Surprise ! The big sis' is back || ft Louis

J'étais peut-être veuve mais pas encore stupide. Pas stupide au point de croire que pendant un instant, je pouvais compter sur Louis. J'ai espéré, à une époque, pouvoir le faire, mais il m'a prouvé plus d'une fois qu'il n'en n'était pas digne. Alors j'avais arrêter d'espérer, c'était une perte de temps et d'énergie. Je me suis rendue compte que ça ne servait à rien d'essayer de le sauver, il ne voulait pas être sauvé. Que grand bien lui fasse, je n'essayerai donc plus. Chacun sa merde, l'adage favori des Zimmermann. Je ris amèrement lorsqu'il me lance que ça commençait à manquer de vieilles folles et mon rire redouble quand il doute de ma capacité à pouvoir lui foutre un coup de pied au cul.

-Peut-être qu'à l'avenir, tu ne devrais pas autant douter de ma capacité à pouvoir te remettre en place. Je ne suis peut-être pas aussi désagréable que toi tout le temps, mais ce serait bête de ne pas voir à quel point je peux être méchante à mon tour.

Et je savais, qu'en me pointant ici, c'était comme commencer la guerre, ou en tout cas, continuer une qui n'avait plus été la mienne pendant des années. Plus le temps passait dans cette maison, plus ça devenait électrique et on pouvait tous les deux le sentir. Il aurait pu y avoir un orage, là, maintenant, on n'aurait pas senti la différence. Je commence à bouillir au fur et à mesure et je sais que je ne vais pas tarder à me barrer, sinon ça finira mal. Et, intérieurement, je sais que pour cette raison je n'habiterai pas indéfiniment à Vancouver.

-J'attendais de toi que tu sois moins con et que tu sois pas devenu aussi enfoiré que ça, mais je me suis vachement trompée en venant ici. Apparemment te demander ça, c'est t'en demander de trop.

Je finis par me lever en crispant mes mains, me faisant violence pour ne pas lui en foutre une au passage et je me dirige vers la porte, claquant mes talents contre le sol dans un bruit assourdissant et agaçant. Ça ne servait strictement à rien de venir ici, c'était un fait tellement... Frustrant. J'aurai bien aimé trouver une autre raison de ma venue ici, mais visiblement, j'avais juste envie de voir Louis, et je regrettais cette envie. C'était une connerie.

"Oh, je n'ai jamais douté de ta méchanceté."

Dis-je simplement, comme si c'était normal de balancer ça à sa propre sœur aînée. Il faut dire que dans la famille, nous étions tous des cas. Différents dans le fond, mais semblables dans la forme. Aucun d'entre nous ne pouvait s'estimer meilleur que les autres. Du moins, c'était peut-être ce qu'ils pensaient encore. Elle avait beau m'asséner tous les coups verbaux qu'elle le voulait, Elizabeth n'avait aucune emprise sur moi et c'était peut-être ça qui la faisait réagir ainsi à chacun de mes propos. Qui la faisait m'insulter. Le manque de réaction. Je n'en avais que faire de son avis. Ma vie me suffisait amplement telle qu'elle l'était.

Je la regardais fuir vers la sortie, pauvre petite biche sans défense qu'elle était. Comme beaucoup, mon caractère ne lui plaisait pas et elle n'arrivait pas à avoir de moi le résultat qu'elle souhaitait. Non, je ne laissais pas tout le monde dormir chez moi sous prétexte qu'il vient de vivre l'enterrement d'un proche. Je ne suis pas comme ça, elle devrait comprendre pourquoi. Elle était là. Elle a tout vécu, elle aussi. Je ne vois pas pourquoi je changerais qui je suis, c'est la vie qui m'a faite ainsi et je n'ai rien à devoir à personne. Surtout pas à Elizabeth.

"C'est de famille, que veux-tu. Si tu attendais de la compassion, pourquoi être venu me voir, moi ? Tu savais très bien que tu n'en retirerais pas, pas après tout ce qui s'est passé. Il fallait aller voir les triplés ou Lucas. Ce dernier est peut-être le seul à prendre soin des autres, dans cette famille. Qu'attends-tu vraiment, Elizabeth ?"

Oui, je ne comprenais pas son raisonnement. Quelque chose clochait dans le fait d'être venue me voir, moi, pour demander un service.

Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands, ils les jugent ; quelquefois, ils leur pardonnent. Est-ce qu'un jour les enfants Zimmermann seraient capables de les pardonner, et de se pardonner entre eux ? Je n'en n'étais absolument pas sûre. Totalement incertaine. J'étais même plus sûre de me souvenir du théorème de Pythagore que pouvoir dire qu'un jour, on se pardonnerait. Parfois, je me disais qu'on se faisait du mal entre nous pour savoir si on était encore capable de saigner, se blesser. Pour ma part, la réponse était oui. Y avait tout en vrac chez moi ; les cheveux, le lit, les mots, la vie, le cœur.

-Maintenant ? J'attends plus rien, j'ai reçu le message. T'es le même qu'avant, voire pire.

Et c'était à ce moment, pile à ce moment, que j'ai su que je fuyais mon passé. J'avais envie de repartir sous le soleil, loin d'ici, mourir dans les bras de mon amour. Mais lui, était déjà mort das les miens. Alors que je me suis pétrifiée un moment, en me rendant compte d'une autre vérité, la énième révélation de la journée, puis finalement j'ouvre la porte et je pars de cette maison, et pour une fois, en partant d'un endroit, je ne me suis pas retournée, car je n'ai pas regretté.