to the gypsy that remains faces freedom with a little fear ft. hazelia

C'est amusant, il n'y a que des femmes ici. Puis, je compris. Oh. Avait-elle réellement osé m'emmener dans un bar lesbien ? Je me sentis rougir jusque la racine de mes cheveux, tandis qu'elle me présentait ce lieu, tentant de me rassurer en m'offrant un verre. Je pris de longues inspirations en prenant soin d'éviter son regard, mon attention se portant sur les différentes affichettes affirmant l'identité du bar. Bien que je n'avais rien contre l'homosexualité en elle-même, j'éprouvais une gêne certaine à la vue des couples de même sexe, ne considérant pas tout à fait cela comme « normal ». Pourtant, je décidais de prendre sur moi ; Ezelia était quand même mon futur employeur !

« Vous - tu, as de très beaux tatouages. » Dis-je contre toute attente, penchant légèrement le menton sur le côté, soudainement absorbée par la contemplation des dessins qui ornaient son bras. Ça avait un côté sexy. Je m'imaginais un instant parcourir ses tatouages du bout des doigts. Je me demandais bien si elle en cachait d'autres...

Je ne remarquais même pas le petit jeu auquel s'adonnait Ezelia et la barmaid tant mon regard n'osait se poser nulle part, tant je m'efforçais de paraître la plus naturelle possible dans un environnement qui m'était totalement inconnu, en plus de me rendre mal à l'aise. « J'en ai aussi dans le dos. Et non, il n'y a pas d'histoire autour. C'est habituellement la première question que pose les gens... Ils sont juste faits par plaisir. » « J'ai toujours voulu en avoir un. Mais je n'ai jamais osé franchir le cap. » Dis-je tout naturellement lorsque nous fûmes interrompues par l'arrivée de nos verres. « Merci. » Fis-je timidement lorsque je croisais le regard de la serveuse. Clignant des yeux, quelque peu ahurie par tant d'attention, j'attendis qu'elle tourne les talons avant de murmurer. « Désolée, s'excusa-t-elle, Elle... On... C'est... Bref, désolée. » « Ce n'est rien. Je suis... plutôt flattée. Tu la connais ? » Dis-je en haussant faussement les épaules, attrapant mon verre dans la foulée pour me donner un air détaché, sirotant rapidement l'alcool en oubliant par la même occasion qu'il me montait rapidement à la tête.

« Je vois. » Dis-je en hochant la tête, un peu plus longuement que nécessaire, ne sachant pas vraiment quoi répondre à cela. Quelque part, cela ne faisait que la rendre plus humaine. A contrario, elle n’en était que plus intimidante, de par le fait que je lui prêtais déjà d’innombrables conquêtes. C’était un peu sexiste de ma part, de ne réduire ces idées qu’aux hommes : après tout, cela n’avait rien d’étonnant dans ce métier, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes. Aussi, je me promis de rester loin de ces histoires afin de ne pas être réduite qu’à un simple nom sur un tableau de chasse.

« Rappelle-moi qui est ton manager ? » « C’est pas vrai. » Dis-je en saisissant derechef mon smartphone d’où pointaient différentes notifications, suivies d’une flopée de messages. « Excuse-moi, c’est important. » Fis-je en m’adossant sur ma chaise, reposant mon verre avec raideur sur la table. « Bordel de merde… enfoiré… fils de… » Pour l’heure, je ne me souciais guère de l’image que je renvoyais, enivrée par les effets de l’alcool qui me désinhibaient peu à peu. « Ils ont l’air de jouer aux cartes pour toi ? » Aboyais-je en agitant mon téléphone sous le nez de la jeune de femme. Des photos volées et dévoilées par la presse révélaient au monde un jeune couple à moitié dénudé s’étirant sur un yacht.
De rage, j’envoyais de multiples messages au jeune homme en question, lui offrant mon plus beau langage fleuri, jetant le téléphone dans mon sac. Dans la foulée et telle une peste, je claquais des doigts pour que l’on m’apporte un seconde verre « beaucoup plus chargé, merci », qui fut rapidement déposé entre mes mains. « Bon. Ben… désolé pour ce cirque. Très honnêtement, j’ai bien envie de m’amuser aussi, je l’ai bien mérité, après tout ? » Lâchais-je avec une pointe de véhémence, oubliant qu’elle et moi ne nous connaissions qu’à peine et qu’il s’agissait en plus de cela, de mon futur employeur. Il faut dire que nous avions plus ou moins le même âge, ce qui faussait grandement le jeu. « Dis, tu ne connaîtrais pas un club sympa ? Je ne compte pas me la jouer solo ce soir. D’ailleurs, le premier beau mec qui passe… »

« Deuxième bon plan du jour ? Viens, je t'emmène. » « Et bien, je crois que je vais rester près de toi à l'avenir ! » M'exclamais-je en pouffant de rire, attrapant sa main en manquant de vaciller tant les effets de l'alcool commençaient à raidir mes membres. « Par contre, tu me laisses les jolies filles. » « On verra, pour l'instant, j'ai encore besoin de toi ! » Ce fut dans cette euphorie extrême que j'emboîtais le pas, n'ayant qu'une idée en tête : faire la fête.

Nous parvînmes rapidement au club, les mains entrelacées - les amies font cela, n'est-ce pas ?, nous insérant dans la foule pour entrer dans une salle aux propositions gigantesques, ornée de balconnets et de demi-étages ou se mélangeaient les fêtards déjà bien alcoolisés. « Au fait, et ton vol ? » « Ce sera un problème pour la moi de demain ! Allez, viens ! » Dis-je en l'entraînant vers la piste, desserrant nos doigts pour me jeter sur la piste, me déhanchant au rythme des basses, balançant mes longs cheveux blonds sur mes épaules, tandis que l'on se collait déjà à moi, ce qui eut don de m'amuser.

Ondulant au rythme des boom-boom lascifs, ces mains qui antérieurement m'avaient paru plutôt fortes et masculines, se changèrent soudainement pour laisser place à une légère caresse, beaucoup plus féminine. Ezelia se tenait derrière moi, dansant, s'enroulant et se déroulant autour de moi et ce fut pour la première fois de ma vie que je me senti à ma place, libre de toute convenance, libre d'être moi. Un léger sourire fendit mes lèvres tandis que mes paupières mi-closes se laissèrent aller à un sentiment de plénitude extraordinaire et je me sentis pivoter dans le sens inverse, déposant mes bras autour de son cou gracieux, plongeant mes deux prunelles bleutées dans les siennes...

« Tu sais que je suis hétérosexuelle, n'est-ce pas ? »Dis-je ou hurlais-je plutôt dans le brouhaha environnant, bien que je ne lâchais pas ma prise et que mes doigts parcouraient, inlassablement, naturellement en caressant avec une douceur extrême, le creux de son cou jusqu'à ses épaules... Je déposais un baiser sur ses joues, rougissant. « Je crois que ce contrat est la première étape d'une grande collaboration... »