Les cheveux au vent, je suis accoudée à mon balcon de Vancouver pour regarder la nuit tomber sur la ville. Mon regard se perd tandis que je demeure nostalgique. Les fêtes ont toujours cet effet sur moi. Je me sens seule depuis quelques temps si bien que pour la première fois en deux ans, je songe à retrouver quelqu’un. Je sais que l’un de mes emplois pourra rebuter les hommes mais les femmes sont moins capricieuses. Pas une seule fois je n’avais songé à remplacer Sonic. A vrai dire, je ne sais pas ce qui m’empêchait. Sans doute l’enfant qui était la mienne et qui me demandait tous les soirs où était son papa. En voyage. Il est en voyage depuis deux ans. Je soupire à nouveau tandis que mon immense chien vient me trouver pour me regarder. Je me mets à sa hauteur pour le caresser en souriant. «
Toi mon vieux, tu ne me mentiras jamais. » Puis, je rentre pour aller me changer. Ma mère n’allait pas tarder à venir pour garder ma fille et je devais encore changer Mélody. Suite à ma rupture d’avec Sonic, ma mère adoptive avait émigré au Canada pour venir m’aider dans ma tâche. Elle connaissait mes deux emplois et j’avais le droit à un sermon à chaque fois que je me rendais au club.
Assise devant ma coiffeuse et simplement vêtue d’un peignoir, je peignai mes longs cheveux blonds pour les ramener en chignon. «
Pourquoi toujours cette perruque me dit mon aïeule. » Je me tournai vers elle avant d’attraper la coiffe en question. «
Pour ne pas qu’on me reconnaisse, Mama. » Je la disposai sur ma tête. Cette coiffure me donnait un air de pseudo-rebelle et de camée aussi. C’était fait exprès. Je ne voulais pas que l’un des parents d’élèves sache qui je suis. J’inspirai tandis que ma mère quittait ma chambre. Je finis par enfiler mon corset ainsi que mes bas. Ceux-ci étaient retenus par un porte-jarretelle. Je fis claquer ma langue avant de recouvrir mes vêtements de scène par ceux que je portais au naturel. Puis, je partis embrasser ma fille, mon chien ainsi que ma mère pour quitter l’appartement, couverte de honte.
Une heure plus tard, je me tenais dans les coulisses tandis que j’allais prendre mon service. Le présentateur partit faire les annonces comme quoi les filles allaient arriver. Je pris place devant ma barre comme d’habitude tandis que je jaugeai les clients sans une once de mépris. Puis la musique commença et je commençai mon show. «
Je la baiserai bien. Après toutes les femmes comme elles sont assez faciles, entendis-je un client qui parlait bien fort. » Je savais que c’était fait exprès et tout le patron a une règle stricte là-dessus. On n’insulte pas les danseuses. Alors dans un mouvement gracieux, je lui mis un coup de pied dans la tête. «
Vergebung, je suis tellement maladroite. » J’émis un sourire mauvais sans me soucier un seul instant que les paroles que j’avais proféré courraient à ma perte car il y avait un homme dans cette salle qui connaissait ma voix. Un seul : Sonic.