Une histoire de métal (Twins Bai) #1

Quand on dit dimanche reposant, à la base c'est flâner chez soi dans un gros pyjama, manger à volonté, zapper des heures toutes les centaines de chaîne de la télé et dormir comme un loire. Et tout ça dans la tranquillité. Mais c'est sans compter Irya qui lui n'est jamais en phase avec les définitions normales des expressions.

IRYAAA ! Es-qu'il y a moyen d'éteindre cette musique stp ? Aies pitié des gens qui ont pas grandi sur la même planète que toi, chéri !

Ton amour de frère aime le métal. Le métal. Personne ne mérite ça.

Aujourd'hui, j'étais en repos. Ça devait être un jour comme un autre sauf qu'on était dimanche et que j'aimais pas les dimanches. Je m'étais réveillé hyper tard, comme à chaque fois (genre il était 16h passé), avais mangé un bol de céréales et était reparti dans ma chambre comme si de rien n'était.

Et puis, j'avais mis de la musique. La seule que je connaisse d'ailleurs: du métal, avec comme groupe fétiche Iron Maiden. Une compilation des meilleures chansons que j'avais moi-même faite. Et puis, j'avais mis un peu de son, histoire d'en profiter un max.

- Hein ? demandes-tu à ton frère, en sortant de ta chambre.

Tu sais qu'il t'a parlé mais t'as pas tout entendu. Tout ce que tu as retenu de ce qu'il t'a dit, c'est que tu ne faisais pas partie de la même planète que les autres. Tu plisses les yeux, en te demandant d'où il sort ça.

Il sort sa bouille trop sexy de la chambre, l'air totalement à l'ouest. Apparemment il a pas entendu un traître mot de ce que j'ai dit.

Le bruit. Ce que t'appelles musique. Ça le fait pas, chou.

Son visage est trop mignon quand il se réveille après un trop long sommeil. Une vraie bouille de bébé. Quand il est comme ça il a l'air si fragile que j'ai envie de le serrer dans mes bras et le protéger contre le monde entier.

Et si tu sortais de ta forteresse pour venir faire le marathon des chaînes avec moi. On trouvera bien un truc sympa à regarder.

C'était pas gagné d'avance mais fallait bien tenter le coup. N'importe quoi sauf cette horreur de métal.

J'ai pas encore totalement émergé de ma longue nuit de sommeil et la musique m'aide à me réveiller.

- Quoi? C'est trop fort?

Ça y est. Je sens qu'il va me prendre le chou pour avoir mis un volume sonore trop au-dessus de son niveau personnel.

- Bro, c'est pas que je veux pas mais j'ai encore la tête dans le fi*n. Je préfère rester dans ma chambre pour me réveiller tranquillement.

J'aimais beaucoup mon frère mais on était très différent. On avait des goûts à l'opposé de l'autre et quelques fois, je me demandais comment on faisait pour se supporter.

JE DIS QUE TU ME FAIS CHIER AVEC TON MÉTAL D'EMMERDE.

Je crie assez pour me faire entendre à l'autre bout de la ville mais c'était surtout pour qu'il entende lui, rien de bien méchant. De toutes les façons, avec tout ce bruit, c'était impossible de se faire entendre même avec un magnétophone.

Je me lève et passe devant lui pour aller dans sa chambre et couper le son net. Voilà, ça c'était de la tranquillité. Ensuite, je me jette tout peinard sur son lit.

Si t'as besoin de te réveiller, je peux t'aider. Tu viens mettre quelques paniers avec moi ?

Tergiversation subtile pour détourner son attention du fait que je viens de lui couper sa musique ET de m'introduire dans son lit ET de lui proposer de jouer au basket. Il va me massacrer.

Arrrgggghhh, je déteste quand il crie comme çà, de si bon matin. J'ai l'impression qu'il va me tuer les tympans.

- Ben, t'as qu'à sortir faire un tour le temps que je me réveille. Et comme ça, je te ferai plus chier avec "ma musique de merde", comme tu dis si bien.

C'est qu'il peut être lourd quelques fois. Est-ce que je le fais chier, moi, quand il fait ses trucs que j'aime pas? Ben non. Alors, il pourrait quand même faire pareil et me lâcher les baskets. Je me perd dans mes pensées, bougonne, marmonne. Mais au moment où je voulais retourner dans ma chambre, plus de bruit. J'ai pas tout compris mais c'est en voyant Cielo sur mon lit, en me proposant quelques paniers, que je reviens à la réalité.

- Qu'est-ce que tu fous là? Bro, dégages de mon lit. Et je ne le répéterai pas.

Il commence à me taper sur le système aujourd'hui. Je sais pas ce qu'il a ou s'il veut me pousser à bout mais en tout cas, il est bien parti.

- Quelques paniers? Tu me vois faire du sport, toi? Un dimanche en plus. Mais t'es complètement taré, ouais.

Ca y est, il m'avait mis les boules, sans compter qu'il m'avait littéralement réveillé avec ses conneries.

Pourquoi es-ce que je sortirais de chez moi un dimanche qui est censé être reposant ? Il délire ou c'est toujours l'œuvre du sommeil ? En tout, j'étais bien parti pour le faire chier et l'idée me faisait de plus en plus marrer.

Oh mon cœur, qu'est-ce qu'un lit par rapport à l'immensité de l'amour que j'éprouve pour toi ? Pourquoi ne pas me rejoindre pour que je te prouve tout cela avec des actes, babe ?

Je me retenais tellement pour ne pas éclater de rire en parlant que j'en avais mal au ventre. Même à sa place, je me ferais grave chier si quelqu'un de débitait des âneries pareilles. Mais j'avais trop envie de l'embêter un peu, pour une fois que je l'avais à la maison aujourd'hui pour moi tout seul, autant mettre le paquet.

Bah quoi ? Il y a toujours un début à tout non ? Ça plutôt que de te laisser enfermé ici avec tes... je ne sais même pas quoi. Tu dépéris à vu d'œil, chéri.

Je crois que cette fois, je pouvais commander ma pierre tombale.

Je ne sais plus quoi faire avec lui. Il a réellement décidé de m'emmerder et le pire de tout, c'est que ça le fait marrer. Bah tiens, ça m'aurait même pas étonné.

- T'es vraiment grave, tu le sais ça ?

Maintenant, il me parle d'inceste. Même si je sais qu'il le dit sur le ton de la plaisanterie, perso, ça ne me fait pas rire du tout. Mais pas le moins du monde.

- Des fois, je me demande si on est réellement frère ou si ils se sont pas trompés à la maternité.

C'est cinglant - un peu - mais il l'a cherché. Parce que là, je suis pas d'humeur à jouer mais plutôt à me reposer et à profiter tranquillement de ma journée. Et puis, tu l'entends parler de son sport. Ce truc immonde ne mériterait même pas d'exister. En fait, le sport en général.

- Qu'est-ce que ça peut te faire que je dépérisse dans ma chambre avec ma musique de merde, hein? Franchement, je te comprend pas. Tu sais bien qu'il faut pas me chercher quand je viens de me réveiller et tu fais tout le contraire. Tu sais aussi que j'aime mon espace vital et que personne ne doit y rentrer sous peine de jet d'objets en tout genre.

J'essaye de le tirer de mon lit mais il est tellement ancré dedans que je n'y arrive pas. Alors, la seule solution que j'ai trouvé pour qu'il se barre, c'est de l'écraser de tout mon poids. Alors, je m'allonge sur lui, comme une grosse larve, en espérant qu'il décide de partir, sous prétexte qu'il n'a plus d'air.

- Pourquoi tu me pousses à bout?, dis-je, dans un murmure.

Je suis grave et je le sais et c'est ça qui fait tout mon charme.

Il était d'humeur massacrante mais je n'en avais rien à foutre. J'avais envie de m'amuser avec lui et c'est bien ce que je comptais faire. Et puis il me sort soudain le coup qu'il fallait pas: douter du fait qu'on est jumeaux. J'ai brusquement envie de l'étrangler mais j'opte pour une autre tactique. Je savais qu'il y avait quelque chose qui l'énervait encore plus qu'une dispute.

Des fois, je me demande si on est réellement frère ou si ils se sont pas trompés à la maternité.

Je le singe à la perfection en imitant son accent d'indo-canadien. Il déteste quand je le singe, ça le met dans une rage incroyable. Je savais que je ne devrais pas le pousser ainsi à bout mais il l'avait bien cherché.

Qu'est-ce que ça peut te faire que je dépérisse dans ma chambre avec ma musique de merde, hein? Franchement, je te comprend pas. Tu sais bien qu'il faut pas me chercher quand je viens de me réveiller et tu fais tout le contraire. Tu sais aussi que j'aime mon espace vital et que personne ne doit y rentrer sous peine de jet d'objets en tout genre.

Je continue le jeu et je le vois bien virer au rouge. Il est écarlate. Il me tire mais je m'agrippe au lit de toutes mes forces. Ça pouvait l'énerver mais moi je m'amusais comme un fou. Il fini alors par s'affaler sur moi de tout son long. Et là j'en peux plus de me retenir: j'éclate de rire. Mais je ris tellement qu'avec son poids sur moi, je manque très vite d'air et je sens une douleur au ventre.

Si.. si tu te lèves pas... je pourrai pas te répondre. dis-je entre deux inspirations mêlées de rires.

Tu vois, j'adore quand tu t'amuses comme ça, ça te rajeunis de 20 ans. Mais la prochaine fois que t'as envie de me tuer, préviens moi au moins que je fasse mes prières.

J'avais pris mon air blasé et il lui était impossible de deviner si j'étais en colère ou si je faisais de l'humour. Il ne parvient jamais à deviner quand je fais ça. J'étais curieux de savoir commet il réagirait sur ce coup-ci.

O rage ô désespoir. Il était vraiment dans son moment « et si j'emmerdais mon frère ? » et dans ces cas-là, rien ne l'arrêtait. Je crois que je devrais carrément arrêter de lui parler et de ne plus bouger. Genre faire le mort quoi. Ou alors je me barre d'ici. Pour aller où j'en sais rien mais je trouverais bien une occupation. Tiens, en pensant à ça, y aurait peut-être moyen de voir un client ou deux. Mais avant ça, je devais en finir avec lui. Ce truc qui me sert de frère.

- Tu me désespères, tu sais. A jouer au gamin comme ça. On est quand même censé être des adultes.

Je décidais à me lever, le laissant ainsi reprendre du souffle. Même si j'avais envie de l'étouffer, il était quand même mon frère et la seule famille qui me restait.

- Et puis quoi encore ? Le jour où j'aurai vraiment envie de te tuer, je viendrai le faire pendant ton sommeil et sans te le dire, oui.

Donc, puisqu'il m'avait réveillé à l'insu de mon plein gré, j'allais sortir prendre l'air. Et sans lui de préférence, il serait capable de m'emmerder encore plus qu'il ne le fait actuellement.

- Bon, je vais prendre ma douche. Au moins, je serai tranquille pendant dix minutes, soufflais-je avant de filer à la salle de bain et de fermer à clé.