Nice to meet you again - Matthew&Zoella

Le réveil sonne. Je me réveille en sursaut et éteins « fix you » de Coldplay, ma sonnerie d’alarme depuis 15 jours : je me promets de la changer ce soir, comme une bonne semaine maintenant – j’oublie toujours de le faire. Passant mes mains sur mon visage, je me lève de mon lit et fonce à la salle de bain pour me préparer. « Une autre journée à affronter »

En passant devant le frigo, je regarde le post-it. « Rappeler maman. RDV psy. » Je lève les yeux au ciel, et comme plusieurs jours maintenant, je continue ma route sans une once de culpabilité. Combien de temps cela fait-il qu’il est accroché au frigo ? Soupirante, je n’arrive même plus à m’en souvenir : je prends mon sac à main, met mes baskets et ferme la porte de mon appartement.

J’aime cette ville. J’aime mon logement. J’aime l’air pur qui se dégage du parc que je traverse chaque matin, et j’aime cette brise qui vient caresser mon visage et secouer mes cheveux. Je souris doucement en baissant les yeux : il est 7h, et le parc est vide comme à son habitude.

Je passe par le kiosque à journal où j’achète les 5 journaux concurrentiels : j’aime les potasser pour savoir ce qu’il s’y cache, et pour pouvoir m’imprégner de leurs écris. Après tout, c’est comme ça qu’on devient meilleur : si on connaît nos concurrents par cœur, on peut les avoir très facilement. Je souris, encore, et je franchis la porte de mon lieu de travail.

10h du matin, je décide de faire un break et prends les escaliers pour me rendre à la salle commune, là où je pourrais prendre mon thé. J’ai trouvé mon prochain sujet pour mon article, il sera bouclé dans la journée. J’insère ma pièce, et attends qu’il soit prêt. Regardant à travers la baie vitrée, je rêvasse.

Son téléphone se mit à vibrer et émit une légère sonnerie le prévenant, comme tous les matins, qu'il était l'heure de se lever. Matthew l'attrapa rapidement pour l'éteindre avant qu'il ne se mette à sonner plus fort. Alessandra était là tout près de lui, il se mit à sourire et embrassa son front et resta tout près d'elle un instant... Ses yeux se refermèrent lentement et il sursauta légèrement de peur de se rendormir. Il se leva délicatement et attrapa ses vêtements dans le noir pour aller à la salle de bain se préparer. La journée commençait normalement, c'était devenu une petite routine depuis quelques mois : se lever se préparer, prendre son petit-déjeuner sur la route du boulot.

Il était près de 10h, cela faisait bien trop longtemps qu'il travaillait sur son article, le sujet était complexe et Matthew voulait que le rendu soit parfait... Il travaillait dur tous les jours pour être toujours au top, rendre de bons articles, aller au fond des choses, poser les bonnes questions lors des interviews, mais ce matin-là, c'était comme s'il n'avait plus de jus... Peut-être, devrait-il faire une pause ?

Son assistante arriva justement à ce moment-là avec du courrier et une pile de différents journaux, ses préférés qui venaient du monde entier, mais aussi les concurrents qui eux étaient plutôt locaux. « Super, tu peux appeler mon rendez-vous de 17h pour lui rappeler qu'il doit apporter tout les documents cette fois-ci, parce que je ne peux rien écrire sans preuves, ici, on ne se contente pas de rapporter des ragots. Merci, oh et ne t'embête pas à aller me chercher un café, j'y vais, je dois faire une pause. » Il lui adressa un sourire à vrai dire, il n'aimait pas le café et n'avait jamais osé lui dire...

Il attrapa le journal italien, celui qu'il adorait lire quand il vivait à Rome, et se dirigea vers la salle de pause, en entrant dans la pièce, il remarqua une silhouette devant la machine, il avait vu la même la veille dans un bureau et avait pensé "on dirait Zoella" mais à ce moment-là, il était persuadé de s'être trompé, car après 11 ans, ce serait fou qu'ils se retrouvent dans le même journal.

Matthew s'approcha alors dans le but premier de se prendre une boisson à la machine, mais aussi de la voir de plus près en s'approchant, il vit alors le reflet de son visage dans la baie vitrée.. C'était bien elle. « Zo ?».

J’ai eu du mal à redescendre de ma planète. C’était tout moi ça, depuis quelques temps maintenant : si j’avais le malheur de laisser mes pensées s’échapper, je devenais transparente, invisible. J’ai secoué la tête lorsque le bip de la machine sonna, et dans un élan de courage, j’ai tendu la main pour attraper mon thé ; lorsqu’une voix –que je ne connaissais que trop bien- me barra le chemin. Ma main reste suspendue en l’air, alors que mes yeux s’écarquillèrent sur la machine à boisson : était-il possible que mon esprit me joue des tours ? J’ai lentement tourné la tête pour vérifier l’identité de la personne qui m’avait appelé par mon surnom.

« Mat. » Ce soupir, ce murmure me sortait droit du cœur ; et en voyant son visage devant le mien, mon corps se figea. Combien de chances avions-nous de nous voir ici ? Et combien de chances avions-nous de nous recroiser dans ce monde ? Si j’avais fait des études scientifiques, je vous aurais sûrement sortie une statistique à deux balles mais… Les chances étaient proches de 0. Et nous voilà, en face à face.

Le silence qui s’était installé après mon murmure était gênant ; il fallait vite que je trouve quelque chose à dire avant qu’il ne remarque mon malaise… Ou plutôt la douleur qui envahissait tout doucement la moindre parcelle de mon corps. Mais pourquoi l’avais-je plaqué ? Il était toujours aussi… Unique. Et beau. F*cking beau. « Ça alors... Je n’arrive pas à y croire. Ça fait longtemps que tu es ici ? »

Mes yeux se sont posés sur ses joues –joues que j’ai aimé embrasser- puis sur son cou –que j’ai aimé mordillé- et puis sur ses lèvres. Merde, pourquoi est-ce que j’ai toujours ces putains de sentiments ?

C'était elle, c'était bien elle... L'espace d'un instant, il ne savait plus quoi dire ni comment se comporter.. La dernière fois qu'ils s'étaient vus, ils n'étaient que des ados... C'était il y a 11 ans maintenant, des tas de choses avaient changés.

Il remarqua son malaise à elle... Donc apparemment elle non plus ne savait pas qu'il travaillait ici, ou alors elle n'avait pas envie de le voir... Il devrait demander une liste de tous les employés de ce journal ça pourrait peut-être lui être utile..

Bref, il lui attrapa son thé et le lui mit en main avant qu'elle ne renverse tout et il se mordilla la lèvre nerveusement avant d'introduire une pièce dans la machine pour s'acheter un chocolat... Tandis que Madame la machine le servait en faisant un bruit épouvantable Matthew adressa un sourire à Zoella.

Il ne lui en voulait plus depuis le temps... N'est-ce pas ? Même s'il en avait terriblement souffert à l'époque, il n'avait plus lieu de lui en vouloir, le passé était passé et il avait pu se reconstruire et retrouver l'amour avec Alessandra. « Je.. Ça fait quelques mois, j'étais en Italie avant... À Rome. » Il lui montra le journal italien qu'il avait dans la main un léger sourire aux lèvres, ne sachant pas quoi dire de plus il lâcha alors « Je suis content de te revoir... » Il n'en était pas sûr à 100 %, mais c'est ce qui semblait être la meilleure chose à dire..

Je secouais la tête lorsqu’il mit le gobelet de thé chaud au creux de ma main : j’en aurais presque oublié pourquoi j’étais ici à la base… J’ai regardé nos deux mains se toucher, et un frisson m’envahit au contact de sa peau : depuis combien de temps déjà ne nous étions pas touchés ? Il me sembla une éternité. Je relevais la tête lorsque je me rendis compte du silence maintenant pesant.

Il se mordilla la lèvre, et ce geste n’échappa à mon observatoire : je savais maintenant qu’il était aussi gêné que moi. Cette vision de lui me faisait doucement sourire et baisser la tête : la dernière fois que je l’avais vu comme ça, c’était pour m’inviter à sortir, la première fois… Que de souvenirs : nous n’étions que des souvenirs.

En redressant la tête, je le vis me sourire doucement alors que j’étais fixée sur son regard : combien de fois l’ai-je imaginé devant moi ? Combien de scenarii me suis-je fais sur notre rencontre ? Bien sûre, je l’avais déjà vu, mais il y a quelques temps maintenant, et lui n’était pas au courant de cette visite surprise que j’avais écourté à cause de sa petite amie…

La belle italienne m’avait fait mal au cœur : mais peut-être était-ce grâce à ça que j’avais réussi à tourner la page ? Enfin… J’avais réussi à me mettre en couple tout du moins. C’est donc sans surprise que je savais qu’il venait d’Italie. Je souris à la vision du journal italien, et encore plus lorsqu’il me dit qu’il était content de me voir : mais je savais pertinemment que….

« C’est juste une réponse polie au fait de s’être retrouvés par hasard. » J’ai haussé les épaules en buvant une gorgée de mon thé. « Je sais que ça fait bizarre de se retrouver l’un en face de l’autre, après tout ce temps. » J’ai regardé par la baie vitrée avant de lâcher un soupir, sans perdre mon sourire. J’ai posé mon regard dans le sien. « Moi, en revanche, ça me fait du bien de te voir. »

« Qu’est-ce que tu deviens ? »

Matthew baissa les yeux et attrapa son gobelet de chocolat, c'était injuste qu'elle lui dise ça, certes, il était perdu, mais elle n'avait pas le droit d'affirmer qu'il mentait. Une partie de lui était véritablement heureuse de la voir et de pouvoir discuter avec elle, mais il y avait l'autre part qui lui en voulait encore. Il soupira et bu une gorgée.. C'était trop chaud, il grimaça alors. « Je ne suis pas que poli... »

Matthew s'adossa à la machine pour regarder par la baie vitrée également, en y repensant bien cette rupture avait forcement eu des aspect positifs, Zoella avait eu raison de le quitter, une relation longue distance n'aurait pas été saine, n'est-ce pas ? Puis il avait Alessandra maintenant, sa belle italienne qui avait tout quitté pour le suivre, il était heureux avec elle.

Il posa son regard sur elle en fronçant les sourcils quand elle lui avoua que ça lui faisait du bien de le voir. Il n'en avait pourtant pas eu l'impression., l'ambiance n'était pas aux chaudes retrouvailles aux accolades et aux embrassades. Il but une nouvelle gorgée de son chocolat qui avait eu un peu plus de temps pour se tiédir... Pourtant, il en aurait bien envie. Pourquoi ne pouvaient-ils pas être amis ? Ils étaient si proches même bien avant de se mettre ensembles. « Comme tu vois, je suis journaliste... Avec ma copine, on vit chez Owen... Tu te souviens mon meilleur ami. Mon poste ici est le plus important que j'ai jamais eu, j'ai beaucoup de boulot... Je suis souvent en déplacement, mais c'est cool... J'adore ce que je fais. » Il souriait davantage, ça lui faisait du bien de parler « Et toi alors ? »

Pas que poli… Mon cerveau m’interdisait de croire qu’il y avait encore une chance pour qu’il ait des sentiments pour moi : et pourtant mon cœur jubilait face à ce demi aveux. Pourtant, pourquoi étais-je persuadée que les accolades et les embrassades seraient plus gênantes que réconfortantes ? Peut-être mes sentiments étaient encore trop forts. Peut-être que je n’étais pas prête à redevenir une simple amie… J’ai secoué la tête face à mes pensées.

Soufflant doucement sur mon gobelet chaud, j’ai avalé une gorgée de mon thé brulant : j’adorais lorsqu’il faisait en sorte de picoter ma langue. J’ai souris doucement avant de relever la tête pour l’observer me raconter sa vie de rêve : une petite amie, un meilleur ami, un boulot en or… Une vie parfaite. Après tout… Il la méritait. Il méritait le meilleur. Donc tout sauf moi. Mon psy me tuerait s’il savait ce que je pensais là, tout de suite. Peut-être pour ça que je n’y suis pas retournée.

Son questionnement en retour me fit pouffer de rire : et moi alors ? Je suis censée le formuler comment ? Je me vois bien lui dire quelque chose comme : oh bah moi, tu sais, quand je t’ai quitté en te mentant sur cette histoire d’infidélité (d’ailleurs, ça t’a bien arrangé d’y croire hein, après tout je ne devais être qu’une fille comme les autres pour toi pour que tu y crois), j’ai mis 8 mois à m’en remettre ; et tu sais que je suis venue jusqu’en Italie pour te dire la vérité mais tu semblais trop amoureux de ta pouffe italienne pour que je te gâche ton bonheur. Alors depuis, j’ai essayé de refaire ma vie avec une fille, mais manque de bol elle est un poil… Déjantée ? Aussi dingue que moi dans sa tête, ce qui fait qu’elle est devenue handicapée des sentiments et m’a largué.

Le seul truc de bien dans ma vie ? Mon job. C’est pour ça que j’y passe ma vie. Voilà ce que je deviens : allez, je dois y aller, ciao ! « Ma vie n’a rien d’extraordinaire. Je suis la journaliste principale de la rubrique environnement et écologie depuis quelques mois. Ils m’envoient souvent sur le terrain, et tant mieux : j’ai toujours aimé voyager, mais ça tu le sais. » J’ai souris et tourné la tête. « Tu crois qu’on pourrait se voir après le travail ? »

MAIS POURQUOI TU AS DEMANDE CA ????

Matthew but son chocolat tout en admirant la vue qu'ils avaient de la baie vitrée, parler d'Alessandra lui avait donné le sourire, certes ces temps-ci, c'était compliqué et ils se voyaient trop peu, mais il l'aimait tellement. Zoella pouffa de rire et Matt tourna son regard vers elle, quelle allait être sa réponse ? Elle n'avait pas l'air bien... Avait-il fait une gaffe ? Il attendit sa réponse puis hocha doucement la tête... Zo faisait ce dont elle avait toujours rêvé, mais elle ne paraissait pas épanouie, elle ne lui disait pas tout. « Oui, je sais... Voyager, c'est top » Même qu'elle l'avait trompé lors du voyage qu'elle avait fait le temps d'un week-end pour visiter son université... Hum, c'était un peu trop amer de penser ça. Il reprit une gorgée de chocolat histoire d'adoucir son amertume, son gobelet était déjà presque vide...

Sa question le surprit, il regarda l'heure... Il ne devrait pas finir trop tard aujourd'hui, normalement, il en aurait profité pour rentrer tôt, mais de toutes façons Alessandra serait au bar. « Oui... Oui, je vais essayer de ne pas finir tard... On pourra aller boire un verre et discuter un peu plus. » Pas dans le bar de Lessie évidemment, ça serait bizarre. « En tout cas, on a réussi tous les deux... On est là où on voulait être. » Il regarda son journal en souriant.

Je bus mon thé frénétiquement, presque énergiquement, me maudissant de lui avoir posé cette question : mais qu’est-ce que j’attendais exactement, de ce rendez-vous pris à la volée ? Une petite voix espérait qu’il dise oui, alors que la plus grosse partie de moi ne voulait plus jamais le voir. Le verdict tomba quand il me répondit positivement ; et un soupir de soulagement s’échappa d’entre mes lèvres alors qu’un sourire s’empressa de le remplacer.

Un grand sourire. Presque un espoir. Presque … Je finis mon thé et bus de travers en entendant sa dernière réflexion : je dû tousser à plusieurs reprises pour faire passer le thé par la bonne voie, et je finis par prendre une grande inspiration. « Parle pour toi… » C’était plus un grognement qu’autre chose, et j’étais presque sûre qu’il ne comprendrait pas ma phrase. « Bon, je vais y retourner, j’ai un article à finir. On a qu’à… Je ne sais pas… » Laissant ma phrase en suspens, je regardais autour de moi et finis par trouver ce que je cherchais. En jetant mon gobelet à la poubelle à la volée, j’attrapais un stylo et un post-it, où j’écrivis mon numéro de téléphone. Je lui tendis le bout de papier et, le regardant dans les yeux, je lui souris. « Tu n’auras qu’à m’envoyer un message quand tu auras fini. »

Lorsqu'il attrapa le bout de papier, je me mis sur la pointe des pieds pour poser mes lèvres sur sa joue et m'empressa de quitter la pièce, soulagée à la fois, et un pincement au coeur en même temps. Allait-il mal le prendre? Allait-il m'envoyer ce message? J'étais anxieuse et heureuse en même temps: le revoir m'avait fait autant de mal que de bien et... J'étais presque impatiente d'être à cette fin de journée. Mais était-ce vraiment une bonne idée tout ça? Je me faisais beaucoup de faux espoir et j'avais bien peur de m'engager dans une voie qui ne serait que mauvaise pour moi : après tout, c'était un amour à sens unique. Amour qui ne reverrait sûrement jamais le jour. Et pourtant, il y avait cette petite voix au fond de moi... N'abandonne jamais Zoé.