elle a plus la notion du temps. elle se souviens juste que son patron lui a dit de se pointer à l'heure qui l'arrangeait. pourquoi ? elle sait pas. elle devine que c'est pour ouvrir plus tard. alors la brune elle prend son temps. traîne en sous-vêtements/t-shirt dans son appart. et puis les automatismes reviennent. jean, veste en jean usé, baskets qui le sont tout autant, cheveux attachés, cigarette derrière l'oreille. tout ce qui a d'important dans les poches intérieures. un sac ? beaucoup trop encombrant pour la demoiselle. elle prend même pas le temps de jeter un coup d’œil au miroir. peu importe, si ses chaussettes sont désaccordées, si ses cheveux sont pas parfaits, si elle a oublié de se maquiller. rien à faire. elle passe la porte, sans pouvoir faire un pas de plus. pieds figés dans le sol. cette silhouette. familière. un peu trop familière. la porte claque. la réveille un peu. elle laisse l'inconnu poser les yeux sur elle. pas si inconnu que ça finalement. toi ?, qu'elle chuchote à peine. c'était la fameuse nuit. celle où elle s'était fait arrêtée. (mal)heureusement inoubliable. où elle l'avait croisé. alors, elle connait ses yeux, qui la regardent avant autant de curiosité que la dernière fois, une partie de ses tatouages, qu'elle avait pas vraiment eu le temps de détailler. des bribes lui reviennent. elle se souvient des mèches noires qui lui tombaient devant les yeux. du métal froid sur ses poignets et de la douleur à chaque fois qu'elle tirait un peu dessus. elle se souvient de sa tentative de rester impassible, alors qu'elle bouillait d'un mélange de colère et de peur. hochement de tête délicat. le commissariat. je me souviens. elle lui sourit doucement, parce que ça fait du bien de voir une tête connue dans le coin. elle replace une mèche rebelle derrière son oreille droite. les vieilles habitudes refont surface. c'était pas vraiment nos heures de gloire, hein ? elle ose pas demander pourquoi il était là ce soir là. elle ose pas demander où il était passé pendant cinq ans.