One step closer (ft. Kiran)

La règle numéro 1 avec Isalys Lahey : lors d'une sortie calme et cool, y a toujours un souci. Il ne fallait pas me demander pourquoi mais une fois que j'étais dans les parages, j'attirais les emmerdes ; apparemment j'étais un aimant à ça. Et franchement ? J'en avais marre. 20 ans d'embrouilles, c'est pas le top, surtout à l'école ; ma tronche ne passait ni pour les élèves, ni pour les professeurs, je ne vous explique pas ma joie à chaque fois qu'on m'accuse à la place des autres. Bon, en fait, ça arrive rarement car la plupart du temps, c'est moi qui fais la connerie. Mais à ce tarif-là c'est de l'acharnement thérapeutique !

C'est avec un grand désarroi que je me retrouve à réparer la voiture de mon frère. Et je pleure en voyant dans quel état est sa bagnole. Ils savent que je suis en ingénierie et que je me débrouille niveau voitures et ils sont toujours là, à me foutre dans la merde. J'ai vraiment juste la chance que je suis bordélique et que j'utilisais pour une fois sa voiture dès le matin et que du coup, j'avais mis ma boîte d'outils dedans puisque j'avais eu atelier toute la journée. Enfin, une bonne partie, le reste des cours m'était un peu passé au dessus de la tête ─chose pas très difficile vu mes 1m55─. Trifouillant en dessous du capot de la voiture, je marmonne en râlant tandis que je tente de faire démarrer cette bicoque, lui il allait m'entendre faire chier en rentrant. Il va voir ce qu'il va voir... Et tandis que je continue de parler toute seule, je sursaute quand j'entends quelqu'un parler et laisse tomber mon outil actuel.

-La prochaine fois que quelqu'un me fait peur comme ça, je l'assomme avec le premier instrument que je trouve... Non mais sérieusement, à quel moment on fait ça, merde !

Les rues de la ville sont tranquilles et je m'y promène sagement en écoutant et en sifflotant ma musique joyeusement. La vie est belle car je suis en congé aujourd'hui! Ouais, joie! et puis ça fait du bien parfois ne rien faire. Prendre une marche à l'air frais. J'adore ça! Ça me détend ...et pas que je sois le mec le plus tendu du monde, j'aime me sentir zen et flotter sur un nuage! En plus il fait beau! Le soleil frappe fort mais on sent une petite brise agréable et fraîche. Non sérieux, une vraie belle journée d'automne.

En me promenant, je vois au lien une petite dame penchée sur une voiture. Je fronce donc les sourcils un peu en esquissant un sourire en coin et décide de m'en approcher subtilement. Je constate rapidement qu'elle semble s'y connaître dans ce domaine alors je me permet de l'analyser en silence. Je me poste derrière elle un peu en retrait et croise mes bras. Observe. Je juge. Elle semble de plus en plus énervée alors je dit en souriant «Tu sais que ça irait mieux avec cet outil ...» lui tend l'outil en question et rit lorsqu'elle sursaute. Il s'attendait peut-être à ça, oui. C'est vrai ...mais c'était quand même marrant de la voir agir ainsi!

Levant les mains dans les airs, je dis ensuite «Okay, okay, pardon! Je voulais juste sauver une petite dame en détresse, c'est tout!» avant de sourire en coin et lui faire un clin d'œil. Je me magasine peut-être une claque au visage, mais au moins ça en vaut la peine! Elle est si minuscule comparé à moi! S'en est adorable! Amusé, je rajoute «Je peux t'aider? Je suis ingénieur ...et Oh!» tend ma main «Je m'appelle Kiran, en passant! Salut!» en lui offrant mon plus beau sourire dans l'espoir de la calmer un peu et peut-être même la faire ...craquer?

Je ne sais pas ce qui m'énerve le plus entre le fait qu'il m'ait fait peur ou le fait qu'il ait raison à propos des outils. Même si je devais avouer que son air satisfait de lui me rendait encore plus enragée, j'ignorais si il le faisait exprès ou si c'était son air naturel, mais j'avais déjà envie de le taper. Ça partait assez mal pour lui. Alors que depuis tantôt il me tend l'outil en question, je le prends avec un visage contrarié, le remerciant sèchement. Moi ? De mauvaise foi ? Du tout !

UNE PETITE DAME EN DÉTRESSE ?! PARDON ?! Déjà, rien que l'adjectif "petite" me mettait hors de moi, je détestais quand on me faisait remarquer ma taille de Minimoys, comme si je n'étais pas victime de ce détail tous les jours, rien qu'en cherchant une assiette dans l'armoire ! Mais alors, le "en détresse" était la pire partie, je n'avais pas besoin d'aide. Je suis une demoiselle en détresse et je peux gérer ça, merci ! Et le dernier détail qui me dérange est le mot "dame". Dans mon genre, on ne pouvait pas dire que j'étais très féminine, mais je le portais bien, enfin dans tous les cas tout ce qu'il m'a dit était fait pour me faire bouillir de rage. Quand je dis que je porte la poisse, pire qu'un chat noir !

-Isalys, je ne t'excuse pas et en prime...

Je ne finis pas ma phrase que mon genou part entre ses jambes. FINISH HIM ! Un sourire satisfait apparait sur mon minois, alors, qui est en détresse maintenant ? Je croise les bras sur ma poitrine, arquant un sourcil d'un air un peu machiavélique quand même. Bon dieu, Val serait là, elle me dirait que je suis insortable... Et elle n'aurait pas tord, mais il l'avait cherché, hé !

-Maintenant on peut parler, au moins tu comprends la douleur qu'a ressenti ma fierté quand tu m'as décrite comme une petite dame en détresse !

Elle a l'air toute mignonne et adorable, mais quand elle me met un coup de genoux dans les couilles, mon souffle se coupe et en tombant au sol, je regrette instantanément toute ma vie. Putain, ça fait mal! Les larmes aux yeux de douleur, je chigne un peu en riant faiblement avant de dire entre mes dents «Je ne voulais pas t'insulter ...» pour ensuite se relever lentement en se tenant à la porte de garage. Merde, elle m'a tellement frappé fort que j'en ai même un haut le coeur, que je retiens en mettant ma main devant ma bouche. Les yeux fermés. Pour m'apaiser un peu, je respire trois fois par le nez avant de rouvrir mes yeux et lui tendre la main. Un faible petit sourire aux coins des lèvres «Kiran... Kiran MacCormack je ...suis ingénieur et ...professeur à temps partiel ...» puis tousse un peu dans son coude «Enchanté, mademoiselle ...» avant de sourire et cacher ses couilles en les couvrant de ses mains et en levant sa jambe.

J'aime juste taquiner un peu, c'est tout! C'est rien de méchant! Je ne fais pas de mal, il me semble! et c'est juste pour rigoler. Le monde va tellement mal ...Pourquoi le voir encore plus sombre qu'il l'est déjà? et puis je me suis présenté car mine de rien, malgré son genoux puissant, elle m'a l'air sympa. Elle a une bonne mine, disons. Très jolie! Ses traits ne sont pas communs, c'est ce que j'apprécie le plus, je crois! mais bon. À savoir si elle est plutôt tomboy ou ladylike ...Je dirais plutôt tomboy. À voir comment elle s'est défendu ...Damn. Ça fout presque la chienne, disons! 

Bon, j'y avais peut-être été un peu fort, mais juste peut-être. J'avais un caractère de merde et j'étais légèrement impulsive, donc imaginez le combo de la mort qui tue que le gars vient de se prendre en plein de les couilles, et apparemment ça devait faire vraiment très mal vu comment il se tenait. Bien fait ! Mais je constate assez vite que même plié en deux, il continue de parler... Mais bordel, est-ce qu'il parle aussi dans son sommeil ? Car sinon, j'plains sincèrement la personne qui dort avec lui. Je lève les yeux au ciel tandis que je croise mes bras sur ma poitrine, puis écarquille les yeux en voyant qu'il fait une récidive. Il a pas peur le gars ─et ça me plait un peu, bon, faut dire que dans mon genre je suis plutôt coriace et les gens ont tendance à fuir puisque en prime d'aboyer, je mords─, mais ça m'exaspère toujours un peu.

-Isalys étudiante en..., puis le bug. Il venait de dire quoi ? Pardon, t'es prof ? À l'université ? je demande, pressée.

Ne me dites pas que je venais de possiblement castrer mon prof ─et ne me dites pas que je vais devoir rester de marbre face à un prof aussi sexy─, non mais un peu de sérieux Isalys. Des fois j'me dis que je devrais écouter mes frères quand ils me disent que je ne devrais pas me confronter et mal me conduire avec les personnes plus grandes ─même si à ce moment bha j'aurai plus personne à emmerder quoi vu ma taille─. Vaincue, je soupire et décroise mes bras de ma poitrine, passant une main dans mes cheveux.

-Bon, j'ai peut-être été un peu fort, pardon. Mais ça ne veut pas dire que je regrette ce que j'ai fait !

Putain, mais j'ai l'impression d'avoir l'empreinte de son genou étampé dans les couilles! C'est peu dire! Malgré tout, je me présente gentiment. Elle se décide à me rendre la pareil mais se bloque rapidement. Intéressant! Pourquoi donc? Pour répondre à sa question, je dis alors «Professeur ingénierie ...» et lui fait un mini clin d'oeil avant de me relever lentement. Je comprend alors vite le pourquoi elle s'est bloquée ainsi. Je serai son professeur! Ah bah merde! La petite dure à cuir semble un peu plus nerveuse, maintenant ...et je dois dire que ça m'amuse grandement! Je ris un peu en disant «Eeeeh eeh ...Écoute. Ça va, okay? Je faisais que des blagues ...et désolé si je t'ai offensé. Maintenant ...Tu seras mon élève, pas vrai? Alors ça te dis qu'on reparte à zéro, toi et moi?» puis je lui pointe du menton sa voiture «Montre moi comment tu penses t'en sortir, avec ton problème. C'est ta première évalutation!» et je croise mes bras en m'appuyant contre un mur. Amusé et un peu fier, du coup. J'adore avoir l'emprise sur la relève! Hehehe.

Alors là... Je crois que j'ai atteint des sommets. Donc je viens de castrer ─plus ou moins─ mon futur prof, SUPER. Je tire la gueule pendant un long moment avant de finalement passer une main sur mon visage, bien heureuse de ne pas être maquillée pour le coup, sinon je ressemblerai à plus rien. Enfin, pas que l'aspect physique soit mon premier atout, loin de là. Mais bordel, j'ai un de ces poisses depuis que j'suis née les gars, allez vous en prendre à quelqu'un d'autre, j'sais pas moi mais laissez-moi respirer deux minutes sans m'attirer des ennuis !

-Repartir à zéro, que c'est mignon... Les gens ne repartent jamais à zéro. Tôt ou tard, tu me sortiras cet accident. Ne le nie pas.

J'arque alors un sourcil, il allait pas me la faire, non plus. A la pro des mensonges. C'est comme quand je dis à mes frères que je leur emprunte un truc et que je leur rends jamais finalement. A sa requête, j'ai un sourire en coin. Facile, une fois que je suis un peu plus calme pour analyser la situation. En trois minutes, la bagnole était réparée.

-Je sais faire ça depuis que j'ai quinze ans. Il va falloir me demander plus dur, si tu veux te montrer supérieur à moi. J'adore les défis, je déclare avec un sourire narquois.