la goutte de trop (kaleb)

On s'arrête à une étape où ils nous explosent de la peinture à la figure, tandis qu'on s'amuse. Je ris en t'observant, tout en désirant ton corps coloré. J'avais raison sur ce point : tu es beau dans ce bermuda, sous cette poudre lumineuse. Finalement un homme se dirige vers moi, et certainement sonné par la musique, l'ambiance joviale qui se dégage de la course, il attrape mon cou pour presser ses lèvres contre les miennes dans un sourire. Je ne pense pas à le repousser, je laisse simplement ce baiser s'accomplir.

Tu m’as entrainé dans cette course au sein d’un évènement dont je ne suis pas particulièrement friand. Je ne vois pas l’intérêt de ce type de journée, mais comme le concept de la course est sympa, je me suis laissé tenter. Cela fait plus d’une demi-heure que nous courrons. Nos corps sont colorés par ces poudres multicolores, mais il faut croire que l’extravagance naturelle de cette journée revient titiller mon agacement. Un homme se rapproche de toi et ses lèvres viennent chercher naturellement les tiennes. Cette image me comprime le ventre, enclenche une fureur profondément lorsque je perçois que cette intervention ne te trouble pas. Au contraire, tu le laisse poursuivre comme s’il s’agissait d’une logique déconcertante, comme si embrasser une autre personne ne venait pas mettre en danger l’équilibre d’une relation qu’on tente de construire ensemble. Ma fureur éclate, mon corps vient repousser violemment cet homme sous le regard médusé des autres. Rien à foutre de ce qu’ils veulent lire dans mon comportement. « Casse-toi, connard ! » Ma voix est hargneuse, mes poings se crispent sur son débardeur alors que je le jette avec violence. De quel droit, il se permet de t’embrasser. Comment peux-tu le laisser t’embrasser ? « A part si tu veux continuer de l’embrasser en pleine bouche, peut-être ? » Je finis par te lâcher avec froideur en venant plonger mon regard noir dans le tien.

Je laisse les lèvres de cet homme embrasser les miennes, sans réagir. Je me laisse juste emporter par la folie de l'instant, sans comprendre que ton trouble pourrait s'activer. Je n'y pense pas sur le moment, je me mets seulement à sourire dans l'engouement. Seulement cette bouche sulfureuse s'échappe de la mienne dans un choc brutal, et je réalise que tu viens de pousser violemment cet homme. Tu l'insultes, le repousses en arrière pour qu'il se détache de moi. Ton regard est froid, bestial. Je déteste t'apercevoir dans cet état, lire autant de haine dans tes yeux. Surtout quand tu me l'adresses pour m'accuser de torts que je n'ai pas fait exprès de commettre. Mon regard dérive, et mon ventre se crispe sous ta colère. « Non pas du tout... » Le mec te provoque davantage, en disant que c'est juste la gaypride et qu'il faudrait penser à se détendre. J'attrape ton bras dans une main, car je ne le sens pas bien du tout. « Ça n'en vaut pas la peine. » Je te regarde avec douceur et supplique pour tenter de te dissuader de frapper.

Ce sourire. Ce putain de sourire que j’ai vu naitre sur tes lèvres me retourne les tripes avec violence. Ma colère noire s’exclame avec violence sur vous deux. « Bien sûr, prends-moi pour un con ! » Je lâche à ton encontre avec ce ton sombre dans la voix. « Tu avais l’air plutôt satisfait qu’il te dévore la bouche. » C’est juste une putain d’évidence à cet instant. Ne le nie pas, car je ne te croirai pas. Ce sourire a bel et bien été réel. Je ne l’ai pas fabuler. L’autre mec tente de se défendre, me fait passer pour l’idiot dans la situation et ton geste m’agace profondément. Je m’en dégage avec violence. « Ah oui ? C’est normal ? » Je te questionne avec froideur. « T’as qu’à le baiser aussi. Cela te donnera une bonne raison. C’est la Gay Pride après tout ! » Cette idée me révulse. « Je me casse. Nique bien ! Profite de ta Gay Pride ! » Et j’arrache mon dossard par la même occasion pour le jeter par terre, prêt à me casser. Je suis vraiment qu’un pauvre con parfois. Dire que je fais en sorte de m’adapter à toi. Pour des conneries !

Tu t'énerves contre moi sans que je puisse t'expliquer mon comportement. Je me suis seulement laissé aller dans ce moment d'engouement, pour m'imprégner de l'ambiance. Mais tu ne veux rien entendre, tu te laisses baigner par ta colère. « Ça m'a simplement fait rire. » J'essaye de t'expliquer, avant d'entendre l'homme te provoquer. J'essaye de te retenir, mais tu comprends mes mots de travers. « Non... ça ne vaut pas la peine de s'énerver pour lui... » Tu balances des paroles acerbes et froides en me considérant comme la pire espèce désormais. Comme si j'avais envie de me sauter le premier venu. Tu décides de t'en aller, en plaquant le brassard à terre. Et moi je choisis de te suivre en te rattrapant pour choper ton bras et te forcer à me confronter du regard. « J'ai aucune envie de baiser avec quelqu'un d'autre ! Gay Pride ou pas ! Je veux la passer avec toi ! » Je hurle avec rage pour que tu comprennes. Je suis sincère dans ces mots... pourquoi j'aurais envie d'aller voir ailleurs alors que tu fais vibrer mon corps avec tant d'intensité...

« Parce que maintenant ça te fait rire qu’un mec t’embrasse. C’est encore mieux. Il a qu’à te sucer, au moins tu seras mort de rire. » Je lâche avec la même intensité dans la voix. Ce n’est pas quelque chose d’anodin. Je ne laisserai pas un autre homme m’embrasser, me toucher la nuque sans le repousser avec violence. C’est toujours frustrant de prendre conscience que tu considères cela comme une banalité. Symbolique ou non, t’es mon homme et je ne compte pas rester là sans rien faire alors qu’un mec t’embrasse. Qu’il aille se faire foutre. Je t’en veux indirectement d’avoir savourer ce contact avec un autre. Cela fausse toute cette pensée de fidélité que tu voudrais que je suive, que je suis parce que je t’aime et que tu ne le percute pas. Ma frustration éclate. Elle est violente et je ne désire qu’une chose : me barrer. Ce que je fais sans aucune hésitation, prenant le chemin pour quitter cette foule emplie de ses êtres joyeux. Ma rage est trop forte et ton geste n’y change rien. « Je n’ai plus envie. » Je déclare avec cette voix pleine de colère. « Tu ferais mieux d’aller retrouver tout ce beau monde et t’éclater à embrasser qui tu veux où faire ce que tu veux. Je n’ai absolument pas envie de te voir faire ça. De toute façon, je suis toujours le problème. » Je lâche car cette constatation est dure. Tu n’arrêtes pas de me montrer mes défauts en usant de diplomatie, mais je ne suis pas con. Parfois, je me demande si tu ne serais pas mieux sans moi. Seulement, je ne dis mot, car la réponse m’angoisse au plus haut point. Sans doute parce qu’au fond de moi, je connais la réponse.

Tu es froid dans tes mots mais je ne réponds plus, j'ai une crampe au ventre. Je déteste quand tu me renvoies ta hargne à la figure, je ne sais même plus comment agir avec avec toi. Je te vois t'envoler et j'essaye vainement de te rattraper, mais tu t'entêtes à me repousser, à me claquer des injures à la figure. Tu t'énerves sans relâche, juste pour une maladresse de ma part. Je ne pensais pas autant activer la bête par mon geste. « Arrête. » Je te bloque de nouveau le bras et je me pose devant toi. Je te fais face et dirige mon regard franc dans le tien. Je m'impose à toi en glissant un bras autour de ta taille pour freiner ton élan. Nos deux torses se rejoignent tandis que mon regard s'incruste au tien. « Ça m'intéresse pas de continuer à courir tout seul. » Je t'explique en venant presser mes lèvres contre les siennes. Je ne te donne pas le choix, je ne veux pas que tu me repousses. Je m'en fous des gens, de ce qui se passe autour, je veux seulement profiter de toi. « Tu m'emmerdes à pas comprendre que c'est toi que j'ai envie de dévorer. » Je lâche doucement.

Tu fais tout pour t’imposer. Tu cherches à me faire face, me barrer le chemin vers ma voiture pour fuir cet évènement, qui ne m’amuse plus réellement. Ce baiser m’a révélé de nouveau toute cette ambiance gay-friendly, qui laisse entrevoir des actions que je ne peux cautionner. Je t’en veux d’avoir laissé un autre homme t’embrasser, d’avoir trouvé cela amusant sous mon regard, et ce, qu’importe la symbolique. Ma rage est violente, elle t’explose en plein visage et mes mots sont durs, reflètent mes doutes et mes peurs. Tu te rapproches de moi, instaure un contact contre lequel je ne peux pas lutter, bien que j’amorce un mouvement de recul. Tu plonges ton regard dans le mien, ton corps vient titiller le mien. Tu cherches à calmer ma rage en imposant ta présence bienveillante à mon corps. Tu me fais profondément chier à cet instant, mais je ne peux pas m’empêcher de savourer ce contact. Tu m’embrasses. J’accepte le contact de ces lèvres qui ont frôlées d’autres. « Tu me fais chier aussi. On est deux comme ça. » Je grogne contre ton visage sans pouvoir m’empêcher de laisser échapper un petit sourire en coin. « Tu piges pas que je n’ai pas envie qu’on t’embrasse. C’est intime ça. » Je lâche dans une voix grognonne tel un enfant qui cherche à justifier son élan de colère. Et ça aussi, ça m’emmerde d’agir de la sorte avec toi. Tu ne comprends pas que tu es ma putain de faiblesse Terry ? Je ne veux pas qu’un autre ait cette intimité là sur ton corps…

Ton comportement m'agace, m'irrite les nerfs, mais je tente quand même de l'atténuer. J'essaye de te retenir pour te diriger vers un chemin moins sinueux. Je veux te couvrir d'affection pour effacer toutes ces traces de doutes qui parsèment ton cœur. Tu te laisses bouffer par la jalousie et tes angoisses, alors que tout mon corps te réclame. Tu ne sembles pas comprendre à quel point je te désire. Cela ne m'intéresse plus de rencontrer d'autres hommes, de les laisser me savourer, parce que ça n'aura jamais plus d'intensité qu'avec toi. Alors j'essaye de te le faire comprendre en te bloquant le passage. Je te confronte, te scrute de mon regard directif. C'est comme ça et pas autrement, il est temps que tu le piges. Je t'embrasse avec passion et douceur à la fois, pour te témoigner tout mon amour. L'intensité de mon baiser évoque immanquablement toutes les émotions que je ressens pour toi. Je sens ton léger sourire qui parcoure tes lèvres à la fin de notre bisou, lorsque tu m'annonces que je te fais chier aussi. Je te souris aussi, avec complicité. « Ça fait notre charme je suppose. » Je ris avec amour pour détendre tes nerfs bien comprimés. Finalement j'entoure ta taille de mes deux bras pour venir rapprocher mon corps du tien. « D'accord, je le comprends maintenant. Je ne recommencerai pas. » Je cède avec sincérité, avant de t'embrasser de nouveau. Je suis complètement accro à toi.

« On va dire ça, oui. » Je déclare avec moins d’entrain que toi. Tout simplement parce que nos prises de bec m’usent et m’irritent profondément. Cela me gonfle profondément d’entrevoir nos incompatibilités sur certaines approches de nos vies. Seulement, je me laisse berné par ton rire, ton regard éclatant. Tu cherches à chasser la morosité de mon esprit et y parvient en imposant tes formes aux miennes. Tu titilles ma chair comme toujours en enflammant mes sens. Tu le sais que je suis faible face à toi, que je ne peux pas résister à cette bouille détendue, d’autant plus lorsque tu parviens à me donner satisfaction. Tu ne recommenceras pas. « Il y a plutôt intérêt sinon je te prive de sexe durant une semaine. » Je te lâche avec fermeté en te menaçant. Je suis même incapable de faire pire. Peut-être la gueule, quelques jours, mais te quitter, j’en doute. Tu m’embrasses et j’y réponds naturellement en cherchant à le rendre plus savoureux, plus gourmand. Je viens frôler la chute de tes reins sous ton T-shirt. J’oublie le monde qui nous entoure pour t’envouter et te retourner les tripes, mais surtout pour t’inciter à quitter cet endroit, dont l’ambiance vient de me déplaire. « On rentre ? » Je te questionne sans m’intéresser au reste de la course. On a fait notre bonne action de la journée. Maintenant, je veux profiter de toi vu que mes nerfs se détendent.