My Confession w/ Matthew C.

C'est un étrange début d'année. J'ai repris le travail il y a quelques jours, comme la plupart des canadiens mais contrairement à eux, je l'ai fait avec beaucoup d'entrain et de bonheur. J'adore mon métier, même s'il demande de la patience, de l'épreuve et une grande résistance aux éléments naturels. Comme aujourd'hui où la neige a recouvert Vancouver et qu'il est difficile d'entraîner un chien dans un champ avec 1 mètre de poudreuse. Néanmoins, je fais beaucoup d'efforts et le fait de passer un peu de temps en compagnie du meilleur ami de l'Homme me fait beaucoup de bien. Leur présence est comme une source de joie à mes yeux, je me sens bien à leurs côtés.

Je dis souvent que c'est le métier le plus apaisant du monde... Sauf depuis quelques semaines. En effet, depuis quelques temps, un client passe régulièrement pour raffermir les liens entre lui et son chien... et j'en suis affreusement attiré. Du maître hein, pas du chien, je ne suis pas zoophile ! Bref, cet homme me fait craquer et je ne sais pas si c'est réciproque. Disons que lorsque je dois travailler avec lui - et je m'arrange toujours pour que ce soit le cas - je ne suis plus moi-même, je bégaie un peu et il en rit. Il y a déjà eu des petites œillades entre nous mais de là à ce qu'il soit attiré par moi... C'est confus. Aime-t-il les hommes ? Les femmes ? Les deux, comme moi ?

Bon alors, pourquoi un étrange début d'année au juste ? Parce qu'aujourd'hui, il est passé. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit le cas vu la température et le manque d'accès à la bâtisse. J'en ai été très heureux, c'était visible à mon sourire que je n'arrivais pas à supprimer et comme il n'y avait pas beaucoup de monde, on a pu discuter un peu tout en m'occupant de son chien. Et il s'est mis à pleuvoir. Vous allez me dire, quoi de mieux pour faire fondre un peu toute cette blancheur éclatante ? On sous-estime les pouvoirs de la pluie, notamment celui, très spécial, de rendre une situation banale soudainement très romantique. C'est ce qui est arrivé cet après-midi. Il s'est approché de moi pour récupérer la laisse du chien dans ma main. La sienne a effleuré la mienne, tout comme sa joue contre ma peau. En fait, le même stupide que je suis a cru qu'il voulait m'embrasser mais j'ai vite rougit en me rendant compte de ma bêtise. Même sous la pluie, son sourire est... Il est... Je n'ai pas de mot. Avec le rouge de mes joues, la température à Vancouver a dû augmenter de deux ou trois degrés d'un coup !

Il est parti bien vite comme s'il ne s'était rien passé, comme s'il n'avait pas senti cette lourde atmosphère électrique entre nous, qui m'a foutu des frissons de désir. J'en ai été tellement chamboulé que j'ai tout de suite appelé mon meilleur ami, Matthew, pour lui en parler. Mais comme c'est délicat de dire ça au téléphone, je lui ai donné rendez-vous chez lui après nos boulots respectifs. C'est là où je me rends en ce moment et je toque à la porte de l'appartement du beau blond, frigorifié et empressé de lui raconter le dernier chapitre à mon "histoire amoureuse". Je sais qu'il me trouve stupide avec ça mais bon...

Une journée de merde! De pure merde! J'adore mon boulot, mais parfois j'ai vachement envie de le faire valser par la fenêtre! La vie d'un chauffeur de taxi n'est pas toujours rose, laissez-moi vous dire! On en rencontre, des hurluberlus pas possibles! Des messieurs et mesdames je-sais-tout. Des adolescents condescendant et des vieillards qui se croient tout permis! Non, sérieusement. J'aime les gens. J'adore les gens! mais parfois, l'humanité m'exaspère et me désespère! Non mais qui se permet de cracher dans une voiture!? Nah mais qui, uh!? QUI!? Même pas hors de la voiture en baissant la vitre là! Non! ...DANS. LA. VOITURE. Bordel.

De retour chez moi, je laisse tomber lourdement mon sac au sol et vais directement au mini bar me prendre une bonne bière. Je ne suis pas le genre de mec  qui boit pour boire, quoi. Là, j'en ai vraiment. Vraiment besoin. Comme un fumeur avec sa cigarette. J'ai juste envie de me calmer les nerfs un peu car je me sens simplement bouillir de l'intérieur, en ce moment! Au moins, je sais que la soirée va se dérouler un peu mieux. Tout en douceur, même car j'ai mon gros nounours d'amour qui va venir me parler de ses sentiments envers un mec. Après ma bière, je saute vite dans la douche et me change pour des habits un peu plus mou confortable. Un jeans et une chemise blanche. J'aurais pu mettre qu'un jogging et une camisole. C'est mon meilleur ami que je vais voir et non le pape, mais bon. Si jamais on sortait par la suite, je serais prêt, au moins!

Je suis entrain de préparer des petites bouchées quand on toque à la porte. Sans bouger, je cri «ENTRE!!!» en sachant très bien que c'est simplement Aimé. En voyant sa bouille entrer, je lui souris et dit «Hey! J'ai fait un feu juuuuuuuste pour toi!» en lui pointant le feu de foyer dans le salon «Va déposer tes fesses sur le canapé, j'arrive avec les bouchées! Tu veux une bière ou du vin?» tout en allant voir dans le frigo, attendant sa réponse.

Matthew a l'art de deviner qui se trouve derrière la porte - enfin, surtout quand c'était moi en fait. En l'entendant hurler à l'intérieur, j'entrais aussitôt, m'inquiétant pour les voisins qui devaient en avoir marre de notre tapage à chaque fois que je venais chez lui. Je n'étais pas très bien et même si je savais que cela n'allait pas le duper, j'affichais un sourire radieux. Il faut dire que le sourire de Matthew me donnait beaucoup de courage, de force et de bonheur. S'il avait été gay, j'aurais peut-être eu de l'inclinaison pour lui. Il aurait été mon mec idéal... Mais bon, tout ceci était hypothétique et inutile, il était hétéro et j'en étais bien content dans un sens. Cela me permettait de l'avoir à mes côtés, sans ambiguité, et il était celui à qui je confiais mes petits malheurs. Que ferais-je sans mon bro ?

Cela sentait bon dans son appartement, je devinais qu'il avait encore cuisiné une de ces petites merveilles dont il avait le secret et j'en avais l'eau à la bouche par avance. "Une bière s'il-te-plaît !" lui répondis-je tout en allant m'asseoir comme il me l'avait presque ordonné. Je n'avais pas la foi d'aller contre n'importe quelle décision, à ce stade de ma journée.

Très silencieux, je l'attendais, lui, les bières et les bouchées. Je n'avais pas franchement très faim mais bon, me connaissant, j'allais certainement lui faire plaisir en en mangeant plusieurs. J'avais trop d'amitié pour Matthew pour lui faire ce genre de peine ! Je savais qu'il y avait mis beaucoup de temps en plus, question de respect. Lorsqu'il vint s'asseoir à mes côtés, je fis clinquer ma bière contre la sienne et en but la moitié d'une traite, trahissant alors mes états d'âme. Je n'étais pas très bien, oui. Il pouvait être chiant qu'une personne puisse lire en vous comme dans un livre ouvert... mais en même temps, j'attendais qu'il me pose une question ou qu'il s'en enquiert, n'osant pas en parler le premier. Comme je ne faisais que ça, j'avais peur de le saoûler à force !