... Oups ?

Il ne fallait pas me prendre pour une buse. J'avais remarqué que des activités étranges se produisaient, sous mon compte. Des dépenses que je n'avais pas faites, des réservations futiles... On m'avait piqué mon identité et pour une militaire comme moi - enfin ex militaire - c'était impardonnable. Où était passé le respect d'autrui ? Est-ce que je m'étais vraiment battue sur le terrain pour ce genre de personnes ? J'avais décidé de faire mon enquête, en toute discrétion. L'avantage d'avoir été dans ce genre de milieu, c'était les contacts. Non pas que j'ai "le bras long", mais je pouvais avoir des renseignements que d'autres ne posséderaient probablement jamais.

C'était ainsi qu'on m'avait aidé à remonter jusqu'à la personne qui s'était pensée assez intelligente pour me piquer mes propriétés. Je veux dire, il fallait un minimum de discernement pour comprendre que voler l'identité d'un militaire n'était pas la meilleure idée du siècle pour rester dans l'anonymat. Ou alors cette personne cherchait à être prise en flagrant délit ? Dans tous les cas, je n'allais pas la louper. Mon 9mm à l'arrière de mon dos, coincé dans mon pantalon et caché par ma veste, je parcourais le chemin jusqu'à l'entrée de l'hôtel et saluais gentiment le réceptionniste, sans pour autant m'annoncer. Je savais où elle se trouvait, je n'avais plus rien à demander à personne. Peut-être que je faisais un peu peur, avec mon regard noir et sans âme. Il faut dire que je ne plaisantais pas avec ça.

Je m'arrêtais devant le numéro de la grande suite et toquais. "C'est la femme de chambre !" C'était pile l'heure de son passage d'ordinaire, je n'étais pas venue à n'importe quelle heure...

Je la tenais bien fermement avec mon coude, pas du tout décidée à la laisser partir. À vrai dire, son petit ton et ce sourire ne me rendaient que plus mauvaise encore. J'étais quelqu'un au sang chaud, il ne fallait pas me chercher de la sorte.

"Tu t'es attaquée à la mauvaise personne, pétasse."

Dis-je sans même me préoccuper de mon langage. J'avais besoin d'évacuer toutes ces jours de tension, à chercher après l'arnacœur. Enfin ici, l'arnacœuse !

"T'as cru quoi ? Que ça allait bien se passer ? Que je ne le verrais jamais ou mieux, que je ne ferais rien pour me défendre ? Si cela ne tenait qu'à moi, je te collerais une balle en pleine tête rien que pour débarrasser la société de ses termites."

Okay, il allait falloir que je me calme là. Je finis par la lâcher et verrouillais la porte lui permettant de s'échapper. Au cas où. Il valait mieux être attentif et précautionneux avec ce genre de personnes. Je n'avais pas encore sorti mon arme mais au moindre de ses faux pas, je n'hésiterai pas à le faire. Non, vraiment, elle avait jeté son dévolu sur la mauvaise fille.

Je la regardais d'une façon qui disait "ne me cherche pas, je te descendrais sinon". Bien sûr, je n'allais pas être assez bête pour me faire arrêter et mettre en prison, mais je ne pouvais m'empêcher non plus de penser qu'il y avait des tas de façons de cacher un corps. Et que du fait de son habitude apparemment de piquer les identités des autres, cette fille n'en avait pas vraiment une à elle, d'identité. Quoiqu'il en soit, il était temps qu'elle arrête son petit jeu avec moi, car j'allais encore plus m'énerver. Je détestais l'air sur son visage, comme le moindre de ses mouvements. La façon dont elle leva les mains ressemblait trop à une plaisanterie.

"Je n'en veux pas, de ton champagne. Tu vas tout de suite supprimer tout ce que tu as sur moi, toute trace et tu vas me rendre tout l'argent que tu m'as volé. Soit des milliers de dollars. Cela ne devrait pas être trop compliqué hein ?"

Je n'allais pas la laisser avoir le dessus sur moi, pas question. Soit elle se prenait une balle en pleine tête, soit elle coopérait. Mais au moindre sentiment d'entourloupe, je n'allais pas la lâcher.

"Vole qui tu veux, mais pas moi. Et pas un de mes proches. Je te préviens, si je tombe sur toi dans quelques mois encore une fois, là ce sera la morgue."

Et le pire, c'était que je ne plaisantais pas du tout. J'étais capable de faire la justice moi-même, si les tribunaux ne faisaient rien. Ce n'était pas une façon de vivre, ce n'était pas normal d'agir ainsi mais je m'en moquais. On ne pouvait pas laisser de telles personnes en piller d'autres impunément, leur retirer leur vie. Le pire dans cette histoire, c'était que cette p*te ne semblait pas avoir de regret. En vrai, elle se nourrissait de ma colère.

Je la suivis vers son ordinateur, prête à agir en cas de piège. Si elle m'avait volé mon identité, elle devait savoir de quoi j'étais capable, et quels gestes j'avais fait dans le passé pour me défendre ou attaquer. Le sang ne me faisait pas plus peur que les cadavres de jeunes filles.

"Ecoute, au lieu de te la jouer James Bond, dépêche-toi. Je n'ai pas que ça à faire, te regarder profiter de l'instant comme la malade psychotique que tu es."

Je l'avais regardé faire et lorsqu'elle m'annonça avoir tout remis sur mon compte, je n'abandonnais pas pour autant mon poste ni mon état. J'étais méfiante justement et j'avais besoin d'assurer mes arrières, en tout temps.

"Comment puis-je être sûre que tu ne recommenceras pas à l'avenir ? Je n'ai vraiment pas envie de revoir ta tête."

Dis-je sur un ton vraiment méprisant car en effet, je n'avais aucune estime pour elle. Pour ce qu'elle faisait et pour la manière dont elle me parlait alors que c'était elle en tort et non moi. Je n'avais rien fait pour mériter ça, bien au contraire. J'étais une citoyenne vraiment courageuse et dévouée. Pourquoi fallait-il toujours que ça tombe sur moi ces merdes-là ?

"Puisque je doute que tu aies 'peur' si je te dis qu'une balle dans la tête t'attend si tu t'en prends de nouveau à moi ou à quelqu'un que je connais ?"