Un amour pour la vie [Ivy & Colin]

Invité

Jusqu'à maintenant, je n'ai pas eu la chance de réellement parler avec Ivy, et je dois dire que je dors plutôt mal. Je fais des cauchemars, m'imaginant qu'elle me tue, ou que son frère, mon meilleur ami, le fait à sa place. Je me vois dans toutes sortes de scénarios plus tordus les uns que les autres. Dans la réalité, j'ai aperçu la jeune femme, j'ai pu voir qu'elle me fixait, mais dès que je posais les yeux sur elle, elle les détournait. Je pense qu'elle m'évite. Et je la comprends. Elle ne sait rien de la raison qui m'a poussée à partir subitement il y a de cela douze ans, et j'imagine qu'elle m'en veut beaucoup. D'où tous ces cauchemars...

Aujourd'hui, je serai sûrement fixé. Nous allons tourner la première scène ensemble. Celle des retrouvailles de nos personnages qui ressemble étrangement à notre histoire. Si je croyais au destin, je dirais qu'il a voulu nous réunir, nous pousser à nous retrouver, mais je n'y crois pas. Nous sommes seulement deux personnes éperdument dingues l'une de l'autre et qui ont été séparées par la vie ; et je vais tout faire pour qu'on se retrouve.

J'arrive sur le plateau, et enfile les vêtements qu'on m'a préparé. La boule au ventre, je sais que le moment approche, mais je ne recule pas. Je ne suis pas un froussard. Quand finalement l'heure du maquillage sonne, je m'installe à côté de la si sublime Ivy. Je me sens tout à coup comme un con, ne sachant plus quoi dire. Sans même la regarder, je dis d'une voix pourtant stable et chaude :

Bonjour Ivy.

Invité

Il ne manquait plus que ça. Alors que tout allait bien dans ma vie et que j’étais enfin heureuse avec un homme, voilà que mon ex petit ami avait refait surface dans ma vie, sans même que je ne m’y attende. Jamais je n’aurai pensé le revoir un jour et certainement pas à Vancouver. Encore moins sur les plateaux de tournage de la série pour laquelle j’avais été prise, quelques semaines auparavant d’ailleurs. Alors bien évidemment, quand mon regard avait croisé le sien ce jour-là, je n’en avais pas cru mes yeux. Après avoir disparu, comme ça, du jour au lendemain, le voilà qui revenait dans ma vie comme une fleur. Comme si le fait qu’il soit de retour après toutes ces années ça allait arranger les choses entre nous. Non. Je n’oublierai jamais la manière dont il m’avait abandonné quelques années plus tôt et dans quel état ma meilleure amie m’avait ramassée après que j’ai réalisé qu’il ne reviendrait pas.

Aujourd’hui, plusieurs années ont passé et je m’apprête à le revoir pour la deuxième fois depuis son retour. Néanmoins pas question que je ne me laisse attendrir par ses explications. Non j’allais le revoir et je ne me laisserai pas avoir par ses excuses, quelques elles soient. Bref, après m’être préparée tranquillement et avoir dit au revoir à Andrew, l’homme qui partageait ma vie depuis déjà quelques années, je m’étais rendu au studio et après avoir enfilé la première tenue que mon personnage devait porter pour notre première scène, j’avais filé au maquillage. Perdue dans mes pensées, je me demandais encore qui avait eu la brillante idée de contacter Colin, pour qu’il joue le rôle du premier amour du personnage que je jouais. Ce n’était pas drôle du tout comme blague. Puis alors même que je réfléchissais à qui pourrait être l’auteur de cette farce, une voix que je ne connaissais que trop bien m’avait sorti de mes pensées.

Ok. Il fallait que je sois polie et courtoise, mais surtout que je ne me laisse pas avoir par son regard. Ce même regard qui m’avait fait craqué pour lui quand j’étais plus jeune. Ainsi, tout en fermant les yeux pour que la maquilleuse puisse s’occuper de moi correctement, je lui avais répondu :

- Salut.

Non je ne craquerai pas. Je ne plongerai pas mon regard dans le sien et je ne lui montrerai pas à quel point il m’a fait souffrir en partant de Vancouver, du jour au lendemain, sans me prévenir auparavant, il y a plus de sept ans. Passant ensuite rapidement une main dans mes cheveux, j’avais ouvert les yeux une fois mon maquillage terminé, avant de reprendre la parole, en souriant légèrement, comme si de rien était. Comme si son retour si soudain ne m’atteignait pas :

- Comment vas-tu ?

Invité

La voix de celle que j'aime toujours retentit. Une voix froide, pas celle dont je me souviens, ou du moins, pas tout à fait. Je sens immédiatement qu'elle m'en veut, ou qu'elle se moque éperdument de me revoir là, à ses côtés. Je penche plutôt vers la première option : le fait qu'elle m'en veuille plutôt que l'indifférence. Dans les deux cas, pourtant, je peux vraiment comprendre. À ses yeux, j'ai sûrement été le salop qui l'a abandonnée, qui l'a laissée seule alors que tout semblait si parfait. Si seulement elle savait que j'ai fait ça pour elle... Je n'aurais jamais souhaité lui faire du mal, et d'ailleurs, je ne le souhaite toujours pas. Tout ce que je veux aujourd'hui, c'est qu'elle fasse de nouveau partie de ma vie, parce qu'elle me manque, et que toutes ces années ont été une torture pour moi. La torture de ne plus l'avoir auprès de moi, celle de l'avoir fait souffrir aussi. J'ai besoin de lui parler, de lui dire que je suis désolé, et que je n'ai jamais cessé de l'aimer.

Mais avant toute chose, nous devons arriver à communiquer à nouveau. Se saluer est la première étape de nos retrouvailles, et même si elle arbore un air d'indifférence, je ne peux pas croire que ça soit le cas. Pas après tout ce qu'on a vécu. Les yeux fermés pour le maquillage, elle me demande comment je vais. Je ne sais pas si je dois être tout à fait honnête, au risque de la voir se mettre en colère, car la vérité, c'est que depuis qu'elle est à côté de moi, je vais mieux, bien mieux que durant toutes ces années de séparation. Je choisis de rester évasif, car, d'un côté comme de l'autre, je crains sa réaction.

C'est difficile à dire. Ça faisait longtemps que je n'avais pas mis les pieds à Vancouver. Dis-je avant de tourner la tête pour l'observer. Elle est tout simplement magnifique. Ma maquilleuse arrive seulement après cet échange alors je détourne le regard avant de fermer les yeux à mon tour. Et toi, comment vas-tu ? Demande-je à Ivy après avoir salué celle qui doit faire de mon teint une ouvre d'art.

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