i've been searching for a trail to follow again ft. hazelia

Tout me parut soudainement irréel ; les caméras, Millie sautillant sur place comme si elle eût découvert le huitième continent, Ezelia et son saut d'acrobate... Je me pétrifiais sur place alors que la porte se refermait sur moi, en proie à une paralysie brutale, développant inévitablement une sorte d'aphasie momentanée. Je restais ainsi dénudée, mon absence ponctuée par des éclats de voix qui résonnaient à travers la porte, jusqu'à ce qu'elle ne s'ouvre de nouveau, laissant rentrer une Ezelia désemparée.

« Laisse tomber. » Répondis-je d'une voix morne en attrapant ses mains, l'attirant vers moi pour l'amener à se relever. « Tu ne peux pas faire grand-chose. » Ajoutais-je, étonnement calme, désignant du regard l'écran du téléviseur, lequel diffusait des images de la salle. Bien que le son était coupé, on pouvait aisément deviner que le spectacle précédent avait déchaîné le public. « Très franchement, il vaut mieux que tu restes en dehors de ça. » Fis-je en ramassant au moins mon t-shirt que j'enfilais, ainsi que ma culotte. J'extirpais mon téléphone de mon sac, lequel n'avait cessé de vibrer depuis plus de cinq minutes. « Je vais appeler Jonah, il saura quoi faire. » Et je me mis à rire, partant dans un éclat bruyant. Je me surpris à apprécier ce nouveau flegme et jetais un regard en biais à Ezelia. « Tu t'es fait quoi au front ? »

Je tombais aussitôt sur sa messagerie. « Jonah, c’est moi. On a un petit problème. Je n’ai pas réussi à joindre Alicia, je crois qu’elle est en vacances mais je n’ai pas le numéro de son hôtel. Pourrais-tu me rappeler ? » Dis-je en soupirant, raccrochant dans la foulée. Je me jetais sur le divan, attirant mon sac à dos du bout du pied. J’attrapais rapidement une mignonette de gin dérobée dans l’avion et descendis rapidement son contenu, l’alcool me brûlant la gorge. « Jonah est injoignable, ça doit bien faire un mois, tu sais. » Admis-je en étirant mon t-shirt afin de cacher mes nouvelles « rondeurs ». Je me surpris de ce réflexe et soupirais. « Bref, que voudrais-tu que je fasse ? » Ajoutais-je en rivant mes yeux sur son front, immaculé. « Que s’est-il passé ? A qui était le sang ? » Demandais-je soudainement, fronçant les sourcils, me réveillant de ma léthargie en repliant mes jambes sur ma poitrine. « Dis-moi qu’il appartenait à ta nouvelle greluche. » Dis-je en lui offrant mon sourire le plus abominable. « D’ailleurs, ça fait combien de temps, vous deux ? » Mes yeux firent rapidement le tour de la pièce, cherchant de quoi alimenter mes propos, une preuve tangible pour étayer mes soupçons. La jalousie se lisait dans mes yeux à mesure que je prenais un malin plaisir à éviter son regard, inspirant bruyamment.

Je l'écoutais m'expliquer qu'il n'y avait rien entre Millie et elle, qu'un intérêt à sens unique, précisant qu'elle ne me tromperait jamais. Je suis rassérénée pendant un instant, m'interrogeant tout de même sur la sincérité de ses paroles puisqu'elle détourna rapidement les yeux en se laissant retomber par terre, dans une copie étrange de ma propre gestuelle. « Alors pourquoi tu ne me regardes pas ? » Demandais-je en dégageant mes jambes, observant le dessus de sa tête.

Puis, décidant que cela n'avait pas grande importance à l'instant, je me laissais retomber à mon tour sur le sol, m'asseyant à ses côtés en attrapant l'une de ses mains pour entrelacer mes doigts avec les siens. « Tu ne voudrais pas demander à tes agents de sécurité de m'escorter jusqu'à ton hôtel ? » Demandais-je en levant les yeux vers Ezelia, même si elle ne pouvait me voir. «  Enfin, si tu veux toujours de moi... c'est juste que... » Je posais ma tête dans le creux de son épaule. « Je ne me sens pas en sécurité ici.  » Confessais-je en fermant les yeux. Que pouvait-elle me répondre ? Elle était de fait dans l'obligation d'assurer le concert de son frère, comme scotchée à cette salle jusqu'à la dernière heure.

« J'apprécie ta sollicitude mais... » Pour l'une des rares de fois de ma vie, je me mis à penser aux autres et notamment à Ezekiel. Il aurait été plus qu'égoïste de demander à Ezelia de me suivre et ainsi de le priver de son manager, surtout avant le début de sa représentation. Et, compte tenu du fiasco de ce début de soirée - mon corps dénudé en live projeté sur écrans géants, je pensais à l'intérêt général et à l'équipe technique qui se reposait entièrement sur son chef d'orchestre. « On a besoin de toi ici. Et je crois que j'ai besoin d'un temps à moi pour me remettre de mes émotions. » Et dévaliser ton minibar. Et tester ton room service ; genre commander un steak aussi énorme qu'une cuvette de toilettes. Et fouiller ta chambre pour m'assurer que l'odeur de Millie ne se soit pas accrochée à tes draps. « Franchement, ça va aller. Je ne vais rien faire de passionnant. J'ai surtout envie de prendre un bain... sans caméra. » Dis-je en esquissant un faible sourire, teinté d'amertume.

« Tu restes quand même quelques jours avec moi hein ? Ce serait peut-être l'occasion de te présenter à mon frère ? » « Une chose l'une après l'autre... Je préfère attendre que Jonah me rappelle mais je prends ton avis en compte, il faut juste que je trouve cette fameuse annonce parce que si je laisse Jonah gérer ça, il risque de vouloir annoncer mes fiançailles avec le premier mec de son carnet d'adresse. » Je me tournais aussitôt vers Ezeliah, une lueur malicieuse dans les yeux. Voilà l'idée formidable !

« Bon, ça va peut être te paraître stupide - et franchement aussi répugnant qu'à moi mais tiens-toi bien pour l'idée du siècle. » Dis-je, les yeux soudainement éclairés par une lueur folle. Mes bras quant à eux s'agitaient sous l'excitation. « Amour, gloire et beauté. » Annonçais-je en passant une main dans mes cheveux, proche de l'hystérie. « Après être tombés amoureux sur le tournage du clip d'Ezekiel, les deux jeunes étoiles montantes d'hollywood officialisent leur relation. Boom. Les gros titres. Bon, l'histoire de nudité en présence de son manageur reste à peaufiner, je suis d'accord.  Mais qui s'en souciera, honnêtement ? » Fis-je en posant la main sur le bras d'une Ezelia qui me dévisageait sans mot dire. « Quoi ? Je sais, je suis merveilleuse. » Ajoutais-je en me levant pour sautiller sur place pendant qu'on toquait à la porte avec insistance. « UNE MINUTE, BORDEL. » Hurlais-je en toquant à mon tour, impétueuse au possible. « Oh mon amour, j'ai rarement été aussi fabuleuse. » Dis-je en courant dans sa direction, survoltée, surexcitée, m'agenouillant pour l'embrasser avec fougue.