" Le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir; le premier est une déception reconnue, le second est une déception non encore reconnue. La satisfaction d'aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C'est comme l'aumône qu'on jette à un mendiant : elle lui sauve aujourd'hui la vie pour prolonger sa misère jusqu'à demain."
Encore une fois Gabriel a la sensation de parler dans le vide durant l’échange avec Felipe. Il essaie de rester calme. Mais il sent la colère lui lécher les veines avec violence. Il voudrait juste que ce petit con comprenne ce qu’il est en train de faire à Stan. Parce qu’il n’a pas la sensation qu’il s’en rende compte. Gabriel ne peut s’empêcher de penser que c’est surement du à la drogue. Vu sa tronche de déterrée il ne doit pas fumer que de simple joint. Tant bien il se pique à la cocaïne. Voir pire. Cette idée le révulse sachant l’influence qu’il a sur Stan, il pourrait bien l’entrainer dans sa chute. Pour l’architecte cela la pire des choses que de voir Stan plonger dans cet enfer. Mais Felipe lui tient tête au lieu de fermer sa putain de gueule. Les mots restent des mots mais ils viennent percuter le cœur de l’architecte comme celui du jeune homme. Encore une fois ils vont sortir de cette discussion plus déchirés et plus haineux que lors de la précédente. Et Gabriel est encore plus sur le vif avec ce qu’éveille en lui Felipe. Bien sur qu’il est Satan. Il est à la fois délicieux et terriblement dangereux. «
Et sans votre amitié, il n’en serait pas là non plus. Alors va te faire foutre aussi, petit con. » C’est l’escalade. Aucun des deux n’a l’intention de jeter l’éponge comme à chaque fois qu’ils s’affrontent. Gabriel regrette le temps ou Stan et Felipe n’étaient que deux gosses insouciants. C’était beaucoup moins compliqué. Plus facile à gérer. Bordel ils sont juste entrain de le rendre fou. Il va finir par péter un câble et envoyer tout valser. Mais ce qui voudrait par-dessus tout c’est séparé Stan et Felipe. Il faut vraiment qu’il arrive à ouvrir les yeux à son neveu. Ou bien qu’il élimine Felipe. L’un comme l’autre va être des plus complexes. Quelle connerie. «
Arrête de croire que tu sais ce qui est bon pour Stan. Tu es complètement à côté de la plaque. Et arrête également de me manquer de respect. Je protège juste Stan et si cela ne te convient pas je n’en ai rien à branler. » Gabriel s’en fout de le vexer ou de le braquer d’avantage. Il ne compte pas le laisser avoir le dessus. Il veut juste trouver une solution pour ne plus se sentir oppressé et déchiré. Il veut juste voir sourire Stan à nouveau. Le sentir heureux. Ne plus voir ces cernes sous ses yeux. Il veut oublier les doutes qui l’assaillent avec plus de violence chaque jour. Il veut oublier la douleur qui règne dans son cœur. «
Qu’est ce que cela serait si tu le laissais sombrer ? Vu le résultat en ce moment. » Sa voix devient provocante. Il serait temps que Felipe se réveille ou se bouge le cul. Parce que là c’est tout l’inverse qui se passe. Stan a déjà sombré. Et encore une fois le petit con a l’air de passer à côté. Il le regarde s’habiller. Il le jetterait bien sur le lit de Stan pour posséder son putain de cul sexy. Il chasse vite ses idées de sa tête. Non lui coller son poing dans la gueule serait plus bénéfique pour avancer. «
J’en ai éprouvé Felipe. C’est toi qui as changé les règles du jeu. Du coup tu as tout gâché. Je te vois tel que tu es. C’est toi qui refuse la vérité. La drogue doit te ramollir le cerveau. » Il balance sans savoir mais il est sur de lui. Il en mettrait sa main à couper. Il a vu sa sœur. Il connait les marques. Il sait parfaitement qu’un drogué n’a conscience de rien. Qu’il vit dans sa propre réalité. Et qu’il ne pense qu’à y entrainer les gens qu’il aime. Felipe est comme ça. Felipe est un drogué. C’est une évidence pour Gabriel à cet instant. Et ce putain de connard entraine Stan dans son monde ou tout est faussé. Il l’attrape par le bras. Il a envie de le frapper. De cogner sa tronche jusqu’à voir le sang couler. Il veut le défoncer. Mais il se retient. Uniquement pour Stan. Il va se battre et il compte bien gagner ce putain de combat. Il va le réduire à néant. Le lapider. L’anéantir. Il va lui lessiver le cerveau pour lui faire oublier Stan. Et s’il faut il lessivera le cerveau de Stan pour qu’il oublie Felipe. La drogue ne détruira pas son neveu comme elle a détruit sa sœur. Non jamais. Il le lâche après lui avoir encore balancé quelques paroles glaciales. Felipe n’apprécie pas. «
Et j’ai assez vu la tienne. Mais je garde à l’œil et je te jure que tu n’entraineras pas Stan dans ta chute. Si tu t’en prends à lui de quelque façon que ce sois. Tu t’en prends à moi. Alors surveilles tes arrières parce que je t’ai dans ma ligne de mire petit con. » La colère vient se perdre sur ses lèvres. Froide et glaciale elle déboule comme une tempête. Felipe a du souci à se faire. Il le pousse pour l’aider à sortir plus vite. Puis il referme la porte du cabanon. Il regarde Felipe partir. La rage au ventre. Il sort son paquet de clope de sa poche et en allume une. Il tire une grosse taffe. Il va falloir qu’il trouve une solution et vite pour régler définitivement le problème Felipe. Puis il regagne la villa. Il se remet à ses croquis sans vraiment avoir la tête à ça.