le plaisir de se retourner la tête (stanislas - 7)

C’est tellement bon de pouvoir savourer cette étreinte sans ressentir ce sentiment désagréable inonder ma poitrine. Cela me rend plus gourmand et avide d’en profiter et je ne te laisse pas en échapper. Tu concèdes à ma demande sans restriction et je me lève pour te faire face. Mon regard ne quitte pas le tien. J’aime être le centre de ton attention. Cela me procure une certaine plénitude que je n’affiche pas. Je t’entraine dans la pièce qui m’a été réserver pour me changer. Je te laisse entrer et refermer derrière toi. L’envie de t’embrasser me titille les tripes, alors je me laisse porter, laisse ma bouche retrouver la sienne comme tant de fois ces derniers temps. J’aime leur saveur, leur toucher et je viens doucement te coller contre la porte pour savourer leur chair délicieuse. Mon cœur bat fort dans ma poitrine avant que mes lèvres glissent contre ta mâchoire, ta nuque. Je dépose quelques baisers en venant me serrer contre toi. Je me laisse emporté par mes pulsions et elles désirent une chose : profiter de toi. Sans penser à demain.

Tu me guides jusqu'à ta loge, avant de fermer la porte derrière toi. Je croyais que tu allais t'habiller mais tu me pousses contre le mur pour me bloquer et m'embrasser fougueusement. J'aime le goût de tes lèvres et la passion dont tu envahis le creux de mon ventre juste par un de tes baisers. Tu as un tel pouvoir sur moi que je manque de céder à chaque fois, même si tu es vivement aidé par les substances illicites. Mais tu m'énerves car je sais parfaitement que tu vas me repousser lorsque ton esprit sera plus clair. Et tu ne sais pas combien c'est douloureux de sentir la honte couler au creux de nos entrailles, à en couper le souffle. Quand ton propre meilleur ami t'insulte de tous les noms, c'est douloureux, et je commence à garder ces informations cruelles pour tenter de te résister. Je t'aime de tout mon cœur mais je ne peux plus te laisser avoir une telle emprise sur moi. En tout cas j'ai la tête moins enivrée par les effluves de la drogue, alors j'ai la possibilité de comprendre ton manège cette fois. « Lip... » Je pousse contre ton torse sans trop forcer car je déteste te blesser, ou même te rejeter. Je sais quel effet ça peut avoir sur toi. Je te retiens avec un léger écart entre nous pour ne plus que tu puisses frôler mon cou de ta bouche. « Arrête s'il te plaît. » Pourtant tu arrives toujours à faire frétiller mon bas ventre, à m'enflammer par tes regards et tes baisers, et je prends sur moi pour t'écarter de mon corps. Car au fond de moi, je voudrais juste plonger dans tes bras, retrouver tes lèvres exquises. Savourer ton corps des miennes et te consumer de plaisir...

Je m'enivre du contact de ta bouche contre la mienne. Cette caresse est source de bien être au sein de ma poitrine. Ces sensations ont un goût particulièrement exquis et je n'ai qu'une envie : me laisser couler. Je distille mes attentions sur ta peau chaude et réceptive. Une fois de plus, je désire t'entrainer dans les mailles de ce filet dangereux, qui va être source de tourments et va me faire péter un plomb, m'enliser un peu plus dans ces substances, qui m'éloigne de mon quotidien oppressant. Seulement, tu m'éloigne de toi. Ta poigne est fermé, se veut dissuasive. Cela me déplait, mon regard vient trouver le tien. "Tu ne veux plus ?" Je te questionne de ma voix chaude et faible. Je te dévisage pour entrevoir la vérité et m'éloigne pour cacher ma déception, cette blessure qui me comprime la poitrine et rend mes traits plus sombres.

Je ne peux pas te cacher mon trouble, il se sent dans le peu de force que j'utilise pour te repousser. J'ai de la difficulté à rejeter de cette manière, à blesser ton estime. Pourtant il le faut, je le sais. Mon cœur se détruit davantage lorsque je croise ton regard peiné et que tu m'échappes pour disparaître plus loin. Je reste bloqué contre le mur sans savoir comment réagir. « Non ce n'est pas ça... je.. » Je murmure en baissant la tête, honteux de créer une déchirure en toi. Je m'approche finalement sans oser créer le contact. « Lip... Bien sûr que je le veux mais... je... » Les mots ne veulent pas s'extirper de ma bouche, ils restent bloqués péniblement sans m'inciter à tout t'exprimer.

Je ne supporte pas l'idée que tu me rejettes. Elle me comprime la poitrine et immisce de l'amertume dans mes entrailles. Je me sentais si bien​, mais tout semble redevenir fade. J'enfile mon boxer, attrape mon paquet pour m'enliser de nouveau dans les plénitude. J'attrape une cigarette de mes doigts tremblant. "Mais tu quoi ?" Je questionne pour connaître le fond de tes pensées. Ma voix est plus sèche malgré moi, car ce rejet me rend malade. Le bonheur éprouvé jusqu'alors semble s'évanouir comme neige au soleil et mon coeur devient lourd. Je fixe mon paquet, mais surtout ce joint que je fini par remplacer pour le glisser entre mes lèvres. Je veux me retourner la tête. Avec ou sans toi puisque tu ne sembles plus le vouloir.

Exprimer ce que je ressens face à toi est une étape cruciale mais peu évidente. J'ignore quel mot prononcer pour t'expliquer à quel point mon esprit est tourmenté à cause de toi, sans que tu te sentes trop visé. Je ne peux pas non plus préciser clairement nos ébats sexuels et mon amour pour toi, au risque que tu me bouscules et me rejettes avec hargne. J'ai trop d'interdits et de limites fixés au creux de la tête, et l'épreuve semble presque insurmontable. J'ouvre la bouche lorsque je te remarque prendre un joint pour le glisser entre tes lèvres. Encore. Comme si tu ne voulais plus jamais regagner la réalité et faire perdurer ton plaisir solitaire et inconscient. « Tu... Tu sais pas comme c'est difficile... pour moi.. quand tu me dis ces choses-là après coup... je veux plus... je veux plus les entendre Lip. » Et j'ignorais combien cela pouvait me remuer rien que d'aborder le sujet avec toi. Je sens l'émotion monter maintenant que je me décharge de tout ce que je contenais pour moi depuis des semaines, puisque je ne pouvais pas non plus l'évoquer avec Gabriel. Alors je me délivre de ce poids pour tenter que tu comprennes et je commence à fondre en larmes. « Tu arrêtes pas de consommer... plus qu'avant... depuis qu'on... qu'on... » Depuis qu'on couche ensemble. Je n'arrive pas à le prononcer, j'ai peur de me prendre ta colère en pleine figure à cette simple idée énoncée.

Ta réponse finit par assassiner le peu de bonheur qui inondait jusqu’alors ma poitrine. Cela rend mon regard plus sombre, ma respiration plus difficile. J’allume mon joint sans répondre, inhale une grosse bouffée dans l’espoir de retrouver cette plénitude qui me plait tellement, à laquelle je suis accro, car à ses moments là tout est simple. Je profite, je vis, ne réfléchis pas aux raisons et c’est tout. C’est juste ma putain de fierté, mes valeurs étriquées, qui me pourrissent la vie, mais je peux rien faire contre ça. Cela fait partie de moi, comme quand je me retourne la tête comme ça. Je pensais que tu m’aimais comme j’étais, seulement j’entends que des remarques déplaisantes de ta part. Mon émoi est profond et ma respiration est forte. Je tire plus fortement sur mon joint en venant revêtir mon jean. Mes doigts tremblent. Je peine à attacher mon jean et toutes ces émotions me prennent la gorge. « Putain, fais chier ! » Je rage entre mes dents en venant inspirer profondément. « Laisse tomber. Tu ferais mieux de rentrer retrouver ta vie parfaite. » Je lâche avec une fébrilité profonde. « Je ne vois même pas ce que j’attends de toi. Je pensais que tu étais le seul à comprendre. Mon œil. » J’attrape mon T-shirt débraillé que j’enfile avec précipitation. « Je suis qu’un camé, qui te brise le cœur, Gabriel a raison, je suis un moins que rien, alors barre-toi. »Je pensais que tu comprenais que sous ces paroles acerbes et cruelles, c’était ma peur d’être ce que je suis, qui s’exprimait, que ces nuits n’étaient pas anodines, que te considérer comme un monstre était un moyen pour moi d’avaler la pilule. Là, tout s’écroule et j’ai juste envie de tout casser, de cracher ma hargne due à cette douleur qui enserre ma poitrine par tes mots, alors je prends ma veste et me prépare à quitter la pièce, sans te jeter un coup d’œil. Je peux me démerder sans toi ! Je veux y croire.

Je sens ta colère monter en toi petit à petit et je devrais plutôt me taire si je veux cesser de t'angoisser. Pourtant je ne peux pas m'empêcher de me décharger de ce poids important qui me cause une respiration saccadée. J'ai le coeur déchiré et le corps tremblant face à toi, à cet air hargneux que tu me lances. Tes yeux noirs s'obscurcissent davantage, tandis que mon âme se détruit. Je me fais tout petit lorsque tu te reposes sur le lit et que tu exploses complètement. « Gabriel a tort, il n'a pas toujours la science infuse tu sais. Il a souvent raison mais pas pour ça, parce qu'il ne connaît pas ce que tu caches. Il voit seulement la facette que tu veux dégager pour te protéger. Mais tu es bon au fond de toi. » Je te contredis avec une voix directive et carrée, pour dissuader ces pensées de venir envahir ton esprit. « Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. La drogue... je.. ça me gêne pas. » Je m'accroupis à tes pieds, entre tes jambes, la tête relevée vers le haut pour te regarder. Je me soumets à toi, je ne te domine pas de ma hauteur. Je viens t'aider avec ton jean en tirant sur ta fermeture puis en glissant le bouton. « Mais les insultes, j'peux pas aimer ça. Tu comprends ? » Mon ton est doux, prudent. J'essaye de te dévoiler mes sentiments sans te provoquer ou te donner la responsabilité. « Je voudrais seulement que tu me parles Lip... ce que tu as au fond de toi... tu peux l'évoquer tu sais. » Je caresse ta cuisse en te regardant avec tendresse, puis je remets ton t-shirt comme il faut car la panique te fait mettre tout de travers. Mais tu décides de disparaître, tu t'approches de la porte. Je te pousse contre la paroi en me pressant contre ton dos. Je te bloque, je me retiens à ta taille avec force. « Pars pas. » C'est une supplique, j'ai trop besoin que tu restes près de moi. « Je veux juste que tu saches qu'avec moi... tu crains rien Lip... » Je souffle contre ton épaule, sans restreindre mon emprise contre ta taille. « Parce que je t'aime comme un fou. » L'émotion guide ce flot de paroles, et mes yeux se noient de larmes.

Tes paroles me détruisent le cœur à tel point qu’il me semble impossible de le cacher. J’ai beau m’enivrer la tête en inhalant ce joint, je ne peux pas m’empêcher de sentir toute cette douleur inonder ma poitrine, mêlée à cette hargne que j’ai du mal à maitriser. Tu essayes de détruire mes doutes, tu crées le contact pour me persuader du contraire, mais je n’y crois pas. Pas à cet instant, pas après ces mots que tu as dits. Je me sens pris au piège. Ma fébrilité éclate avec rage. Il n’y peut rien. Je ne les contrôle pas, putain. » Ma voix est faible, chamboulée par ce que je parviens à comprendre à travers tes mots. Cela active ma fébrilité, cette sensation d’être un être abject, encore plus que je ne le perçois. « Je ne peux pas. » Je lâche avec force dans cette voix tiraillée en me dégageant de ton emprise. Cela bouscule trop de choses en moi. Je ressens le besoin de fuir, d’exploser toutes ces émotions contraires dans de la rage ou de la luxure. Tu me retiens, me pousse contre la paroi en te pressant contre mon dos. Tu renforces ta poigne, me retient prisonnier de ton emprise. Tu me supplie de rester, tâche de me faire comprendre un message auquel je demeure sourd. Ton aveu me trouble au plus haut point. Mon cœur bat violemment dans ma poitrine et ma fébrilité est à son paroxysme. Il me laisse sans voix, le corps tremblant et largué. « C’est incontrôlable. Je… Je ne peux pas m’empêcher, Stanley. » Je lâche faiblement en venant poser mon front contre le mur. Je ferme les yeux, empreint à une agitation profonde. « Je ne peux pas. Je ne suis pas une pédale. Jamais. Jamais ! » Je rage entre mes dents en venant frapper le mur quitte à me faire mal. Ce désir me rend dingue et le faire avec toi, me rend si faible, enclin à me laisser consumer. Tout est si confus dans ma tête. J’en deviens fou.

J'essaye de me comporter en ami prévenant pour réduire le taux d'angoisse qui t'anime. Je sens tes yeux devenir plus noirs qu'ils ne l'étaient déjà, car les mots prononcés ne coïncident pas avec ton état de penser. J'ai peur de m'exprimer de nouveau, pourtant je tente de te dévoiler combien j'ai envie d'être présent pour toi. J'essaye de te tendre la main dans cet instant de détresse mais tu me repousses sans cesse. Ta hargne devient que plus violente, tandis que tu luttes désespérément contre les sentiments que tu éprouves pour moi. Tu me hurles dessus lorsque j'évoque des vérités qui semblent te déplaire profondément. Tu déverses toute ta colère et angoisse dans des phrases peu explicatives, qui démontrent simplement ton incapacité à te délivrer de ce poids qui encombre ton coeur. J'aurais aimé t'aider, te pousser à aborder ce sujet qui te dépasse, juste pour que le mystère reste à planer autour de nous. J'aurais tellement désiré que tu te lâches avec moi, que tu comprennes tout l'amour et le soutien que je pouvais te porter. Mais la bête s'anime et fracasse mon coeur au passage, car tu es tout bonnement incapable de me faire confiance. Alors que je te retiens entre mes bras, je te sens toujours aussi tendu et glacial. Ton front se repose contre le mur tandis que tes mains cognent férocement contre le mur. Tu renvoies l'image d'un homme désespéré, et je te serre qu'un peu plus fort contre moi. Mon bassin te bloque tandis que mes deux bras se détachent pour aller chercher les tiens et te dissuader ainsi d'attaquer le mur. Je ne veux pas que tu te blesses. Je garde tes mains dans les miennes, puis je viens embrasser ton épaule dénudée avec des baisers tendres. « N'aie pas peur Lip. Moi j'ai pas peur de t'aimer. Ni de te désirer. » Je commente avec douceur pour que tu réalises que la réciprocité est exacte, et que rien n'est à craindre tant qu'on est liés avec force.