[MC] Hit me baby one more time ♫

◊ L'essentiel en quelques mots.

■ Nom : McDuff. ■ Prénom : Tamara. ■ Âge : Vingt-cinq ans. ■ Lieu de Naissance : Richmond. ■ Nationalité : Canadienne. ■ Occupation : Maquilleuse & conseillère esthétique. ■ Statut Civil : Célibataire en cloque. ■ Orientation Sexuelle : Hétérosexuelle. ■ Traits de caractère : Prend soin d'elle - Douce - Affectueuse - Convaincante - Humble - Naturelle - Originale - Solide // Distraite - Possessive - Sensible - Rancunière - Boudeuse - Laxiste - Versatile - Rêveuse.

◊ Les petits détails croustillants.

の Mars 1992, un mardi banal.
Richmond, Canada.
Je vais raconter l'histoire telle que je l'ai connue, ou du moins telle que je m'en souviens et que l'on me l'a raconté.
Vers vingt-heures, le lundi 2 mars 1992, ma mère a ressenti ses premières violentes contractions. À peine le temps de dire ouf, mon père l'emmenait à l'hôpital pour la faire admettre. Ils durent attendre des heures et des heures avant que son col soit assez élargi pour nous faire passer, ma sœur et moi. Je suis née la deuxième, toute chevelue et plutôt moche, comme une grosse morille. C'était le lendemain, le 3 mars dans la matinée. Maman dit souvent qu'elle se souviendra toujours de cette nuit-là, l'une des seules nuits blanches qu'elle ait vécu. Quelques jours plus tard, nous rentrions tous trois à la maison, là où nous avions grandi sans le savoir. Cet environnement sécurisant et pourtant si nouveau à nos yeux de bébés.

の Juin 1997, un dimanche ensoleillé.
Richmond, Canada.
Ce jour-là, j'ai trouvé ma nouvelle passion dans la vie : le maquillage. Tandis que ma mère s'occupait du linge et mon père du jardin, avec ma sœur, nous nous étions faufilé dans la salle de bain et plongions nos mains au hasard dans la trousse à maquillage de maman. À chaque plongée, nous ressortions des objets tous plus beaux les uns que les autres et nous les appliquions sur le visage, comme des grandes. J'adorais faire la grande, à cette époque. Je mettais du rouge à lèvres, du crayon noir sur mes yeux, de la poudre rose sur mes joues et, les pieds trop petits dans les grands escarpins rouge de maman, je me sentais la plus belle en défilant dans le salon. Et tout en maquillant ma jumelle dont je ne me séparais que rarement à cette époque et avec qui je faisais les quatre-cent coups, je me sentais femme. Professionnelle. Je kiffais quoi !
Inutile de préciser que lorsqu'elle a vu ça, maman nous a bien puni...

の Septembre 2001, un matin pluvieux.
Richmond, Canada.
C'est à cette période que le conte de fée a pris fin. Je veux dire, il y a forcément un jour dans sa vie où la rupture entre l'enfant et le pré-adulte se marque. Cela peut arriver tôt ou tard, ou à un âge banal. Nous, nous avions neuf ans et c'était la rentrée des classes. Le lendemain, plus exactement. Je me souviens avoir été prête pour cette deuxième journée, bien plus confiante que la veille. Je m'étais réveillée en forme et souriante. Quelle ne fut pas la surprise alors, de découvrir que maman n'avait pas préparé le petit-déjeuner, que nos affaires ne nous attendaient pas sur le petit banc de la salle de bain et que papa avait repris la cigarette. J'étais allé le voir pour lui demander ce qui n'allait pas, si nous allions quand même à l'école. Je ne voulais pas arriver en retard, égoïstement. Mais aussi, je m'inquiétais pour mes parents. Ce fut l'une des seules fois où mon père pleura sans se retenir et cela me choqua profondément.
Maman était partie, emportant un peu de nous tous avec elle. Aujourd'hui encore, je ne suis pas sûre de lui avoir totalement pardonné sa façon d'avoir fait les choses.

の Juillet 2010, dans le début d'après-midi.
Vancouver, Canada.
La cérémonie des diplômes. Ma jumelle discute avec le camarade derrière nous tandis que je guette mon père du regard. J'ai toujours eu envie qu'il soit fier de moi, de mes notes, de mon bulletin. Je ne suis pas une élève extraordinaire, je suis même très banale dans le genre. Mais dans le fond, j'ai toujours cherché son approbation et son admiration. Quand je croise son regard, je lui souris et il me rend ce sourire. Et quand c'est à mon tour de monter sur la scène pour récupérer mon diplôme, je vois ses yeux étinceler. Je sais que j'ai réussi ce pour quoi j'ai tant travaillé. Alors je descends, fière et droite dans ma toge, nouvellement femme. Je sais déjà ce que je veux faire de ma vie et j'espère qu'il comprendra...

の Mai 2013, un lundi plein d'espoir.
Vancouver, Canada.
Mon premier job. J'écris ça avec des petits tremblements dans les mains. C'est MA chance, le résultat d'études et d'acharnement. J'ai beaucoup sacrifié niveau temps et vie personnelle pour devenir maquilleuse de cette branche télévisuelle.
Bien sûr, je ne suis qu'à l'échelon le plus bas, je ne m'occupe pas encore du maquillage de grandes stars mais j'espère arriver à ce stade. À devenir indispensable pour le quotidien des autres, faire en sorte qu'ils se sentent beaux grâce à mes coups de pinceaux. Et même si cela sera dur à l'avenir, je ne vais rien lâcher.

の Janvier 2015.
Vancouver, Canada.
Je crois que je suis dans un caca mondial et phénoménal. C'est la nouvelle année et je craque pour deux garçons totalement semblables mais à la fois différents. Eux aussi, ils sont jumeaux et j'apprécie autant l'un que l'autre. Ils sont comme moi et ma sœur... On ne sait pas laquelle nous attire le plus vu qu'on est complémentaires. Bref, j'ai embrassé les deux pendant cette soirée de nouvelle année et je me sens mal. Je ne suis pas amoureuse, juste... libre de faire ce que je veux, en bonne célibataire. Je ne sais pas encore dans quoi je m'embarque, mais ils me plaisent et un jour, il faudra que je fasse un choix. Choisir celui qui m'apaise ou celui qui me fait rire ?
Côté boulot, je me débrouille. J'ai eu l'occasion de maquiller le visage de Cole Sprouse, je me sens tellement privilégiée ! Pour beaucoup ce n'est pas grand chose mais pour moi, cela reste un grand pas.
Bon sinon, pour cette histoire de jumeaux, je fais quoi ???

の Mars 2017, jour de merde.
Vancouver, Canada.
Pour info, je n'ai pas su choisir entre les deux jumeaux. Même les années qui ont passées (ouah, déjà deux ans et demi ???) n'ont pas servi à faire mon choix. J'ai tout tenté : m'en écarter, faire une liste de pour/contre, leur demander leur avis... Mais à chaque fois qu'il m'arrivait une merde, ils étaient là pour me réconforter si ma jumelle ne le pouvait pas. Ce sont mes amis les plus chers...
Un jour, j'ai cédé à l'un, le plus drôle... C'était bien, je me suis dit qu'il serait mon petit-ami et nous avons entamé une relation sans vraiment que ça n'en soit une. Nous n'étions pas ensemble, du moins rien n'était clair pour moi. On couchait. Mais je ne m'attendais pas à coucher le même jour avec l'autre jumeau, qui avait su apaiser ma peine lorsque j'avais reçu une lettre de ma mère, si longtemps absente. J'avais bu, je ne pensais pas que c'était lui. Je croyais que c'était l'autre, celui avec lequel j'avais couché le matin-même, par... fun ? Pour me détendre.

Et aujourd'hui, comme une conne, je ressors de chez le médecin avec le papier attestant que je suis enceinte. F*cking sh*t. Je me sens stupide. Je ne sais même plus avec lequel il y a eu protection ou non. En fait, je ne me souviens presque de rien de cette journée désastreuse, à part que j'ai fait l'amour et pleuré. Là, j'ai ce bébé. Je ne sais pas de qui il est, je ne sais pas si je vais le garder. Je ne sais pas.

の Mai 2017, jour d'aveux.
Vancouver, Canada.
Voilà, les jumeaux sont au courant. Ma famille aussi. C'est mon père qui m'a dit de le leur dire... par honnêteté, parce que je suis une fille respectable et que je leur dois au moins ça. J'ai obéi, même si ça n'a pas été facile. Quand au bébé ? Je l'ai gardé. Peut-être le traumatisme de départ de maman qui m'a poussé à ne pas abandonner mon propre enfant. Je ne sais même pas si je vais assurer, comment je vais le dire au boulot et si on ne va pas me virer. Je ne sais pas si je voudrais savoir le véritable père de cet enfant. Je ne sais pas si je serais une bonne maman et si je pourrais continuer d'exercer ma passion. Je ne sais rien de tout ça mais quand je pose ma main sur mon ventre, j'ai chaud au cœur et je souris. C'est étrange.
J'ai l'impression d'avoir encore changé.