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 1984 [PV Jace A.]

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MessageSujet: 1984 [PV Jace A.]   1984 [PV Jace A.] EmptyMer 5 Avr - 8:54

    Eveil. Insomnie. Plafond morne qui me fait face. Structure imparfaite. Chambre luxueuse et luxuriante qui fait cruellement défaut à sa réputation. Doucereuse réalité qui se reflète ainsi à moi. Miroir de plâtre qui me sourit. Qui me nargue. Qui m'accuse sans pour autant pouvoir se permettre d'endosser le tablier du juge. Ironie du sort. Blague absurde qu'est cette nouvelle condition de détention.

    Car il est bien de là qu'il en ressort. Nous avons fui. J'AI fui. Acte de pure lâcheté. Refus d'obtempérer. Tellement facile de laisser le passé derrière soi. Ou du moins à prétendre l'avoir fait. Car il ne l'est pas. Derrière je parle. Même si au sens littéral il ne peut en être autrement. Il est partout. Il est tout le temps. Il m'observe. Il me jauge. Il me susurre des insanités au creux de la nuque. Il colle son corps poisseux dans mon dos. Glisse ses bras étouffants autour de mon torse. Il sert. Un peu. Mais pas trop. Juste assez pour que je le ressente. Pour que je me crispe. A peine. Ensuite ses doigts en serres se déportent vers le bas. Ses griffes effleurent ma peau. Y déposent un frisson qui ne fait que s'accentuer. Qui ne fait qu'augmenter. L'os de mon sternum. Le contour de mon nombril. Dans l'ombre, je le devine sourire. Je l'entends ricaner. Il continue à descendre. L'éclat de ses dents blanches pour m'aveugler. Il ressemble vaguement au chat du Cheshire. Une bouche trop grande, criarde de vérité.

    Le bout de mes doigts reste en suspens à l'orée de mes sous-vêtements. Je déglutis silencieusement, me rendant compte de l'absurdité de mes actes. De l'impétuosité des faits.
    Allongée sur un lit qui est désormais mien, je fixe un plafond sans âme. Surface lisse pourvue de quelques accroches. Soucis du détail. Perfectionnisme délaissé. Je dois lui refléter une bien piètre image de moi-même. Cela me donnerait presque envie d'en sourire. PRESQUE.

    Je ferme les yeux un instant. Je récupère ma main baladeuse. Je porte mes phalanges à mon visage. A mon nez. Tout contre la pulpe de mes lèvres. Une caresse à peine. Un baiser à l'écho de velours. Je soupire doucement.
    Pathétique.

    Je reviens à moi. Me redresse et me tourne de telle sorte à m'apprêter à sortir du lit. J'évite les pantoufles. Je préfère garder les pieds nus. Comme l'est la quasi-totalité de mon corps. A l'exception d'une culotte et d'une nuisette légèrement transparente. Je me lève et me dirige vers la salle d'eau. Il est encore tôt. Au loin, je devine le soleil qui se lève sans se presser. L'aube doit très probablement colorer l'horizon de teintes printanières. Envoûtantes. Chaleureuses aussi. Rien qui ne puisse m'attirer. Du moins pas lorsque je suis seule. Dis-moi petite sœur, est-ce que tu dors toujours? T'es-tu seulement couchée? Es-tu seulement rentrée de tes divagations nocturnes? Oseras-tu m'en parler? Ou est-ce là une énième vérité que je serai bien obligée de deviner?

    Je pénètre la pièce atténuante à la chambre. Le carrelage froid lèche mes pieds avec avidité. Il me tire de ma rêverie et me ramène là où je suis censée être. Je ne porte aucune attention à mon reflet. Je le connais par cœur. Je sais ce qu'il va me montrer. Tout comme je sais n'avoir aucune envie de le voir. Pas maintenant du moins.
    J'ouvre le robinet d'eau chaude. Mon préféré. Celui qui brûle. Celui qui efface. S'il avait pu cracher de l'acide plutôt que de l'eau, mon choix aurait déjà été fait. Triste constatation? Pourquoi donc? Je sais qui je suis. Il ne tient qu'à moi d'apprendre à vivre avec.
    Un nuage de brume se met à envahir la pièce. Je la laisse volontiers s'éprendre du miroir. Flouer les contours. Cacher mon double. Je devrais peut-être acheter un tissu pour le recouvrir?

    Dans l'autre pièce, une sonnerie retentit. Je ne percute pas immédiatement. Mais elle insiste. A cette heure aussi matinale? Le jour du Seigneur? Je me demande bien qui peut requérir mon assistance de manière aussi insistante.
    D'un pas ferme, je me dirige vers la table de chevet. J'épluche mon téléphone portable de son point de chargement. Le numéro est masqué. L'interlocuteur persiste. Je décide de céder à son caprice. De toute évidence, qu'ais-je à y perdre?


>>Blue Huntington.

    Ma voix est claire et distincte. Professionnelle aussi. En tout temps il faut se montrer digne de la réputation. Il faut se tenir disponible pour les occasions.

    Machinalement je repars en direction de l'évier.
    Il serait fâcheux qu'il se mette à déborder dans cet ersatz d'appartement.

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MessageSujet: Re: 1984 [PV Jace A.]   1984 [PV Jace A.] EmptyVen 7 Avr - 14:13

Une méthode ? Un plan ? Non. Rien de tout cela. Il s'agissait de ma sœur, non d'un client ou de membres du jury. La courtoisie voulait que je la prévienne à l'avance mais Blue n'est pas Carmine : elle a de l'aplomb, si on ne peut appeler ça de l'arrogance, des traits de caractère que j'espérais que le temps lui inculque la patience pour maîtriser ces chevaux sauvages qui n'avaient rien à faire dans un tribunal. Elle voulait être avocate, personne ne lui avait imposé le choix mais elle allait apprendre vite ce que c'était de jouter dans les règles qu'un tiers dicte à sa place. A elle de se défendre. J'étais en voiture, classique, très propre, en direction des logements pour étudiants, de luxe bien sûr, Huntington oblige.

Je glissais lentement mais sûrement vers la question qui m’obsédait ces derniers temps : pourquoi elles s'enfuyaient toutes les deux ? Je craignais que Blue se perde en entrainant Carmine dans ses excès ce que je n'allais pas tolérer. Qu'elles me remercient car les voies qu'elles empruntaient demandaient de la rigueur, ce dont elles manquaient cruellement. Peu importait l'endroit de leur exil, elles avaient besoin de moi même si elles me détestaient probablement. Ma voie aussi demandait de la rigueur et de la résolution.

Je trouvai une place, je me garai en deux manœuvres précises, je vérifiai si j'avais tout ce dont j'avais besoin et une fois dehors, je pris mon téléphone portable pour appeler Blue. Et comme d'habitude, elle prenait son temps pour répondre, comme d'habitude, j'étais persévérant. Ah, elle savait prendre un ton résolu si tôt le matin ? Bonne surprise mais pas assez pour m'impressionner. Si elle l'avait voulu, elle aurait fait des merveilles.

- Blue. Ici, Jace. J'espère que tu te lèves pour la messe.

Tout en étant concentré, l'oreille tendue vers les futures plaintes ou la fausse placidité, je l'imaginais de l'autre côté des ondes : fatiguée, sans doute négligée, sentant l'eau un peu calcaire. Dans mes moments d'égarement, c'est souvent ma chemise qu'elle porte, elle rit dans l'enrobage de coton de bonne qualité et de sérieux.

Non. Ça suffit. Tu n'es pas lui.

Et pourtant, je l'avais imaginée ainsi, je partage une part de mon sang avec ce vieux corps pourri dans la terre gentiment remercié d'avoir vécu en père modèle sur une plaque de marbre, n'est-ce pas suffisant ? Quelque part, j'étais pire que lui : je vivais.

- Ecoute-moi avant de houspiller des questions évidentes comme mère le ferait. Je ne suis pas content que tu sois partie sans me prévenir et j'exige un thé quand j'arriverai à ta porte, chose qui ne va pas tarder à se produire. La moindre des choses est que tu m'accueilles convenablement pour que l'on puisse s'interroger mutuellement car moi aussi j'ai des questions à poser. Et encore une chose, veille à réveiller Carmine.

Je sais, je suis Anglais et sans aucune politesse j'énonçais mes exigences mais au fond, je me sentais en colère et trahi par mes petites sœurs. Elles aussi avaient été séparées autant que moi d'elles mais aussitôt qu'elles étaient redécouvertes, j'avais cessé d'exister. Entre père et mère qui me voyaient seulement comme un héritier et elles, soit j'étais le seul Huntington, soit j'étais le seul à ne pas réellement l'être.

Cependant, tout ceci ne comptait pas. J'avais un choix difficile : soit être leur grand frère, celui qu'elles avaient appris à supporter pour les guider, soit d'être...

Cela ne servait à rien de le penser. Concentration.


Dernière édition par Jace A. Huntington le Sam 15 Avr - 13:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 1984 [PV Jace A.]   1984 [PV Jace A.] EmptyLun 10 Avr - 9:01

    J'avais raison. De repartir immédiatement en direction de la salle d'eau. Pas besoin d'un mot pour réaliser. Le simple fait de l'entendre respirer à l'autre côté du combiné. A l'autre côté de l'océan. Mon corps se crispe. Mon visage aussi. Je le sens autant que je le devine. Il m'exaspère. De par son autorité naturelle. De par sa fâcheuse tendance à s'interposer dans ma vie. De par son être tout simplement. Avant il était un modèle. Avant il était un exemple. Mais ça, c'était avant. Bien avant la rupture psychologique. Bien avant que la réalité ne réclame son dû. Elle n'y est pour rien. Il est le seul coupable dans l'histoire. Pourquoi? Car c'est bien plus facile d'accuser une entité qui peut se justifier. Qui peut se cabrer. Et Dieu seul sait comme je prends en appétit le fait de le pousser ainsi à bout. Les confessions me préservent d'un tel péché. L'avarice. L'envie. Je sais. J'accumule. Peu importe. Qu'il ose donc me jeter la première pierre si ses propres aspirations n'enfreignent pas au moins une règle de ce joli livre.

    Comme pour répondre à mon silence, il relance. Il me cherche. Il me tend une perche tellement longue que je l'imagine sans problème relier les deux continents. Le vieux, où lui-même réside. Au nouveau, celui que nous avons toutes deux décidé de coloniser. J'ai envie de sourire à cette fatalité. A cette distance si délicieusement instaurée. Je parie qu'il l'a pris au sens personnel de l'attaque. Une offensive à l'encontre de sa seule petite personne. Tu es bien trop égocentrique mon cher frère que pour te permettre un jugement aussi bancale à mon égard.

    Ma main droite se pose sur le robinet et coupe l'arrivée d'eau. La brume est chaude. Très. Probablement trop. Je devrais laisser refroidir un peu. Ou rajouter son opposé. Equilibre fébrile à ne pas dépasser. Pourtant lorsque la sentence tombe, je plonge ma main libre résolument dans le lac miniature. Je mords sur les dents. Tant par lui que par elle. L'eau je sous-entends. Je dois me faire violence pour ne pas déborder. Pour ne pas lui cracher tout le venin qu'il m'inspire. Mais je sais me tenir. Je connais l'étiquette. Il a beau deviner mes pensées, à ou s'évertuer à le penser, je ne suis pas prête à lui concéder la victoire aussi facilement. Aussi insignifiante soit-elle. Puis, qui dit qu'il ne bluffe pas? Quelle obscure raison aurait bien pu le pousser à traverser l'océan? Quelle obligation aurait bien pu taire nos parents pour me gratifier d'un tel affront?
    J'inspire lentement. Profondément. Je retire ma main rougie et fumante de l'évier satisfait de sa prise. Sadique va.


>>Jace, mon cher frère ...

    La feinte est parfaite. Un tiers n'y verrait que du feu. Mais il n'est pas dupe. Pas plus que moi. Au moins à ce niveau-là on se ressemble.


>> ... quelle surprise de t'entendre.

    J'aurais aisément pu rajouter un adjectif. Doucereuse. Inspirante. Agréable. Perfide. Mais cela aurait relevé de l'hypocrisie gratuite. Et chez un Huntington, rien ne l'est. Gratuit je parle.


>> Ta visite me prend au dépourvu.

    Même si j'attends voir pour y croire. Ne crois pas réussir à m'arracher une quelconque confession aussi facilement. Tu cherches à me faire sortir de mes gonds? Mon pauvre frère, tu sembles bien dépassé par les événements. De la colère? Et moi donc? Ah mais oui, c'est vrai. Dans ton petit monde à toi, il n'y a guère de place pour mon ressenti des autres. Quand bien même s'agirait-il de celui de ta propre sœur. Suis-je bête. Pardonne-nous, ô pauvres pécheurs, d'avoir une vie indépendante de la tienne.


>> Je crains fort ne pas pouvoir atténuer à toutes tes exigences dans un si court délai.

    Du thé? De la convenance? Et puis quoi encore mon cher ami, un petit vélo avec une sonnette personnalisée? Une qui crie tes louanges et oblige la plèvre à baiser tes pieds? Ne me prend pas pour un autrui quelconque Jace. Cela est autant vulgaire que vexant.


>> Peut-être plus tard dans la journée?

    J'évite consciemment toute allusion à la présumée présence de Carmine. Que pourrait-elle bien faire dans ma chambre un jour pareil? Je suis certaine qu'elle a fait le guet devant la porte de l'Eglise toute la sainte nuit. A moins qu'elle se soit trouvée un tombeau digne de rivaliser avec la luxure d'un lit. Va savoir. Après tout, de nous deux c'est bien toi qui prétend avoir la science infuse.


>> Disons 14 heures?

    Pour le thé. Pour l'Angleterre. Pour l'ironie du sort.
    Le même qui me porte jusqu'à la porte d'entrée, m'oblige à la déverrouiller et à l'ouvrir sur le couloir.
    Juste pour me rassurer quant à l'absurdité de son mensonge.
    Juste pour le faire croire que je marche dans son jeu.
    Juste parce que c'est lui.
    Et que je suis moi.

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MessageSujet: Re: 1984 [PV Jace A.]   1984 [PV Jace A.] EmptySam 15 Avr - 13:53

Des articulations qui se craquent, la tension de mes muscles me tirait tellement que j'avais l'impression que mon bras voulait rompre nos liens pour partir loin de toute cette mascarade. Comme une serre, ma main serrait très fort, heureusement que je portais des gants en cuir, le contraire aurait laissé une piste toute fraîche derrière moi, un beau petit signe de ma fragilité, mon envie d'être autre chose que ces mots que je t'avais envoyé à la figure. Et forcément, qu'avait-je accueilli en retour ? Bien sûr. Du mépris. Du mépris à la Huntington, bien sûr. C'était un peu comme le thé earl grey russe, vous le reconnaissez avec les tons d'agrumes sauf que dans notre cas, les fruits étaient amers mais néanmoins succulents à mon palais.

Ils étaient les seuls fruits que je pouvais partager avec Blue, sans risque de déborder dans la douceur coupable ou la noire perversité. On m'avait toujours appris à marcher sur un fil de rasoir pour équilibrer mes rapports avec les autres, surtout entre avocats. C'était bien plus simple pour les autres, bien plus simple dans une joute de lois, d'argumentaires pour le jury, jouer avec les pions comme dans une partie d'échecs...

Et toi et moi, nous étions la rencontre abrupte de la lave et de la glace.

L'âge commençait à épuiser ma patience, le jeu était sans doute plus drôle et plus utile avant. Oh, toi, je t'entends jubiler à me contrer. Il n'y avait aucune gloire, petite sœur, tu marchais dans des pas qui avaient creusé un sillon sûr et j'étais assez loin pour savoir à quel point ce chemin menait à un spectacle bien décevant. Comme un père idiot, soucieux de ton bien-être, je continuais le jeu, j'entretenais le mythe. Le mythe qu'un jour, il y aurait un gagnant dans cette guerre. Tout le monde perd dans une guerre.

J'avalai une bonne lampée de ma salive difficilement, de la lave dans l’œsophage, de la douleur pour ne pas perdre le fil et me permit de lâcher un soupir de déception.

- Moi non plus je ne suis pas ravi de devoir m'imposer, j'aurais préféré le minimum de politesse que de jouer le rôle du foxhound un dimanche matin. Vous avez décidé toutes les deux de vous éloigner de la famille mais de là à l'ignorer, même toi tu sais qu'il est naïf d'y échapper tant que tu portes notre nom.

Je palabrais d'un ton neutre mais j'étais triste et en colère qu'elle s'était abaissée à faire selon ses règles comme si elles auraient un réel impact, surtout quand elle dépendait des ressources de la famille auxquelles je contribuais inlassablement. J'espérais sincèrement que c'était une simple étape, un hiatus, une pause pour prendre un élan plus certain et gagner la liberté dont elle semblait aspirer.

Renard ou rouge-gorge ?

Cela importait peu. J'ignorai si elle me répondait mais je ne mis pas fin à la communication, je me contentai de tenir mon téléphone dans la main nonchalamment vu que je n'allais pas tarder à arriver chez elle. Après tout, j'avais été clair sur les raisons de ma présence, inutile de l'écouter davantage si ça ne faisait que du mal.

J'étais enfin devant la porte qui s'ouvrit d'un coup. Je m'attendais à voir le visage faussement calme de Blue mais non, c'était une pensionnaire qui allait sans doute faire son jogging. Rapidement, elle émit quelques excuses avec un sourire en coin et des yeux qui trahissaient son envie de dopamine mais par un biais autre que le sport. Je ne fis qu'incliner légèrement la tête et m'enfonça dans le couloir vers l'unique porte ouverte. Ça ne ressemblait pas à de la négligence mais pas à un piège non plus. D'un pas à peine pressé, j'arrivai à la porte que je toquai pour signaler ma présence et que je fermai derrière moi.
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MessageSujet: Re: 1984 [PV Jace A.]   1984 [PV Jace A.] EmptyJeu 20 Avr - 8:20

    Un regard à gauche.
    Rien.
    Un regard à droite.
    Rien.
    Mais à quoi m'attendais-je donc?

    Je sens les traits de mon visage se détendre. Je laisse place à un ersatz de sourire. Le ridicule de la situation. L'ironie du sort. Comme s'il avait vraiment réussi à traverser l'océan sans que l'information ne me parvienne. Je secoue légèrement ma tête. Pour dissiper la sottise. Pour revenir à la réalité. Celle où mon téléphone est toujours collé à mon oreille gauche. Celle où j'entends toujours sa respiration profonde et exaspérée traverser le temps et la distance. Si seulement tu pouvais voir dans quel état tu me mets grand frère, je suis certaine que tu trouverais à en être flatté. Ne pense assurément pas que je suis pour autant prête à cafter.

    J'inspire moi-même à travers un semblant de soupire et retourne au confort de mon antre. A cette heure matinale les couloirs sont vides de toute présence. Un silence à la limite du mortuaire y flâne doucement. On pourrait entendre une mouche s'y faire happer par une veuve noire. Image sympathique et ô combien représentative du présent. Sauf qu'il n'y a pas de place pour des nuisibles dans un bâtiment d'un tel standing. Du moins pas dans cette catégorie.

    Je m'éloigne de la porte, la laissant entre-ouverte dans mon dos. Peu importe. A cette heure-ci, seul les junkies et les geeks sont au taquet. A savoir qu'une des deux entités est plus peuplée que l'autre. A savoir que moi aussi j'en fais partie. L'envie me tiraille d'ailleurs. Ou plutôt, vient timidement se glisser dans mon sillage. Ronronne le long de mon mollet droit à l'image d'un magnifique chartreux avide d'attention. Il frotte ses moustaches contre la nudité de ma jambe. Il ferme les yeux. Me chatouille du bout des moustaches. Il y met du sien, il n'y a pas à dire. C'est le moment que Jace choisit pour relancer la donne. Décharge électrique nécessaire à me ramener dans le droit chemin. Je balance un coup de pied mental au gros matou et l'envoie balader dans le placard. Dégage sale bête.

    J'avoue n'écouter que le début de sa phrase. Il m'exaspère. Cela ne fait jamais que confirmer ce que nous savons tous deux déjà cher frère. Le ravissement mutuel n'a jamais été notre grand fort. D'ailleurs, pourquoi insister?
    Et sans prendre la peine de renchérir, je balance le combiné en direction du lit. Il atterrit sans un bruit sur l'oreiller tiré à quatre épingles. Comme tout ici dans cette chambre. Comme tout ici dans cette vie. Je ne l'éteins pas. Après tout, c'est lui qui paie la communication. Il devait bien s'y attendre que cela se termine ainsi. Puis ça lui laissera le temps de payer son billet d'avion et de passer à la fouille corporelle à la douane. S'il veut arriver pour le thé de quatorze heures, il a bien intérêt à ne pas trop faire les yeux doux à l'agent de sécurité.
    Là encore je m'octroie un plissement des lèvres. Un sinus léger, mais pourtant bel et bien présent. Mon imagination a tendance à déborder quand il s'agit de relations fraternelles. Allez comprendre.

    Je retourne à mes vacations et me glisse hors de ma nuisette. Je la pends à son cintre que je viens déposer à l'endroit prévu à cet effet. Je ne suis plus vêtue que d'une culotte en dentelle que je ne retire pas immédiatement. Il me faut d'abord expier ces dernières pensées. Libérer mon esprit des entraves qu'il vient de m'imposer. Je déteste cet effet d'oppression qu'il exerce sur mes moindres faits et gestes. Sur mes plus infimes, autant qu'infâmes, pensées. Là encore je laisse la porte dans mon dos ouvert. Cette pièce est décidemment bien trop étroite, et cela malgré ses dimensions plus que généreuses sur le plan logistique.
    Sans attendre mon reste, je me penche vers l'avant et enfouie mon visage pâle dans le lac chaud. Toujours trop. Mais peu importe. Une gifle cinglante, voilà exactement ce qu'il me faut pour l'oublier. Ne serait-ce qu'un futile instant.

    D'ailleurs ... lorsque mes yeux se ferment, l'effet est immédiat. Ce n'est pas lui que je vois. Ce n'est pas lui que je veux. Mon cœur manque un battement. Je suis tentée d'ouvrir la bouche et d'aspirer bien profondément. Je m'abstiens pourtant de donner libre court à cette fatalité.
    Je reste encore un instant sous l'eau. Je tente de me concentrer. Je tente d'évacuer. Pourtant si la matière ni sa chaleur n'arrivent à prendre le dessus sur mes pensées obscènes. Il semblerait même qu'elles ne font toutes deux que les intensifier. Dans ma tête. Dans mon ventre. Entre mes cuisses.

    Un instant seulement.
    Quelques maigres secondes.
    Une minute tout au plus.
    Une véritable éternité en fait.

    Je finis par émerger. Parce qu'il le faut. Parce que je suis une Huntington. Parce que je vaux mieux que cela. Parce qu'il y a cette présence dans mon sillage. Qui me fixe. Qui me jauge. Qui me juge. Je ne me retourne pas.


>> Ça te plait ce que tu vois?

    Vas-y, poignarde-moi.

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MessageSujet: Re: 1984 [PV Jace A.]   1984 [PV Jace A.] EmptyMer 3 Mai - 16:01

De l'humidité chaude envahît mes narines dès que je pus fermer la porte. J'étais curieux et soucieux sans savoir pourquoi ce signe m'alarmait ; elle avait sûrement pris sa douche mais aucun autre parfum ne vint me confirmer cette hypothèse. Je tentais de faire le moindre bruit, respirant lentement par le nez, les yeux inquisiteurs qui balayaient le moindre détail devant moi. Mes oreilles me guidèrent vers l'origine des clapotis d'eau et ainsi, l'adrénaline envahit mon cerveau, mes yeux, ces traitres, n'omirent aucun détail de cette dentelle fine, blanche, pure, tout ce qu'une Huntington pouvait s'offrir mais ne pouvait y aspirer aisément.

Surtout pas moi.

Blue était désirable malgré moi. Autrefois, je pouvais comprendre, j'étais adolescent, sûrement des envies pressantes qui cherchaient l'ivresse sans se soucier de la bouteille qui se présentait mais là, j'étais un adulte, j'étais fiancé. Je te maudissais, Blue et plus le temps passe, plus j'étais coupable. En même temps, j'espérais être un objet de convoitise pour toi, bien loin de cette jeune femme qui aurait voulu m'emporter dans sa chambre qui n'était sûrement pas très loin. Le plus sage serait d'en parler avec un psychologue mais je ne faisais confiance qu'à moi-même quand il s'agissait de confidentialité professionnelle. Et par pure stratégie : moins de personnes me connaissaient, moins d'angles morts et donc de possibles fronts de bataille se formeraient. Cependant, face à elles, être seul signifiait être désarmé, me forçant à me concentrer sur ma survie. Elles étaient tout ce qui me restait d'authentique dans ma famille, même si je ne récoltais que de la haine.

...elle mettait du temps pour ressortir de l'eau.

Blue ?!

Sa question bloqua net mon élan et ma respiration.

- Tu es chez toi, tu n'as pas à me railler, faute de devoir te justifier, répliquai-je d'une voix basse pour cacher mon inquiétude.

Il n'y avait pas beaucoup de place dans cette salle d'eau, aussi, je ne m'y engageai juste pour proposer une serviette, faisant attention à ne pas la toucher, au risque de me brûler. Non par le pêché car c'était déjà fait mais le monstre ne pouvait que grandir et quémander davantage. Inconsciemment, je voulais que tu m'aimes et que tu me haïsses sans connaître les dosages précis, pas même pour toi. Être grand-frère ne signifiait pas avoir toutes les réponses. Grand-père ne les avait pas non plus, ou juste quelques unes mais il avait bien fait en sorte de les garder jusque dans sa tombe, n'est-ce pas ? Vil renard gris sournois qu'il était...

- Ne fais plus jamais ça, Blue... murmurai-je doucement en tentant de partir de cette pièce trop chaude pour moi.

Trop étroite, comme une cage, un prisonnier, coupable.

Coupable.

Je ne savais même pas pourquoi je te disais ça. Évite de tenter de te noyer ? De me faire peur ? De me tenter ?

Je pouvais demander pourquoi mais mon instinct me disait que ce n'était pas le bon timing et s'il pouvait faire la différence dans un tribunal, il pouvait en faire autant. Ou au moins la différence, aussi minime fusse-t-elle.
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MessageSujet: Re: 1984 [PV Jace A.]   1984 [PV Jace A.] Empty

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