Starielo ◘ The Game ... #3

Vous êtes allés trop loin. Putain de jeu. Qu'est ce qui vous a prit de vous fourrer là dedans ?! Cette tendance auto-destructive qui vous possède et vous pousse à vous faire du mal autant qu'à blesser l'autre commence à devenir réellement dangereuse pour votre santé mentale. Le voir avec ces filles. Etre avec cet homme. T'as envie de vomir. T'as craqué. T'es partie. T'a abandonné. Sans mot, sans cri, juste quelques larmes. Tu aurais pu les lui cacher. Mais tu savais qu'en les lui montrant, tu lui ferais aussi mal qu'il venait de t'en faire en laissant cette garce te porter ce message. Tu savais qu'il craquerait. Ou pas d'ailleurs. Toi t'en avais juste assez, tu voulais partir, disparaître dans un coin, peut-être te glisser dans le lit de ta soeur et pleurer dans ses bras. C'est la merde que d'aimer quelqu'un d'aussi cinglé que toi. D'aussi dur. D'aussi brisé. Vous vous enfoncez dans cette spirale de destruction mutuelle et vous pensez que ça vous rend vivant alors que ça ne fait que vous détruire un peu plus.

A genoux sur le sol tu pleures, t'arrives pas à t'arrêter. D'habitude tu tiens plus la route mais ce soir, vous êtes allés trop loin tous les deux. Tu le rejette. Tu veux pas le voir. Pas maintenant. Plus jamais. Tu le penses pas. Ou si. T'en sais rien. Tout est brouillé dans ta tête et son visage est flou à travers tes larmes. Mais tu le sens s'approcher, te soulever, dégager ton visage de tes cheveux rebelles, essuyer tes larmes, poser son front contre le tient. Tu fermes les yeux en pleurant. Il fait ça avec une extrême douceur et avec lenteur comme s'il avait peur que tu le repousses tout en te laissant cette possibilité là. Seulement t'es aussi cinglée que lui. Il t'as fait énormément de mal mais tu peux pas tout lui blâmer. C'est toi qui l'a provoqué. C'est toi qui a poussé toujours plus loin. Et au final c'est toi qui a craqué la première. Il t'a fait du mal mais c'est aussi le seul à pouvoir apaiser cette douleur qui te consume. Il t'embrasse et après une seconde d'hésitation, tu lui rends son baiser, tu t'accroches à lui, tu ne veux plus le lâcher.

Ses mains glissent dans ton dos, ouvre de nouveau ta fermeture éclair. Tu sens le tissus qui caresse ta peau en glissant sur le sol. Ses mains sont douces, son étreinte tendre, comme si tu étais une poupée fragile. Tu as envie de lui maintenant. Tu as besoin de le sentir contre toi. Et en même temps tu voudrais le repousser, tu satures, t'arrives plus à réfléchir. Sa peau contre la tienne. Il est toujours torse nu. Tu caresses les muscles de son torse, en dessine le contour du bout des doigts, trace des sillons brûlants sur sa peau. Il t'entraîne dans le salon et tu le laisses faire. T'es en sous vêtements mais t'as jamais été très pudique alors. Et puis tu portes un mini-short en dentelle. Ta robe était si courte que t'avais prévu derrière quand même. T'es toujours en talon. Tu comprends pas ce qu'il fait jusqu'à ce que la musique change. Et tu fermes les yeux.

Cette musique qui t'envahit, fait battre ton coeur, inconsciemment elle t'apaise profondément. Ce défi là ... cette danse que vous aviez créée, inventée, qui vous avez fait gagner ce concours, qui vous avez rapprochés au delà de tout. C'est votre musique. Votre danse. Le peu de personnes restant dans la pièce se pousse. Tout le monde vous connaît. Ou la plupart du moins. Tous savent. Tu le fixes du regard pendant de longues secondes alors qu'il t'a tendu la main. Il te supplie. Tu hésites. Puis finalement tu enlève tes talons et tu prends sa main démarrant la danse au moment même où la musique se lançait. The Hills. C'est votre chanson. C'est votre danse. Puissante et sauvage. Deux êtres libres s'aimant d'un amour passionné et violent. C'est une histoire d'attirance et de rejet, de peur et d'acceptation, de fusion. Vous dansez tous les deux comme si votre vie en dépendait, vos corps s'effleurant, s'agrippant, s'éloignant pour mieux se retrouver. Tu oublies le monde autour. Les gens qui vous filment, vous admirent, ceux qui arrivent pour regarder le spectacle. Il n'y a plus que lui et toi. Sans jeu. Sans règle.

Tu tournes tes cheveux volant en même temps et tu sautes dans ses bras. Il te soutient, te portes, tu te cambres en arrière, les yeux fermés, t'offrant à la danse, à la musique, à lui. Vous ne faites plus qu'un comme si le jeu, la douleur, les trahisons étaient oubliées. Rien ne pourrait vous séparer. Tu te laisses aller dans ses bras, lui faisant confiance les yeux fermés pour te rattraper après chaque saut, te soutenir dans tes mouvements comme toi dans les siens. Vous vous complétez parfaitement, en symbiose totale. La chanson se termine et tu t'éloignes en lui tournant le dos signant la fin de la chorégraphie. Les gens commencent à applaudir un peu hésitants. La tension palpable entre vous en fait tremblez plus d'un. Puis finalement tu leur fait un mince sourire et ils applaudissent pour de bon. Toi t'as le souffle court, tu trembles encore mais tu vas mieux. Tu te sens plus légère comme si la danse t'avais libérée.

Tu te tournes vers ton double qui s'approche de toi. Tu poses une main sur sa joue et ton front contre le sien. Tu fermes les yeux. Vous restez de longues secondes comme ça, à reprendre votre souffle, alors que les gens reprennent leurs activités, danse, papotage ou autre. Tu es encore perdue. Ta besoin de lui pour vivre. Il est comme ton oxygène ce qui est paradoxal en sachant qu'il est celui qui te fais le plus de mal. Votre relation est presque toxique. Elle n'a rien de normale. Mais c'est vous. Tu te laisses aller dans ses bras, enfouissant ton visage dans son cou, respirant son odeur. Tu as l'air si fragile dans ses bras. Tu l'es probablement. - Pardon, tu murmures en ravalant ta propre fierté. C'est toi qui a entamé le jeu. C'est toi qui a commencé à le blesser. Ouais t'es cap de t'excuser. T'as envie de lui. Mais pas ici. Pas comme ça. Alors tu t'éloigne. Tu attrapes tes talons et ta robe au passage. Tu lui lances un regard. Vas-tu me suivre jusqu'au bout ? Cap. Tu montes dans une chambre vide et tu laisses tomber tes affaires. Tu restes dos à la porte, debout, comme ça, lui laissant le choix de venir ou non. Tu as eu tord. Le jeu n'est pas le plus important. Mais lui l'est. Et tu sais que votre relation l'est aussi quand tu sens ses bras autour de toi. Tu te laisses aller contre lui, t'abandonnant dans ses bras. Tu as besoin de lui. Maintenant. Cap.   

Couché sur le lit, tu l'écoutes te dire qu'elle les aurait toutes tuées, les filles de tout à l'heure. Tu souris intérieurement. Ouais, tu connais cette sensation, cette jalousie qui ronge, cette possessivité qui enflamme. Tu sais ce que s'est, tu l'as ressenti tout le temps que tu l'as regardé avec l'autre con. Tu as repassé mille fois dans ta tête le scénario où tu l'égorges de sang froid. Tu l'aurais fait sans le moindre état d'âme. Et connaissant Ryn tu sais que si elle avait voulu s'en prendre à ces filles, rien ne l'aurait arrêté. Vous vous possédez l'un l'autre. Et si quelqu'un ose se mettre en travers, il le paiera très cher.

On pourrait arrêter si tu veux Ryn. Tu n'as qu'un mot à dire. Je ne sais pas si je supporterai de te faire pleurer encore. Il est même très clair que tu ne le feras plus jamais. L'image de son visage ruisselant de larmes est planté dans ta tête maintenant et t'as envie de t'étriper quand tu penses que c'était à cause de toi. Ça n'aurait jamais dû arriver. Le jeu. Il a beau être tordu et malsain, c'est une sorte d'échappatoire pour vous. Vous ne savez pas comment discuter de vos sentiments entre vous. Vous ne savez même pas ce que vous ressentez l'un pour l'autre. Pendant que les autres couples se disent des "Je t'aime moi non plus", qui au passage te donnent envie de vomir, vous vous préférez "Cap ou pas cap ?". C'est différent. C'est fort. Complexe. Incompréhensible. Tordu. Sadique. Explosif. Comme vous. Vous ne pouvez pas vous dire les choses telle que vous les ressentez alors vous vous les faites ressentir. Colère. Jalousie. Possession. Douleur. Souffrance. L'amour à la Starielo. Unique. Déchirant. Un poison. Que vous consommez avec délectation.

Tu la balances sur toi et l'embrasse longuement. Tes doigts courent sur sa peau, ta langue danse avec la sienne. Elle pourrait fondre en toi, tellement vous vous épousez l'un l'autre. On rentre ? J'ai envie de poursuivre cette soirée dans mon propre lit. T'avais surtout envie d'être seul avec elle. Rester ici te rappelait trop la manière dont la soirée avait commencé. Tu as besoin de purger tout ça de ta tête. De lui faire l'amour encore et encore, jusqu'à ce qu'elle demande grâce. Cap.

- On pourrait arrêter si tu veux Ryn. Tu n'as qu'un mot à dire. Je ne sais pas si je supporterai de te faire pleurer encore. Ce n'est qu'un murmure mais tu l'entend parfaitement. Tu sais qu'il ne l'a pas supporté. - Je voulais te faire mal. Je voulais te faire tellement de mal. Autant que tu m'en avais fais, tu réponds dans un souffle. C'est pour ça que tu lui a montré tes larmes. Ce n'est pas la première fois que tu pleures à cause de lui, de vous, mais en général tu attends d'être seule pour le faire, pour qu'il ne te vois pas. Ce soir tu l'a fais exprès de lui montrer tes larmes. Le jeu, la baise, l'alcool, la provocation, la violence, tu savais que rien ne le ferait craquer, qu'il pourrait te faire bien plus de mal que tu ne pouvais lui en faire. Et c'est uniquement pour ça que tu lui a montré tes larmes. Parce que tu savais que ce serait l'unique chose qui pourrait lui faire rendre les armes. Tu as gagné d'un côté. Pas avant d'avoir abandonné mais maintenant que tu y penses, plus rien n'a d'importance.

Vous ne pouvez pas arrêter, vous êtes allés trop loin, vous êtes bien trop accros pour ça. Ce jeu c'est votre manière de faire réagir l'autre, de canaliser et de tenter de dompter et de comprendre ces sentiments profonds qui vous envahissent en présence de l'autre et qui sont bien trop incompréhensibles, bien trop ingérables pour que vous y arriviez de manière normale. Tu ne veux pas arrêter. Tu as l'impression d'être vivante quand tu joue à ce jeu. T'as l'impression que rien ne pourrait plus te rapprocher de lui. Pourtant, ce soir vous avez bien failli y rester. Ce jeu a brisé quelque chose entre vous, quelque chose que la danse a réparé de justesse mais il n'y aura pas toujours cette danse, cette musique, il n'y aura pas toujours ces petites choses qui font que vous vous retrouvez in extremis avant de vous perdre définitivement. Et un jour, tout explosera et vous ne pourrez rien réparer.

Il te propose de rentrer, de poursuivre tout ça dans son lit. Tu sais ce qu'il sous entend et une partie de toi réclame tout ça. Sa présence, son corps, sa manière de te faire l'amour. Oui une partie de toi en a envie. Et une autre veut refuser. Tu ressens le besoin de rentrer, de te noyer sous la douche, de pleurer jusqu'à épuisement, de te blottir dans les bras de ta soeur. Tu évites de le regarder, ton front posé contre son épaule, les yeux fermés. Tu ne sais pas quoi dire, tu hésites. Tu es fatiguée. Physiquement et psychologiquement aussi. Pourtant tu sais que si tu t'en vas maintenant, si tu l'abandonne, que tu le laisses tomber, c'est que quelque chose aura réellement été brisé entre vous. Que rien ne sera plus comme avant. Et tu veux pas. Tu veux retrouver ton meilleur ami, ton meilleur amant. Ce jeu vous détruit. Tu sais qu'il faudrait le stopper pour de bon. - D'accord, rentrons, tu souffles.

Tu te rhabilles et lui aussi et vous quittez la chambre. Cielo a prit sa voiture. Tu le laisses conduire quand bien même il a peut-être un peu trop bu. T'es ailleurs. Tu sens sa main prendre la tienne à un feu rouge et tu le laisses entrelacer vos doigts. Tu le regardes et tu lui fais un mince sourire. Vous finissez par arriver a Downtown. L'appartement est silencieux et plongé dans le noir. Irya doit travailler cette nuit. Dans la chambre de Cielo tu laisses tomber ton sac. Tu fixes la nuit par la fenêtre. Tu ne penses pas a grand chose. Ta décidé de te laisser flotter, de laisser couler pour voir jusqu'où le courant t'emmènera. Les bras de Cielo entoure ta taille et tu poses tes mains sur les siennes en te blottissant contre lui. Tu restes un moment comme ça puis tu te retournes sans quitter ses bras, passe les tiens autour de sa nuque et l'embrasse. Un baiser profond, qui dit tout ce que tu ne sais pas dire. Un baiser passionné qui lui avoue tout ce que tu cache. Un baiser tendre pour t'excuser du mal que tu lui fais. Et tu t'abandonnes une nouvelle fois dans ses bras alors qu'il t'allonge délicatement sur le lit.  

Oui tu le sais, c'est le jeu. Faire du mal à l'autre, quelque soit le moyen utilisé. Elle a utilisé la plus belle arme qu'elle ait pour te faire craquer et elle a parfaitement réussi son coup. Cette mauvaise sensation restera en toi un bon moment. Tu devrais, mais tu ne lui en veux pas. C'est le jeu. Elle a fait ce qu'elle pouvait pour te faire souffrir, tu ne l'as pas raté non plus. Et finalement, où tout cela vous a t-il mené ? C'était encore toujours instable. Tu le sens quand elle hésite à te suivre. Tu la connais ta Ryn et quand elle est vraiment emballée, ses yeux brillent d'excitation et ce sourire provocateur naît sur son visage. Là, elle s'est juste contentée d'accepter et de se rhabiller. Tu ne dis rien, parfois les mots ne servent plus. Et tu ne saurais même pas quoi dire en fait. Tu te détestes d'avoir emmené tout ça aussi loin. Si seulement... mais si seulement !

T'hésites quand même un peu à prendre la voiture. Tu n'es pas cuit au point de ne plus pouvoir marcher droit mais quand même, t'étais pas des plus sobres non plus. Mais t'avais pas envie de laisser ta caisse chez Roméo, avec toute cette bande d'abrutis défoncés jusqu'à la moelle, tu risquais de ne plus reconnaître ta voiture demain. C'est donc prudemment que tu prends la route, priant secrètement pour ne pas tomber sur une patrouille de flics. Mais ça ne t'empêche pas de la regarder. Encore et encore. Elle est pas là. Et pour une fois, tu as du mal à deviner ce à quoi elle pense. Ce qui lui arrive, pourquoi est-elle triste alors qu'elle est avec toi. Tu as mal. Ça ne s'arrêtera pas de sitôt. Pas tant qu'elle sera comme ça. A un feu rouge, tu lui prends la main, incapable de parler. Tu voudrais tant faire quelque chose. Dis-moi ce que je peux faire, Ryn. Parle moi stp.

Vous finissez par rentrer à la maison sains et saufs. Tu t'étonnes qu'Irya ne soit pas là, il était sensé être à la maison. Tu prends ton portable pour le texter afin d'être sûr que tout va bien avant de monter. Elle est là, debout, regardant par la fenêtre. T'enlèves ta chemise, beaucoup plus parce qu'elle est sale en fait. Tu hésites. S'asseoir et la laisser à ses pensées ? Lui parler ? Lui faire l'amour ? Tu es paumé et tu n'aimes pas vraiment cette sensation, surtout quand ça la concerne elle. Tu finis par l'enlacer par la taille. T'as décidé de rester là avec elle et de faire la suite comme elle voudra. Quand après un baiser des plus expressifs vous vous retrouvez sur le lit, t'arrêtes les frais. Tu ne peux pas faire l'amour dans ces conditions. Il y avait trop de non-dits, trop de sentiments refoulés, trop de douleurs étouffées. Le sexe ne résous pas toujours tout finalement. Tu ne peux pas. T'as besoin d'effacer cette tristesse de son regard, tu ferais n'importe quoi pour qu'elle retrouve ce magnifique sourire que t'aimes tant. Tu t'adosses au tête de lit et tu la prends dans tes bras. Plus de sexe. Dis-moi ce qu'il faut que je fasse pour que cette soirée soit derrière nous. Dis-moi ce que tu as. Parle moi stp, je veux savoir. Je ferai tout ce que tu veux. Je... Je t'en prie Ryn. T'as envie qu'on regarde un film ? Qu'on aille faire un tour ? Qu'on parle ? Ou qu'on reste là dans le silence ? T'as envie de rentrer ? Dis-moi. Je t'en supplie. Les mots s'étouffent dans ta gorge et tu écarquilles les yeux pour faire sécher les larmes qui menaçaient de couler. Tu n'en peux plus, t'es au fond. Tu as tellement mal que tu voudrais t'euthanasier en fait pour ne plus rien ressentir. Pourquoi, pourquoi avoir tout gâché avec ce maudit cap ?

Ca ne va pas. Rien ne va. Tout va de travers. C'est toi qui a instauré le jeu, qui l'a presque imposé à Cielo et tu le regrette amèrement ce soir. Vous êtes allés trop loin. Vous vous pensiez trop forts au point de ne pas mettre de limites quand justement c'est ce qu'il aurait fallu faire. Maintenant t'es paumée. Tu sais pas quoi faire. Tu sais plus quoi dire. T'es juste ... à l'écart. Tu as cette sensation de flotter au dessus de ton corps, de voir tous les événements se produirent sans pouvoir rien faire pour empêcher ce cauchemar. Où est passée ta belle complicité avec Cielo ? Où est passée cette envie de toujours être avec lui, les étoiles dans tes yeux, l'excitation à la simple pensée des jeux à venir ? Merde tu voudrais pouvoir faire un retour en arrière, laisser tomber cette histoire de cap et juste profiter de ce que la vie t'offrait à ce moment là. Lui. Vous. Tu as peur de le perdre maintenant. Peur que plus rien ne soit comme avant. Que quelque chose soit définitivement brisé entre vous. T'en a pas envie.

Tu te mords la lèvre presque jusqu'au sang pour ne pas pleurer de nouveau. Il n'est plus question de lui faire du mal maintenant. Tu attendras de retrouver ta soeur pour cette fois, lui laisser sa place d'aînée et de conseillère. Tu connaissais l'expression "avoir le ceur brisé" et tu la trouvais débile. Pourtant c'est bien pour ça que ne t'ai jamais attachée à un homme pas vrai ? Pour continuer de la trouver débile et ne jamais la tester réellement. Maintenant c'est chose faites et tu te retrouve comme une conne a essayer de te raccrocher à la moindre chose qui te maintient près de lui.

Il te sert dans ses bras. Le silence est presque pesant. Il n'est pas habituel entre vous. Tu l'embrasses. Tu te raccroches à lui. Tu essayes de lui dire par ton baiser, tout ce que tu n'arrives pas à lui dire par des mots. Il le sent. Il le sait. Il te pose sur le lit, te serres contre lui. Il ne continue pas les ébats. C'est peut-être mieux. Vous n'êtes pas en état de faire l'amour maintenant. Ca ressemblerait bien trop à une rupture, un adieu. Et ça c'est hors de question. Tu feras tout pour ne pas le perdre. Il parle le premier, te proposes un tas de choix, te supplie de lui parler, de ne pas continuer à te taire. Parce que ce n'est pas habituel quand tu tu t'es. Les cris, les explosions, les disputes, ça c'est toi, et ça c'est gérable. Mais ton silence ne l'est pas. C'est comme si tu avais déjà abandonné alors que ce n'est pas le cas.

Tu finis par soupirer et par te redresser. Tu le fixes. - Je sais pas ce qu'on pourrait dire Cielo. On a déconné sérieusement toi et moi ce soir. On est allés trop loin, tu le sais aussi bien que moi. Je crois ... je crois qu'il faut seulement du temps pour que ça se calme. Tu murmures. Ta envie de lui dire autre chose. Tu l'aimes. Tu ouvre la bouche pour le faire. Les lui dire ces putains de trois mots. Mais soudain tu prends peur. Tu te dis qu'au stade où en est votre relation si tu lui dis, c'est fini. Il prendra peur et toi aussi. Vous êtes pas prêts. Alors au lieu de ça tu lui souris avec tendresse. On peut se faire un film. Genre un thriller, un action, un horreur. Comme ça si j'ai peur j'aurais une bonne excuse pour me blottir contre toi, tu lui lances malicieuse. Presque comme avant. Il reste des ombres dans ton regard gris mais t'es prête à les combattre. T'es prête à tout du moment que tu ne le perd pas lui. Que cette soirée ne signera pas la fin de Starielo. N'importe quoi du moment que lui et toi ne vous dites pas adieu. Vous réussirez à passer ça. Il faut juste du temps. Du temps et des moments ensemble sans aucun jeu entre vous. Tu crois que y a encore un truc d'ouvert à cette heure là ? J'ai faim. Comme d'hab après avoir trop bu en fait. Tu lui souris.  

Luttant pour pas pleurer, tu attends qu'elle réponde. Qu'elle dise quelque chose. N'importe quoi. Tu en avais plus que besoin. Le silence était trop pesant. Et plus ça durait, plus tu sombrais. Tu commençais à étouffer. Elle finit par parler enfin. Et ce qu'elle dit finit de t'achever. Du temps... du temps ? Du temps pour quoi ? Pour que quoi se calme ? Brusquement t'as l'impression que tu manques d'air. T'étouffes. T'as besoin d'oxygène. T'as besoin de sortir de cette pièce. Du temps. Ce que toutes les femmes disent avant de vous claquer la porte au nez. Vous larguer comme une chaussette sale. Du temps. Vous êtes pas en couple pourtant, ça devrait pas te déranger à ce point. Mais t'as l'impression qu'elle vient de te laisser tomber. Qu'elle vient de créer un énorme fossé entre vous deux et que t'étais celui qui se retrouvait au bord. Du temps. L'ennemi de toutes relations. Rien ne devient plus jamais comme avant, après du temps. Quelque soit les efforts, quelque chose est à jamais brisé. Tu sais qu'elle a raison. Que vous avez déconné ce soir. Que vous êtes allés trop loin et que les conséquences s'en ressentaient maintenant. Mais bon sang toi tu voulais trouver une solution tout de suite ! Pas demain, ni dans dix ans. Tu peux pas rester comme ça toi, à te demander quand es-ce que les choses s'arrangeront. Une journée de plus dans cet état et tu crèves. Mais si c'est ce qu'elle voulait... Ouais t'as sûrement raison.

Que dire d'autre ? Tu ferais tout ce qu'elle veut, du moment que ça la rende heureuse et que ça arrange les choses entre vous. Même si là tout de suite, colère, tristesse et désespoir s'entrechoquent dans ta tête. T'as envie de sortir, crier, cogner sur quelque chose, remonter le temps et supprimer ce maudit jeu de votre histoire. T'as l'impression de la perdre et ça te fait littéralement mourir. T'essaies de ne pas le montrer mais ce n'est pas ton truc. Quand quelque chose ne va pas, t'as du mal à faire comme si tout allait bien. Tu peux pas discuter tranquillement alors que tu fonds à l'intérieur. T'as l'impression qu'elle t'offre un genre de soirée d'au revoir et ça ne t'aide pas à aller mieux. T'as envie de lui dire que tu veux pas regarder de film, que tu veux pas faire comme si tout allait bien. Pourtant tu sais qu'elle a raison. Mieux valait ça qu'autre chose. Tu lui souris en retour, incapable d'articuler un mot. Tu n'en peux plus. Putain, il y a un moyen d'arrêter ton cœur d'avoir aussi mal ? Tu te lèves en te demandant comment sortir de cette chambre sans qu'elle le prenne mal. T'as vraiment besoin d'un instant ou sinon tu craquerais. Et puis elle t'offre l'échappatoire idéale. En plein centre-ville, on doit en trouver. Tu commences le film sans moi ? Je vais sortir voir ce que je peux trouver. T'essaies d'être aussi enjoué qu'elle mais ta voix est méconnaissable. Tu t'empresses de prendre ton portefeuille et de lui voler un baiser pour qu'elle n'ait pas le temps de réagir. Sortir. Crier. Pleurer. Maudire Roméo et sa stupide soirée. Bannir ce jeu de ton esprit. Réfléchir à comment arranger les choses. Tu peux pas la perdre, tu t'y refuses. Quelque soit la solution, tu la trouveras. Sur le pas de la porte tu t'arrêtes, te retournes pour la regarder. Vos regards se croisent. Tu souris et essaies un ton enjoué. Je reviens, bae. Pourtant dans les escaliers, tu t'assieds la tête sur les genoux, incapable de résister plus longtemps. C'est sûr maintenant, ton cœur va lâcher. Tu l'aimes et tu es en train de la perdre.

Du temps. Non mais t'es sérieuse ? Même toi t'y crois pas. Du temps. Ces que des conneries. Rien ne remédiera à ça. Vous avez déconné et maintenant vous avez le choix ? Ou vous passez outre, ou vous vous quittez avant même d'avoir formé un couple "officiel". Le temps n'a rien a voir là dedans. Tu sais même pas pourquoi tu l'as sorti cette connerie. Tu te sens pas bien. Ta besoin de te poser, de réfléchir. T'as sorti le premier truc bateau qui te venait à l'esprit. Tu te convaincs même pas toi même comment tu veux le convaincre lui ? T'as la tête qui tourne, l'envie de vomir, de pleurer jusqu'à ne plus en pouvoir, dormir et ne pas te réveiller. Tout plutôt que cette douleur qui te broie la poitrine. Ta l'impression qu'on t'arrache le coeur, qu'on le piétine, le poignarde, le brûle à petit feu. Tu n'arrives plus à respirer. Tu sais que Cielo est pareil, tu le vois bien malgré le fait qu'il tente de faire semblant.

Quand il se lève en te proposant d'aller voir ce qui peut être ouvert, tu sais que c'est une connerie. Il a besoin de souffler et toi aussi. Il t'embrasse rapidement et file. Je reviens, bae ... c'est ce qu'il te dit. Tu adores ce surnom qu'il te donne parfois. Tu lui souris en hochant la tête d'un air malheureux. Une fois qu'il a quitté la pièce tu enfoui tes mains pour pleurer, pour craquer. Merde, ce mec tu l'a dans la peau, tu en es irrévocablement amoureuse et t'arrives pas à gérer. Tu vas le perdre avec tes conneries. Tu sais pas quoi faire. Tu tends la main pour attraper ton portable, appeler Chad, lui demander conseil puis tu te figes. Cette fois tu vas arrêter de réfléchir, arrêter de penser plutôt que d'agir. Plutôt que de te fier à ton instinct. Tu bondis du lit et te précipites hors de la chambre, manquant de tomber sur Cielo qui atteint à peine la dernière marche. Il a du s'arrêter pour craquer comme toi. - Ne pars pas ! tu lui cries presque. Tu t'approches et t'accroches à lui. Ne pars pas, tu répètes dans un murmure. Si tu pars tu reviendras pas. Ou je serais partie. Je veux pas Cielo j't'en prie. Tu t'accroches à lui plus fort, comme si tu manquais de te noyer et qu'il était la seule chose qui t'en empêchait. Tu plonges ton regard noyé de larmes dans le sien. Y a pas besoin de temps. Y'en a jamais eu besoin ! Toi et moi c'est plus fort que tout ! Dis moi que cette soirée n'aura pas tout brisé. Dis moi qu'on peut oublier et ne pas se laisser ! Tu poses ton front contre le sien. Ne m'abandonne pas, tu le supplies. Je t'aime, tu murmures enfin. Ton premier. Probablement pas le dernier. Mais tu tente le tout pour le tout. Tu peux pas le laisser partir. Parce que s'il passe cette foutue porte, tu sais que vous deux, ce sera fini. Définitivement. Quoique vous prétendiez par la suite. Et si tu dois te mettre à genoux pour le supplier de ne pas partir tu le feras. Tu ne peux pas le perdre. Tu en mourrais.  

Celui qui a créé l'expression "au fond du trou" ne doit avoir jamais ressenti ce que tu ressens en ce moment sinon il aurait trouvé mieux. Parce qu'un simple trou n'est pas suffisant là. T'es là à pleurer comme un gosse, complètement perdu et paumé. C'est incroyable ce que l'amour peut vous faire du mal. Combien on peut souffrir quand on pense qu'on est en train de perdre l'une des personnes les plus importantes à ses yeux. Tu te sens impuissant, totalement largué. T'aimerais remonter, dire ou faire quelque chose, n'importe quoi qui puisse arranger les choses, vous rendre votre bonheur et votre insouciance d'avant. Cette belle complicité que vous aviez. Comment tout cela a pu s'envoler en une seule soirée ? Comment t'avais pu laisser les choses dégénérer à ce point ? Et maintenant t'es là à mourir, avec des regrets et des regrets.

T'es à bout, tu sais pas quoi faire pour que ça aille mieux. Brusquement t'entends des pas derrière toi. Ryn. Elle te tombe pratiquement dessus, s'accroche à toi et te demande de ne pas partir. Ne pas partir... Y a pas besoin de temps. Y'en a jamais eu besoin ! Toi et moi c'est plus fort que tout ! Dis moi que cette soirée n'aura pas tout brisé. Dis moi qu'on peut oublier et ne pas se laisser ! T'as le front posé contre le sien, t'essuies ses larmes en même temps que t'essuies les tiens et tu peux pas t'empêcher de sourire. Enfin. Le temps s'enlevait de l'équation, il y avait tout à coup de l'espoir. Plus question de partir maintenant. Vous alliez surpasser ça, c'était sûr. Tu n'abandonneras pas tant que tout ne reviendra pas comme avant. Je ne t'abandonnerai jamais, Ryn, je te l'ai dis, ça ne risque pas d'arriver. Jamais. Quelque soit ce qui se passera. Je t'aime. Les mots atteignent ton cerveau et le congèlent un instant avant que tu ne te rends compte de l'ampleur de ce qu'elle vient de te dire. Elle t'aime. Elle vient de te dire qu'elle t'aime. Tu es tétanisé et tu sais pas quoi dire. C'était pas compliqué pourtant. Je t'aime aussi. Tout simplement. C'est ce que tu ressens pour elle. Tu le sais maintenant depuis cette fois sur le bureau où t'as failli le dire. Tu rêves de le dire à haute voix depuis mais t'y arrives pas. Trop tôt. Jamais le bon moment. Trop peur que ça détruise tout. Maintenant que t'en avais l'opportunité, ta gorge est bloquée. Sûrement à cause de toutes ces foutues choses qui se sont passées ce soir. Trop de choses à gérer en une fois.

Tu caresses sa joue de ton pouce et à défaut de parler, tu prends ses lèvres pour un baiser. Un baiser salé par les larmes que vous aviez versées, sucré par les quelques traces de gloss qu'ils lui restaient, douloureux à cause de tout ce que vous venez de traverser, intense par tout l'amour que vous ressentez l'un pour l'autre. Un baiser unique, comme jamais vous n'aviez eu auparavant. Un baiser qui vient de sceller le début de quelque chose. Tu sais pas quoi exactement, mais quelque chose quand même. Tu la relâches à regret et tu lui souris, le front toujours collé au sien. Moi aussi, chérie. Et je suis désolé pour tout ça. On trouvera une solution. Tu entrelaces ses doigts aux siens et tu serres sa main jusqu'à lui faire mal. On s'est brisés. On va se réparer. Ensemble. Comme toujours. Je te le promets. Oui vous alliez y arriver. Le contraire était inconcevable.

Tu relèves la tête et tu passes une main dans tes cheveux. T'es comme libéré. Tu te sens léger. C'est bon signe. Tout ira bien maintenant. Non mais ce que j'ai envie de tuer Roméo et l'envoyer au fin fond de l'enfer avec sa soirée de malheur, c'est pas possible, tu lances, pour la faire sourire. Il fallait alléger l'atmosphère maintenant. Un peu d'efforts et le train se remettra sur les rails tout seul. Mais avant: Plus de jeu, Ryn. Du moins, pas avant un bon moment. On a failli se perdre là et je ne veux plus jamais revivre ça. T'es sérieux. Le risque est trop grand maintenant, tu ne veux plus le courir. S'en est plus que vous ne pouviez supporter. Tu l'embrasses, tu poses ta tête sur ses épaules. Tu l'aimes. On fait quoi pour ce repas au fait ? Parce qu'il fallait se nourrir avant de...faire autre chose, tu penses, te souriant à toi-même.