Travailler dans ces conditions ... (Mackenzie)

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Lundi matin, huit heures. J'entamais ma deuxième semaine de boulot au service des renseignements criminels. Deuxième semaine où mon partenaire était ma partenaire. Et évidemment, mon binôme était ma « femme ». Celle à qui j'ai dit 'oui' alors que j'étais complètement bourré. Difficile de faire pire comme situation. Mais force était de constater qu'elle n'était pas si mal et qu'elle méritait peut-être – et je dis bien peut-être – que j'en sache plus sur elle. En tout cas, nos rapports étaient assez tendus et il m'était difficile de faire quoi que ce soit sans qu'elle ne me reprenne toutes les deux secondes. A croire que je faisais mal mon travail ou peut-être était-ce que je l'emmerdait, tout simplement ?

J'arrivais à nos bureaux et remarquais qu'elle était déjà là, assise au sien, avec un café à la main. Bon, je lui en avais pris un. C'est tout, je l'offrirai au premier venu ou pire, le jeter. Je m'asseyais à mon bureau, faisant style que je ne l'avais pas vue. Je ne savais pas son humeur alors je préférais la laisser venir à moi plutôt que de me prendre ses foudres en pleine figure. J'allumais mon ordi et bus un peu de mon café latte triple dose de caramel.

Invité

// FLASHBACK ON // Ce jour-là, en ouvrant les yeux, j'avais été surprise de ne pas me trouver dans mon lit, ni même dans ma chambre, l'espace de quelques secondes. Puis en regardant à ma gauche, j'avais vu un jeune homme encore endormi. C'est alors que la soirée de la veille m'était revenue en partie. Portant par la suite une main à mon visage pour me frotter les yeux, histoire de vérifier que je n'étais pas dans un rêve, j'avais eu la stupeur de voir une alliance à mon annulaire gauche. Non ! Non je ne pouvais avoir fait cette connerie ! Tout m'était revenu en tête d'un seul coup et prenant peur face à la situation, je n'avais rien trouver de mieux que de me rhabiller en vitesse et fuir le domicile du jeune homme, sans même lui laisser un mot. // FLASHBACK OFF //

Il y a deux semaines, en me rendant au commissariat pour commencer ma journée de travail, j'avais été informée du fait que j'aurai un nouveau partenaire. Au départ, enchantée par cette nouvelle, quelle ne fut pas ma surprise en voyant qui était ce dernier. "Mon mari". Qu'est-ce qu'il fichait ici ? « Mack ! Hou hou réveille-toi. Ton nouveau partenaire est arrivé ». Revenant sur terre, après avoir entendu la voix de mon chef, j'avais fini par lui dire que j'étais tout à fait réveillée, puis après avoir salué mon nouveau partenaire, j'avais pris le soin de le devancer en lui parlant de l'enquête du moment. Pas question que je ne parle avec lui de ce mariage soudain et encore moins sur notre lieu de travail.

Aujourd'hui, j'ai encore du mal avec l'idée que mon partenaire soit aussi mon mari et c'est sans doute pour ça, que lorsqu'il fait ou dit quelque chose, je ne peux pas m'empêcher de me montrer un peu froide envers lui. Installée à mon bureau, après être arrivée très tôt ce matin-là, j'étais plongée dans mes dossiers, quand soudain Aden avait fait son apparition. Le voyant alors aller s'asseoir à son propre bureau et faire comme s'il ne m'avait pas vu, j'avais lever les yeux ciel un court instant, avant de finalement prendre la parole à son intention.

- Ecoute... je pense que l'on devrait parler de... de ça... de cette erreur que nous avons commise il y a trois semaines, non ?

Après tout, c'était le bon moment pour le faire, puisqu'il n'y avait personne d'autre que nous dans le bureau. Passant ensuite une main dans mes cheveux, j'avais repris :

- Je veux dire par-là, que si nous voulons faire notre travail correctement, on devrait peut-être mettre les choses au clair une bonne fois pour toute et mettre enfin tout ça derrière nous, tu ne penses pas ?

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Je l'écoutais me parler et je ne pus qu'acquiescer face à sa demande.

- Effectivement, il faut que l'on en parle. Ca traine depuis trop de temps cette histoire.

Je ne l'avais pas dit sur un ton mais elle avais raison. C'était une erreur. Quelle personne se marie avec une personne qu'elle ne connaît pas? Même avec de l'alcool dans le sang, c'est complètement insensé.

- Tout à fait d'accord. Mais tu crois que c'est une bonne idée d'en parler ici? Je sais que nous sommes seuls mais parler de cette affaire au travail, je ne suis pas sur que ce soit une bonne idée.

C'est dingue. J'avais pas pensé qu'on aurait cette discussion ici, sur mon lieu de travail. Autour d'un bon verre aurait plus agréable, plus détendu. Ici, nous pourrions être appelés à tout moment pour une affaire et donc être coupé en plein dans la discussion.

- On pourrait recevoir un appel ou être dérangé par des collègues. Enfin, je ne veux pas me défiler. C'est juste que je trouve que le lieu ne s'y prête pas.

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Après avoir dit à Aden que se serait bien que l’on parle tous les deux, celui-ci avait acquiescé d’un signe de tête avant de me répondre qu’il était d’accord avec moi, ajoutant même que cette histoire n’avait que trop duré. Effectivement. Dès que je m’étais rendu compte de l’erreur que nous avions faite, je n’aurai pas dû fuir comme je l’avais fait. J’aurai dû en parler avec Aden directement. Moi qui n’ait peur de rien en général, j’avais pris peur en découvrant que je m’étais mariée à un inconnu. Qu’est-ce que je pouvais être stupide parfois. Mon regard posé sur Aden, j’allais prendre de nouveau la parole, quand ce dernier m’avait devancé pour me dire que ce n’était pas vraiment le lieu approprié pour avoir une telle discussion, car on pourrait être interrompu à tout moment. Levant alors les yeux au ciel, j’avais porté une main à mon front, avant de lui répondre, après quelques dizaines de secondes :

- Je ne pense pas qu’il y ait de bons moments ou pas pour parler de ça. Même en dehors de notre travail on peut être appelé pour intervenir. Donc bon, c’est maintenant ou jamais et franchement j’aimerai bien que le sujet soit classé assez rapidement, vois-tu.

Bon d’accord, j’avais peut-être un peu sèche dans ma façon de parler. Inspirant alors doucement, j’avais fini par reprendre, d’un ton moins sec :

- Désolée, je ne voulais pas m’énerver. C’est juste que la situation dans laquelle nous nous trouvons m’inquiète un peu plus de jour en jour et si jamais notre chef ou nos collègues venaient à apprendre ce que nous avons fait, je suis sûre que l’un d’eux ferait tout pour que nous ne puissions plus travailler en équipe. Hors je n’ai pas du tout envie d’avoir encore un nouveau partenaire et mis à part ce problème-là, je trouve que notre équipe fonctionne plutôt bien, alors ce serait de tout gâcher à cause d’une erreur d’un soir tu ne crois pas ?

Avant qu’Aden n’arrive dans notre service, j’avais une partenaire avec qui je m’entendais plus que bien, malheureusement, lors d’une intervention délicate elle a perdu la vie et après ça, j’ai sombré pendant un temps. C’est d’ailleurs peu de temps après cette période-là que j’ai rencontré Aden dans un bar et que je me suis réveillée mariée à lui le lendemain. Est-ce qu’il était au courant pour Sarah ? Est-ce que je lui avais parlé d’elle ? Impossible de m’en souvenir. Je ne me souvenais plus de rien concernant cette soirée. C’était pourtant pas la première fois que je buvais autant pour oublier les tracas quotidiens ou les affaires difficiles que nous avions eu à gérer dans la journée. Me levant ensuite de mon siège, je m’étais approchée de lui, avant de reprendre, une fois assurée que personne ne se trouvait dans les parages :

- Rassure-moi, tu n’es pas l’une de ses personnes qui est contre le divorce, pas vrai ? Parce que si c’est le cas, il va vite falloir que tu revois tes positions parce qu’il n’est pas question que je ne reste mariée à un homme que je ne connais pas du tout et pour qui je n’ai aucun sentiment. Enfin je pense que tu me comprends, n’est-ce pas ?

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Je souffles. Elle a tellement raison. Il n'a jamais de bon moment mais j'étais tellement bien là parce que j'avais classé cet événement dans un coin de ma tête. Et que j'étais passé à autre chose. Cela pouvait me faire paraître pour un sans-cœur mais je voulais oublier.

- Tu as parfaitement raison. Désolé.

J'imagine la tête de certains si je leur disais ce que à quoi je pensais, ils seraient choqués à l'idée que je passe aussi facilement à autre chose. C'était une erreur et il fallait y remédier.

- Je comprends parfaitement ce que tu ressens. Même si changer de partenaire fait partie intégrante de ma vie ces dernières années, j'aimerai bien me poser un peu. J'ai l'impression d'être toujours en vadrouille et de ne rien connaître de bien réel.

Je souris face à sa remarque. Notre duo fonctionnerait plutôt bien selon elle. Et dire que je pense pareil, ça me fait même rire d'ailleurs.

- J'avoue. C'est bien la première fois que je me sens aussi bien dans un partenariat. Peut-être parce que tu es une femme. Enfin, ce que je veux dire, c'est que j'ai toujours eu des partenaires masculins et que cela n'a pas toujours eu de fins agréables.

Je me remémore tous mes partenariats. En fait, il y a bien un partenaire avec qui cela s'était avéré payant. C'était à mes débuts et il avait été comme un père pour moi. Mais je sors de mes songes en la voyant se rapprocher de moi. Je tique face à sa demande. Divorcer? Il en est hors de question.

- Eh bien, sans vouloir te vexer mais personnellement, j'ai du mal avec le divorce. Tu vois, pour moi le mariage est un moment sacré dans la vie d'une personne. Et je ne souhaite pas aller outre ça.

Je savais que le mariage scellait l'amour entre deux personnes et qui dit amour, dit on connaît un minimum l'autre, non? Mais, le fait était que nous étions déjà mariés sans nous connaître. Il allait falloir apprendre à nous découvrir. Je voyais dans son regard que cela l'intriguait et même qu'elle ne s'attendait pas à ce genre de réponse mais j'étais comme ça. Je n'allais quand même pas changer pour elle.

- Je comprends ta position. Mais tu pourrais comprendre la mienne, non?

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