le plaisir de se retourner la tête (stanislas - 7)

Je débarque au lieu de tournage indiqué par message, reprenant ma respiration après la course affolée pour ne pas arriver en retard. Je t'aperçois pourtant en plein ébat lorsque je me place derrière les caméras, à prendre une demoiselle superficielle en victime de tes coups de reins. J'ai ce sentiment de malaise qui envahit mes tripes mais je ne le dévoile pas un instant. Je me concentre sur votre échange cupide, mes yeux s'exposant à la dure réalité. Tu t'es encore plongé dans l'inconscience avec tes substances illicites, et ton regard, obscur et acharné, te donne un air de dégénéré.

J'observe vos traits teintés de désir et de plaisir. Je les trouve dégoûtants à cet instant, car si vos gestes fougueux paraissent naturels, je reconnais la drogue au fond de tes prunelles. Tu te laisses emporter par l'excitation, mais elle est largement accentuée par les substances illicites que tu as avalées. Je n'apprécie pas cette inconscience qui se dessine autour de vous, toute cette impression de superficialité qui donne un goût amer en bouche. Tu te transformes en un véritable fou aux yeux noirs, et je me rends compte de la puissance de la drogue qu'on ingurgite lorsque je t'observe longuement. Je me demande à cet instant si je ressemble à cet espèce d'hybride au cœur mécanique lorsque j'absorbe les conneries que tu me donnes. Et en même temps, ça me déchire de croiser ton regard obscur qui devient plus clair lorsque tu me toises avec insistance. Il me foudroie sur place, me glace le sang. Tu me fais peur. Je ne sais plus ce que tu me veux, si je suis censé me laisser faire quitte à ce que tu me brises le cœur lorsque tu regagneras la réalité plus cruelle que ton quotidien factice. J'hésite à t'approcher. Alors je reste là en te souriant, faisant mine de ne pas comprendre ta recommandation. Je suis effaré par cette vision que tu me renvoies dans la tronche.

Ta présence ma ravit. Mon sourire s’exprime naturellement bien que mon attitude demeure dévergondée. Je t’expose mon corps transpirant par la luxure sans aucune pudeur, sans même prendre en considération ce que cela peut t’infliger. Je plane trop pour envisager un quelconque malaise de ta part. Je n’ai pas conscience qu’il m’arrive de te briser le cœur en mil morceaux quand ces bienfaits se dissipe. Je me pince la lèvre, tape le matelas à mes côtés avant de tendre ma main vers toi. « Allez, viens. » Je te lance dans une voix amorphe et amusée. J’attends que tu la prennes, ne prend pas conscience que tu tardes à le faire. J’ai envie de te sentir contre moi. Ton odeur enivrer mon odorat. Cela m’apaise tellement putain.

J'ai le corps qui tremble et le cœur qui se comprime lorsque cette vision atroce se présente à moi. Tes yeux noirs, ton sourire idiot qui se propage sur tes lèvres. Tu as l'air déglingué sous les effets de la drogue, je ne l'avais jamais remarqué auparavant. Peut-être parce que j'étais plongé dans l'inconscience moi aussi, et pour une fois je l'ai évitée. Je vois à quel point ça te détruit, combien ton sourire n'est que surface. Pourtant je ne peux que fondre lorsque tu tapotes sur le lit pour que je te rejoigne, avec ton regard de loup envieux. Tu veux que je sois près de toi, et même si je sens pertinemment que c'est la drogue qui parle, je m'avance doucement. Je ne me pose pas sur le lit, je viens au bord du lit en restant debout, juste suffisamment pour atteindre ta main, à laquelle je m'accroche pour tenter de te raisonner. « Lip... y'a plein de gens autour. » Je n'arrive pas à t'exprimer mon manque de compréhension à ton égard. Je ne saisis plus ton comportement, tes désirs. Qu'est-ce que tu attends de moi bon sang ? Tu me fais tourner la tête comme à ton habitude.

Ton hésitation et ton expression tiraille effleure à peine mon esprit. Je n’en prends pas conscience, savoure juste le contact de ta main dans la mienne. Je la serre tendrement et mon sourire s’affermit. « Et alors ? » Je lâche avec une désinvolture éhontée, sans prendre en considération que tu es mal à l’aise ou gêné. Tous ces concepts m’échappent alors que je te tire vers moi pour que tu atterrisses entre mes cuisses nue. Mon bras nu s’enroule autour de ta taille et je niche ma tête contre ton T-shirt où est imprégné ton parfum qui m’apaise. Je te serre contre moi sans raison apparente, car cela me procure un bien être conséquent. J’aime te sentir, être libre d’apprécier ce contact et ton odeur, chose que seule la drogue me permet de savourer. Mon corps est cruellement détendu.

Tu me demandes pourquoi je me préoccupe du regard des autres et j'ai envie de te rire nerveusement au nez. C'est toi qui me traites de pédale et pourtant tu cherches mon contact devant les autres. Je ne comprends plus rien à tes souhaits, je voudrais tellement que tu m'expliques. Je n'ose pas te demander des explications. "Rien." Je n'ai pas la force de me décharger de ce poids, de toute façon tu es à côté de la plaque, tu ne comprendrais rien. Je reste au creux de tes cuisses, cachant ton sexe dénudé. Cette étreinte forcée le déstabilise mais je ne commente pas. Je te laisse t'enivrer de mon odeur sans un mot. Au début je reste planté là les bras ballants puis je me détends et passe une main dans tes cheveux châtains.

Ton odeur frétille mes narines, apporte cette dose de bien être que j’affectionne sans l’avouer. Ta morosité ne m’atteint pas, malgré son évidence. Je la mets de côté, cherche juste à m’enivrer de ton parfum tout en savourant la caresse de tes doigts dans mes cheveux. A cet instant, je pourrais m’endormir si je n’étais pas assis sur ce matelas. Mes paupières sont closes et je soupire de bien-être. « Tu m’accompagne pour me changer ? Je crois que j’ai fini. » Je te déclare en venant m’éloigner de ton corps. Mes prunelles sombres et brillantes rencontre les tiennes. Je n’ai pas envie de te laisser t’envoler. Je veux que tu restes avec moi, quitte à te faire prisonnier de mon emprise en bafouant tes tourments qui m’effleurent à peine.

Même si tu tourmentais mon coeur avec cette vision désastreuse des dégâts de la drogue, je finis par être attendri par tes réactions. Cette étreinte a l'air essentielle pour toi, tu te presses contre moi comme si c'était vital. Tu cherches mon affection, mon contact, avec tant d'envie et de besoin que je plonge complètement. Je t'en délivre en venant caresser ta nuque, tes cheveux de mes deux mains. Je m'abaisse même légèrement pour venir poser ma tête contre le haut de ton crâne, et sentir l'odeur de tes cheveux ébouriffés et humides de transpiration. « D'accord. » J'accepte de venir dans ta loge, peu importe les risques qui m'incombent. Je sens que tu as besoin que je sois avec toi, alors je te laisse m'entraîner vers cette pente glissante et destructrice. C'est pour toi, avec toi, c'est comme ça.