Edouard ∞ Good news, good day.

Rendez-vous à treize heures avec le médecin de ton frère. Il était temps d'avoir les résultats des dernières analyses. Et puisque le con n'a rien voulu te dire au téléphone, tu étais aussi tendu qu'un arc. Enfin, vous l'étiez tous les deux. Tu te roulerais bien une clope mais il paraît que c'est interdit ici. Pfff. Tu regardes ton frère assis à côté de toi dans la salle d'attente. Il avait l'air d'aller mieux depuis le renouvellement de son traitement. Il avait repris un peu de couleurs. Mais ce n'est qu'avec les résultats que vous pourrez être sûrs que tout va bien. Enfin... jusqu'à la prochaine rechute. Tu regardes ta montre. Il devait être là depuis six minutes, ce maudit docteur. Pourquoi ces gens aiment-ils autant s'amuser avec les nerfs d'autrui ? Chaque minute qu'il nous prend est un jour en moins sur sa durée de vie, dis-tu à ton frère en passant ta main sous la sienne et en posant ta tête sur ses épaules. S'il ne vient pas dans les neuf minutes qui suivent, je vais devoir le tuer aujourd'hui même. Tu essaies de détendre l'atmosphère, certes. Mais tu es bien sérieux aussi.

Attendre quelque chose était bien souvent stressant. Trop souvent. Trop stressant. Et Dieu savait à quel point j'étais déjà naturellement nerveux. Être de nouveau aux côtés de Loeiz diminuait mes angoisses, qui avaient augmenté pendant notre séparation. Maintenant j'arrivais à me calmer plus facilement, mais par moments, je n'aurais pas dit non à un petit joint. Sauf que je n'osais pas, par peur de la réaction de Loe. Il avait compris que c'était du tabac que j'avais commencé à fumer. Ça m'arrivait, mais je préférai quand même une alternative plus naturelle. J'attendais les résultats de mes analyses, et ce foutu médecin était en retard. En plus Loe n'avait rien voulu me dire, parce qu'il ne savait rien, je crois. Depuis qu'on m'avait légèrement augmenté mon traitement, j'étais un peu moins fatigué, et j'étais soulagé. Chaque minute qu'il nous prend est un jour en moins sur sa durée de vie. Je posai ma tête sur la sienne, trop stressé pour répondre quelque chose. S'il ne vient pas dans les neuf minutes qui suivent, je vais devoir le tuer aujourd'hui même. Je souris en caressant doucement le dos de sa main. Il a peut-être une raison d'être en retard... Enfin... vu l'heure, on doit être son premier rendez-vous de l'après-midi... Finalement, peut-être que s'il n'arrivait pas maintenant, je laisserai Loe le tuer. En voilà une bonne idée !

Des raisons d'être en retard ? On parle de la santé de ton frère, es-ce qu'il y a une seule raison valable au monde pour mettre ça en jeu ? Enlaçant tes doigts aux siens, tu soupires. Ne lui cherche pas des raisons, Az, ce type est un incompétent de première. Un incompétent qui était maintenant en retard de dix minutes. La patience n'a jamais été ton truc mais alors là, ça commençait à te faire sortir de la fumée des narines. Tu es anxieux, ton frère doit l'être doublement et Dieu sait que l'anxiété n'est pas bon pour lui. Et merde quoi, personne ne touche à ton frère ! Tu te lèves soudain, bien décidé à aller chercher ce docteur au fin fond des enfers s'il le faut mais une infirmière entre dans la salle à ce moment. Monsieur Minaho ? Le docteur Price va vous recevoir. Ce n'est pas tôt ! ne peux-tu t'empêcher d'aboyer sur la pauvre femme qui repartit sans rien comprendre. Tu prends une inspiration et te tournes vers ton frère. Tu m'attends ? C'est peut-être mieux que j'y aille seul. Si je dois le tuer, faudrait pas que tu assistes au carnage, dis-tu l'air détendu, lui mettant une mèche de cheveux en place et commençant à te diriger vers le bureau de satan. Détendu, mon cul. Tu es aussi effrayé qu'un chat qui vient de voir un concombre. Mais valait mieux que tu y ailles seul. En cas de mauvaise nouvelle... Tu veux juste le protéger.

Je sursautai quand il se leva. J'étais tellement parti dans mes pensées et mon stress que je ne m'attendais pas à le sentir bouger. Tu m'attends ? C'est peut-être mieux que j'y aille seul. Si je dois le tuer, faudrait pas que tu assistes au carnage. Je me forçai à sourire, mais je ne réussi qu'à esquisser un sourire crispé. Euh, oui ? Je suppose... Je le regardai suivre l'infirmière jusqu'au bureau du médecin, effrayé. J'étais un peu moins fatigué, mais c'était car on m'avait augmenté mon traitement... et si en fait le virus avait commencé à se développer ? Mon Dieu... Pour essayer de me rassurer, je regardai le reste de la salle d'attente. Il n'y avait pas grand monde. Je remarquai une fille en train de parler toute seule. Ce n'était pas ça qui allait me rassurer... Mon Dieu, faites que Loeiz revienne rapidement...

En entrant dans le bureau du médecin, tu avais juste une envie c'est de lui foutre une balle entre les deux yeux. Mais en sortant, tu t'engages solennellement à le bénir pour le reste de la journée. Tu penses un moment prendre une mine triste et faire une blague à ton frère mais non, le pauvre il avait déjà eu assez de stress et d'inquiétude pour aujourd'hui. C'est donc un grand sourire aux lèvres que tu reviens vers lui. Posément, tu t'assieds tailleur à ses pieds à même le sol et tu prends ses mains. Il a dit... Il a dit que tu va super bien, Az. Tu étais tellement content que tu avais l'impression que le sourire figé sur ton visage resterait là pour toujours. Il a dit que tes analyses sont convaincants, que pour le moment le virus n'a pas eu le temps de se développer... enfin si un peu mais rien d'alarmant ! Il a dit que c'est normal vu que ton traitement aurait dû être augmenté depuis un bout de temps. Le précédent n'était plus vraiment efficace. Si seulement vous vous étiez retrouvés plus tôt ! Mais ce qui en ressort, c'est que du positif, Az ! Tu vas bien ! Et tant que tu continues ton traitement et ton suivi médical régulièrement -et crois-moi, tu vas le faire - tout va nickel. Tu avais envie de pleurer. C'était l'une des meilleures nouvelles que tu avais reçu de toute ta vie. Non, ce n'était pas gagné d'avance, le médecin a dit qu'on est jamais à l'abri d'une aggravation ou un truc du genre mais que ça arrivait très rarement alors... Tu es jute heureux. Ton frère va vivre. Il a encore toute la vie devant lui pour réaliser ses rêves. Rester avec toi. Vous deux pour toujours. Si tu n'étais pas mon jumeau, je te jure que je te roulerai une bonne pelle sur le champ, dis-tu en riant et en pleurant à la fois. Tu l'aimes, ce mec.

Tu ne te fais pas prier, depuis le temps que tu attendais ça. Tu attrapes sa tête entre tes deux mains et lui donne un gentil baiser de cinq secondes à peine. Tu y serais allé beaucoup plus franchement si vous étiez chez vous Mais fallait pas choquer les pauvres gens malades qui étaient là. Déjà qu'ils avaient la gentillesse de ne pas appeler la sécurité en vous voyant assis sur le sol d'un hôpital, riant et pleurant comme deux détraqués sans cervelles, fallait pas les pousser à bout non plus. C'est donc calmement que tu relèves ton frère et te sers d'un de tes éternels mouchoirs pour lui essayer ses larmes et les tiennes, au passage. Tu sais quoi ? Il faut fêter ça. On va aller dévaliser les magasins. Journée shopping ! De la bouche d'une fille, ça aurait été totalement compréhensible. Mais toi, un homme et pas gay... Il fallait vraiment que vous sortez de cet hôpital. Tu te lèves et lève ton frère aussi par la même occasion. On y va, mon cœur. On va te refaire une toute nouvelle garde-robe. Puis on ira chez le coiffeur, tu as besoin d'une coupe plus... tendance. On se fera ensuite une bonne séance de massage après pour détendre tous ses muscles. Et le soir, on se fera un dîner aux chandelles dans le restaurant le plus chic de la ville. Et...  Tu appuies sur le bouton de l'ascenseur. Oui, je suis à mille pour cent hétérosexuel, finis-tu d'un air entendu.

Tu le regardes comme s'il venait de dire une ineptie qui t'a cloué sur place et tu attends que vous soyez sortis de l'ascenseur pour retrouver la parole. Comment tu peux aimer ça ? demandes-tu en lui ébouriffant sa tignasse. C'est une honte pour moi ! Es-ce que tu te rends compte qu'en quelque sorte je la porte aussi ta coiffure ? Le gars c'est ta copie conforme, sa coiffure c'est aussi la tienne ! Coiffeur. Et sans discuter, monsieur ! dis-tu en démarrant la voiture. Il pensait vraiment s'en tirer comme ça ? Il te fera la même coupe que la mienne et comme ça on sera comme une personne et son reflet dans le miroir, précises-tu en riant.