Une histoire émouvante ! (Nephelie & Maxim)

Assise sur une chaise de la cafétéria dans l’université, je repensai au jour où cette femme est venue me voir. Agée d’une quarantaine d’années, elle avait passé le seuil de mon bureau à une heure tardive et avait une requête peu commune. C’est le moins qu’on puisse dire. Après des années d’absences, cette femme souhaitait retrouver sa fille, celle qu’elle avait abandonnée à la naissance. Visiblement je n’étais pas au bout de mes surprises. Cette maman avait omis de mentionné quelques détails sans quoi, j’aurais refusé sa demande.

Après des semaines de recherches, je l’avais enfin retrouvé, Nephelie Vassiliev. Visiblement elle étudiait la danse et droit à l’université de Vancouver. Raison pour laquelle je me trouvais à la cafétéria. Je l’attendais avec impatience. Depuis notre première rencontre au parc, des liens d'amitiés étaient nés. Par la suite, je m'étais raviser de lui raconter la vérité sur sa mère biologique. C'était une femme tellement épanouie et pleine de vie que je ne pouvais détruire sa vie, son enfance en une fraction de seconde. Pour la première fois depuis que j'exerce ce travail, je ne pouvais pas dire la vérité. J'estimais que ce n'était pas à moi de lui raconter cette sombre histoire.

Nephelie rentra dans la cafétéria telle une boulle d’énergie. C’était une jeune femme débordante d’énergie et aux multiples facettes. Toute en souriante, elle me prévenait gentiment qu’elle n’allait pas pouvoir rester longtemps car elle devait récupérer sa mère à l’hôpital. Sa mère adoptive. Ah les profs, toujours à vous lâcher en retard ! C’est bien pour ça que j’ai arrêté les études dis-je en rigolant. Ce n’était peut-être pas la meilleure décision de ma vie mais je ne la regrettais pas du tout. Au contraire, je suis entièrement épanouie avec mon travail. Un Cappucino pour moi aussi s’il te plait. Ma boisson préférée, sans celle-ci je ne pourrais travailler chaque jour de la semaine, impossible. Il me fallait ma dose de caféine pour fonctionner. Une vraie accro, je le sais mais j’assume complètement. Ne t’en fait pas, ce n’est pas grave. De toute façon j’ai du travail qui m’attend. J’espère qu’elle n’a rien de grave ta maman. Je lui souris gentiment avant de prendre mon café en main et d’en prendre une gorgée. Humm vraiment délicieux ! Pas grand-chose et toi ? Ça va les cours, pas trop fatiguant ? Les études, un vrai calvaire. Du moins pour moi. Je crois que je n’ai jamais été faite pour les études malgré mes bons résultats scolaires. Le fait d’être assise sur une chaise toute la journée et ne rien faire me rendais dingue.

Il y a certains moments où je préfère qu’on m’enterre sous terre plutôt que d’être aussi mal à l’aise qu’en ce moment. Il est vrai que je connais peu Lélie et qu’une gaffe pouvait vite arrivée. Lorsqu’elle m’annonçait qu’elle ne pouvait pas rester très longtemps, j’étais loin de m’imaginer qu’elle me ferait une révélation aussi poignante. Avoir un membre de sa famille malade était une chose horrible, un moment éprouvant à passer dans une vie. J’en savais quelque chose ! Oh je suis désolée, j’espère que ça ira. Il est vrai que les traitements de chimiothérapie sont très douloureux à supporter. Les vomissements sont très présents. C’est un des pires moments à passer pour le malade. Ironie du sort lorsque l’on sait que sa mère biologique la recherche. La prochaine fois, je réfléchirai à deux fois avant de poser une question. Je lui souris gentiment afin de le transmettre toute ma compassion puis je lui caresse la main. Un geste simple mais tendre et affectueux. Visiblement Lélie aime beaucoup mon métier, pour elle il était très intéressant comparé à ses études. J’en doute car je n’ai jamais eu de prof comme petit ami. Pour ne pas la mettre encore plus mal à l’aise, je préfère ne pas aborder le sujet. Ben écoutes, en ce moment c’est le calme plat. Peut-être à cause des fêtes. Quelques adultères, rien d’extraordinaire. A vrai dire c’était plutôt banal. J’étais toujours gêné lorsqu’elle me parlait de mon travail. La peur m’envahi. Et si elle se rendait compte un jour que notre rencontre n’était pas liée au hasard et que sa mère biologique la cherchait, m’en voudrait-elle au point de ne plus vouloir me parler ? Ça m’est déjà arrivée oui. Des fois j’y arrive et d’autre fois non. Il y a quelques mois une jeune femme âgée d’une vingtaine d’années est venue me voir afin que je retrouve sa mère biologique. Je savais que sa requête allait être difficile mais je n’ai pas refusé pour autant. Je voulais l’aider. J’ai essayé tout ce que je pouvais, que ce soit les méthodes officielles et officieuses. Mais rien à faire, aucune trace de sa mère. Je pris une profonde inspiration avant de continuer. Il y a quelques semaines, Une femme d’une quarantaine d’années je suppose, est venue me voir. Elle souhaitait à son tour retrouver sa fille. Après plusieurs recherches et aide de mon amie Jules qui travaille dans la police, j’ai fini par la retrouver. Mais crois-moi, ce travail n’est pas évident. Que ce soit pour les recherches que pour annoncer à une personne ce que tu as découvert. Quand il s’agit d’une histoire comme celle-ci tu peux ruiner toute une vie ou pire. Une famille entière ! Je préférai changer de sujet afin qu’elle ne me questionne pas d'avantage sur mon travail et ma récente découverte. Sinon, tu es sur que tu n’as rien à me raconter à propos de tes cours ? dis-je en rigolant. Même pas sur ton joli professeur ?

J’espère aussi que ça ira pour ta maman. Je ne savais pas trop quoi lui dire. Ce genre de situation, j’y étais régulièrement confronté mais toujours autant mal à l’aise. Je crois que je ne m’y habituerais jamais. Nephelie me semblait tendue, ce qui était normal vu les circonstances. Il était grand temps que nous changions de sujet pour ne pas nous miner le moral mutuellement. Seulement, parler de famille et de fille abandonnée n’était pas le meilleur sujet. Nephelie n’était pas au courant au sujet de sa mère biologique et par respect, j’ai préféré ne pas lui annoncer. C’était une annonce beaucoup trop importante pour qu’elle vienne de moi. Je refusais de servir de messager. Visiblement elle souffre beaucoup de son lourd passé. En faisant semblant de ne pas connaitre son histoire, j’acquiesce d’un hochement de tête. J’étais très mal à l’aise, je ne savais quoi lui répondre à cet aveux que je connaissais déjà. Oui je comprends, tu as du beaucoup souffrir de cette situation. Le sentiment d’avoir été abandonné et de ne pas connaitre ses géniteurs doit être frustrant. J’aurais l’impression de ne pas me connaitre moi-même, de ne pas savoir qui je suis. Je pris une profonde inspiration puis repris. Tu n’as jamais eu envie de retrouver tes parents ? Une question qui paraissait sans arrière-pensée mais qui en demandait beaucoup. Tout en paraissant décontractée, je pris mon café et bu une gorgée. A sa réaction, je souris. Elle ne s’attendait pas du tout à ce que je lui avoue que j’étais au courant pour son joli prof. Et bien si. Mes amis avaient très peu de secrets, du moins peu qu’ils arrivaient à me cacher. Elle n’était pas très contente de cette révélation. Voir même énervée. Ce qui se comprenait. A vrai dire je m’en foutais de cette relation. Je n’avais pas spécialement enquêté sur son aventure. Après l’avoir retrouvé, j’avais passé quelques jours à l’observer avant de me résigner à lui avouer la vérité. C’est à ce moment-là que je l’ai appris. Non, non, je n’ai pas enquêté sur toi. Tu peux te détendre, ce n’est pas dans mes habitudes. Aujourd’hui, j’ai voulu t’attendre à la sortie de tes cours. C’est là que … je t’ai vu dans les bras de ton prof. Ne t’inquiète pas, avec-moi ton secret est bien gardé. Je ne dirais rien. Je lui souris timidement tout en la regardant. J’espère qu’elle ne m’en veut pas trop de lui avoir dit. Apparemment elle n’aimait pas que l’on plaisante sur ce sujet.

-Non le pire c'est de connaître tes géniteurs et de savoir qu'ils n'ont pas voulu de toi. Parce que je connais mes parents. Mon père s'est barré quand j'avais trois ans. Et ma mère a sombré. Alcool, drogue, tout ce que tu veux. A cinq ans j'ai atterri à l'orphelinat. Heureusement, les Vassiliev m'ont adoptée quand j'en avais sept. Comment être insensible à cet aveu. Lélie avait tant souffert durant sa jeunesse, ça se voyait. Oui je comprends, se sentir rejeter doit être une chose affreuse. Je me plaignais souvent du divorce de mes parents et des conséquences que cela avait pu engendrer mais au fond. J’étais chanceuse. Contrairement à elle, j’avais eu la chance d’avoir une vie de famille étant petite. L’amour d’un père et d’une mère est de ce qu’il y a de mieux. J’acquiesce d’un hochement de tête. Humm oui je comprends. Ce sont eux qui t’on tout apprit, tu les considères comme tes vrais parents. Il est vrai que ce n’est pas tout de donner la vie, il faut aussi assumer. Malheureusement beaucoup de parents n’assument pas. Depuis que mes parents ont divorcés, ils ne prennent plus leur rôle au sérieux et ma sœur en fait qu’à sa tête. Je ne savais plus quoi faire avec elle, j’en avais plus qu’assez qu’elle rentre en pleine nuit bourrée. Ses études étaient totalement à l’abandon. - Excuse moi. C'est juste que ... C'est pas vraiment réglementaire même si nous n'avons techniquement trois ans d'écart. Mais il reste un professeur et moi une étudiante. Il est ton professeur oui et ce n’est certainement pas autorisé. Mais si vous êtes heureux ensemble, c’est l’essentiel. C’est déjà difficile de trouver une personne qui nous aimes et qu’on aime en retour. Il ne faut surtout pas vous arrêter pour si peu dis-je. Au fond, je m’en foutais qu’elle se tape un prof d’histoire. Si le faite que je suis au courant peut l’aider à ses confier, tant mieux. J’en serais ravie. J’en suis sur même ! Rien qu’à voir les étoiles dans ses yeux, n’importe quelle personne pouvait affirmer qu’elle était amoureuse et qu’elle rayonnait de bonheur. Je te promets que je ne dirais rien. Tu as ma parole.