news. (lip)

Cela fait plusieurs minutes que je suis installé sur ton lit près de toi, à laisser le temps s'écouler. Les minutes défilent à toute vitesse lorsque je t'ai pour compagnie. L'étreinte échangée m'a procuré une dose d'amour incomparable et je me sens mieux tout d'un coup. Tu as cette capacité de me rendre heureux, j'en suis persuadé. J'aimerais que mes hypothèses se concrétisent à ta sortie, et je ressens un mélange d'impatience et de panique à l'idée de s'y retrouver. J'ai peur d'être profondément déçu et de devoir retrouver le goût de l'amertume ensuite. Pourtant, je sais que tu as un pouvoir considérable sur mes émotions. Quand tu frôles ma peau, je sens des frissons l'inonder ; quand nos lèvres s'entrechoquent, je sens mon cœur exploser, et le bonheur me terrasser. Je ne t'en dis jamais rien, je refuse de te faire croire que tout est résolu, gagné. Je m'apprête à partir lorsque je prends conscience que je ne t'ai pas dit l'essentiel de ma visite. « Au fait, je pars en vacances avec Gabriel. On va en Islande pendant deux semaines. » Je me redresse du lit pour me positionner assis et te regarder dans les yeux. « Maintenant que tu as un téléphone, on pourra se contacter. » Je ne pourrais pas mettre les pieds ici durant plusieurs jours. Cette réalité déchirante m'achève, et je sais qu'elle va te bousculer également. J'espère seulement que tu sauras atténuer tes réactions négatives. Je ne veux pas entendre combien ça va te détruire le cœur. Il faut qu'on se détache, pour survivre à ce genre d'absence.

Tes visites représentent de véritables rayons de soleil dans cet environnement insipide qui m’entoure. C’est une décision que j’ai prise pour faire acte de rédemption. Après tout ce qu’il s’est passé, ce que j’ai commis par folie, je ne peux qu’admettre que j’ai problème et qu’il faut que je me soigne. Le sevrage de ces substances, qui étaient devenues mes alliées pour affronter le monde, est difficile. Mon corps réagit de manière inattendue, mais tous ces tracas s’envolent, pour un temps, dès lors que je me trouve à tes côtés. Je profite de ces heures que tu me donnes, cherche parfois à en grapiller plus, mais tu me donnes rarement satisfaction. Je commence à m’habituer à ce changement de rôle dans notre relation. Sans doute parce que tout cela m’a profondément changé. Je ne veux plus jamais laisser ma folie contrôler mes actes. Si je devais te refaire du mal, je n’aurais plus qu’à m’arracher la vie. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque malgré toute cette bienveillance dont tu fais preuve à mon égard. Seulement, je ne veux pas te perdre et désire ardemment devenir un homme qui te mérite, même si c’est dur. Je profite de nos moments pour te montrer mon affection. Je te frôle, t’embrasse pour m’habituer à ce contact que je fuyais par le passé. Désormais, ces actions nourrissent mon espoir de devenir un nouvel homme à tes côtés, même si rien n’est gagné. L’heure défile, trop rapidement à mon gout et tu t’éclipses de mes bras pour retrouver ton quotidien, gabriel. Je sais à quel point il t’est nécessaire de retrouver votre complicité, son affection et je n’ai plus cette envie malsaine de t’en priver. La révélation que tu me fais est si troublante, que j’en suis totalement sonné. Cela réveille une angoisse profonde que j’ai du mal à contenir. « Deux semaines ? » Je souffle dans une voix à peine audible comme pour m’assurer que j’ai bel et bien entendu. Mon trouble est manifeste. Tu essayes d’être positif, mais cette petite voix dans ma tête tient un autre discours. Seulement, je prends sur moi pour ne pas laisser tout ceci exploser. Je ne veux pas chercher à te culpabiliser. Je prends conscience que cela va peut-être te faire du bien. C’est ce dont je rêve également : me balader dans la nature loin de tout. « Cela te fera du bien. » Je déclare finalement en t’offrant un petit sourire. « Je compte sur toi pour m’envoyer plein de photos pour me faire voyager avec toi, même si tu vas me manquer. » Je ne peux pas m’empêcher de te faire part de cette réalité qui assombrit d’un seul coup ce moment. « Vous partez quand ? » Je fini par demander pour me préparer psychologiquement à ton départ, même si je préfèrerais te garder près de moi.

Ta présence m'est bénéfique, autant qu'elle est destructrice. Je n'apprécie pas particulièrement te croiser dans cet hôpital, à subir ton enfermement à chaque fois qu'on se retrouve dans ce lieu sordide. On ne peut pas véritablement faire ce que l'on veut, même si nos corps peuvent s'enlacer, et nos lèvres briser la distance entre nous. Pourtant, c'est important pour moi de garder contact régulièrement, de parcourir cet endroit une fois par jour, pour m'assurer que tu évolues bien au sein de cet établissement. J'ai envie de sentir que tu changes, et puis, j'ai toujours eu besoin de te sentir près de moi. C'est un besoin compulsif de te savoir près de moi. Alors je savoure l'étreinte qu'on s'offre, avant de me redresser pour t'annoncer une nouvelle que j'ai omis d'évoquer. « Oui. » Je réponds seulement pour confirmer ton interrogation. J'entends ton trouble, je le perçois même au fond de tes prunelles étincelantes de douleur. Je sais que tu ne t'y attendais pas et que mon absence te chamboulera. J'espère seulement que tu sauras la dépasser pour ces quelques jours et que tu ne commettras aucune erreur impardonnable. « Oui, beaucoup de bien. J'ai vraiment besoin de retrouver Gabriel, et d'être en contact avec la nature. Cela risque de m'apaiser. On a loué une voiture pour faire le tour de l'île. J'ai réservé dans des cottages, en face des montagnes souvent. » Je t'explique ce que l'on a prévu pour ce voyage type road trip de rêve. « Je t'en enverrai plein ne t'en fais pas. Tu vas me manquer aussi Lip. » Je te souris avec sincérité, avant de venir caresser ta main de mes doigts fins. Je l'enserre pour te faire comprendre que je n'ai pas l'intention de te lâcher, tout en observant avec douceur. « On part dans une semaine. Vendredi prochain. C'est un vol de nuit. On arrive le Samedi matin. Il y a 7 heures de décalage. » Je suis tellement perturbé de te laisser là, que je me colle à toi dans une étreinte tendre. Je me mets à califourchon contre tes cuisses et entoure ton cou de mes deux bras. Ma tête trouve refuge dans ton cou et je reste sagement bloqué contre toi, sans vraiment vouloir bouger.

L’idée de te voir disparaitre de mon paysage quotidien durant deux semaines n’est pas facile à encaisser. Cette réalité m’est désagréable, oppresse ma poitrine et créée un mouvement de panique au sein de mon esprit. J’essaye de ne pas me laisser dévorer par cette crainte qui grignote peu à peu mes entrailles. Je sais que ce n’est pas un moyen de me fuir ou de m’abandonner. Je sens que tu as besoin de t’aérer la tête, de te ressourcer pour essayer d’aller mieux et je ne veux pas t’en empêcher. Pas alors que je sais qu’il me faudra la même chose à ma sortie de ces locaux lugubres, lorsque je serai prêt à faire face de nouveau à la cruauté de la vie, mais également aux conséquences de mes actes, mais je ne veux pas abandonner, surtout pas lorsque je sais ce qu’il y a en jeu. Alors, j’opte pour une posture bienveillante. Je relativise à mon tour, m’intéresse aux détails qui vont sans doute me travailler une fois que tu auras passé le pas de cette porte. Je ne peux pas m’empêcher de t’avouer que le manque va être dur à supporter. Tout simplement, parce que tu es ce rayon de soleil qui anime mes journées, bien que cela éveille toujours ma culpabilité, qui ne me quittera jamais. Alors je t’écoute avec attention, de manière silencieuse sans commenter ce qui par le passé m’aurait irrité au plus haut point. Je n’ai même plus cette force de rage ou de laisser la colère prendre possession de moi. La caresse de tes doigts contre les miens est apaisant. Je souris malgré moi, trouvant ce geste attendrissant tant tu ne peux pas t’empêcher d’être bienveillant à mon égard. C’est sans doute cet aspect-là de ta personnalité qui m’a toujours affaibli, rendu plus doux. « Cela va être un beau voyage avec de magnifiques paysages. J’ai hâte de voir ça. » Je sais au fond de moi que je n’aurai jamais la possibilité de fouler les terres de cette contrée. Il faudrait que je gagne bien ma vie pour pouvoir me le permettre en plus des frais exorbitants pour que ma sœur continue de se faire soigner et ne représente pas un danger pour notre société. Tu finis par enserrer mon corps, glisse tes cuisses autour des miennes. Ton souffle vient frôler mon épaule, ma nuque et c’est fou comme cela me fait un bien fou. Mes bras viennent naturellement entourer ta taille pour te serrer tout contre moi. Mon cœur bat la chamade et je viens humer l’odeur de ton corps pour apaiser tous mes sens. Je me sens terriblement bien à cet instant. Je fini par m’habituer à ces gestes que j’aurais refusé par le passé. Quel con. Je le sais maintenant alors que je viens déposer un bisou contre ta peau accessible. « Sept heures, c’est énorme. J’espère qu’on arrivera à échanger tout de même. » Je déclare tout près de ton oreille avant d’ajouter : « J’ai hâte de sortir d’ici. Aller me balader avec toi, jouer à la Playstation comme avant... » Je sais que j’avance dans la guérison, mais les journées sont parfois longues et le seront d’autant plus durant ton absence, mais je vais devoir apprendre à gérer ça comme ça

Je savais pertinemment que tu n'accueillerais pas la nouvelle avec la joie incrustée sur le visage. Tu essayes de la laisser t'inonder, seulement tu prends conscience que tu vas devoir te passer de moi pour une fois. Tu as toujours eu tendance à t'accrocher à moi, à tout reposer sur mes épaules et à réclamer un peu de tendresse. Si en apparence tu demeures un homme glacial et dur, je suis témoin de la douceur de ton âme. Elle s'est parfois obscurcie par les démons qui t'ont animé, mais tu avais toujours eu le cœur bon jusque-là. Il faut seulement que tu te concentres sur les choses positives qui pourront te rendre optimiste et déterminé à prendre les bonnes résolutions. Ce sont seulement des habitudes à prendre. Tu pourras t'en sortir parfaitement sans moi. Je suis indispensable dans ton quotidien, mais tu sauras trouver l'épaule pour te secourir en cas de détresse profonde. Il y aura toujours quelqu'un pour t'aider, c'est pourquoi je ne m'inquiète qu'à moitié pour ton cas. Je ne crois pas que tu sois capable de t'échapper à ce lieu pour te procurer une dose de drogue. Je ne crois pas non plus que tu veuilles risquer d'anéantir tes chances de me reconquérir. « Je pense oui. Quand je regarde les lieux sur internet, je suis déjà subjugué. » Je souris avant d'attraper ta main pour te consoler. Je sais lire en toi, et je perçois ton regard voilé d'un élan de douleur. Je sais que la souffrance t'empoisonne le cœur à cet instant, même si tu essayes de le dissimuler. Tu ne veux pas m'importuner avec ta morosité et je t'en suis reconnaissant. « Oui, on se parlera juste en décalé. » Je suis toutefois incapable de l'écarter sans la prendre en compte. J'ai envie de t'administrer la douceur dont tu sembles avoir besoin pour mieux vivre la séparation. Alors je m'accroche à ton cou et m'installe contre tes cuisses pour une étreinte agréable. Je sens ton baiser contre mon cou, qui me fait chavirer et frissonner à la fois. Mon cœur aussi est perturbé et adopte un rythme effréné. Ton contact est si troublant qu'à chaque fois, mon corps réagit en chassant toute l'indifférence que j'essayais de cultiver à ton égard. Impossible. Ma peau frôlant la tienne est toujours un délice incomparable. « Tu n'as plus qu'un mois à affronter. Dis-toi que tu as fait le plus gros. Après on profitera pour compenser tous tes efforts. » Je te donne des sources de motivation et t'encourage de bon cœur. Je t'accorde finalement plusieurs minutes supplémentaires, alors que j'aurais déjà dû m'envoler. C'est un cas spécial cette fois.

Je prends sur moi pour ne pas laisser mes pensées noires prendre le contrôle de mon esprit. L’idée de te voir t’envoler vers des contrées lointaines est stressante. J sais que e n’aurait pas le plaisir de croiser ton regard durant de longues semaines et cette idée m’est difficile à assimilé. Malheureusement, j’ai conscience que ce voyage est indispensable pour t’assurer les moyens de prendre un nouveau départ après toutes les épreuves que ma folie t’a fait affronter. Des actions que je n’arrive toujours pas à me pardonner, quand bien même je laisse mon âme se nourrir de ta bienveillance naturelle. Sans ta présence à mes côtés, sans ton soutien, il n’est pas certain que j’aurai pu avoir les tripes de me battre. A quoi bon après tout, je n’aurai été qu’un déchet sans valeur. Tu lui rends de la valeur en m’octroyant la possibilité de me rattraper, de te prouver que j’ai une valeur, que je ne suis pas ce monstre qui t’a tant blessé. Je ne veux plus jamais le redevenir. Alors me retrouver seul face à mes démons m’angoisse, mais je ne veux pas laisser cette crainte dévorer tous les efforts que j’ai mené jusqu’à ce jour et tu y parviens en m’offrant une étreinte qui m’est nécessaire. Tu essayes de me rassurer en m’assurant que le contact ne sera pas rompu. « OK. » Je murmure en réponse à tes paroles avant de me laisser enivrer par notre étreinte. Cela me fait un bien fou et je dépose même un baiser contre ton épaule, juste pour te garder un peu plus contre moi. J’ai tellement hâte de sortir pour ne pas avoir à me satisfaire que d’une heure en ta compagnie. Enfin, si tu le désires. Je ne suis plus sûr de rien désormais. J’ai comme l’impression que c’est une toute nouvelle vie qui m’attends, mais que l’ombre du passé restera persistante au-dessus de moi. Tu t’efforces de me rendre optimiste, tu me motives à continuer sur la voie pour profiter de ma liberté à tes côtés. Alors, je hoche simplement la tête en te serrant dans mes bras, le temps de quelques minutes avant de te laisser t’envoler de nouveau. « Je t'aime, Stan. » Je te murmure dans un souffle à peine audible, mais qui révèle une réalité profonde. Je te fixe avec intensité, chamboulé à chaque fois que cet aveu s'extirpe de mes lèvres. J'espère que tu le sais. A chaque fois, il m’est difficile de relâcher mon emprise car j’aimerai te garder avec moi, mais je sais que je n’ai pas le choix et que tu dois également t’occuper de ta vie, alors je te laisse toujours filer, impatient de te voir le lendemain, même si je vais devoir me passer de toi durant de longues semaines.