there's a rythm inside ♣ enoralence

Valence, c’était pas dans tes habitudes ce genre de choses, hein ? Tu avais ouvert Internet, à la recherche d’une solution pour te sentir un peu mieux, plus apaisée dans ta vie. Et tu avais découvert cette jeune ingénue qui proposait des cours de peinture à domicile. Tu avais immédiatement appelé, te disant que la peinture, t’adorerais peut-être ça, qui savait ? Mais tu restais méfiante, ta vie avait été compliquée, tu continuais de te méfier de lui, c’est pour ça que tu cachais toujours quelques pans de ton histoire. Elle avait décroché, et tu avais négocié pour aller peindre à la plage, mettant en avant l’apaisement que provoquait sur toi le lieu -et c’était vrai, le ciel orangé, se déchirant, ça te rendait réellement zen. Elle avait accepté -avec réticence ?- et le rendez-vous avait été donné. Tu avais opté pour une robe beige, une paire d’espadrilles, et tu étais partie vers la plage. Là-bas, tu t’étais assise, tournant le dos à la route, faisant face à la palette enflammée du ciel, il était dix huit heures, elle ne devrait plus tarder.

Enora était passionnée par son art mais en 15 ans d'exercice, il ne lui était jamais venu à l'idée de donner des cours et de partager son savoir. C'est son petit ami qui lui avait soufflé de se lancer. Certes elle était jeune mais elle avait un charisme naturel et un don incroyable qui la ferait être respectée sans avoir à s'imposer, il en était persuadé. Le jour-même, la jeune femme s'était lancée et avait proposé un premier cours de peinture-zen sur Internet. La publication avait rapidement fait son effet puisqu'une femme l'avait contactée. Sans grande assurance, elle avait répondu favorablement aux demandes de son élève et avait préparé le matériel sitôt après avoir raccroché. Un cours sur une plage, l'idée était originale et ne lui déplaisait pas, seulement c'était la première fois qu'elle peindrait en un tel lieu, ayant pour habitude de s'imprégner des lieux longuement avant de rentrer à son atelier.
A l'heure prévue, Enora était allée en voiture sur la plage indiquée. A peine arrivée, elle avait récupéré deux chevalets dans son coffre ainsi que des besaces remplies de matériel avant de se diriger vers l'étendue de sable où une femme était déjà là. Elle s'approcha à une distance raisonnable.

-Valence ?

La vue était désespérante, car le soleil se couchait et ne reviendrait que le lendemain, et toi tu l’aimais, cet astre, non ? D’un autre côté, le mélange des couleurs, chaleureuses, chatoyantes, invitant à une intime danse, qui hypnotisait et faisait se perdre les yeux qui, fascinés, se laissaient aller à ce défilé lent de l’astre solaire vers l’ouest ; en bref, ce mélange te réconfortait, et tu ne savais pas pourquoi il avait cette emprise sur toi.

Tu fus tirée de tes pensées par une voix qui t’appelait. Tu te retournais, en direction de l’apostrophe, et fit face à une jeune femme. Tu reconnus en elle ta fameuse maîtresse des couleurs, et te levait pour la saluer. C’était calme, dit sans aucune émotion. Après tout, tu ne la connaissais pas encore réellement. « C’est bien moi, maître Roscono. Enchantée... » Le ton était bref, et tu tendis une main amicale en sa direction.