout à coup, l'éventualité de perdre Lyhla - qui était jusqu'à présent, très abstraite, pris forme dans mon esprit.

« Dis-moi que ce n'est pas juste une préoccupation financière. Que tu ne fais pas ça juste pour que je sois à ta charge, juste pour que tu reprennes les rênes. Ne me dis pas... Dis-moi que tu m'aimes. » Ce fut à ce moment précis que nos regards se croisèrent enfin, s'accrochant si désespérément, s'ancrant si profondément dans celui de l'autre que je me sentis à nouveau chavirer. Ce fut donc avec une facilité inouïe que je cédais, me perdant dans la candeur de ses grands yeux bleus. « Tu sais très bien ce que j'éprouve pour toi... » Dis-je soudainement, agitant les bras en l'air, comme s'il s'agissait d'une évidence. « J'ai besoin que tu signes ces papiers, Lyhla. Prouves-moi que tu ne renonceras pas. »

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« Tu sais très bien ce que j'éprouve pour toi... » Et elle gesticula, ridiculement. Lyhla l'observa sans ciller, le regard vide, l'air lointain. Sans rien dire, elle reporta son attention sur les papiers, et tendit lentement la main. Elle savait qu'elle les signerait au moment où elle les avait vus. Et, effectivement, elle les signa, apposant sa signature avec une fermeté devenue rare chez elle. La femme resta à contempler le contrat quelques instants, puis se dirigea vers Ainsley. Son poing se referma sur la tunique de celle-ci, et Lyhla se blottit contre elle, sa tête au creux de son cou. Elle frémissait imperceptiblement, encore ébahie de ce qui venait d'arriver. Mais un doute subsistait en elle. Elle ne savait pas si Ainsley l'aimait encore. Elle ne le lui avait pas explicitement dit, et Lyhla avait l'habitude que ce qui soit dit, soit clair, soit vrai. Elle n'était sûre de rien alors. Mais sa nouvelle demande en mariage, pour l'aider, était peut-être en soi une preuve d'amour. Lyhla ferma les yeux, décidant d'arrêter de se tracasser. Ainsley finirait bien par laisser échapper la vérité. Quelle qu'elle soit. « Je t'aime aussi. »

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Suivant chacun de ses gestes, je la vis tendre la main un instant, comme suspendue dans les airs, m’attendant à ce qu’elle ne retombe soudainement comme un couperet, presque fatalement. Pourtant, saisissant le contrat, je la vis signer, avec une assurance folle, déterminé, comme s’il s’agissait d’une promesse intangible, celle de vivre. Ce fut la réponse que j’attendais. Aussitôt, je m’autorisais à respirer, bruyamment, comme si elle m’avait redonné vie à moi aussi.

Je ne sentis qu’à peine sa poigne m’attirer contre elle, alors qu’elle déposait la tête dans le creux de mon épaule dont elle épousait parfaitement la forme, le cœur au bord des lèvres. Ses derniers mots furent comme une délivrance, provoquant en moi un tourbillon d’émotions que je croyais éteintes. Aussi, je déposais maladroitement mes bras le long de sa taille, déposant ma joue contre ses cheveux.

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Lyhla ferma les yeux de délice en sentant la chaleur d'Ainsley l'entourer. Elle appréciait la sensation de ses bras dans son dos, de son épaule contre sa joue, de sa joue dans ses cheveux. Elle se sentait réellement à sa place, comme si elle avait retrouvé non seulement sa raison de vivre mais sa vie. Elle se sentait réellement bien, réellement à l'aise. La femme releva légèrement la tête pour embrasser Ainsley sur la joue, remontant sa main jusqu'à son autre joue, la caressant tendrement. Son corps réagissait à sa présence. Son cœur battait plus vite, plus fort. Son esprit était plus lucide, plus vif. Son souffle était plus haletant, plus saccadé. Ses pupilles plus sombres, plus dilatées. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait, si elle était... excitée ou... autre chose. Elle s'en fichait. Elle était dans les bras d'Ainsley, de sa femme-ex-femme-future femme, et elle était bien. Si son cœur battait plus vite, c'était normal... non ?

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Nous ne fîmes pas long feu, nous dirigeant de concert dans la chambre conjugale, comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle qui soit. Perdue entre la réalité et le fantasme, je sombrais rapidement dans un sommeil sans rêves, la tête de Lyhla dans le creux de mon épaule, son coeur contre le mien. Demain serait un autre jour.

» Call, cry, kiss ~ Lyhley
» Will you, one day, give me another chance ? ~ Lyhley
» Holy cr*p... ! ~ Lyhley ~
» Hell ? No way. ~ Lyhley ~
» you'd say don't you cry, it's all gonna be alright - lyhley