can you love me again ? (ft. Sullivan)

can you love me again ?

it's unforgiveable; I stole and burned your soul, that's what demons do

J'étais plutôt contente du succès que rencontrait mon bar à chats, apparemment même après tout ce temps d'absence j'étais la seule à avoir eu l'idée d'en ouvrir un, et toutes mes années d'étude en valaient la peine. Depuis mon retour quelques mois auparavant, je m'étais totalement concentrée sur ce projet que je voulais parfait. Je crois que c'était ça mon plus gros défaut, être perfectionniste ; le moindre détail dérangeant pouvait tout gâcher à mes yeux. Ce défaut était visible dans n'importe quel domaine, même sentimentalement. J'étais juste arrivée à cette constatation après m'être demandée, pendant des jours entiers, pourquoi j'avais quitté Sullivan alors que tout était pratiquement parfait entre nous, et j'ai compris que c'était le fait de devenir dépendante de lui, qui m'incommodait. Je suis une éternelle insatisfaite.

22h30. Heure de fermeture du bar, je suis la seule qui reste et même si il est marqué sur la porte que c'est fermé, on peut encore clairement voir de la lumière émaner du bâtiment. Nettoyant la salle, je commence peu à peu à sentir la fatigue m'envahir mais je me dois de finir ce brin de rangement pour demain matin. Tandis que je remets les chaises sur une table, j'entends la porte s'ouvrir et je râle légèrement en me disant que j'aurai dû la fermer à clé avant, mais trop tard. Finissant, ma tâche, je ne me tourne pas encore vers la personne quand je lui parle.

-Bonsoir, désolée mais nous sommes fermés n'hésitez pas à revenir de..., je m'interromps soudainement en regardant enfin la personne. Sullivan.

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Autant vous dire que je suis plutôt fier de ma boîte de pub, j'ai réussi à me faire un nom dans le métier en très peu de temps. Mais je ne suis pas complètement heureux, elle me manque tant, Jeanne. Toutes ces années, je n'ai cessé de penser à elle encore et encore. J'espérais la voir revenir à mes côtés, mais cela n'est jamais arrivé. Donc j'ai continué ma vie seul et avec le sentiment d'avoir été trahie et abandonné. Je me vouais corps et âme au boulot, ne pensant à rien d'autre...

Quand des amis à moi m'ont annoncé la nouvelle de son retour au pays, j'ai eu comme un électrochoc, nous revoyant tout les deux, ensemble, unis à jamais. Bref, sans réfléchir, je me suis rendue devant ce bar à chats, elle en rêvait et elle l'a fait, je ne suis pas surpris, Jeanne à toujours fait ce qu'elle voulait. Me voilà poster sur le pas de la porte d'entrée du bar, je vais enfin revoir ce visage qui m'a tant manqué et fait mal en même temps. Lorsqu'elle se retourne qui entre dans le bar à une heure si tardive, elle paraît surprise de me voir.
"Salut, Jeanne ! Je vois que tu n'as pas chômé avec ce bar ?"  

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J'étais ce genre de personne totalement obsédée par un seul but et qui n'aimait pas les empêchements. Ma vie était contrôlée à la seconde près et je l'avais toujours assez bien vécu, jusqu'à que je rencontre Sullivan qui a tout bouleversé, sans prévenir. J'ai croisé mon regard dans le sien un jour et ça a été le moment où j'ai su que je n'aurai plus rien sous contrôle, et ça aussi, je l'avais bien vécu. Dans le fond, y avait rien de mieux que passer des après-midis, allongée à ses côtés, à rire de ses blagues ─même les plus nulles─ en tentant de réviser. Mais j'étais une froussarde, j'ai pris peur et j'ai préféré le quitter,  comme si tous mes problèmes venaient de lui, alors qu'ils venaient de moi. Et en prime de le laisser tomber comme une vieille chaussette, je suis partie vivre loin de lui, en pensant que ça ferait moins mal.

Le revoir là, comme ça, sans même avoir pu m'y préparer avant, ça me secoue, pourtant je reste immobile, à la même place, jusqu'à sursauter de peur en entendant une chaise tout près de moi basculé et tomber au sol dans un vacarme épouvantable, qui me permet de réaliser qu'il m'a parlée. BON DIEU, JE SUIS CENSÉE FAIRE QUOI ? Keep calm, Jeanne. Tu peux gérer ça. Plus ou moins.

-Absolument pas, et je crois que je ne suis pas prête de chômer pour un long moment, je commence par dire en riant nerveusement. Et toi, alors ? T'as réussi à atteindre ce que tu voulais ?

En tout cas, je l'espérais plus que tout, qu'il ait tout ce qu'il voulait quand on était ensemble. J'espérais qu'il était heureux, même si le fait d'être heureux ne m'incluait pas. Mes décisions, mes choix, je les assume. Je ne les aimes pas tous, c'est vrai, mais on devait vive à les conséquences de nos actes. Et pendant un moment, je le regarde dans les yeux en me disant que peut-être vu la manière qu'il me regarde, je n'aurai pas dû laisser notre relation.

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Le savoir dans la même pièce que moi, rien que tout les deux, ça me retourne l'estomac mais en même temps je retrouve une vieille sensation que j'avais perdu,  j'ai l'impression que l'atmosphère autour de nous redevient celle qu'on avait quand on était ensemble. Ce genre d'atmosphère calme qui vous détend totalement, qui vous dit d'aller juste avec votre cœur pour une fois et pas votre cerveau. Et j'aimerai, à cet instant même, me retrouver dans ses bras en soupirant d'aise, me sentir de nouveau chez moi.

-Je suis contente pour toi, vraiment ! Tu le mérites.

Je pince mes lèvres un moment ensemble, néanmoins j'ai un sourire sur mon visage, vraiment heureuse de savoir qu'il avait réussi aussi bien. C'est tout ce que j'avais toujours souhaité pour lui. Et alors qu'un bref silence s'empare de nous, il pose la question qui doit certainement le ronger depuis qu'il est rentré ici, et c'est exactement la même question qui me démange de lui poser depuis que j'ai croisé ses yeux.

-Personne. J'ai fait à chaque gars mon regard de tueuse, ça les a fait fuir, je déclare en riant. Et toi ? je demande en retour nerveusement.

Dans mon fort intérieur, j'espérais qu'il dise que non, peut-être pas qu'il aille jusqu'à me dire qu'il m'a attendue, mais juste me dire que j'avais été la seule à partager sa vie, la seule à avoir trainé dans son lit, la seule à avoir pu embrasser ses lèvres plusieurs fois, autant de fois que ça me plaisait.