Look after me, I'm lost - Elijah

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Look after me, I'm lost

Elijah Mckillan & Megan Anderson

Après l’engueulade que je venais d’avoir avec Sam, Amy et cette fille que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam, on ne peut pas dire que j’étais au top niveau moral. Je sais très bien que j’avais mal agi. Mais est-ce de ma faute si à chaque fois que je vois cette fille qui m’a rejetée, je ne peux pas m’empêcher de la provoquer ? Au départ, si je m’étais rapprochée de Sam, c’était dans le seul but de faire comprendre à Amy à quel point ça fait mal de se faire rejeter par quelqu’un. Malheureusement, ce dernier avait fini par me rejeter à son tour et ce n’est pas l’arrivée d’Amy et sa copine, qui était parvenue à arranger les choses entre nous. Bien au contraire même. Dès le moment où ces dernières avaient fait irruption dans ce restaurant alors que je tentais de rattraper le coup avec Samuel, mon plus mauvais côté avait pris le dessus. Enceinte ? L’étais-je réellement ou pas ? Qu’est-ce que ça pouvait bien leur faire maintenant que Samuel avait décidé de retourner vers son ex petite-amie, ça ne les regardait plus, si ? Bref, après avoir quitté en trombe le restaurant, j’avais erré dans les rues pendant plusieurs heures, avant d’arriver dans un parc. Marchant, sans but, essayant d’oublier ce qui venait de se passer et surtout d’oublier le plaisir et le bonheur que j’avais ressenti dans les bras de cet homme qui ne serait jamais mien, j’avais fini par m’asseoir sur un banc et quand par malheur mon regard avait aperçu une mère avec son enfant et son mari, j’avais fini par m’effondrer en larmes, sans plus pouvoir m’arrêter. Ce que je pouvais être faible parfois ! Habituellement, je ne me permettais pas de craquer comme ça, en place publique, mais là, je n’en pouvais plus, j’étais à bout et je me fichais bien du fait que l'on me voit craquer, comme ça, aux yeux de tous. Après tout c'était humain de pleurer de temps en temps, non ? Et même si j'ai fait des erreurs et dit des horreurs dernièrement, je ne reste pas moins humaine pour autant, même si certaines personnes pourraient penser le contraire.

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Dans mon travail, je me retrouve souvent confronté à des événements difficiles, souvent violents, alors j'ai dû trouver un moyen pour apaiser mon esprit, pour me ressourcer. Le meilleur moyen que j'ai pu dégoter, c'est d'aller dans un parc, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, la nature a cette vertu de calmer les nerfs quand on y fait attention, le son du vent dans les feuillage détend et apaise. La deuxième et principale raison de ma venue dans un parc serait de regarder et d'écouter les enfants jouer. Non, je ne les espionne pas, je ne suis pas un psychopathe en puissance, et heureusement vu le métier que j'exerce, mais quand je me trouve entouré d'enfants, je ressens leur innocence et cet espoir que tout n'est pas perdu en ce monde, que la bonté et la joie existent encore.

Du coup, j'ai décidé d'aller m'asseoir sur un banc pour contempler la vie et l'apprécier. Les mains dans les poches, je me balade un moment avant d'apercevoir une jeune femme prise de larmes qu'elle ne semble pas pouvoir arrêter. Je me sens mal pour elle qui est toute seule, elle semble si perdue que je n'ai qu'une envie : la prendre dans mes bras. J'hésite quelques secondes, car je ne la connais pas après tout, mais je ne peux pas la laisser là, dans cet état, et continuer ma route comme si de rien était. Je décide donc d'aller lui parler. Je parcoure rapidement les quelques mètres qui nous séparent et m'assois à côté d'elle. Je me penche doucement vers elle et lui tend un mouchoir en tissu que je garde toujours dans ma veste de costume, au cas où. Il est immaculé, bien sûr, je ne lui tendrais pas un mouchoir déjà utilisé. D'une voix douce, je lui dis :

Tenez, vous pouvez le garder, j'en ai d'autres.

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Elijah Mckillan & Megan Anderson

Comment est-ce que j’avais pu en arriver là ? Est-ce qui si mon père ne m’avait pas zappé de sa vie après son divorce avec maman, j’aurai été différente de celle que je suis devenue aujourd’hui ? Est-ce que si Amy ne m’avait pas rejeté de sa vie, alors que je ne demandais qu’à la connaître, nous serions amies aujourd’hui ? Allez savoir. Malheureusement les choses sont ce qu’elles sont et même si je ne le montre pas aux personnes qui m’entourent, je ne suis pas du tout cette garce sans cœur, que la plupart de mon entourage connaît. Bien au contraire même. J’avoue que ces dernières semaines je n’ai pas fait que des bonnes choses, mais si seulement je pouvais revenir en arrière, je le ferai sans aucune hésitation. Si Brad me voyait dans cet état-là, il y aurait fort à parier qu’il m’aurait engueulée pour que je me reprenne rapidement et que je poursuive notre plan. Hors je n’avais plus envie de ça. Je ne voulais plus être sa marionnette. Oui mais voilà, il restait mon frère et même si j’avais conscience qu’il pouvait très mal agir parfois, je ne pouvais pas m’empêcher de céder à ses demandes. Pourquoi ? Sans doute parce que j’ai peur de perdre quelqu’un à qui je tiens, encore une fois. Peur que lui aussi m’abandonne. Comment réagirait-il en apprenant que j’ai échoué, mais qu’en plus de cela je suis tombée enceinte d’un inconnu. Parce que oui, contrairement à ce que j’avais dit à tout le monde, j’étais bel et bien enceinte, mais pas de Samuel. Totalement perdue, je m’étais effondrée en plein milieu de ce parc, ne sachant plus comment faire pour me sortir de tout ça.

Ne faisant pas attention à ce qui se passait autour de moi, mes jambes repliées près de mon torse, entourées de mes bras, je ne regardais plus personne. Non, à cet instant-là, j’avais posé ma tête sur mes bras et fermé les yeux, en espérant que cette crise de larmes finiraient par passer. Puis alors même que je me demandais comment arranger les choses afin que plus personne ne m’en veuille, une voix m’était parvenue. Cette voix que j’avais cru reconnaître aux premiers abords, n’était en fait que la voix d’un homme que je n’avais encore jamais vu de ma vie. Comment je m’en suis rendu compte ? En relevant la tête tout simplement. Prenant alors le mouchoir que ce dernier m’avait tendu, j’avais rapidement essuyé mes yeux, avant de soutenir le regard de l’homme qui se tenait devant moi. Silencieuse, je l’étais restée pendant plusieurs minutes, avant de finalement brisé le silence qui nous entourait, grâce à un seul mot :

- Merci…

De toutes évidences, cette personne ne devaient pas connaître Amy et compagnie, sinon jamais elle ne se serait assise à mes côtés et elle m’aurait encore moins donné un mouchoir pour que je m’essuie les yeux. Non au lieu de ça, elle m’aurait sans doute assommée à coup de parole pour me rabaisser encore un peu. Mais non, cette personne n’avait pas fait ça, bien au contraire même. Elle était venue à ma rencontre en se rendant compte que je n’allais pas bien et plutôt que de me poser la question fatidique, elle s’était contentée de rester assise à côté de moi, sans rien dire. J’appréciais cela. Le fait qu’elle ne soit pas intrusive. Ou plutôt non. Qu’il ne soit pas intrusif. Parce que oui, la personne qui était venue à ma rencontre en voyant que je n’étais pas bien était un homme. Mon regard se posant ensuite sur les environs, j’avais fini par reprendre la parole :

- Vous venez souvent à la rencontre de jeunes femmes complètement paumées pour leur offrir un mouchoir ? Ou bien alors l’envie vous a pris comme ça, d’un seul coup ?

Non détrompez-vous, je ne lui disais pas cela méchamment. J’étais juste un peu méfiante, parce que je ne connaissais pas du tout ce jeune homme et je ne voulais pas, de nouveau, faire l’erreur d’accorder facilement ma confiance à quelqu’un, comme je l’avais fait auparavant avec Samuel ou avec le père de mon enfant…

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Je me moque complètement des on-dit, des rumeurs des uns et des autres. J'ai toujours préféré me faire ma propre opinion, et ne pas me fier à ce type de bavardages médisants. Alors même si j'avais connu ceux qui ont fait du mal à la jeune femme que je viens d'aller voir, jamais je ne l'aurais descendue, peu importe ce qu'on m'aurait dit. Je vois surtout qu'elle est seule, et qu'elle semble effondrée. Je ne pouvais décemment pas la laisser comme ça, et passer mon chemin ! Alors je m'assois à ses côtés et je lui offre un mouchoir, parce qu'il n'y a rien à faire d'autre pour le moment. Simplement lui apporter mon aide, et être présent.

Pendant de longues minutes, je ne dis rien. Je reste à côté, le regard dans le vague. J'aperçois des familles jouer au ballon, des couples s'embrasser, des solitaires aussi, lire un livre ou marcher sans but. J'attends que ma voisine de banc retrouve son calme, ainsi qu'un peu de sérénité, peut-être. Quand elle me fixe et me remercie, je lui offre simplement un sourire. Pas un de ces sourire empreins de pitié, ça non, je déteste ça, mais juste un sourire amical. Elle semble, elle aussi, regarder au loin, mais elle s'adresse à moi. J'ai un léger sourire amusé en entendant sa question. Est-ce qu'elle me juge ? Je n'en ai pas l'impression, mais je n'espère pas.

Vous aviez l'air d'avoir besoin de compagnie et puis... ça n'est pas mon genre de laisser quelqu'un de triste comme ça, sans soutien.

Je n'ose pas lui demander ce qui la rend triste. Je ne veux pas qu'elle se sente questionnée, je ne veux surtout pas qu'elle se sente obligée de répondre non plus.

Est-ce que vous voulez que je parte ? N'hésitez pas, je ne veux surtout pas m'imposer.

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Elijah Mckillan & Megan Anderson

Assise sur un banc, les genoux repliés vers moi, j'avais complètement lâché prise et oublié que je n'étais pas chez moi. Que des gens allaient et venaient autour de moi et je ne pensais pas une seule seconde que quelqu'un puisse s'inquiéter pour moi. Encore moins un inconnu d'ailleurs. Alors forcément quand cet homme m’avait abordé avec un mouchoir à la main, j’avais été on ne peut plus surprise. Pourquoi un inconnu me viendrait en aide, sans même savoir qui j’étais, alors que moi je serai sans doute passé devant lui, sans faire attention à lui ? Et puis pourquoi me portait-il autant d’attention alors que je ne le méritais pas ? Tant de questions se bousculaient dans ma tête. Des questions qui trouveraient peut-être ou peut-être pas des réponses un jour. Cherchant à comprendre pourquoi il était intervenu, je lui avais demandé, sans aucune animosité, s’il agissait ainsi avec toutes les femmes complètement paumées, qui était en train de pleurer lorsqu’il les croisait ou bien alors s’il était intervenu juste par plaisir. Ce dernier m’avait alors dit qu’il n’était pas du genre à laisser une personne triste, sans soutien, toute seule. Si seulement il savait… relevant alors les yeux pour soutenir son regard, après avoir essuyé mes yeux, j’avais pris la parole :

- Pourtant vous ne me connaissez pas… et si j’étais juste une femme complètement folle qui est du genre à un peu trop s’attacher à son sauveur ?

Non, je n’étais pas ce genre de femme. Bien sûr, il m’arrivait parfois d’avoir des coups de folie et de faire des conneries, mais jamais je n’irai jusqu’à harceler quelqu’un parce qu’il m’est venu en aide ou m’a aidé à faire face à une situation douloureuse ou compliquée. L’homme m’ayant ensuite demandé si je voulais qu’il parte, j’avais alors secoué la tête de gauche à droite avant de reprendre la parole :

- Non. Vous ne me dérangez pas ne vous inquiétez pas. Bien au contraire même...

Ce que je voulais dire par là, c’était que la présence de cet inconnu m’aidait, à ma plus grande surprise, à relativiser sur ce qu’il venait de se passer et surtout elle m’avait fait réaliser que tout le monde n’était pas aussi mauvais et centré sur soi-même, comme je le pensais. Oui enfin, pour l’instant c’est ce que son attitude me laissait penser, après tout je ne le connaissais pas et lui non plus ne me connaissait pas. Est-ce qu’il resterait là, à parler avec moi et tenter de me remonter le moral au maximum s’il apprenait ce que je venais de faire et ce que j’avais durant ces derniers mois ? Peut-être que oui, peut-être que non… il n’y a qu’en faisant sa connaissance que je pourrai le savoir, vous ne croyez pas ? C’est pourquoi, après être partie dans mes pensées durant plusieurs minutes, j’étais redescendue sur terre et lui avait dit :

- Au fait, moi c’est Megan… Megan Anderson.

J’espérais qu’à l’entente de mon prénom, il ne me fuit pas… ben oui quoi, si ça se trouve il avait déjà entendu parler de moi…

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Je n'aime pas voir une femme malheureuse et si fragile. Je n'aurais pas pu la laisser dans cet état, je ne voulais pas le faire. Et puis, il faut le dire, je n'ai rien de prévu aujourd'hui, si ce n'est de flâner. J'ai résolu la dernière enquête qui m'a été confiée, et on m'a offert quelques jours de repos bien mérités. Du coup, si je peux aider... Je le ferai, et je le fais. Ce que me dit la jeune femme me fait sourire. Et si elle était une folle furieuse qui s'accroche comme une folle à son sauveur ? Je saurais bien évidemment me défendre, mais devinant que si elle me dit ça, c'est loin d'être le cas, je réponds, pour tenter de la faire sourire :

Si une aussi jolie femme que vous s'attache à moi, je serais idiot de la penser folle. Ça serait plutôt un compliment.

Je lui fais un clin d’œil et sourit. C'est vrai qu'elle est belle. Même si elle a encore les yeux rougis par les pleurs, j'aperçois de la douceur dans son regard, et j'avoue que ça me plaît. Son attitude hésitante et tout aussi perdue me donne envie de la serrer contre moi, de la prendre dans mes bras pour la rassurer, mais je n'en fais rien. Même si j'espère y remédier, je ne connais pas encore cette jeune femme, et je ne souhaite pas l'effrayer. Du coup je lui propose de m'en aller, pour ne pas la déranger, mais sa réponse me fait plaisir. Elle semble apprécier ma compagnie, alors je ne vais pas partir. Je pourrais bien être le fou qui s'attache à elle, mais de ça, elle ne semble pas s'en faire. Je lui souris de nouveau et détourne le regard un instant, pour ne pas donner l'impression de la scruter. Je m'installe au fond du banc et croise mes jambes, mon mollet droit reposant sur ma cuisse gauche. Je tends le bras sur le dossier du banc derrière la jeune femme et perd mon regard dans le vague. Quand finalement la dénommée Megan se présente, je repose mon regard sur elle et souris.

Enchanté Megan, je m'appelle Elijah, Elijah Mckillan.

J'avoue, je viens de donner mon nom en mode James Bond, mais j'avoue que ça m'amuse. Et, d'une voix douce et chaude, je demande :

Vous venez souvent ici ?

J'essaie de l'amener à me parler, à me dire ce qui l'a conduite ici, et à se lâcher complètement, en pensant que personne ne s'arrêterait pour l'aider à se sentir mieux.

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Elijah Mckillan & Megan Anderson

Je me demande encore comment j’ai fait pour en arriver où j’en suis aujourd’hui. Tout ça c’était à cause de lui. Mon père. Si ce dernier avait gardé sa braguette fermée il y a de cela quelques années, jamais je ne serai devenue cette jeune femme que je ne peux plus voir en peinture quand je passe devant un miroir ou quand je me rends compte après coup, que j’ai fait du mal à des personnes importantes à mes yeux. Au lieu de ça, je me retrouvais avec un demi-frère et une demi-sœur, qui elle, ne pouvait pas me voir en peinture et ce depuis toujours. En colère à cause du fait qu’elle m’ait rejetée, je m’étais laissé berner par mon frère et de la haine qu'il éprouvait envers celle-ci et j'avais avec celle-ci, comme une véritable garce. Pas étonnant que la plupart des personnes que je rencontre finissent par m'abandonner ou me rejeter à un moment ou un autre. D'ailleurs il y a fort à parier que cet homme, si prévenant avec moi, alors même qu'il ne me connaît pas, en fasse de même quand il apprendrait ce que j'ai osé faire à ma demi-sœur, il y a de cela à peine quarante-cinq minutes. Après avoir dit au jeune homme qu’il prenait un risque à rester là avec moi, en lui disant que si ça se trouve j’étais une femme complètement folle qui était du genre à s’attacher rapidement aux personnes qui lui viennent en aide, ce dernier m’avait répondu qu’au contraire il ne me considèrerait pas comme une folle de m’être attachée à lui et qu’à ses yeux, une telle attitude aurait plutôt l’air d’être un compliment et rien d’autre. Esquissant alors un léger sourire à l’entente de cela, je n’avais pas pu m’empêcher de lui dire, tout en le regardant :

- Vous savez que vous êtes plutôt étonnant. Je vous dis que je suis peut-être une psychopathe qui s’attache trop vite aux personnes qui me montre de l’attention et vous, vous voyez cela comme un compliment.

Celui-ci m’ayant ensuite dit qu’il pouvait partir si je le désirai, je lui avais répondu que non, ça ne me dérangeait pas qu’il reste auprès de moi, avant de me présenter à lui. Ce dernier ayant fait de même par la suite, j’allais lui dire que j’étais enchantée de faire sa connaissance, quand ce dernier m’avait coupé l’herbe sous le pied en me demandant si je venais souvent dans ce parc.

- Je viens souvent ici quand j’ai besoin de réfléchir ou quand ça ne va pas, comme aujourd’hui et que je sais que personne ne pourra ou ne voudra me venir en aide…

Puis je ne sais pas pourquoi, par la suite, je lui avais dit, non sans avoir détourné mon regard du sien auparavant :

- Et je suis quasiment sûre que dès l’instant où je vous aurai tout raconté, vous ferez comme toutes ces personnes vous aussi et que vous ne m’accorderez plus aucune attention. Il y a même fort à parier que vous prendrez la fuite quand vous vous rendrez compte de quel genre de filles je suis en réalité…

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Non, vraiment, cette jeune femme me fait de la peine. En tant qu'homme, il m'est insupportable de voir une femme pleurer, et encore moins se dénigrer comme elle le fait. J'aimerais qu'elle se rende compte de sa beauté, ou tout du moins que le fait qu'elle soit là à pleurer prouve bien qu'elle est une personne sensible et pas du tout (ou pas seulement) la folle qu'elle croit être. J'ai envie de la rassurer, de la protéger. Alors je lui fais un compliment, pas moins sincère, en lui avouant que, pour moi, si une femme aussi belle qu'elle s'attache à moi, c'est un compliment. Elle semble cependant étonnée par ma réponse. Elle ne doit pas être habituée à ce qu'on prenne soin d'elle et à ce qu'on la considère comme une personne à par entière, avec la sensibilité qui semble l'habiter.

Je ne m'inquiète pas. Généralement les psycopathes ne préviennent pas, et puis je sais me défendre. Dis-je, sans en rajouter. Dans certains cas, je préfère ne pas dire tout de suite que je fais partie du FBI car, soudain, on oublie que je suis une personne avant d'être un agent fédéral. On s'imagine que je suis la loi et que je vais mettre tout le monde en prison. Hors, là, le but, c'est quand même de mettre la jolie Megan en confiance, afin de la rassurer, non pas lui donner l'impression que je lui fais un interrogatoire. Nous nous présentons et je lui demande si elle vient souvent dans ce parc, espérant par ce biais qu'elle se confierait à moi, ou tout du moins que j'apprendrais à la connaître un peu mieux. Seulement, je n'en attendais pas autant. Elle m'avoue que, dans son entourage, personne ne se préoccupe d'elle, et ajoute même que je risque prendre mes jambes à mon cou quand elle m'aura raconté ce qu'il se passe. Me redressant doucement en décroisant mes jambes, je me permets de poser une main dans son dos, en guise de soutien et je cherche à croiser son regard en me penchant légèrement vers l'avant.

Essayez toujours. Je ne suis pas du genre froussard. Et puis, qu'avez-vous à perdre ? A la base, vous ne pensiez même pas que je vous rejoindrais.

Je lui offre un sourire amical, en espérant ne pas en faire trop. Me doutant qu'après tout elle ne voudrait peut-être pas me parler, j'ajoute :

Au pire, vous n'êtes pas obligée de tout me dire, mais si vous le souhaitez je serai ravi de vous écouter, et je vous promets que je ne partirai pas.

Dans toute ma carrière, que ce soit dans l'armée ou au sein du FBI, j'en ai vu et entendu des vertes et des pas mûres, alors je doute qu'elle puisse réellement me choquer, ou me faire fuir. J'espère seulement qu'elle n'a tué personne, parce que je serais obligé de l'arrêter, et là pour le coup, j'avoue que ça me mettrait vraiment le moral à zéro tant elle me semble adorable.

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Elijah Mckillan & Megan Anderson

Après avoir dit au jeune homme qui m’avait rejoint que je trouvais ça drôle qu’il continue à se montrer avenant avec moi alors même que je pourrai très bien être une véritable psychopathe, ce dernier m’avait répondu qu’en règle générale les psychopathes ne prévenait pas et qu’il savait se défendre. Souriant alors à nouveau, je lui avais demandé, en soutenant son regard :

- Ah oui ? Vous êtes quoi ? Un genre de Super Vampire des temps modernes ?

Pourquoi j’avais dit cela ? Je ne sais pas, sans doute parce que je trouvais qu’être un vampire lui allait mieux que d’être qualifié de Superman. Ayant ensuite dit à Elijah que j’étais certaine qu’une fois qu’il aurait entendu ce que j’avais à lui dire, il ferait comme tous les autres et disparaitrait de ma vie, je n’avais pu m’empêcher de repenser à cet homme avec qui ma mère m’avait conçu et qui avait disparu du jour au lendemain. Pourquoi fallait-il que cet homme nous ait abandonnées maman et moi ? Pourquoi fallait-il aussi que ma demi-sœur me rejette et que je me sois laissé berner par mon demi-frère. Comment avais-je pu être aussi stupide franchement ? Je m'étais fait avoir par lui comme une bleue, mais ce qu'il y a de sûr, c'est que plus jamais je ne le laisserai avoir le dessus sur moi et surtout, que plus jamais je ne lui ferai confiance. A cause de lui, moi qui avait déjà perdu pas mal de choses dans ma vie, j’avais perdu encore plus à ce jour. Non seulement il serait très difficile pour moi de me réconcilier avec ma demi-sœur, mais en prime il faudrait par la même occasion que je récupère ma fierté et ma dignité. Pas question que je ne reste celle qui n’a pas de cœur et qui s’en prend à sa famille, par simple vengeance, toute ma vie. Mais avant cela, avant de pouvoir faire amende honorable et convaincre ma demi-sœur que je n’étais pas si aussi mauvaise que je ne lui avais laissé croire à cause de mes actes, il faudrait que je me rachète une conduite et que je change. Et si pour cela, je devais dire à cet homme, qui daignait enfin m’accorder de l’importance, tout ce que j’avais fait à Amy et Samuel ? Non, il avait beau m’avoir promis qu’il ne partirait pas après m’avoir entendu, je suis presque certaine qu’une fois que je lui aurai dit tout ce que j’ai sur le cœur, il ne me regarderait plus comme il était en train de le faire actuellement. Mon regard se posant sur l’horizon, j’avais jeté un rapide coup d’œil à ma montre, avant de reporter mon attention sur Elijah et lui demander :

- Très bien… j’espère que vous avez du temps devant vous et de la patience alors, parce que je vais en avoir des choses à vous raconter…

Détournant ensuite mon regard du sien, je m’étais perdue pendant plusieurs secondes dans mes pensées, avant de finalement rompre le silence qui s’était installé entre nous :

- Par où commencer… Ah oui je sais. Ce serait sans doute plus simple que je commence par le début, vous ne pensez pas ? Tout a commencé, quelques mois seulement après que maman soit tombée enceinte de moi. A ce moment-là elle l’ignorait encore, mais son cher et tendre mari, cet homme qu’elle avait épousé en sortant de l’adolescence, menait en réalité une double vie. Ce prince charmant dont on nous parle dans les contes de fées, c’est de la connerie tout ça. Maman n’avait pas épousé un prince charmant, mais un crapaud en réalité. Quand elle a appris que celui-ci était aussi marié à une autre femme et qu’il avait aussi une fille avec celle-ci, elle n’a pas traîné pour demander le divorce. Et lui, il ne s’est même pas battu pour me garder dans sa vie. Non au lieu de ça, il a pris ses jambes à son cou et n’est plus jamais revenu…

Prenant une pause, je me demandais encore comment aborder le sujet Amy, Samuel et Brad… rien que cette partie de ma vie, on pourrait croire que je la tire d’un énième épisode des feux de l’amour. Passant une main dans mes cheveux, signe que j’étais stressée, j’avais par la suite repris la parole :

- Je n’ai su qu’à l’âge de treize ans que papa avait eu une autre fille. Blonde, les yeux bleus… le genre que l’on préfère en général… bref quand j’ai appris son existence, maman a refusé que j’aille à sa rencontre mais estimant qu’elle m’avait déjà caché trop de choses, je n’en ai fait qu’à ma tête et cette rencontre avec ma demi-sœur que j’avais toujours imaginée comme idyllique, c’est en réalité transformé en un vrai cauchemar… elle m’a complètement rejetée, tout comme notre géniteur l’avait fait avec moi, avant elle…

Rien que de repenser à cette période, je sentais mon cœur s’emballer dans ma poitrine.

- Comment avais-je pu croire que cette fille m’accueillerait à bras ouverts dans sa vie, alors même que sa mère devait, tout comme la mienne souffrir énormément de leur découverte. Qu’est-ce que j’ai été stupide franchement…

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Spoiler:

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Un super vampire des temps modernes ? Je me mets à rire. Etonnant comme idée. J'imagine que si ça avait été le cas, je n'aurais pas pu être en plein jour auprès d'elle. C'est vrai, dans la définition du vampire, ils sont censés brûler au soleil ! Enfin, il me semble avoir entendu quelque part que dans certains cas, ils se contentent de briller. Oui, ils sont littéralement pleins de paillettes. Des vampires à paillettes, ça ne fait pas trop peur, soyons honnêtes.

J'imagine que si ça avait été le cas, je vous aurais déjà emmenée dans un coin sombre pour vous mordre, mais je ne suis pas du genre pressé.

Je lui fais un clin d’œil en affichant un air amusé. J'espère qu'elle comprend que je plaisante, parce que sinon je risque plus de la faire fuir qu'autre chose. J'essaie plutôt de la rassurer, en l'encourageant à me parler, lui promettant que je ne partirai pas, quoi qu'elle puisse me dire. J'espère seulement qu'elle n'a tué personne ni commis aucun crime passible de prison, car je n'aurais alors pas d'autre choix que de l'arrêter, et ça serait terriblement dommage. Alors qu'elle m'annonce que son histoire est longue, je réponds dans un sourire :

J'ai tout mon temps.

Elle regarde finalement au loin et commence son récit. J'apprends qu'elle a été abandonnée par son père, un homme qu'elle qualifie de "crapaud" en référence aux contes de fées. Je comprends alors qu'elle ne croit plus au prince charmant (ou bien qu'elle n'y a jamais cru). Je ne dirais pas que j'en suis un, loin de là, mais jamais je n'aurais pu agir comme cet homme qu'elle me décrit. Un lâche incapable d'assumer ses erreurs. Et puis, dans un premier lieu, jamais je n'aurais mené de double vie. Ça n'est absolument pas dans ma nature de manquer de respect envers qui que ce soit, et surtout pas envers la femme que j'aime lorsqu'elle existe. Je pense du coup que le cas de son père est loin d'être le cas de tous les hommes. Nous ne sommes pas à mettre dans le même panier. Mais je comprends les mots de la jeune femme. Elle a été blessée, et elle n'a malheureusement pas pu constater par elle-même que les hommes bons et honnêtes existent. J'imagine que c'est pour cette raison qu'elle a été si étonnée de me voir m'arrêter pour lui parler et la consoler.

Je décide de ne pas l'interrompre et d'entendre son histoire jusqu'au bout. Pour autant, quand je la vois passer nerveusement sa main dans les cheveux, je ne peux pas m'empêcher de caresser son dos doucement. J'espère malgré tout qu'elle ne prendra pas ça pour une violation de son espace vital, car après tout, elle ne me connait pas. Elle continue finalement son récit et m'apprend plusieurs choses. Elle a apprit l'existence de sa sœur qu'à l'adolescence et, malheureusement, les retrouvailles se sont plutôt mal passées. Elle semble s'en vouloir terriblement d'avoir voulu la rencontrer, et je ne peux pas me taire cette fois.

C'était normal de vouloir rencontrer votre sœur. Il n'y a aucun mal à ça, et puis si je peux me permettre, je vous trouve très belle même sans cheveux blonds ou sans yeux bleus. La beauté d'une femme ne se résume pas à ça.

Je lui adresse un sourire, et je continue :

Si ça s'est mal passé, ça n'est pas si grave. Elle n'avait, jusqu'à ce moment, pas fait partie de votre vie, vous n'avez rien perdu. Et puis rien ne dit que ça ne changera pas dans le futur.

Si j'avais su qu'il y avait une suite à son histoire, j'aurais peut-être formulé les choses différemment, mais l'essentiel est là : peu importe ce qu'elle pense avoir fait à cette fille, avant de connaitre son existence, elle n'était pas dans sa vie. Au mieux, elle aurait pu gagner une relation fraternelle, au pire, eh bien rien ne se serait passé, elle aurait continué sa vie comme avant.?

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