(DC) girl got a gun

◊ L'essentiel en quelques mots.  ■ Nom : Descartes, ça sonne familier aux oreilles les plus éloignées de Paris. C'est le nom de cet homme à la chaire dorée par le feu des projecteurs, ce chanteur dont la renommée te poursuis jusque dans l'ombre des hôpitaux psychiatriques où il t'a fait enfermer. La vérité, t'épouserai n'importe qui juste pour amputer le patronyme du paternel. ■ Prénom : Élise, prénom rejeté avec hargne, prénom raccourci, déchiré à coup de rail de coke. D'Elise, il ne reste qu'Eris. ■ Âge : 23 ans, la peau pale des échappées d'asile, porcelaine cernées. ■ Lieu de Naissance : Paris la nécropole. ■ Nationalité : Française. ■ Occupation : Survivre, courir chez son dealer, esquiver son frère, trouver un nouvel emplois, menacer le voisin nudiste pour la énième fois, cacher les trous de seringues aux creux de ses coudes, dormir elle aimerait bien, manger si elle avait l'appétit, courir les boîtes des nuits, passer entre trop de draps, se prêter aux jeux de sa coloc, sécher leurs larmes communes, combattre la dépression, faire du shopping avec l'argent qu'elle a pas, rêver d'une autre vie, ramener tous les chiens errant qu'elle croise dans la rue, éclater les dents du voisin à coup de batte parce qu'il veut toujours pas comprendre qu'on sonne pas chez les gens à 7h du mat en tenue d'adam, pleurer dans les bras de son frère, se reprendre et le foutre à la porte, se faire inviter au resto, transformer l'appart de sa coloc en SPA, prendre le thé avec sa coloc et son défunt fiancé, nettoyer son flingue, essayer d'aimer vivre. ■ Statut Civil : Chat sauvage. ■ Orientation Sexuelle : boussole cassée, elle plante ses griffes dans tout ce qui ressemble à une bouée de sauvetage, mais parfois elle a trop bu ou trop prit de drogue, alors elle agrippe l'encre qui coule. elle boit la tasse et elle en redemande. ■ Traits de caractère : Instable, pendule oscillant de la brute à l'ange, déboussolée, feu de broussaille, insoumise, caractère en acier trempé, sérénité de façade, les veines bousillées, le nez qui saigne tous les matins, quand les maux de l'esprit deviennent physiques. insomniaque, fêtarde, junkie, penchée sur la bouteille.

◊ Les petits détails croustillants.  の Ton milieu ne t'as jamais convenu, trop guindé, trop cintré, porté sur des conventions qui t'échappaient. Un monde vulgaire, de strasse et de paillette. un monde gouverné par un roi de la chanson, ton père, ce tocard plein aux as. Un géniteur sans une once de fibre paternelle. un père qui prenait ses rails de coke sur les seins refaits de ces groupies qui se succédaient dans sa suite de luxe. joyeux bordel, place des putains, dans la chambre qui jouxtait la tienne, où ta mère n'était qu'une autre de ces groupie aux seins surgonflés et au cerveau atrophié. Une autre fausse princesse, choisit parce que son visage captait mieux la lumière que celui des autres. Femme trophée qui savait quand se taire, t'as jamais pu te résoudre à prendre exemple. Ton avis, tu t'es employé à le gueuler haut et fort dès que t'as su t'exprimer. の
の の の
Je savais que ça durerait pas, je savais qu'il me retrouverait, mais pas si vite. Pas déjà. « Élise ! Arrête toi ! Oh tu fais quoi là ?! » y'a les ongles du paternel qui s'enfoncent dans la peau de ma cheville alors que je gravis les marches quatre à quatre pour lui échapper. « J'm'appelle pas Élise ! » mon pied dérape, et lui arrive dans le menton. Je prête pas attention au rugissement qu'il lâche, poursuivant mon ascension vers l'appartement miteux où j'ai trouvé refuge. « J'retournerais pas la bas t'as compris !? J'irais pas dans ton putain d'asile de merde, tu peux pas décider de m'enfermer contre mon grès enfoiré ! » tout en hurlant, j'ai réussi à gagner la sécurité toute relative du taudis où Juza m'accueille. Je claque la porte et l'énorme chien orange que j'ai récupéré dans la rue il y a deux semaines saute dans ma direction pour venir me lécher les doigts. Mais je n'ai pas de temps pour lui, dans ma précipitation je lui écrase une patte et il jappe de mécontentement en me suivant au petit trot. J'entends mon père s'écraser de tout son poids contre la porte de l'entrée. « Salope indigne ! OUVRE CETTE PORTE IMMÉDIATEMENT! » je n'écoute pas, je n'ai jamais écouté, je me jette sur la boite en fer rangée sous le canapé. Me voilà à genoux par-terre, le flingue luisant braqué sur le battant malmené. Le chien à fini par comprendre la situation et émet maintenant des grognements peu encourageant, en allant et venant dans l'entrée, ses crocs jaunes dévoilés et prêt à l'usage. Un craquement lourd, et la haute silhouette de mon père apparaît brusquement dans l'encadrement de la porte, l'extincteur dans les mains, l’œil noir, la gueule hirsute. J'ai le cœur battant, je sens le sang affluer jusque dans ma tête, et depuis ma place à l'autre bout de l'appart', je peux détecter les effluves du whisky qu'il a siroté toute la nuit. Le chien bondit et referme ses puissantes mâchoires sur le bras de l'intrus sans prévenir. Ce à quoi mon père répond en lui laissant tomber l'extincteur sur le crâne. Le chien s'effondre dans un jappement sonore, et s'en est trop pour moi. « Maintenant ça suffit, tu dégages ! Tu vires de ma vie, t'as compris !? Plutôt crever que de te suivre ! » je suis debout maintenant et je mobilise les dernières forces qu'il me reste pour ne pas tanguer, pour ne pas trembler, alors que j'enlève la sécurité du révolver que je tiens toujours braqué sur lui. Un éclat mauvais éclaire ses yeux bleus alors qu'il susurre presque : « Tu n'es personne sans moi, une vulgaire junkie, une putain comme ta mère ! Sans moi t'es qu'une merde tu m'entends !? » le coup part et la balle s'enfonce dans son épaule. « FOUT LE CAMPS ! JE MEURS A L'INSTANT SI JE REVOIS TA SALE GUEULE ! » j'éructe alors qu'il trébuche en arrière, la main crispée sur son bras vomissant d'hémoglobine. J'peux pas me résoudre à bouger avant de l'avoir vu disparaître derrière la portière que referme son chauffeur. Même quand ils ont quitté ta rue, et que l'air n'est plus saturé par son parfum de créateur, j'suis pas totalement rassurée. Alors je fouille les poches de mon blouson, et j'me fais une ligne de coke sur le premier meuble que je croise.