Confessions autour d'une balade. ( Les Rosario #1)

Cela faisait bien trop longtemps que je ne t'avais pas vu, c'est-à-dire presqu'une semaine. Et encore je t'avais appelé hier, mais tu me semblais fuyant. Il y avait quelque chose qui te tracassait, je le sentais mais malheureusement tu t'esquivais à chaque fois. Mais j'avais bien l'intention d'avoir le fin mot de cette histoire. Pour une fois on ne se voyait pas dans le cadre de la création d'un article de mon blog, et j'avais bien l'intention de te bichonner. On s'était donné rendez-vous dans le parc, et comme toujours j'étais constamment à la bourre. Alors ce n'est pas étonnant quand j'aperçois ta silhouette à l'entrée qui m'attend de pied ferme. Je n'hésite pas une seule seconde avant de m'élancer dans tes bras pour une étreinte vitale. La tête dans ton cou, je savoure tes bras qui se referme autour de mon corps svelte. "Dieu que ça fait du bien"

C'est avec la tête pleine que je me dirige jusqu'au parc pour te rejoindre. Tu m'as presque ordonné dans un message vocal de venir à telle heure, et je suis incapable de t'affronter. Je t'ai évitée toute la semaine, parce que la honte s'écoule en moi à la seule pensée d'avoir manqué de fidélité envers Rory. Je refuse même d'y songer, alors je t'éloigne de cette vérité qui impose un malaise au creux de ma poitrine. Pourtant quand je croise tes yeux pétillants de malice et que je sens ton corps se blottir contre ma silhouette élancée, il y a quelque chose qui se débloque. Je peux enfin respirer un peu. Je te presse contre moi pour rendre l'étreinte plus tendre encore. « C'est clair. » Je peux que confirmer parce que tu me renvoies une bouffée de bien-être à la figure. Notre relation est tant fusionnelle que j'ai juste besoin de ta présence pour me sentir mieux. « Toujours à la bourre, petite sœur. » Je te taquine avec un sourire. « Je t'offre des churros ? » Je te propose parce que cette sucrerie ne nous apporterait que du plaisir supplémentaire.

Je me demandais bien ce qui t’avais occupé toute la semaine. C’était quand même rare que l’on ne se voit pas pendant plus de trois jours. En manque de toi, c’est moi qui t’avais obligé à ce que l’on se voit. Mais comme toujours j’avais réussi à être en retard. En même temps moi et la ponctualité on n’était pas grandes amies. Heureusement tu ne m’en tiens jamais rigueur à part avec des taquineries que toi seul peut se permettre. L’étreinte que je t’offre me fait également le plus grand bien. Je ferme les yeux et j’ai bien du mal à me détacher de toi.je glisse mes bras autour de ta taille pour renforcer mon étreinte. Je lâche un soupire de soulagement. Je souris à ta réponse. On avait bien trop besoin l’un de l’autre pour se soutenir, mais surtout pour se tirer vers le haut. Je lâche un rire tout en haussant les épaules, en restant tout contre toi. « Ca ne change pas. C’est ce qui fait mon charme. » Je me détache pour sautiller tout en frappant des mains, un vrai comportement de gamine, mais j’assume parfaitement. « Carrément, j’ai trop faim. » bon ce n’est pas vraiment ce qu’il y a de mieux pour la ligne, mais on peut faire une exception. Je glisse mon bras autour du tien tout en me dirigeant vers le stand. « Comment vas-tu grand frère ? »

Je te retrouve au sein du parc et je savoure notre étreinte, ton emprise contre mon cou. Tu rétorques avec ce ton enfantin dont je me délecte chaque fois et qui apporte tant de joie au quotidien. Je ris à ta remarque sans rétorquer parce que c'est une vérité que ça fait ton charme. « Bonne nouvelle. » Je te souris simplement en te laissant t'accrocher à mon bras. « C'est pas la forme on va dire. » Je ne précise pas l'objet de mes frustrations, de mes doutes, encore moins celui de ma culpabilité. La honte s'écoule en moi de plein fouet et j'ai de la difficulté à digérer, même à admettre, les fautes commises. Je te laisse ainsi m'aiguiller dans la conversation, car je sais parfaitement que tu trouveras un moyen de faire exploser tout ce qui reste enfoui au creux de mes tripes. On arrive devant le stand, je soupire de soulagement intérieurement parce que je sais que ça me laisse quelques minutes de répit le temps qu'ils préparent. « 12 churros s'il vous plaît. » J'adresse la commande au vendeur, un léger sourire sur les lèvres, mais même lui, il me paraît fade, établi avec fourberie.

Avec toi tout me semblait naturel, pas besoin de réfléchir pour être comme je suis. Je sais que je ne t’offusquerais pas avec mes excès de réaction, d’émotion même. J’ai toujours été celle qui mettait un peu trop d’ambiance à la maison. Une vraie pile électrique selon ma mère. Mon père, je crois que je le fatiguais. J’affiche un sourire conquis tout en marchant vers ce stand, d’où les effluves sucrées arrivées déjà à mes narines. « oh ? » Mon sourire s’efface un peu, je resserre mon étreinte et pose ma tête contre ton bras. Mes doigts caressent ton bras pour t’apporter du réconfort. J’espérais être ce soutien, ce roc dont tu as besoin. Comme tu l’as été lorsque j’ai perdu mon fiancé. Malheureusement je n’ai pas le temps de te poser une question que l’on est déjà devant le stand. Je t’observe à la dérobée, une lueur inquiète brillant dans mes prunelles. J’embrasse ta joue, en attendant que la commande arrive. Je détestais te voir ainsi. Le serveur finit par nous tendre le cornet de churros que je prends. Une fois que la commande est réglée, je t’attire vers un banc un peu à l’abri afin de discuter calmement. « Qu’est-ce qui se passe ? » C’est avec une pointe de peur que je te questionne.

Ton regard s'illumine d'inquiétude et ton bras se serre davantage contre le mien. Je sais que l'angoisse te traverse à l'idée que mon bien-être se soit effondré, mais je ne parviens pas à en ajouter davantage sur les raisons. Tu m'embrasses même la joue pour m'apporter ton soutien. On commande les churros, et lorsqu'on les tient entre nos doigts, on se pose sur un banc. Tu inspirs la sérénité avec ton calme olympien incrusté dans ta voix, si bien que je me laisse emporter dans les confidences. « Je... J'ai... » Trompé Rory. C'est pourtant pas compliqué à déclarer, mais c'est douloureux à admettre à voix haute. Je tente de trouver les mots mais je manque de franchise tout d'un coup. Je dénonce ma connerie par des paroles moins poignantes, qui marquent moins la faute commise. « J'ai couché avec un type. Enfin plus ou moins. » On a pas vraiment fait l'amour, aucun de nous deux ne voulait se laisser dominer. Lui à cause d'un passé déchirant et moi parce que seul Rory possède ce droit. Pourtant des caresses lascives le long de nos courbes, des baisers endiablés ont suffit à renforcer la culpabilité qui m'animait déjà auparavant.

Je n’aime pas te savoir ainsi, ça me ronge les sangs. Et j’avais bien l’intention de savoir ce qui te rongeais. De toute manière je sais que tu ne pouvais rien me cacher indéfiniment. Tu serais donc bien obligé de me le dire un jour ou l’autre. J’essaie de t’apporter le meilleur des soutiens qu’une sœur peut faire. Je m’installe à tes côtés, proche de toi, ma jambe frôle la tienne. Je te fais face, j’essaie de te montrer que tu peux tout me dire, ce qui est absolument vrai. Tu commences à buter sur les mots, ce qui ne fait que faire grimper mon inquiétude. J’agrippe ta main en entremêlant mes doigts. Je fronce les sourcils en serrant davantage ta main. « Comment ça plus ou moins ? » Je ne veux pas t’accuser d’infidélités, tu avais probablement tes raisons, et c’était à toi de me les avouer. De plus, je savais déjà que si tu étais amoureux de Rory, quelques complications montraient leur bout du nez dans votre couple. Tu avais toujours détesté la routine, je suis pareil alors je comprends parfaitement. Moi, je n’avais pas eu le temps de connaître cette routine, mais je ne pouvais pas te blâmer. « Et ? Qu’as-tu ressenti ? Au-delà de la culpabilité dont tu dégoulines… »

Je peine à décrocher les mots de ma bouche, ils restent coincés au creux de mes tripes. Comme si les prononcer rendait la vérité que plus réelle - et flippante de surcroît. Je n'en reviens toujours pas d'avoir manqué de fidélité envers mon compagnon ; ni même d'avoir éprouvé autant de plaisir à le faire sur le moment. C'est difficile d'admettre à voix haute qu'on a agi comme un connard de première, surtout quand je me permettais de dénoncer, critiquer les infidélités. Moi qui prônais l'amour et la confiance éternels. J'ai envie de me rire au nez. « On a pas fait l'amour à proprement dit. Enfin c'était déjà trop. » Je commente quand tu attaches ta main à la mienne pour m'apporter un soutien silencieux. C'est ce qu'il me faut pour vider le poids de la culpabilité qui ronge mon âme. « Ca a commencé par une danse en discothèque, puis des baisers enflammés dans un coin. Puis on a fini dans une chambre, à se caresser, s'embrasser, comme des ados qui s'assument pas. Tout était fait avec fougue, c'était endiablé. J'aurais jamais dû y aller. J'aurais juste dû rester au fond de mon lit à me toucher devant un ordi. Ça aurait été moins blâmable. » Je t'explique parce que désormais, je sens un goût amer envahir ma bouche ; et la honte me broyer les entrailles. « La passion. » Je réponds simplement quand tu me demandes ce que j'ai ressenti sur le moment. « J'avais l'air d'une bête déchaînée, juste animée par le désir. J'étais excité comme un ado, ça faisait longtemps. » Je commente dans un murmure, délaissant totalement les churros.

Je t'avais rarement vu aussi tracassé, aussi agité même. Je ne te lâche pas, je veux simplement que tu te décharges de tout ça. Je ne sais pas encore ce qui se passe, mais je sens que c'est grave. Du moins assez pour que tu n'es pas daigné m'en parler de suite. tu avais probablement honte de toi, car tu sais très bien que jamais je ne t'aurais jugé. Je t'écoute attentivement. Tu avais fais ce que tu jugeais répréhensible, impardonnable aux autres. Et même si tu n'as pas fais l'amour, c'était déjà trop pour toi. Je caresse tes doigts. "Tu devras vivre avec ça." Ce n'était pas un jugement mais une simple constatation. Je souris doucement, non seulement pour te réconforter, mais aussi parce que ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu mettre autant d'énergie pour parler d'un moment passionné tel que tu le qualifies ensuite. C'était peut-être un mal pour un bien. " Et... Comment dire. Je vais parler franchement frérot. Ca fait longtemps que je t'ai pas entendu parler ainsi. Je ne parle pas de ta fichu culpabilité. Mais, c'est comme si une partie de toi est comme revenue." Je mordille ma lèvre inférieure ce que je m'apprêtais à te dire n'allait pas être agréable. " Tu sais que tu n'es pas le seul responsable ? Si Rory ne t'avait pas plongé dans cette routine.. Peut-être que ce ne serait pas arrivé ? Aurais-tu été sur ce site de tchat ?" J'aborderais plus tard la question de ce cher inconnu qui a l'air de te rendre cette passion.

Je manque de mots pour exprimer la honte qui me consume, et même la trahison que j'ai commise envers Rory. J'aurais pu cracher la vérité le plus simplement possible, mais les phrases criantes de vérité restent coincées quelques secondes sans que je ne parvienne à les relâcher. J'ignore si j'ai employé les bons mots finalement, mais mon coeur n'en demeure pas moins perturbé par cette infidélité que je ne peux plus camoufler. « Malheureusement oui. Mais je le mérite bien. » Ta main qui enserre la mienne me soulage quelque peu, et tu me permets de me délivrer d'une douleur imposante. J'explose mes doutes, la sous-estimation de moi-même, et les sensations qui m'ont envahi lors de cette soirée pleine de luxure et d'extase. Tu me réponds par des paroles percutantes, chamboulantes, tant je ne m'étais pas douté que je pouvais dégager autant de morosité à l'égard de ma relation avec Rory. « J'peux pas le rendre coupable. Il y peut rien s'il a envie de ça, si cette vie le contente. Ce serait injuste de le tenir en partie responsable alors que je n'ai jamais eu les couilles de lui exprimer mon ressenti sur la question. Et puis je l'aime, franchement, alors je sais pas ce qui m'arrive. » Je ne me comprends pas moi-même et j'ai besoin de tes conseils avisés pour mieux me repérer dans ce que j'appelle la déchéance.