What are you doing here ? [Maxim]

Deux meurtres à quelques jours d'intervalle, deux corps inanimés, apparemment sans rapport, mais pas pour un oeil averti. Un agent de police a remarqué le même mode opératoire. Du coup j'enquête sur ces meurtres, car ils sont visiblement en rapport avec une tentative terroriste déjouée par mes collègues restés au pays. Je suis allé sur les deux scènes de crimes, j'ai échangé avec les scientifiques et j'ai tenté de recouper les informations, sans succès pour le moment. Du coup j'ai décidé de revenir sur les lieux du deuxième assassinat : celui d'un homme dans son propre appartement. Bien sûr, le corps n'y est plus, mais le logement est, lui, normalement resté en l'état, même après les relevés d'empreintes.

Il est plus de 23h, mais j'ai l'intime conviction que je vais pouvoir, peut-être, y trouver un indice. Du coup je me rend sur place, mais je suis étonné de constater qu'un des bandeaux interdisant l'entrée est par terre. Silencieusement, je sors de son étui mon pistolet et le tiens vers le bas. Sans bruit, je fais tomber l'autre bandeau et pousse la porte restée entrouverte. Il ne fait pas tout à fait noir dans la pièce car les lumières extérieures l'éclairent et j'aperçois distinctement une ombre bouger. Je pointe mon arbre vers elle et crie :

FBI ! Ne bougez pas !

Sans quitter l'ombre des yeux, je tends ma main gauche vers l'interrupteur et allume la lumière, en refermant la porte derrière moi avec mon pied.

Mais pourquoi, pourquoi je suis venue dans le quartier Nord de Vancouver et en pleine soirée. On m’avait pourtant bien mis en garde qu’il ne fallait surtout pas s’y aventurer seule la nuit. Il faut dire que je n’avais pas vraiment eu le choix. Le client que j’espionnais depuis quelques semaines s’était arrêté devant un immeuble. Je le soupçonnais depuis quelques jours de dealer de la drogue. Sa mère, celle qui m’avait engagé, voulait savoir comment son fils occupait ses journées. Elle s’était apperçu qu’il ne s’était pas rendu à l’université depuis le début de l’année et en faisait le ménage dans sa chambre à coucher, elle avait trouvé des substances illicites. Pour éviter une énième dispute, elle a préféré m’engager pour en avoir la certitude.

J’étais monté dans l’immeuble quelque peu insalubre. Il sentait la pisse et le ménage n’avait pas été fait depuis plusieurs semaines, sans aucun doute. Le jeune homme que je suivais venait de rentrer dans un appartement et pour entre sa conversation, j’entrai dans le logement d’à côté. Apparemment abandonné, pour essayer d’écouter ce qu’ils se disaient quand soudain un homme entra dans l’appartement et referma la porte en la claquant derrière lui. Il fait partie du FBI. Et merde !

Je sursaute et mon cœur s’emballa. D’instinct, je lève mes mains pour les mettre en évidence puis je retrouve mon calme. Chut ! A cause de vous je vais louper toute la conversation. Je ressayais tant bien que mal d’entendre leur conversation à travers le mur fin qui séparait les deux logements mais étant observé par un agent du FBI, c’était beaucoup plus compliqué.

En revenant sur les lieux du crimes, je pensais trouver des indices peut-être oubliés, ou simplement, en me remémorant l'emplacement du corps, arriver à comprendre ce qu'il s'était passé. Mais ce à quoi je ne m'attendais pas, serait de trouver quelqu'un ici, à vingt-trois heures passées. Quand j'allume la lumière en m'annonçant comme faisant partie du FBI, je m'aperçois que l'intrus est en réalité une intruse, et relativement jeune de surcroît. Sa réaction me paraît approprié, puisqu'elle lève les mains, mais ce qu'elle me dit l'est beaucoup moins. Comment ça chut ? Et de quelle conversation parle-t-elle ?

Vous plaisantez ? Dis-je sans baisser le son de ma voix. Vous n'avez pas vu que vous êtes sur une scène de crime ici ? Sans baisser mon arme, je fais un signe de tête vers le dessin à la craie apparaissant sur le sol. Il représente le contour du corps désormais partie à la morgue.

Sans baisser son arme, l’agent du FBI me montra les traits faites à la craie sur le sol. Visiblement j’avais atterri dans une scène de crime et sans m’en rendre compte. Quelle poisse ! Et dire que quelques jours plus tôt, un corps se trouvait à cette position …

Sans faire attention à l’agent et à son pistolet, mon attention se porta sur l’appartement. En entrant dans cette pièce, je n’avais pas fait attention au logement et encore moins s’il était habité. Hébétée, je le regarde sans savoir quoi lui dire. Non. Je … je suis vraiment désolée, je n’avais pas fait attention. A vrai dire, j’étais tellement concentrée sur mon enquête que j’ai cru que cet appartement était à l’abandon. Ce qui était la vérité. Après une courte pause, je repris. Je suis Maxim, détective privée et j’enquête sur l’homme qui vient de rentrer dans l’appartement juste à côté. Quelque chose me dit que cet agent n’allait pas me laisser tranquille.

Ça franchement, c'est bien une première. La jeune femme qui me fait face a fait tomber l'un des bandeaux de sécurité à la porte pour rentrer, mais elle ne s'est pas rendu compte qu'elle était sur un lieu de crime ? Je suis légèrement dubitatif, alors je lui fait signe de regarder vers le dessin fait au sol à l'aide d'une craie, pour voir sa réaction. Elle semble décontenancée, et m'explique qu'elle n'a pas fait attention. Étonnamment, je la crois. Elle semble plutôt mal à l'aise à l'idée qu'une corps inerte ait pu se trouver à quelques centimètres de là où elle est actuellement. Elle se présente finalement et je décide de baisser mon arme.

Vous avez un nom de famille, Maxim détective privée ? Ou alors c'est un nom de scène, tout comme Madonna ?

J'affiche un sourire amusé, mais je ne la quitte pas des yeux. Je souhaite obtenir son nom complet pour noter sa présence sur le lieu du crime. Elle ne partira pas comme ça, surtout qu'il vient de me dire qu'elle enquête sur (un homme en lien avec) le voisin de la victime.

Pourquoi vous enquêtez sur lui ?

Après un instant d’hésitation, le jeune homme fini par baisser son arme. Mon calme reprit enfin le dessus. Ce n’est qu’après quelques minutes que je me rendis compte du bel homme qui se tenait en face. Grand et élégant, il avait tout du parfait gentleman. Le séduire arriverait peut-être à me sortir de ce pétrin.

Très drôle ! Oui j’ai un nom, mais je connais mes droits monsieur l’agent. En aucun cas je vous le donnerai.

Un nom de scène comme Madonna, et puis quoi encore. Cet homme était mignon mais son sens de l’humeur laissait à désirer. A mesure que le temps passe, un malaise s’installa. Je m’en voulais de ne pas avoir fait plus attention. Ce studio me foutait déjà assez la chair de poule. Savoir qu’un cadavre gisait sur le sol il y a seulement quelques jours, me terrifiait d’avantage.

Une histoire de drogue et d’étudiant. Sa mère m’a demandé d’enquêter sur lui. Elle avait des soupçons. Rien de très original contrairement aux enquêtes dont vous devez vous occuper.

Je lui souris timidement pour détendre l’atmosphère.

Puis-je savoir à qui je m’adresse ?

Je ne pensais pas trouver ce soir, à cette heure-ci et dans ce quartier, une jeune femme comme Maxim. En vérité, j'aurais pu imaginer trouver un squatteur peut-être, mais pas une détective privée ! Du coup j'essaie d'en savoir plus, en commençant par son nom puis en continuant par les raisons de sa présence sur le lieu d'un crime. En ce qui concerne la première information, la jeune femme refuse de la donner. Je fronce les sourcils, mais je ne relève pas. Je tenterai une approche différente quand je saurai ce qu'elle fait là. J'ai une réponse plutôt évasive là aussi, même si j'apprends que les voisins de ma victime trempent sûrement dans un trafic de drogues. Etant donné le quartier, ça ne m'étonne pas vraiment mais soit. Quand la jeune femme me demande mon identité, je ris. Non mais elle croit vraiment que je vais lui donner mon nom alors qu'elle refuse de me dire le sien ? J'affiche un sourire en coin, me voulant charmeur, et je réponds :

Je vous donnerai mon nom quand vous me direz le votre.

Je sors rapidement un calepin de ma poche arrière ainsi qu'un stylo et je commence à noter ce que j'ai appris jusque là. Finalement, je demande :

Vous pouvez me dire ce que vous avez appris jusque là du fils de votre cliente ?

Je me résigne finalement à lui révéler mon identité. Après tout il est du FBI, je ne risque rien. Sauf s’il me puni pour avoir été sur un lieu de crime sans m’en rendre compte !

Je m’appelle Maxim Cadwell. C’est bon vous êtes satisfait ! Ma voix légèrement sarcastique ne passa pas inaperçue et c’était le but. Ses personnes se croient tout permis, c’est exaspérant. Il commençait à me taper sur le système. Voilà que maintenant, il sortit son calepin pour y noter des informations. Il ne manque guère de politesse.

Puis-je savoir à mon tour comment vous vous appelez ? Je vous dirais en suite ce que j’ai appris.

S'il veut obtenir des informations, il va devoir m'en donner également. Hors de question que je lui en donne sans rien en retour. Cela lui ferait trop plaisir.

La réponse sarcastique et semblant légèrement agacée de la jolie Maxim me fait sourire après avoir affiché sur mon visage un air à peine offusqué. En vérité, tant que j'obtiens des informations, je me moque bien de l'attitude de ceux qui me les donnent, peut-être excepté lorsqu'ils sont insultants à mon égard.

Enchanté Mlle Cadwell. Je suis l'agent Elijah Mckillan.

J'affiche un sourire tout en notant le nom de la jeune femme dans mon carnet. Elle a l'air féroce comme ça, mais je ne vois pas pourquoi elle retiendrait des informations. Ca n'est pas forcément dans son intérêt, étant donné que, si je sens qu'elle fait obstruction, je suis tout à fait en droit de l'arrêter, de même que pour sa simple présence sur les lieux d'un crime qui était visiblement scellé. Aimablement, je réitère ma question :

Qu'avez-vous appris jusque là ?