quinn ∇ mariés au premier regard.

Il est si beau lorsqu’il sourit. Ses pommettes se soulèvent pour faire apparaître de magnifiques dents blanches. Ses yeux noisettes semblent même s’illuminer pour ce simple commentaire que tu oses lui offrir. « Je ne trouve pas. » Il est très sexy. Que ce soit dans une blouse avec un stéthoscope autour du cou ou bien dans un magnifique costume avec un nœud papillon comme collier. À vrai dire, tu n’as jamais porté autant d’attention à un homme qu’à cet instant précis. Tu l’observes discrètement de temps à autre, évitant soigneusement de croiser son regard de peur de t’y perdre une nouvelle fois. « Je trouve ça courageux. Ça ne doit pas être facile tous les jours. » admets-tu. Ce n’est pas que tu portes les animaux dans ton cœur, pourtant, tu sais qu’ils sont des êtres très importants pour leurs propriétaires. Tu te souviens du chien de la voisine. Cette dernière aurait pu mourir pour son berger allemand. C’était la seule personne qu’elle avait. Tu peux comprendre cette place spéciale que les bêtes peuvent avoir dans la vie de leurs maîtres, mais c’est une place qu’un animal n’aura jamais dans ta propre vie. Les allergies ou la peur, peu importe le nom que cela porte, ce n’est pas pour toi. « Quand tu veux. » lui assures-tu. « Je t’apprendrai quelques accords. Ce n’est pas très compliqué ! » Ayant toi-même appris grâce à quelques vidéos sur YouTube, tu peux réellement dire que cet instrument est à la portée de tous, même de ceux qui n’ont pas la corde musicale à leur arc.

Tu laisses échapper un petit rire. Faire semblant de ne pas avoir peur. « Dis pas n’importe quoi, je pourrais te tenir la main, oui, si tu veux. » Tes joues prennent une légère teinte rosée. L’idée d’avoir ses doigts dans la paume de ta main te met mal à l’aise autant qu’elle te plaît. Sans doute parce que cette proximité avec un autre est toute nouvelle ? Tu n’es pas un grand collectionneur d’hommes. À vrai dire, t’es même le genre de type à se réserver pour la bonne personne. Quelle surprise se sera à l’arrivée à l’hôtel. Arrivée qui ne se fait pas attendre, d’ailleurs.

« Je crois bien, oui. » Cette chambre est tout simplement sublime. Cela n’a rien à voir avec le sofa sur lequel tu dormais, il y a encore quelques nuits de ça. Tu souris, distrait. Cacher son stress naissant relève de l’impossible. Tu redoutes cet instant plus que la cérémonie et les premiers regards échangés. En parallèle, ce n’était rien face à cette gêne qui se faufile dans le pièce en même temps que vous. Tu restes statique. Debout. Immobile, en le regardant s’installer sur le bord du lit. Tu l’observes se dévêtir peu à peu, avant de déglutir. Est-ce que c’est le moment ? Est-ce qu’il va se mettre nu et se dévoiler à toi ? Bon sang. Tu t’éclaircis la gorge en prétextant une petite toux, puis poses ton sac à tes pieds. « Je. J’en sais rien. » souffles-tu dans un murmure. Tes doigts se posent dans ta nuque. « Qu’est-ce que tu voudrais faire ? » Comme lui, tu retires ta veste, défais tes boutons de manchette puis relèves tes manches sur tes avants-bras. Tu en oublies alors le nœud papillon qui emprisonne ton cou. Le malaise est palpable. Il fait une chaleur dans cette chambre. Tu pourrais croire que ton corps s’enflamme tant tu es mal à l’aise. Sans rien dire, tu viens t’asseoir à côté de lui. « C’est. Gênant... » Il faut bien que quelqu’un le dise ! Tu ricanes doucement, une vaine tentative pour détendre l’atmosphère. Tant qu’on y est, autant commencer à découvrir l’autre plus en détail. « T’as déjà eu d’autres expériences ? » Jamais un dessus de lit n’a eu autant d’importance à tes yeux.

L’ambiance semble se réchauffer, peu à peu. Tu doutes encore sur le bien-fait de cette cérémonie. Tu crains que cette union ne soit qu’une erreur. Et les questions ne cessent de s’imposer en abondance à ton esprit déjà tant angoissé. La découverte de la chambre n’est qu’une crainte d’autant plus grande qu’elle signifie le début de la lune de miel, et donc de l’acte redouté. Est-ce que vous devez le faire ? Est-ce qu’il en a envie ? Te trouve-t-il suffisamment à son goût pour avoir envie de toi, pour te désirer comme un mari désire son époux ? Les doutes sont permis. Cet échange d’alliances a été si particulier que tu peux douter. De lui, de son honnêteté. Tu as le droit. Pourtant, tu as envie de croire qu’il ne te ment pas. Que ses vœux ont été sincères et qu’un amour peut naître de cette expérience. Après tout, n’est-ce pas son objectif final ? Doucement, tu t’installes sur le lit, débarrassé de cette tenue qui te collait à la peau et commençait à t’étouffer plus que nécessaire.
Les yeux rivés sur le couvre-lit, tu poses une question à laquelle le garçon semble réfléchir un moment avant de se prononcer. Bien sûr que tu ne parlais pas du mariage. La réponse tombe comme la lame d’une guillotine. Tu es désormais tout ce qu’il n’est pas. Il a un métier, une famille unie, des amis, d’anciennes relations. Toi, tu es le garçon à l’écart, celui qui n’a jamais vraiment vécu. Tu es plutôt celui qui se fait tout petit, qui n’embête jamais personne, quand bien même il devrait pour obtenir un salaire, aussi maigre soit-il. Le regard des gens t’impressionne. Cette nuit, c’est le sien. Que dira-t-il lorsqu’il découvrira que ta virginité ne t’a pas été enlevée ? Trop de questions, pas suffisamment de réponses.

Tes joues s’empourprent. Quel joli couvre-lit, sérieusement ! « Tu me plais aussi... » murmures-tu avant de te mordre la lèvre. Commencer un mariage par un mensonge n’est pas une très bonne idée. Il vaut sans doute mieux de lâcher la bombe, au risque de se faire moquer, que de garder cela pour soi et de le regretter par la suite. « Je dois te dire quelque chose. » Tu commences, pas très à l’aise. « Je suis. Je n’ai jamais été en couple avec qui que ce soit. Alors. J’ai pas été. J’suis pas. » Merde Quinn, arrête de déconner. « J’suis vierge. » Jamais de ta vie tu n’as eu aussi honte qu’à cet instant précis. Ta sexualité n’a jamais été au centre de ta vie. Tu avais bien d’autres chats à fouetter : la dépression de ta tendre mère, la tienne, la disparition de ton père, tes moments à la rue à la recherche d’un foyer, à la recherche du canapé d’un de tes amis. Horriblement gêné, tu détournes encore le regard, passant une main sur ta nuque.