but you'll never be alone, I'll be with you frow dawn till dusk (ft. Richerd)

Bien sûr, Clémentine adorait son métier, c'était son rêve depuis qu'elle était enfant de devenir actrice, mais comme toute personne normalement constituée... Ça lui arrivait de passer des journées de merde, et celle-ci en était définitivement une. Entre la technologie qui les avait lâché tout au long de la journée, et aucune de scène qui ne s'était passée sans qu'un des deux fourche ou rate ses actions, elle était à bout de nerfs. Résultat, elle avait même fini plus tôt car les producteurs eux-mêmes paraissaient exaspérés par ce manque de chance. Du coup, rentrée de bonne heure, la jeune femme était partie se rendormir dans son lit en remarquant que personne n'était encore là, et sans se soucier de savoir si ses aînés voulaient passer du temps avec elle. Tout ce qu'elle voulait, c'était son lit.

C'est seulement en début de soirée qu'elle se réveilla, les cheveux totalement en bataille, toujours habillée dans ses habits de la journée même, en entendant la porte d'entrée claquer. Frottant ses yeux, elle bâille avant de se décider à se lever et sortir de son antre, et elle découvrit Richerd auquel elle offrit directement un sourire avant d'aller jusque lui en trainant des pieds, par pure fainéantise. Automatiquement, elle se réfugia dans ses bras avec une moue avant de lever la tête pour le regarder avec ses yeux de biche.

-J'ai passé une journée pourrie jusqu'au bout, j'ai besoin que tu changes ça, le supplia-t-elle avec un air enfantin.

Ta production s’était terminée la veille ; les acteurs et toi, ainsi que toute l’équipe du backstage, étiez rentrés chez vous après une petite fête improvisée. Voir tous ces visages souriants autour de toi, toute cette joie, te dire que l’aventure était finie, que le film allait être un carton, tout ça t’avais mis de bonne humeur et tu avais sans doute bu plus que de raison. C’était toujours comme ça, les after de production, toujours de la musique, une ambiance certaine, de l’alcool et parfois même de la drogue. Puis la fatigue t’avait pris, et, raisonnable comme d’ordinaire, tu avais appelé un taxi. La nuit avait été longue ; tu ne parvenais pas à t’endormir. Aux alentours de trois heures, tu te levais, allumais ta PlayStation, lançait un jeu, enfant insomniaque. Le temps passa. Il était dix heures lorsque enfin tu te couchais, et t’endormais presque aussitôt.

A dix-sept heures trente, le réveil que tu avais programmé cette nuit t’éveilla. La mélopée était douce, la vue de ta chambre agréable. Tu allais prendre une douche froide, ce que tu préférais faire après ce genre de soirées, pour faire couler cette satanée gueule de bois. Dix-huit heures quinze et tu ouvrais la porte de votre sublime triplex. Pas un signe de vie, tu avais décidé d’aller chercher à manger au fast-food local. Clémentine arriverait sans doute bientôt. Le temps d’y aller à pied, ballade rafraîchissante après la soirée de la veille, puis de faire la queue, et enfin de revenir, il était dix-neuf heures. Ta parka sur le dos, tu entrais dans votre appartement, claquant la porte plus fort que tu ne l’aurais voulu. A peine le temps de retirer ta veste que ta douce émergeait de l’une de vos chambres. Les cheveux en mode Verdun, elle vint à toi, enfant triste, et se réfugia dans le creux de tes bras. Tu voyais très bien que ça n’allait pas, et sa phrase ne fit que le confirmer. Sur le ton le plus doux du monde, tu lui murmurais dans le creux de l’oreille. « Je suis là, petit cœur, je suis là… Qu’est-ce qu’il se passe, dis-moi tout. »

Il y avait des jours où la vie disait merde, et pour la jeune femme, c'était clairement un de ces jours. Pourtant, elle était optimiste ; oh oui qu'elle l'était, plus que quiconque dans son entourage, mais là c'était au dessus de ses forces. Heureusement, elle ne broyait pas encore du noir, et ce n'était pas prêt d'arriver puisque Richerd le faisait déjà assez à sa place. Clémentine partait juste du principe que même dans les pires situations, il y avait un aspect positif ; bon, très refoulé, mais positif quand même. Aujourd'hui, l'avantage, c'est qu'elle avait pu finir plus tôt et profiter pour rattraper quelques heures de sommeil perdues, car comparé à son autre moitié, elle faisait partie de ces personnes qui dormaient beaucoup et dès que ça leur enchantait, en gros, une vraie marmotte.

Réveillée involontairement par un de ses hommes, la blonde s'était décidée à se lever et aller voir qui était rentré, contente de voir tout de même son aîné rentré. Bien sûr, elle savait généralement quand il finissait ses tournages, mais c'était toujours incertain, elle était la première à le savoir après tout. Elle n'était pas réellement du genre à râler, en fait. Elle était simple à vivre. En même temps, pour accepter le fait d'être en trouple, il fallait avoir l'esprit assez large. Assez naturellement, en le voyant, elle est allée le retrouver et s'est caché dans ses bras, souriant doucement au surnom qu'il lui donnait.

-J'ai passé ce genre de journée où tout nous lâche : l'inspiration, la chance, l'envie, et même la technologie nous a lâché. Résultat, on a arrêté le tournage avant de faire une catastrophe, et je viens de me réveiller de ma sieste, et tu sais bien que je râle toujours dans ces moments..., déclare-t-elle avec un petit rire à la fin quand même.

Plongeant son regard dans le sien, elle fit une moue boudeuse digne d'un enfant avant de faire un grand sourire innocent et encore une fois enfantin. Ce genre de sourire auquel on ne pouvait rien refuser. Alors, l'air de rien, elle se mit sur la pointe des pieds et lui vola un baiser.

La voir dans cet état-là te rendait toujours morose ; ton cœur avait beau être divisé en deux, ta Clementine te faisait toujours ressentir ses sentiments les plus profonds. Là, tu sentais qu’il allait falloir lui mettre du baume au cœur, d’autant plus que votre troisième partenaire ne semblait pas être là aujourd’hui. Si cela avait été le contraire, vous vous seriez sans nul doute posés tous les trois dans le canapé, pop-corn et glaces à la main, gloutons avachis sous un plaid de tweed noir, en regardant les bêtisiers de vos films préférés ou bien votre comédie musicale fétiche. Mais le fait demeurait qu’il n’était pas là, et que tu te retrouvais avec une jeune femme au bout de sa vie sur les bras. Tu renforçais ton étreinte en l’écoutant te murmurer les raisons de cette subite dépression, puis son petit rire te déchira en deux ; cette fille était tellement fantastique, tu ne saurais jamais expliquer ce qu’elle te faisait ressentir.

Ce n’était pas de simples grognements comme d’habitude ; là, ça n’allait vraiment pas. L’embrassant tendrement sur le front, tu te décollais d’elle le temps d’enlever ta parka. Une fois déshabillé -il te restait tout de même ton sweat gris et ton jean-, tu la soulevais, la portant dans tes bras, la faisant rire. Tu adorais son rire, il t’évoquait milles et une étoiles dans le ciel, et ça te faisait briller les yeux. Tu la posais avec toute la délicatesse du monde sur votre immense canapé noir, puis allumais la télé, tombant sur un reportage anodin. Parfait. Nouveau baiser, tu t’éloignais, direction la cuisine. Là-bas, tu te saisis de deux tasses, et en quelques bruits, l’affaire était réglée. Tu revins vers elle, t’assis convenablement, de façon à ce qu’elle puisse se lover dans tes bras de nouveau, puis lui servit sa tasse. « Deux chocolats chauds avec une pointe de miel, ma spécialité. Allez, tu vas tout me raconter, et en échange tu choisiras le film, chérie. »

Même si sa journée avait été catastrophique, le fait de savoir qu'elle aurait Richerd pour la soirée lui faisait du bien ; rien que l'idée d'avoir un moment avec lui dans la journée lui réchauffait le cœur. Non, il ne fallait pas beaucoup à Clémentine pour la rendre heureuse, elle avait toujours été facile à vivre, certainement car ses aînés avaient toujours veillé à ça. Néanmoins, le plus âgé avait cet effet sur elle qui était indéniable ; elle l'avait dans la peau, dans la tête et n'arrivait pas à s'en défaire. Elle était capable d'aimer comme peu de personnes savaient le faire, purement et simplement, sans artifices. Le problème c'est que parfois, elle aimait trop, et d'autres fois elle n'aimait pas assez. D'un côté, elle était un peu effrayée d'aimer autant quelqu'un, même si elle faisait une totale confiance à Richerd, et tous ses doutes se dissipèrent en une étreinte.

En se sentant soulevée l'anglaise se met à rire, se laissant faire en sachant très bien qu'il n'allait rien lui faire. Une fois déposée sur le canapé, elle attend de savoir ce qu'il lui concocte dans la cuisine et a un sourire en le voyant arrivé avec des tasses, et sourit encore plus en sachant son contenu. Retournant à sa place, soit dans les bras de son cher et tendre, la plus jeune but une première gorgée de sa boisson en la sentant la réchauffer et ferma les yeux un moment, profitant de cette sensation, avant de rouvrir une paupière pour observer le brun du coin de l'œil.

-T'es sûr que tu veux revoir Nos Étoiles Contraires encore une fois ?

"Nos Étoiles Contraires" était juste LE film préféré de Clémentine Rowling par excellence, le film qu'elle regardait en n'importe quelle circonstance et sur lequel elle pouvait écrire une critique faisant des pages et des pages, elle avait toujours une référence à faire à ce sujet à n'importe quel moment. Alors oui, évidemment, elle avait bien gavé Richerd avec ça, et elle n'était pas sûre du fait qu'il voulait encore voir devenir une vraie fontaine à larmes une fois le moment fatidique du film arrivé.