Lopez ∞ All coincidences are not one.

- Rappelle moi pourquoi on travaille ici déjà ? - Parce qu'on a besoin d'un emploi acceptable aux yeux de la société.. - Et parmi les un million d'autres qui existent, c'est ici que tu as choisis de te poser. - C'est le premier qui a bien voulu de moi. - CE N'EST PAS UNE RAISON !! - Oui, mais arrête de crier ! Te massant les tempes, tu arrêtes avec toi-même une conversation qui menaçait de dégénérer. Au lieu de passer ton temps à gueuler avec la voix dans ta tête, tu ferais mieux de te dépêcher de finir de ranger pour fermer. Une fois de plus, c'est toi qui te retrouvait à fermer le petit restaurant toute seule. - Parce que tu te laisses maltraiter par ton patron ! - La ferme !! Concentration. Il est très tard, tu n'étais encore jamais restée aussi tard. Passant un dernier coup de chiffon sur le comptoir, tu regardes en coin le dernier client qu'il restait à l'intérieur. Il n'a pas l'air pressé de partir. Tu dois fermer pourtant. Hésitant sur la formule de politesse à utiliser pour le mettre à la porte, tu entends cette dernière s'ouvrir sur un homme. Putain, l'écriteau de fermeture était bien mis pourtant. Désolée monsieur, on est fermé, dis-tu d'une voix neutre. Les cons comme ça t'énervent. Mais le type n'a pas l'air de prendre en compte ce que tu dis. Tu le détailles un moment des pieds à la tête. Il est relou, le mec. Il avance vers le comptoir l'air imperturbable, te fixant bizarrement. Un frisson te parcours le dos. Le restau est fermé, répètes-tu d'une voix maîtrisée, malgré ta nervosité croissante. Putain, tu aurais dû verrouiller cette porte.

Yakova hurlait. Visiblement, la jeune femme se parlait à elle-même. Enfin, non, parler n'était pas le bon mot. Elle dialoguait avec elle-même. Je n'avais jamais vu ça de ma vie, pourtant j'en avais vu des choses. C'était la première personne que j'avais vue qui se faisait la conversation elle-même avec tant d'entrain. Ça faisait plusieurs jours que je la surveillais, suite à la demande d'un ami. Évidemment, je ne passais pas la journée à ça, vu que j'avais d'autres affaires à m'occuper, mais dès que j'avais un peu de temps libre, j'essayai de la trouver et de vérifier que tout aille bien, notant chaque mouvement suspect autour d'elle. Il était minuit passé, heure de fermeture du restaurant où elle travaillait. Je prenais mon temps pour finir ma tasse de café, afin de pouvoir rester avec elle le plus longtemps possible. Je n'allais pas non plus la suivre jusqu'à chez elle, ça ferait trop psychopathe. Un homme entra. Pourtant elle avait mis le panneau fermé il y a une dizaine de minutes... J'observai l'inconnu quelques instants. Son comportement était louche. Il s'avança vers le comptoir, ne quittant pas Yakova du regard. Je le sentais pas ce type...  File-moi la caisse ou j'te descend ! , cria-t-il en sortant son arme et en la pointant vers elle. C'est pas vrai, impossible d'être tranquille ! Je terminai ma tasse de café et sortis mon arme à mon tour, la dirigeant vers lui. Je te conseille d'abandonner l'idée ou c'est ton sang qui coulera sur le carrelage... Je soupirai intérieurement. Tout en lui trahissait son identité de voleur d'un soir.

Tu es sidérée. Un instant tout allait bien et maintenant voilà que tu te retrouves avec deux hommes armés entre quatre murs. - Pourquoi ça n'arrive qu'à moi ce genre de trucs ? - Si tu m'avais écouté... - Ferme la ! Serrant les dents, tu essaies déjà de te taire ce qui est pas facile vu ta nervosité, puis de parler le plus bas possible histoire de ne pas énerver tout ce beau monde avec des mitraillettes. Si l'un avait son arme braqué sur toi, l'autre par contre avait le sien braqué sur le premier. Il avait l'air de te défendre... Mais il est armé lui aussi ! Peut-être que c'est pour ça qu'il ne voulait pas partir. Il voulait aussi te voler, te tuer peut-être ? Mais l'arrivée du relou a dû contrecarrer ses plans. - Tu as une manière très bizarre de réfléchir.. - Ferme la, ferme la, ferme la ! Les deux hommes avaient maintenant le flingue braqué l'un sur l'autre, le dernier voleur avait l'air nerveux et agité, l'autre qui était là depuis était beaucoup plus posé et calme. - Il est sexy hein, avoue... - Je vais ouvrir ma tête et te sortir de là un de ces quatre. Le voleur relou te pointe alors l'arme dessus. Baisse ton arme ou j'la tue ! vocifère t-il à l'autre. Bah voilà, on y est. T'es pas née pour vivre Ova, c'était pourtant claire depuis ta naissance.

Elle continuait de se parler à elle-même... elle était schizophrène ou quoi ? Je jetai un regard vers elle du coin de l'oeil afin de m'assurer que tout allait bien pour elle. Elle semblait nerveuse, mais pas autant que l'intrus. Tu m'étonnes, il ne devait pas s'attendre à tomber sur quelqu'un qui faisait vraiment ça tous les jours. Enfin, ''ça''. Je n'étais pas dans le vol, juste les braquages. Et encore, ce n'était pas ma principale activité. Baisse ton arme ou j'la tue ! Je soupirai intérieurement et me levai, m'avançant vers lui, bras baissé. Je te laisse le choix, soit tu pars tout de suite, soit je t'accompagne dehors et je te brûle vif, le menaçai-je une fois arrivé à sa hauteur. Son regard trahit sa soudaine panique et sans que j'ai le temps de comprendre ce qu'il se passait,  il fit plusieurs pas à reculons, avant de s'enfuir en courant et en hurlant. Je me retournai pour être face à Yakova. Je crois qu'il va penser à une reconversion professionnelle, dis-je en souriant.

Il a dit qu'il allait le brûler le vif. Et il a dit ça sans la moindre trace d'humour dans la voix, de la manière la plus naturelle qui soit, comme s'il lui offrait un café. Il ose se pointer en face d'un homme armé et lui dire qu'il va le brûler vif. Tu te retrouves presque à supplier doucement que le nerveux ne s'en aille pas, parce que si tu te retrouves avec le brûleur, c'est la mort assurée. - Je te parie dix dollars qu'il s'enfuit. - Non pitié, qu'il reste... Tu n'as même pas fini de siffler entre tes dents que le nerveux s'enfuyait sans demander son reste. Tu fermes les yeux de désespoir. Dmi t'a appris à te défendre et tu comptes bien te battre jusqu'au bout mais sérieusement, que peux-tu faire contre un homme qui dit aux gens qu'il va les brûler et sans même qu'il passe à l'acte, on se sent comme si le feu nous dévorait déjà ? Tu l'entends te dire quelque chose mais sa voix se mélange à celle dans ta tête. - Je viendrai déposer des fleurs sur ta tombe. - MAIS BOUCLE LA, BORDEL !!! Tu avais réellement hurlé cette fois-ci. Tétanisée, tu ouvres les yeux pour regarder le brûleur. Désolée, pardon, je ne m'adressais pas à vous, t'empresses-tu de t'excuser. Très mauvaise idée d'hurler sur quelqu'un qui tient ta vie entre ses mains. Ramassant le peu de courage qui te restait, tu lui dis: Écoutez, si vous aussi vous voulez la caisse, vous perdez votre temps, elle est vide... - Très bonne idée de l'énerver, Ova, tu m'épates.

Désolée, pardon, je ne m'adressais pas à vous. C'est rien, ne vous en faites pas. Elle avait hurler encore plus fort que tout à l'heure, je n'étais pas sûr de réussir à la supporter si elle continuait comme ça, mais ce n'était pas grave. J'avais promis de la surveiller, je devais tenir parole. Écoutez, si vous aussi vous voulez la caisse, vous perdez votre temps, elle est vide... Très bonne idée de l'énerver, Ova, tu m'épates. Je la dévisageai, ne comprenant pas pourquoi elle disait ça. Elle me prenait pour un voleur moi aussi ? Je remarquai que j'avais toujours mon arme à la main. Bon, ça ne devait pas la mettre en confiance. Je la rangeai dans la poche intérieure de ma veste. Dommage. Mais de toutes façons la caisse ne m'intéressait pas. Ce n'était pas le vol de caisse qui rapportait le plus d'argent, loin de là...

Tu le vois s'étonner de ta réponse, puis mettre son arme en poche. A quoi il joue ? Dommage. Mais de toutes façons la caisse ne m'intéressait pas. Le battement de ton cœur redouble. S'il n'est pas là pour voler, pourquoi attendait-il dans le restau depuis des heures avec une arme ? Pour toi, pardi, dis la voix dans ta tête. Oui, et c'est exactement ce qui te fait le plus flipper. Que faire ? Tu avais tellement peur que tu en ferais une crise cardiaque. Ce mec a l'air de vouloir quelque chose de précis et même si à priori il n'a pas l'air de te vouloir du mal, il était quand même dangereux. Et puis, les sociopathes sont connus pour bien cacher leurs émotions hein. Cherchant furtivement des yeux quelque chose pour te défendre, tu finis par attraper un couteau de cuisine qui miraculeusement traînait par là. Tu le brandis sur l'homme. Quelles que soient vos intentions, je vous préviens, je sais m'en servir. Il ne te touchera pas. Tu ne laisseras plus aucun homme te toucher sans ton consentement. Tu préfères encore te suicider avant.

Quelles que soient vos intentions, je vous préviens, je sais m'en servir. Merde, j'avais parlé sans réfléchir aux sous-entendus qu'on pouvait comprendre. Enfin, je n'étais pas sûr que n'importe qui aurait pensé que j'étais venu pour tuer ou que sais-je d'autre. J'hésitai plusieurs instants entre tenter de lui prendre le couteau pour le poser sur le comptoir et donc prendre le risque qu'elle s'en serve, ou essayer de la convaincre que je ne lui voulais pas de mal. La seconde option était sûrement la meilleure. C'était notre premier contact, j'étais censé m'assurer que personne ne vienne lui causer de problèmes, il fallait donc que je la mette en confiance. Car si elle remarque qu'un homme qu'elle considère comme un danger potentiel se trouve souvent sur son chemin, la tâche risque de se compliquer. Je me suis mal exprimé, je ne vous veux aucun mal. Que ce soit à vous, votre caisse ou que sais-je d'autre. Espérons qu'elle me croit, car je ne voyais pas comment le lui prouver. Quoique, peut-être que si. Si ça peut vous rassurer de savoir que je ne l'ai plus sur moi, prenez, dis-je en lui tendant mon arme.

Le gars il a pas du tout l'air d'avoir peur de ton couteau. Il semble même encore plus posé maintenant qu'il y a dix minutes. Tu es peut-être un peu trop ridicule avec ton arme mais tu ne le lâcheras pas. Il essaie de te faire croire qu'il ne te veut aucun mal et franchement il a l'air d'être sincère mais il y a longtemps que tu as arrêté de croire aux gens. En plus, c'est très malin de dire ça quand il a une arme en poche hein. Mais contre toute attente, il sort l'arme et te la tend, comme gage de sa bonne foi. Tu le regardes, à la fois surprise et sceptique. C'est un piège ? Il en a une autre et il va te la pendre au nez dès que tu vas t'approcher c'est ça ? Ou il va en profiter pour te saisir la main et faire de toi ce qu'il veut. Tu hésites. Prends la. S'il en a plusieurs, ce sera toujours un de moins. Doucement, tu t'approches le couteau toujours braqué sur lui et tu vas prendre le revolver de ses mains. Il est toujours aussi tranquille, la situation n'a pas du tout l'air de le déranger. Peut-être qu'il est sérieux au final ? Peut-être que c'est toi qui te fait des films et qui est très ingrate envers quelqu'un qui vient juste de te sauver la vie ? Je... vous n'êtes vraiment pas un voleur ? Bien sûr, il va te répondre affirmatif et te raconter tous ses crimes passés. Tu baisses tes deux mains lourdement armées. Faudrait peut-être arrêter de paranoïer, là. La tension retombe et tu sens avec horreur les larmes te monter aux yeux. Tu es plutôt mentalement forte en temps normal. Mais te retrouver de nouveau face à la mort a fait remonté les atrocités que tu as subi par le passé. Tu n'es pas en sécurité, tu ne le seras jamais. Pourquoi Dmi a t-il pensé que tu pouvais t'en sortir s'en lui ?

Elle n'avait pas l'air convaincue. Bon. Il allait falloir trouver une autre idée, mais honnêtement, je n'en n'avais pas la moindre. Elle eut l'air de commencer à hésiter sur ce qu'elle devait faire, et finit par prendre l'arme que je lui tendais. J'espérais qu'elle ne cachait pas son jeu, car si c'était le cas, cette soirée risquait d'être ma dernière. Un couteau et un revolver, je ne pourrais pas faire grand chose pour me défendre, je n'avais rien d'autre sur moi. Je... vous n'êtes vraiment pas un voleur ? Elle doutait encore ? Absolument pas, je ne touche pas à tout ça. C'était en partie la vérité. Je n'étais pas dans le vol, sauf quand il s'agissait de braquages ou de plumer l'Etat avec la production souterraine, que ce soit drogue ou faux billets.